Envel écouta Aïla, les yeux dans le vague. Quand elle eut terminé, il murmura d'une voix à peine audible :

- "Tu as de la chance..."

Lui... Lui partageait le même genre de relation avec sa soeur.
Avait partagé...
La douleur au coeur revint, plus forte. Et avec elle, l'image des yeux de sa soeur remplis de larmes.
Heureusement, le serveur arriva avec les plats, permettant un échappatoire au garçon.

- "Bon appétit, Aïla."

Aïla perçut le trouble d'Envel. L'arrivée du serveur l'empêcha de répondre. Mais elle se sentait mal. Que pouvait-elle dire ? Que pouvait-elle faire pour apaiser sa douleur ?! Aïla n'en savait rien. Ou plutôt, elle savait que c'était une douleur qu'on ne pouvait effacer facilement. S'il était possible de le faire.
Son coeur se serra. Mais elle lui sourit :

"Bon appetit Envel."

Son plat était curieux. Etait-ce une spécialité du clan du feu ? Aïla n'était pas difficile, mais elle trouva cela délicieux ! Elle releva les yeux vers Envel pour l'observer. Au bout d'un moment, elle demanda :

"As tu l'intention de faire quelque chose de particulier cet après midi ?"

Envel commença à manger, savourant le plat préparé avec plusieurs épices, très goûteux. Il réfléchit à la question d'Aïla un instant, mais la réponse ne se fit pas attendre.

- "Je n'ai rien prévu, non. Et toi ?"

Il fit tourner pensivement son couteau entre ses doigts, puis releva la tête et fixa Aïla, avec un air un peu particulier, un air qu'on ne lui connaissait pas.

- "Dis-moi... Le Vent connaît beaucoup de légendes, pas vrai ?"

"Et bien... Aller voir cette auberge, chercher un travail, quelqu'un pour les pieds de Neyle..."

Elle rit en se rendant compte qu'elle n'avait pas beaucoup avancé depuis le matin ! La question que lui posa ensuite Envel la surprit. Elle le regarda et lui répondit avec hésitation, ne sachant pas où il voulait en venir :

"Oui... Beaucoup. Toutes celles que les gens ont un jour raconté. Mais la plupart des légendes sont des souvenirs et des rêves... T'interresses-tu aux légendes, Envel ?"

Envel eut un demi-sourire.

- "A une en particulier... Aïla, toi qui sait parler au Vent, j'aimerais que tu me rendes un service..."

Penché en avant, le garçon s'était plongé dans les yeux verts de la jeune fille, y cherchant l'accès à sa requête.
Il ignorait à quel point ce serait facile...

Aïla ouvrit de grands yeux, totalement absorbée par son regard.

"Ah..."

Au bout de quelques secondes, elle ferma la bouche et revint à la réalité. Aïla fit lentement tourner son verre dans ses mains. Que lui arrivait-il, tout d'un coup ? Une légende ? De quelle légende pouvait-il bien s'agir ? La connaissait-elle ?
Remarquant qu'elle n'avait toujours pas répondu à se question, elle releva la tête et lui sourit, génée :

"Bien sûr, quoi donc ?"

Envel prononça un mot.
Un seul mot.

- "Ethnar."

Sa belle voix avait presque des accents de vénération.

- "Demande au Vent... s'il l'a déjà vu. Ce serait possible ?"

Aïla dévisageait Envel, complètement abasourdie. Elle baissa la tête, fixa ses mains, et répéta le mot d'Envel. Ce simple mot. Un murmure.

"Ethnar..."

Le Vent s'engouffra dans la salle du restaurant, avec quelques cris surpris des personnes présentes. Aïla soupira. Si le Vent le connaissait ?
Les dragons étaient êtres de la nuit des temps. Les plus grands n'avaient cure des éléments. Il étaient les éléments. Et Envel lui demandait si le Vent connaissait Ethnar ?!
Combien de fois était-il revenu dans ses souvenirs ? Aïla avait beaucoup cherché pour comprendre. Elle ne comprenait toujours pas tout. Juste ce dragon rouge et majestueux qui perçait les nuages, et le Vent soulevant ses ailes immenses toujours plus haut.
Ethnar.
Elle avait épluché les légendes du clan de l'air, quelque chose qui lui expliquerait pourquoi ce dragon revenait si souvent... Si soudainement. Il était comme partout à la fois. Non. Il n'était pas partout, mais il était. Tout le temps.
Et le plus étonnant, c'est qu'elle n'avait pas trouvé grand chose. Peu de personne connaissaient la légende du dragon rouge. Jusqu'à ce qu'elle croise cette vieille femme, un jour dans le village d'à côté. Pourquoi l'appelaient-ils tous 'la vieille folle' ? Surement l'était-elle un peu... Ce soir là, elle était entrée dans la petite taverne, et lui avait attrapé le bras :

