Le jour pointait. Envel sortit silencieusement de la chambre.
Il descendit l'escalier. Le carrelage était froid sous ses pieds nus. la rosée perlait sur les vitres des fenêtres. Il y eut le grincement d'une porte qu'on ouvrait, puis Mary apparut, ensommeillée. Dès qu'elle vit Envel, elle se précipita vers lui.

- "Comment va-t-elle ?"

- "Elle dort. Elle est venue me voir. Elle est... très choquée. Mais consciente."

Mary secoua la tête.

- "Mon Dieu, quelle tragédie... Mais... Vous Envel ? Vous avez l'air très fatigué. Vous n'avez pas dormi ?"

Le garçon fit un geste imprécis de la main, qui aurait pu signifier oui ou non. Mary n'insista pas, et retourna d'où elle était venue.
Envel sortit. L'air était frais, et il ne faisait pas très beau. Le jeune homme marcha un instant, puis ses jambes se dérobèrent sous lui. Il tomba sur le dos, le souffle coupé.
La rosée trempait lentement sa chemise. Envel frissonna, mais ne bougea pas.
Malgré lui, ses yeux se fermaient. Il leva devant lui la pierre qu'il était en train de tailler, attrapa son poignard d'une main, et continua l'ébauche. Mais ses mains tremblaient, son geste devenait maladroit et bientôt, il se coupa. Le sang coula et alla s'infiltrer dans les interstices de la pierre.
Envel laissa tomber son oeuvre et son poignard. Les bras en croix, il laissa le vent jouer avec ses mèches cuivres, ses yeux violets fixant le ciel qui s'éclaircissait.
Il finit par sombrer dans une demi-léthargie, ponctuée par les frissonnements réguliers qui parcouraient son dos.

Ce ne fut pas la lumière du soleil qui réveilla Aïla, mais le silence. Elle ouvrit soudain les yeux, chercha... quoi ? Quelque chose... Qu'elle ne trouva pas.
La jeune femme se redressa vivement. Regarda autour d'elle. Ce n'était pas sa chambre...

"Envel ?"

Le silence.
Alors son coeur commença à s'affoler. Elle se leva, ignora la douleur de ses côtes pour sortir précipitement de la chambre. Elle descendit les escaliers, manqua de rater une marche se mordit la lèvre en se cognant sur un de ses coups.

"Qui... Aïla ? Est ce que ça va ? Tu devrais rester couchée... Aïla ?!"

La jeune femme lui lança un regard suppliant eet murmura :

"Envel"

Marie fut un instant surprise. Puis dissimula un sourire.

"Je crois qu'il vient de sortir, attends là je vais..."

Aïla n'avait pas attendu. Elle était déjà dehors. Elle regarda autour d'elle, et vit enfin sa silhouette, allongée sur le sol.
Elle se précipita :

"Envel, que t'arrive-t-il ?! Envel !!"

Aïla tomba à genoux à côté de lui, ses grands yeux verts remplis d'inquiétude.
Pourtant, à l'instant même où elle l'avait vu, elle avait ressentit un instense soulagement.

"Envel !"
Léthargie.
"Envel !
Quelqu'un l'appelait. Le garçon ouvrit les yeux.
Aïla était penché sur lui. Envel se redressa difficilement, tentant de remettre de l'ordre dans ses pensées confuses.
Il avait fait de biens étranges rêves...
Il revint vite à la réalité. Il jaugea la jeune fille, un peu perdu.

- "Aïla... Tu n'aurais pas dû te lever... Pourquoi es-tu venue jusqu'ici ?"

Un lueur d'inquiétude passa dans son regard d'améthyste.

- "Tu as besoin de quelque chose ?"

Le soulagement fut nettement visible sur le visage de la jeune femme lorsqu'envel ouvrit les yeux pour lui parler. Elle sourit : Il dormait ! Puis, en réponse à sa question, elle secoua la tête et ses boucles d'or :

"Non, je n'ai besoin de rien... Mais tu n'étais plus là et..."