'Ethnar est revenu. Son cavalier... Il cherche son cavalier... Ne croisez pas son regard, si vous ne l'êtes pas !! Ou il vous tuera ! Ethnar... Il est passé ce soir... C'est son destin de le trouver, quelque soit le temps que cela prendra ! Mais le temps est pour bientôt, son attente sera récompensée...'

~Ces griffes dans la terre, ses écailles brillent comme de l'eau.
Il fend les airs et crache les flamme. Il me regarde, et je meurs.~

Aïla leva les yeux vers Envel, et repris, tout bas :

"Alors ce dragon... ton dragon, c'est Ethnar ?"

Envel regarda Aïla. Ses yeux brillaient presque autant que les siens.

- "Je ne sais pas, Aïla, je ne sais pas. J'aimerais tant le croire... C'est fou, Aïla, insensé, un rêve d'enfant né d'une vision... Et pourtant..."

Il se tut un instant, fixa la table.

- "Cette conviction... La fait que j'ai croisé cet homme, qu'il m'ait raconté la légende... Cette gravure, trouvée au hasard, suivant mes sens... Et toi, Aïla, toi ! Toi qui parle au Vent..."

Il braqua ses yeux violets sur la jeune fille. Sa voix n'avait plus son accent neutre, impassible. Elle était oppressée, bouleversée.

- "Que t'a-t-il raconté ? Que sais-tu de lui ? Ethnar..."

Espoir. Espoir fou.
Le trouver. Trouver celui à qui il était rattaché, sans le savoir, du plus profond de son âme.
L'espoir revenait. Et avec lui, son rêve.

Aïla resta pensive un instant, et se balança avec lenteur sur sa chaise. Ce qu'elle savait d'Ethnar... En fait pas grand chose ! Les informations était rares. Sauf par le Vent.
Mais comment dire avec des mots quelque chose qu'il lui faisait ressentir ? Aaah ! Si elle pouvait parler à Envel comme le Vent lui parlait !

"Je... n'y arriverai pas. Le Vent ne parle pas avec des mots, même si parfois je peux traduire ce qu'il dit ainsi. Si au moins je pouvais... "

Parler par la pensée ? Non, impossible, elle ne savait pas le faire.
Aïla arrêta de se balancer, soucils froncés : Pourtant, c'est ce qu'elle faisait avec le Vent, non ? Etait ce différent de le faire avec un être vivant ?
La jeune femme ferma les yeux. Le Vent s'engouffra, murmura à son oreille. A quel moment entrait-il en contact avec elle ? Non, le Vent était toujours avec elle. Il lui suffisait juste de fermer les yeux. Pouvait-elle reffuser son contact ? Reffuser d'écouter le Vent ?
Aïla frissonna au souvenir de la plaine. Si, cette fois là, elle avait pu ne plus l'entendre. L'ignorer.
Tentant de faire le vide dans son esprit, Aïla respira profondément, reffusant le Vent. Elle se concentrait sur elle même. Entrer à l'intérieur d'elle même.
Là.
Une limite.
A peine perceptible. Le Vent était partout autour d'elle, comme si elle avait plongé dans un océan de pensées. Mais cette fois, elle se devinait dans cet océan. Oui. La limite entre le Vent et son esprit.
Fermer son esprit. Cela devait être possible... Non ?
Aïla tenta d'ignorer cette présence gigantesque, si unie à elle qu'elle en faisait presque partie.
Impossible. Elle n'y arrivait pas.

Soudain étrangement fatiguée, Aïla rouvrit les yeux. Un regard vert désolé, presque déçu... Mais brillant. Elle pouvait apprendre, elle en était certaine. Elle voulait apprendre !
Déterminée, elle referma les yeux presque aussitôt. Mais cette fois, changea de méthode : Plutôt que de tenter d'ignorer le Vent, elle se concentra sur Envel devant elle. Chercha le vide en elle. L'océan du Vent. Et une fois dans cet océan, une trace du jeune homme. Quelque chose. Proche. Il devait être là, forcément ! Mais complètement noyé, invisible à son esprit entièrement tourné à l'élément de son clan.
A force d'essais, de recherche et de volonté, Aïla la vit enfin : Une lumière.
Mouvante.
Elle la perdit.
Rouvrit les yeux, avala une gogée d'eau, se replongea dans ses méditations. Elle avait presque oublié la question d'Envel. Egalement le fait qu'il ne devait pas comprendre ce qu'elle faisait ! Mais cette fois, elle parvint à s'en approcher.
Cette lumière. Etait-ce Envel, son esprit, ses pensées, son coeur, ou encore son âme ?
Mais c'était lui, et c'est tout ce qu'il lui importait.
La jeune femme -ou plutot son esprit- finit par toucher, froler celui du jeune homme.
Enfin.
Et pourtant, elle fut si surprise par la sensation qu'elle sursauta. Ou plutot, sursauta, lacha un cri de surprise qui lui entraina le regard mauvais des personnes alentours et en même temps rouvrit les yeux en rompant tout contact.
Une sensation... Celle d'être touché au fond de soi même, quelque chose d'intime, de personnel... son esprit ? Ses pensées ? Son coeur ? son âme...

Pourtant, la surprise oubliée, Aïla était tout sourire :

"J'ai trouvé !!"

Sans attendre plus de réaction d'Envel, elle referma les yeux, et aussitot plongea à la recherche d'Envel. Ce fut beaucoup plus facile, beaucoup plus rapide surtout, cette fois. Une lumière qu'elle pourrait voir de loin avant bien longtemps, elle en était certaine. Qui brillait parmis les autres, comme une flamme plus chaude à son coeur.
La jeune femme ne se posait pas la question, mais sûrement son âme à elle brillait-elle comme un soleil.
Aïla hésita un instant avant de reformer le contact. Elle frissonna, retint son souffle. Mais s'il y avait contact, il n'y avait pas forcément communication !
C'est ce qu'Aïla apprit de sa ènième tentative.
Un nouveau mur. Un mur qui existait autour de l'esprit d'Envel comme du sien. Le Vent, lui, n'avait pas de mur. Pas de barrière. Pas de limite à ses pensées. Et avec Aïla, il passait ce mur contament. C'est pourquoi elle ne l'avait pas remarqué.
Pourrait-elle 'agrandir' son mur pour rompre le contact avec le Vent ?
Tant de découvertes, de possibilités auxquelles elle n'avait jamais pensées !
Mais pour l'instant, elle voulait juste Envel.
Passer le mur.
Aïla tendit la main et la posa sur celle d'Envel. Un contact physique, qui l'aida à ouvrir son esprit et celui d'Envel.

Emportée.
C'est un torrent de pensée qui déferla soudain sur elle. Des images, des odeurs, des souvenirs, des idées, des souhaits, des rêves... Un flot qu'elle ne controlait absolument pas, qu'elle ne pouvait pas comprendre...
Comment espérer attrapper quoique ce soit quand une cascade vous tombe sur la tête ?!

Le contact fut de nouveau rompu. C'est à ce moment qu'Aïla comprit ce que faisait le Vent. Le Vent se moquait du mur de son esprit. Mais s'il controlait ce qu'il lui 'envoyait', ce dont il lui parlait, Aïla ne le faisait pas spécifiquement. Alors l'élément ne prenait que ce qu'il l'interressait. Car il avait accès à tout. Et c'est ainsi qu'il pouvait transmettre des sentiments, avant même qu'on prenne conscience de ceux-ci.

Aïla releva la tête vers Envel, troublée. Ces images qu'elle avait reçues, elle ne les distinguait pas les unes des autres, ne les comprenait pas. Elle appartenaient à Envel.
Et lui ?
Qu'avait-il reçu de ce bref échange ? Beaucoup de choses, sûrement, comme elle... Mais avait-il pu en saisir quelques fragments ?
Aïla repensa à ce que le Vent lui avait montré le matin...
~Etait-il à ce point présent dans ses pensées ?~
Aïla rougit.
Pourvu que non.