Et quoi ? Aïla rougit. Besoin de rien... mais de lui ? La jeune femme détourna le regard, gênée.
Puis finalement elle plaça de nouveau ses yeux verts et brillants dans ceux, violet, d'Envel. Un doux sourire prit possession de ses lèvres.

"Tu ne devrais pas dormir là, tu vas tomber malade."

Besoin de rien envie de toiiiiii. Envie de toi besoin de riennnnnnnnnnnnnnn.
Trop tentant XD
...
*va se pendre* ^^"

rigole si tu veux, j'y ai pensé aussi xD

HJ : bande de floodeuses x)

Envel eut du mal à soutenir le regard vert d'Aïla. Un peu gêné, il se passa une main dans ses cheveux cuivrés.

- "Je suis désolé, je n'étais pas censé m'effondrer... Mais je n'ai pas vraiment dormi cette nuit."

Et quelle importance ? Il aurait dû rester avec elle. Puisque c'était la seule façon de faire quelque chose pour elle...

- 'Est-ce que tu as vu Mary ? Elle s'inquiétait. Il faudrait peut-être qu'on retourne à l'auberge..."

Il aurait dû lui dire. Mais ce qu'il ressentait, il avait peur que ça la fasse fuir.
Quant à lui dire qu'il devait partir...
Non. Inconcevable.

Aïla le regarda surprise, fronça les sourcils :

"Tu n'as pas dormi ? Tu n'es pas malade, n'est ce pas ?"

Elle posa une main sur le front du jeune homme, l'autre sur le sien. Non, il n'avait pas l'air d'avoir de fièvre... A vrai dire, son front lui paraissait même un peu trop chaud...
Elle se leva avec un sourire :

"Tu as raison, retournons rassurer Mary."

Elle hésita, se mordit la lèvre :

"De toute façon, je crois que je vais m'allonger encore un peu."

Aïla sentait la fatigue et la douleur toujours présentes.

Envel frémit quand elle posa la main sur son front. A sa question, il eut un léger sourire en coin.

- "Tu devrais plus t'inquiéter pour toi, tu sais..."

Il ramassa son poignard et la pierre qu'il avait commencé à tailler, se leva.

- "Voudras-tu... que je reste ?"


Hj: tu feras parler Mary ? ^^

Aïla détourna le regard.

"Il n'y a plus de raison de s'inquiéter pour moi."

Elle regarda de nouveau Envel.

"Mais toi, si tu n'as pas dormi, il faut que tu te repose !"

Le regard de la jeune femme tomba sur la pierre, ses yeux se mirent à briller :

"Oh, tu taillais ?!"

Elle sourit :

"J'aime te voir donner vie à la pierre."

Aïla se dirigea lentement vers l'auberge, essayant d'ignorer la douleur de ses côtes. Mary accourait déjà vers eux :

"Bon dieu les enfants, ne me faites plus des peurs pareilles !! Aïla, sortir ainsi, jesus regarde toi, couverte de bleus ! Qui a osé... Envel, es-tu sûr que ça va ? Tu es fort pâle."

Comme Aïla avant elle, elle posa la main sur son front, répéta la même chose avec la jeune femme :

"Non, tu n'es pas chaud... Mais, Aïla, tu as de la fièvre, toi !!"

Mary soupira et les tira à l'intérieur :

"C'est décidé, tout le monde au lit ! Je ne suis pas votre mère, je le sais, mais je ne peux pas vous laisser vous tuer ainsi ! Envel, tu arrête s'il te plait de sculpter toute la nuit, et pour l'amour de dieu, essaye de dormir un peu ! Aïla quant à toi, je t'interdit de te lever une nouvelle fois aujourd'hui, est ce que c'est clair ?!"

Aïla n'eut pas la force de protester, et elle se laissa soutenir pour remonter les escaliers.