"Je suis désolée, Envel. Mais si tu veux bien... J'aimerais réessayer. Je suis sûre que je peux y arriver."

Communiquer par la pensée lui semblait maintenant plus technique qu'autre chose. Aïla avait une bonne intuition, des impressions justes. Il lui fallait juste comprendre comment faire.
Elle y était presque.

Elle ferma les yeux, entra en contact avec l'esprit d'Envel sans presque frémir.
Comme on toc doucement à la porte de quelqu'un.
Mais avant de recommencer son erreur précédente, elle prit bien gardeà vider son esprit. Ne garder que les souvenirs que le Vent lui avait transmis.
Cela, elle savait le faire depuis longtemps. Il ne s'agissait que d'une gymnastique de l'esprit. Mais ce dont Aïla ne se rendait pas compte, c'est que certains étaient plus 'souples' que d'autres à la 'gymnastique' en question...

En espérant ne pas être perturbée par autre chose, Aïla envoya ses images vers Envel :

#Des écailles. Des écailles rouges. Brillantes. Elles envahissent toute la vision. Elles bougent. Reculent. S'éloignent. De plus en plus rapidement.Un corps. Immense. Puissant. Un bruit. Sourd. Fort. Pressant. L'aile se gonffle. La fine et délicate peau se tend. Le dragon plonge. Sa tête, son cou, son dos, ses ailes, sa queue. Majestueux. Tout a déjà disparu. Il est parti.
Il reviendra.
Tant qu'il ne l'aura pas trouvé...#

#Des collines, des villes, des montagnes... Soudain, une ombre apparait. Gigantesque.Les habitants lève le visage vers le soleil désormais invisible. L'ombre passe, telle celle d'un nuage bas. Aussi rapidement qu'elle est apparue. Une simple vision fugitive. Mais le Vent la sent. La crainte. La peur de quelque chose d'incompris. L'admiration. Impressionnant de force et de beauté...#

...
Des dizaines de fragments, plus ou moins longs, plus ou moins précis, des rêves du Vent, de ses souvenirs, de tout ce qu'elle peut relier à Ethnar.
Et puis, enfin, ce rêve.

#Les nuages. Une mer de nuages. Et soudain, une ombre. Une ombre qui grandit jusqu'à devenir immense. J'entends le bruit sourd de ses ailes, et il apparait. Comme un animal immense transperçant la surface de l'océan, il apparait puis s'enfonce, magnifique, dans la couche nuageuse. Un seul mouvement, un éclair rouge, il a de nouveau disparu. Les nuages ne gardes aucune trace de son passage.
Mais le Vent s'en souvient.

Il se souvient aussi.
De la fumée. Acre et noire, chargée de colère. La chaleur recouvre tout, les flammes apportent la mort et la renaissance. Rouge et noir. Il est là.
Dans la lumière du feu, les ombres mouvantes et les reflets brillants de ses écailles. Colère, peur et destruction. Il balaye l'air de ses ailes, déchire la terre de ses griffes, épuise l'eau de son corps brûlant.
Il est le feu.
Il me voit.
Des yeux violets.
Il me regarde, et je meurs.#

Aïla se mord la lèvre. Et ouvre les yeux. Elle regarde Envel de son beau regard vert. La jeune femme n'a toujours pas fini son assiette. Mais de toute façon, elle n'a plus faim. Une intense fatigue l'envahie en même temps qu'elle sourit au jeune homme en face d'elle : Elle a enfin réussit !



HJ/ désolée pour cet énorme roman qui en plus est vraiment HS xD
si tu veux, je trouve autre chose ^^"

HJ : ne trouve rien d'autre du tout, malheureuse !
c'est parfait ^^

Envel se taisait.
Il regardait avec attention Aïla, les yeux fermés, semblant lutter contre...
Qui ? Quoi ?
Elle s'essoufflait. Rouvrait les yeux fugitivement, avant de replonger dans...
Quoi ?
Le garçon n'en savait rien. Mais il ne chercha pas à comprendre.
Contact, soudain. Une main fine se posa sur celle d'Envel. Et puis, un déferlement de pensées envahit son esprit.
Le jeune homme sursauta. Son esprit s'était ouvert, accueillant les pensées qui n'étaient pas siennes, mais laissant ainsi l'opportunité à...
Aïla ?
Aïla. D'entrevoir les siennes.
La jeune fille fut sans doute aussi surprise que lui et rompit le... contact. Oui, c'était cela. Elle tentait d'avoir un contact mental avec Envel, pour lui montrer... les images du Vent ?
Mais pour l'instant, elle n'y arrivait pas. Dans les pensées fugitives qui avaient déferlé sur Envel, il avait entr'aperçu les images d'un homme aux yeux verts (son père ?) et... son visage ?
Normal, après tout. Cela faisait quelque temps qu'ils voyageaient ensemble.
Envel n'eut pas le temps de réfléchir au mieux à cette pensée. Le contact se fit de nouveau. Mais cette fois, il les vit.
Les images du Vent. Il LE vit.
Ethnar.
Sans s'en rendre compte, le garçon avait fermé les yeux.
Il les rouvrit. Devant lui, Aïla, les yeux brillants, l'air épuisé, lui sourit.

- "Alors, c'est lui..."

Les yeux dans le vague, il eut un sourire lumineux. Un sourire que personne ne lui avait jamais vu.

- "Mon dragon."

Envel n'en doutait plus. C'était lui qu'Ethnar cherchait.
Et il le trouverait. A présent, c'était une certitude.

Comment pouvait-on sourire comme ça ?! Cela ne devrait pas être permis de pouvoir si facilement troubler les gens !
Aïla sentit son coeur se serrer : Son dragon... Il était tellement important pour lui... Mais comment le contraire aurait-il pu être possible puisque SON dragon était Ethnar ?!
En tout cas, son essai avait l'air d'avoir marché, cette fois. Il la laissait avec la tête lourde et le coeur battant, peut être, mais en voyant ce sourire, Aïla aurait était prête à n'importe quoi.
N'importe quoi.
Pour qu'il ne cesse de sourire.

Elle le regarda, tandis qu'il pensait à cette créature merveilleuse. Pouvait-on être jaloux d'un dragon ? Mais non, Aïla ne semblait pas connaitre la jalousie.
Pas encore.
La jeune femme baissa la tête sur son assiette. Non, elle n'arriverait pas à la finir.

"Envel... Je suis vraiment désolée mais, à vrai dire, je n'ai plus faim."

Aïla réfléchit un instant :

"J'aimerais aller voir cette auberge, savoir si on peut y dormir cette nuit."

Envel hocha la tête, reprenant peu à peu son air impassible.
Mais ses yeux brillaient d'une lueur nouvelle, infinie.

- "Bien sûr. Je vais payer, tu m'attends dehors ?"

Le jeune homme se dirigea vers le comptoir. Il fut accueilli par une jolie serveuse, qui lui demanda avec un sourire si tout s'était bien passé.

- "C'était parfait, merci," fit Envel en plantant ses yeux violets dans ceux de la jeune fille.

Celle-ci rougit, balbutia quelque chose d'inintelligible avant de saisir les pièces que le jeune homme lui tendait et de s'éloigner, troublée.
Envel rejoignit Aïla à l'extérieur de l'établissement.

- "Je te suis."

Aïla sourit à Envel :

"Merci."

Elle sortit, attendit Envel en se remémorant mentalement les indications du vieil homme. Quand le jeune homme sortit du restaurant, elle l'entraina dans les rue, un peu à l'aveuglette, mais sautillant joyeusement entre les passants. Tout pour elle était source d'émerveillement.

"Allons par là, on devrait bien retrouver l'autre rue..."

Finalement, cela leur prit beaucoup plus de temps que prévu d'aller à l'auberge. C'était un quartier un peu reculé du centre, avec plus d'habitations et quelques petites boutiques... où effectivement, les prix était nettement plus abordables !
Aïla poussa la porte avec un soupire de soulagement. Au moins n'avaient-ils pas tourné en rond tout l'après midi !

"Bonjour !"

C'est une femme replette qui apparu soudain devant eux avec un grand sourire :

"Bienvenue !"

Elle était plutôt petite, avec les formes généreuses. Des joues rondes et roses remontées par un sourire, de beau yeux noisette, une chevelure brune aux reflets auburn, elle portait une robe traditionnelle et pratique avec par dessus un tablier blanc.