Lorsqu'il vit Mary dans tous ces états, Envel ne put s'empêcher d'esquisser un demi-sourire. La gérante soutint Aïla jusqu'à sa chambre, puis, ayant fermé la porte, se tourna vers le garçon.

- "Et vous ? Pourquoi n'avez-vous pas dormi? Regardez dans quel état vous êtes !"

Envel leva ses yeux violets et les planta dans ceux de Mary.

- "C'était la seule façon de l'apaiser. Elle m'a dit... qu'elle aimait bien quand je taillais."

Mary secoua la tête en soupirant.

- "Vous ne lui avez rien avoué, n'est-ce pas ?"

- "Parce que vous pensez que c'est le moment de lui dire maintenant ?"

La femme ne sut pas quoi répondre. Envel rentra dans sa chambre.
Là, il se laissa tomber à terre, dos au mur. Il fixa se qu'il était en train de tailler d'un air impénétrable.
Une rose. Le sang qui avait coulé sur la pierre s'était infiltré dans les plis des pétales, donnant à la fleur un étrange relief.
Envel leva son poignard. Bientôt, les coups nets et précis d'une lame contre la pierre retentirent dans la chambre.
Derrière la porte, Mary les entendit. Mais elle ne dit rien, et descendit l'escalier en silence.

Aïla ne réussit pas à dormir. Elle somnola, secouée de cauchemards dès qu'elle fermait les yeux. Des cauchemards... Comme c'était étrange, elle qui d'habitude n'en faisait jamais !
Mais cette fois ci, elle n'osa pas aller déranger Envel. Peut être, sûrement n'avait-il pas dormi à cause d'elle. Et il s'était écroulé de fatigue. Aïla s'en voulait.

Alors elle se contenta de s'assoir sur le sol, adossée au mur séparant les deux chambres. Elle tenta de percevoir des sons, quelque chose.
Elle n'entendait rien.
Alors elle plaça sa tête entre ses bras et replongea dans sommeil agité entrecoupé de réveils en sursaut.

Quand était la dernière fois où elle avait eu ainsi peur ?

Envel avait fini de tailler. Il se leva, sortit de la chambre et descendit silencieusement.
Mary, en le voyant, soupira. Mais elle n'était plus faché.

- "Vous n'avez toujours pas dormi, hein ?"

Envel secoua la tête.

- "Je vais voir Ethnar. Vous vous occuperez d'Aïla, n'est-ce pas ?"

La femme ouvrit de grands yeux.

- "Mon Dieu, ne me dites pas que vous partez ?"

Le garçon lui renvoya un sourire triste.

- "Ça résoudrait bien des choses... mais je ne peux pas."

Il sortit. Il passa faire une caresse à Neyle, puis parcourut les ruelles de Firewall comme un somnambule.
Il ne savait pas vraiment où il allait. mais il savait que si jamais il se perdait, Ethnar le retrouverait.

Mary entra dans la chambre sur la pointe des pieds. Voyant le lit vide, elle fronça les sourcils. Puis soupira de soulagement en trouvant la jeune femme roulée en boule sur le sol. Elle s'approcha, lui secoua gentiment l'épaule :

"Aïla... Aïla réveille-toi, tu ne peux pas dormir ainsi par terre..."

Aïla ouvrit les yeux en sursaut, se crispa, les yeux remplis de frayeur. Puis elle reconnut la gérante, et se détendit légèrement :

"Oh... C'est vous Mary. Vous m'avez fait peur."

Elle se redressa, toute endolorie. Mary l'aida à se lever pour la faire assoir sur le lit. Aïla lui sourit :

"Merci, mais je ne pense pas dormir de nouveau..."

Elle frissona au souvenir des ombres l'attendant dans son sommeil. On ne pouvait pas dire que cela était très reposant...
Mary plaça une main sur son front, puis hocha la tête.

"Ta fièvre semble avoir un peu diminué... Dieu merci, ce n'était pas bien grave ! As-tu encore des blessures douloureuses ?"