"Cherchez-vous un endroit où dormir ? Nous avons des chambres toutes prêtes ! Une ? Deux ? Côte à côte ? Les draps sont propres, et tout est bien entretenu ! Nous servons les repas dans la salle commune, avez vous déjà mangé ? Voulez vous de l'eau chaude et de quoi vous changer peut être ?..."

Aïla fut si surprise par la tirade enjouée de la femme qu'elle éclata de rire. Une vois plus calme retentit alors :

"Mary, laisse les d'abord parler, peut être ont ils juste besoin d'un renseignement."

La femme eut un regard d'excuse, tandis que l'homme s'avançait. Il était, lui, de taille moyenne, mais presque maigre. On devinait une force perdue dans le carré de ses épaules, le maintient droit de sa carrure. Son visage était doux et ses yeux clairs comme de l'eau. Il s'approcha et leur sourit :

"Que pouvons nous faire pour vous, jeunes gens ?"

Après l'avoir plus ou moins guidé dans les dédales des rues, Aïla finit par entrer dans une petite auberge à l'air accueillant.
L'ambiance chaleureuse plut à Envel. La femme, bavarde, leur posa une multitude de questions avant que le gérant l'interrompt et les accueille chaleureusement. Envel salua poliment.

- "Nous cherchons en effet un endroit où dormir. Deux chambres me paraît raisonnable, côte à côte ou pas, pour moi cela m'importe peu, mais voyez avec cette demoiselle."

Il désigna Aïla avec un sourire en coin.

- "Nous avons déjà mangé, pour ma part j'ai de quoi me changer mais de l'eau chaude le soir serait la bienvenue."

Il se tut, laissant à Aïla le soin de déterminer ce dont elle avait besoin.

Aïla leur sourit :

"Oui, une simple chambre sera très bien pour moi ! Y en a t il une de libre pour quelques jours ? Pour les repas... Effectivement, je vous remercie, mais nous venons de manger. Est-il par contre possible de poser dès maintenant mes affaires dans une des chambres ? J'ai encore quelques courses à faire cet après midi... Quant à l'eau chaude... Je préfère attendre ce soir. C'est inutile maintenant alors que je vais de nouveau me salir dans les rues ! Merci beaucoup !"

Elle ajouta soudain :

"Ah ! Neyle... Est-il mieux que ma jument reste à l'écurie cet après midi ? La ville n'est pas vraiment adaptée..."

L'homme hocha la tête :

"Nous avons bien assez de chambres libres !"

La femme semblait folle de joie :

"Je vais finir de préparer un chambre !"

Elle les regarda, sembla hésiter et réfléchir avant de se mettre à rire :

"Non ! Vous avez dit deux !"

Elle monta les escaliers en sifflant, sa robe effleurant le vieux plancher soignesement entretenu. L'homme haussa les sourcil, mais on voyait qu'il souriait. Aïla répondit à son sourire. Il se dirigea vers la sortie :

"Montez donc à l'étage retrouver ma femme, elle vous guidera pour vous installer. Je vais m'occuper de votre jument : Je pense qu'effectivement, il est sûrement plus facile de se balader en ville sans monture."

Aïla le remercia, confia Neyle à l'homme en prenant ses affaires, et monta à l'étage en souriant à Envel.

HJ : je fais parler la femme, tu m'en veux pas ? ^^


Envel monta à la suite d'Aïla et de la femme. Celle-ci, enthousiaste, ouvrit deux portes côte à côte en embrassant d'un large geste les deux chambres qui s'offraient à leurs yeux.

- "Voilà, c'est ici ! Si cela ne vous convient pas, dites-le nous, nous avons des chambres à loisir ! Pas d'eau chaude avant ce soir, c'est ça ? Bon, eh bien, je vous laisse vous installer !"

Envel entra dans la chambre claire et posa son sac sur le plancher. Il se laissa tomber sur le lit moelleux avec un soupir de contentement.
Fixant le plafond, il lança à l'attention d'Aïla, dans la pièce d'à côté :

- "Le soir est encore loin... As-tu eu le temps d'aller à la bibliothèque, ce matin ?"

Aïla entra dans la piece et posa ses affaires dans un coin. Elle s'assit sur le rit et rebondit un peu en riant : Depuis combien de temps n'avait elle pas dormi dans un vrai lit ?!
En entendant Envel de l'autre côté du mur, elle se leva et courru dans sa chambre et se jeta sur le lit aussi moelleux que le sien, sautant presque par dessus Envel pour ne pas lui tomber dessus. Elle jouait comme une gamine ! Se redressant finalement pour s'assoir près d'Envel, elle lui répondit avec un sourire :

"Non, je n'en ai pas eu le temps. Et je n'ai pas trouvé non plus de travail..."

Au moins avaient-ils trouvé un endroit ou dormir !


HJ/ désolée, je ne savais pas trop quoi mettre...
et oui bien sûr, tu peux la faire parler ! xD

Lorsqu'Aïla débarqua brusquement dans sa chambre avant de sauter sur son lit, Envel nota intérieurement de ne pas tenter lui parler lorsqu'il n'est pas en état décent. Si le risque était qu'elle débarque et le surprenne...
Le garçon eut un demi-sourire. Au moins, elle se rendrait compte de son erreur.
Il se redressa et, braquant ses yeux violets sur la jeune fille :

- "Tu veux qu'on aille chercher ? Après tout, moi aussi j'aurais besoin d'un travail."

Et s'occuper d'une tâche particulière lui empêcherait en partie de penser au dragon. Son dragon.
Ethnar.
Il le cherchait. Depuis combien de temps ?
Une éternité...
Apparaîtrait-il bientôt ? Où ? Envel serait-il là ? Et si le dragon repartait sans l'avoir trouvé ?
Et puis... Dans les images du Vent, le dragon tuait d'un regard. Infiniment.
Etait-ce voulu ? Celui condamné à le regarder dans les yeux mourrait-il, que ce soit de la volonté du dragon ou non ?
Envel ne mourrait pas. Il le savait. Si il y avait bien quelqu'un qui pourrait regarder le dragon sans crainte, c'était lui.
Mais... Si n'importe qui mourait en croisant le regard d'Ethnar, alors cela voulait-il dire que le dragon ne maîtrisait pas ce pouvoir destructeur ?
Ou était-ce de sa volonté ?
Envel ne pouvait le croire.

Sous le regard d'Envel, Aïla ouvrit deux fois la bouche avant de réussir à répondre avec un sourire :

"Comme tu veux !"

Elle se leva d'un bond et repartit dans sa chambre prendre sa sacoche, rejetant ses cheveux vers l'arrière. Mary entra dans la piece à cet instant, portant à bout de bras un tas de couverture :

"Je vous en apporte un peu plus au cas où !"

Aïla resta stupéfaite adevant la pile qui menaçait de s'effondrer, puis se précipita pour porter quelques couvertures.

"Merci beaucoup, mais c'est bien trop !"

La femme rejetta sa protestation d'un geste en laissant tomber les couvertures sur le lit. Elle la regarda en souriant :

"Vous sortez ?"

"Enfait, j'aurais besoin d'un travail, pour quelques jours... Je n'en ai pas encore trouvé."

Mary réfléchit, ses yeux noisette levé vers le plafond :

"C'est vrai qu'en ce moment, c'est difficile... Mais essayez donc dans les rues près d'ici, il y a parfois des tavernes qui cherchent quelques serveurs en plus."

Aïla sourit en la remerciant, puis retourna dans la chambre d'Envel après avoir fermé la porte de sa chambre.

Envel se leva quand Aïla apparut de nouveau. Il passa la lanière de son sac, qu'il avait vidé, par-dessus son épaule. . Après un dernier regard à la figurine de diamant qui trônait désormait sur le plancher, il ferma la porte.
Quand ils sortirent dans la rue, le jeune homme se tourna vers Aïla.

- "Sais-tu où chercher ?"

Aïla suivit Envel dans la rue après un passage par la toute petite écurie.

"Mary conseille les restaurants, tavernes, bars, dans les quartiers alentours."

Elle lui sourit :

"Essayons, nous verrons bien !"


HJ/ pas d'inspi -.-

HJ : t'inquiète, moi non plus ^^
Quand on sera rendus au lendemain, tu pourras récupérer la pierre déjà ^^
et puis... moi je pourrais faire bouger un peu les choses avec... mais non, je me tais, gardons le suspens ^^

Envel hocha la tête, et ils commencèrent à arpenter les ruelles, entrant dans les bars et tavernes.