Elle s'était levée pour ouvrir la fenêtre. Une brise rafraichissante vint s'engouffrer dans la chambre.

"Une ou deux côtes, justes fêlées, je crois."

Sinon, elle aurait eut bien plus mal en respirant. Mary s'était déjà approché pour soulever le haut de la jeune fille.

"Fait moi voir ça."

Aïla fit la grimace quand la femme imposante frola de ses doigts le gros bleu violacé qui s'étendait sur ses côtes.

"Bonne mère, ils ne t'ont pas raté. Malheureusement, je ne pas faire grand chose, mieux vaudrais que tu ailles voir quelqu'un, un guerrisseur."

Aïla fronça le nez. Elle n'avait pas beaucoup d'argent, et les guerrisseurs coûtaient parfois cher. Elle tira sur son haut pour masquer la blessure, et fit un sourire rassurant.

"Ce n'est pas encore trop douloureux, cela peut bien guerir tout seul..."

Soudain, elle sursauta, et se précipita à la fenêtre. Silencieuse, elle ferma quelques seconde les yeux, puis envoya un regard plein de détresse à Mary :

"Il est parti ? Envel est parti ?!!"

Devant le silence surpris qui lui répondit, elle perça Mary de ses yeux verts.

"Le vent me l'a dit."

Elle s'écarta du balcon pour revenir vers la gérante. elle se baissa près d'elle, la regarda, le regard plein de détresse.

"Répondez moi, Mary ! Envel est-il vraiment parti ?!"

"Je ne sais pas, Aïla, il a dit qu'il reviendrait mais..."

Le visage de la jeune femme se décomposa.

"Mary... Je ne veux pas qu'il parte ! Je sais que c'est égoïste, qu'il a plein de choses à faire, surtout depuis qu'il a retrouvé Ethnar, et surement je ne suis qu'une source de problèmes pour lui mais..."

Aïla avait détourné les yeux, les mots se bloquaient dans sa gorge.

"...mais... Mais je me sens bien avec lui, j'aime être avec lui et le voir. Je veux le connaitre mieux, j'aimerais savoir ce qu'il pense et pourquoi il le pense, je veux découvrir qui il est... et j'ai l'impression que plus je le connais, plus... moins..."

"Plus l'idée même d'être séparée de lui devient douloureuse."

Aïla hésita, puis hocha la tête.

"Je m'en veux d'être si égoïste, Mary. C'est surement à cause de moi qu'il n'a pas dormi, sans moi surement même serait-il déjà parti..."

"Ce n'est pas de l'égoïsme, Aïla, c'est de l'amour !"

Pour une fois, Mary avait envie d'éclater de rire. Il était indéniable qu'AÏla aimait Envel. Pourtant...
Mary lança un regard indeffinissable à la jeune femme qui s'était perdue dans ses pensées.
Pourtant.
Jusqu'où allait son amour pour Envel ? Elle semblait si indécise sur ses sentiments... Des sentiments qui, comme Aïla l'avait compris, évoluaient. Mais à quel point en étaient-ils maintenant ? Et surtout, que deviendraient-ils si envel partait aujourd'hui ? Un amour naissant, non, né, mais encore si fragile...

Aïla reprit la parole :

"Vous savez Mary, cela n'en est peut être pas pour les autres, mais je le ressent quand même comme de l'égoïsme... Je ne veut pas gêner Envel plus que je ne l'ai déjà fait, et je ne vais pas l'empêcher de partir."

Elle ajouta en chuchotant, comme pour elle même :

"Après tout, ce n'est pas comme si j'avais vraiment besoin de lui, n'est ce pas ?"

Elle savait très bien se débrouiller seule. Elle s'était jusqu'à présent débrouillée seule. Pourquoi cela changerait-il d'un seul coup ?
Mary ne répondit rien. Puis, au bout de plusieurs secondes, se leva pour quitter la chambre :

"Je t'apporte du bouillon."

Aïla hocha la tête, puis enfouit son visage dans ses mains. Sa poitrine lui faisait mal, mais cela n'était pas à cause de ses côtes blessées.




HJ/ Pffiou ! à voter ! xD (c'est en fait ce qui m'a pris le plus de temps dans ma réponse : aller voter ^^")
bon, elle n'a pas dit grand chose, mais ça te va ? Je n'ai pas trop d'idées non plus...

Hj : vi, c'est très bien ^^

Envel avait retrouvé Ethnar. Le dragon n'avait pas posé une seule question. Il savait.
A présent, Envel était allongé sur la tête de son ami, les mains sous le menton, ses yeux violets fixant l'immensité du ciel qui s'étendait sous ses yeux.
Ethnar volait. Droit vers le soleil.
Déjà loin de Firewall.

# Parle-moi, compagnon d'âme. #

# L'idée même de partir m'est insupportable. #

# Alors je ferai demi-tour. #

# Non. Tu l'as dit toi-même. Le plus tôt sera le mieux. Je refuse de te faire attendre plus longtemps. #

# Aïla a besoin d'aide. C'est toi qu'elle veut. Même si elle l'ignore encore. #

Envel ne répondit rien.
Il conservait l'espoir stupide que le dragon ait raison.

# Quant à attendre... Je l'ai fait pendant des millénaires. Crois-tu que quelques jours, ou quelques semaines, comptent pour moi ? #

A ses paroles, le garçon ferma les yeux.
La gratitude qui se déversa alors dans l'âme du dragon le fit frissonner.
Lentement, il fit demi-tour. Vers Firewall.
Porté par le Vent.
Ethnar survola la cité. L'ombre immense du noble animal recouvrit l'auberge de Mary, paraissant dérisoire face à la légende vivante telle qu'était Ethnar.

# A bientôt, jeune cavalier. #

Envel se laissa tomber.
Il réatterrit souplement sur l'herbe en un rouler-bouler, puis se releva. Mary avait ouvert la porte. Les yeux levés vers le ciel, elle balbutia :

"Dieu tout-puissant, c'était..."

Envel hocha la tête. Il monta l'escalier, silencieux.
Mary le suivit des yeux.
Ce garçon... Qui était-il véritablement ?

Le vent porta aux oreilles d'Aïla son fin glissement sur les écailles rouges, la pression sur la fine peau des ailes du dragon.
Aïla se leva et sortit de la chambre précipitement. Mais en haut des escaliers, elle stoppa net. Puis descendit quelques marches, doucement.
en voyant envel, son regard se mit à briller.
Il était revenu.
Mais... Pour combien de temps ? Aïla détourna le regard. Elle avait beau faire semblant de l'ignorer, elle savait qu'il devait partir. Et elle ne voulait pas l'en empêcher. Mais elle ne voulais plus faire semblant...

"Quand pars-tu ?"

Brusque ? La jeune femme avait tout simplement peur de ne pas avoir le courage d'entendre la réponse. Alors, quand on a peur de rentrer dans l'eau, on s'y jette d'un seul coup.
Mary lança un regard indeffinissable aux deux jeunes gens, puis rse dirigea vers la cuisine.

"J'ai quelque chose qui cuit sur le feu, je vous laisse..."

Aïla.
Envel se plongea dans ses yeux verts.

# Jamais. Ou alors, tu pars avec moi. #

C'est ce qu'il aurait aimé lui dire.
En réalité, il était resté silencieux. Que pouvait-il dire ? "Bientôt" ; "Dès que possible" ; "Prochainement" ?
Non, non, il ne voulait pas !
Il hésita. Baissa les yeux.
Les releva. Fixa la jeune fille avec un sentiment contenu, mais qui faisait briller ses deux yeux d'améthyste.

- "Pas immédiatement."