- "Bonjour. Est-ce que par hasard vous embaucheriez des serveurs ?"

Les "non" étaient fréquents. Après un certain nombre d'établissements, le gérant lança à Envel d'un ton assez froid qu'il n'embauchait que des serveuses. Envel s'effaça donc, laissant à Aïla sa chance.
Adossé contre un mur, il taillait un énième morceau de bois quand un homme s'approcha. Après avoir détaillé avec attention la figurine qui prenait forme entre les mains du jeune homme, il leva les yeux vers lui.

- "Excusez-moi... Vous êtes un artiste, n'est-ce pas ?"

- "Artiste est un grand mot," répondit tranquillement Envel tout en continuant de sculpter.

- "Si, insista l'homme, je vois bien que vous êtes doué. Je recherche quelqu'un pour redécorer mon auberge, quelqu'un sachant graver et sculpter... Je paye bien. Vous seriez intéressé ?"

Le garçon leva les yeux.

- "Ça se pourrait."

- "Parfait ! Mon auberge est la troisième de cette rue en partant de la droite, le Tremble Ardent. Je vous y attend."

Envel hocha vaguement la tête, l'homme s'éloigna.
Le garçon eut un demi-sourire. Comme quoi, inutile de chercher, parfois... Il en avait eu la preuve, quelques heures auparavant.
Son rêve existait.
Et c'était pour bientôt.

Aïla s'avança avec son sourire charmant, comme d'habitude :

"Bonjour ! Je cherche aussi un travail pour quelques jours, et je serais interressée..."

"As-tu de l'expérience ?"

Il l'avait coupée sèchement, et Aïla s'interrompit, surprise, pour le détailler.
La quarantaine bien passée, fort et large, le regard volontaire et direct. Franc, aussi. Autoritaire mais honnête. Efficace. Le genre à ne pas perdre son temps en bavardages inutiles !

"Un peu."

Elle avait déjà fait ce genre de boulos dans des petites villes de passage.

"J'ai servi..."

Il l'interrompi d'un geste agacé de la main.

"C'est bon je te prends. J'ai besoin de quelqu'un le soir, le salaire est de 100, ça te va ? Quand peux-tu commencer ?"

Aïla répondit que le soir même lui convenait avec enthousiasme. Il lui présenta rapidement les quelques serveuses dans la salle, qui s'activaient toutes autour des clients. Toutes portaient le même genre de vêtement de travail, la jupe traditionnelle et le tablier. Avec le décolté qui allait avec. Classique.
Aïla fit la grimace. Aussitôt le gérant la transperça de son regard dur. Aïla ravala sa grimace et répondit à sa question muette :

"Rien."

Heureusement, même si cette tenue allait lui changer, elle restait tout à fait correcte (ce qui n'était pas le cas de tout les établissements, dans lesquels Aïla refusait catégoriquement de travailler).

"Je reviens ce soir donc ?"

L'après midi était déjà bien avancé... Mais elle espérait avoir encore un peu de temps pour se balader en ville.

"Tant que tu fais tes heures, tu arrange le reste avec les filles."

Les filles, les autres seveuses, quoi. Lui restait au bar s'occupait des comptes et servait avec l'une d'elles, tandis que les autres faisaient leurs allers retours incessants. Aïla savait que ce n'était pas un métier reposant.

"Mais pour l'instant, il n'y a pas encore trop de monde. Reviens dans deux heures."

"Très bien, merci !"

Aïla le salua puis rejoint Envel en sautillant joyeusement :

"Je reviens ce soir. Et toi ? J'ai vu quelqu'un te parler tout à l'heure, il voulait quelque chose ?"

Envel taillait toujours quand Aïla vint le rejoindre, son éternel sourire aux lèvres. Le garçon leva les yeux.

- "Je suis embauché, annonça-t-il tranquillement. Mais je vais devoir commencer à travailler avant ce soir, je pense."

Il détailla un instant la jeune fille, avant de remettre son poignard à sa ceinture et de glisser la figurine inachevée dans son sac.

- "Souhaitais-tu chercher quelque chose en particulier, à la bibliothèque de Firewall ?"