Dans sa cuisine, Mary l'entendit.
Elle eut un sourire.
Les sentiments d'Aïla auraient le temps d'évoluer. Du moins, elle l'espérait de tout son coeur.

Aïla fut surprise de sa réponse.

"Oh..."

Elle aurait voulu ajouter qu'elle en était heureuse, ou même peut être lui sauter dans les bras, mais...
Non. Ella avait dit qu'elle ne serait pas une gêne.
Mais la jeune fille ne put cacher l'éclat de ses yeux. Même lorsqu'elle sourit avec le coeur, cela ne passe pas inaperçu...
Aïla, tu es un vrai livre ouvert !
La jeune femme se noya dans les yeux d'Envel, et lorsqu'elle réussit à s'en décrocher se dépêcha de remonter les escaliers, le coeur battant à tout rompre.

En voyant le regard d'Aïla, Envel eut le coeur serré.
Parce que "pas immédiatement", était une formule pour ne pas à avoir dire "bientôt".
Très bientôt, même.
Il redescendit. Il croisa Mary, qui montait un bol de bouillon à Aïla.

"Vous n'allez pas rester longtemps, n'est-ce pas ? Vous voulez préserver Aïla, mais savez-vous ? Plus l'on attend, et plus le départ sera difficile."

Oh, Mary souhaitait de tout coeur voir ces deux-là heureux. Mais elle commençait à comprendre le garçon. Et elle savait qu'inconsciemment, il avait déjà pris sa décision.
Envel resta un instant silencieux, les yeux baissés.

- "Je partirai demain. Mais je veux d'abord parler à Aïla."

Mary sourit doucement.

"Vous allez me manquer, Envel. Revenez nous voir de temps en temps."

Envel leva la tête. Il adressa son demi-sourire si particulier à la gérante.

- "Promis."

Là-haut, une porte claqua soudain. Envel leva la tête, alarmé.
Pourvu, pourvu qu'Aïla n'ait pas entendu la discussion...

Aïla monta les marches de son pas silencieux.
Ah ! Le bouillon ! Mary avait dû lui en préparer un... La jeune femme redscendit rapidement vers la cuisine.
Surement n'aurait-elle pas dû.
Elle n'entra pas dans la piece. Un seul mot, plus deviné qu'entendu, avait suffit à lui faire faire demi-tour.
Demain.
Bien sûr, elle le savait qu'en disant 'pas tout de suite', il retardait l'échéance bien plus proche qu'il ne voulait l'avouer ! Mais, pourquoi demain ?!

Aïla se réfugia dans la petite chambre, sursauta quand celle-ci claqua soudainement. Le Vent ! Elle alla fermer la fenêtre, passa devant le miroire. S'y arrêta.
Les bleus de son visage commençaient déjà à disparaitre. Elle guérissait plus vite qu'un humain normal. Elle savait que dans deux jours, ils ne se verraient presque plus.
Deux jours.
Et Envel partait demain.

Mais Aïla ne comprenait pas pourquoi il n'avait pas voulu lui dire. Et elle ne savait pas comment l'interpréter, ni comment réagir.
Elle s'assit sur le lit.

Envel monta l'escalier.
Mais arrivé devant la porte de la chambre, il s'arrêta.
Sa main qui s'apprêtait à frapper, resta en suspens.
Il avait peur

-------------------------

Loin, Ethnar chercha l'esprit d'Aïla.
Il le trouva.
Contact.

# Petite fille... #

L'esprit d'Aïla sursauta. Celui du dragon se fit tendre.

# Si tu savais à quel point mon cavalier aurait aimé chasser ton obscurité comme tu as chassé la sienne... Mais il ne peut plus continuer ainsi. Il faut que tu te rendes à l'évidence. Accepte-la, et alors nous reviendrons. Ecoute-toi, ne te refoule pas... Petit oiseau d'or... #

Envel frappa. Ethnar se retira doucement de l'esprit d'Aïla.

- "Aïla... Je peux entrer ?"

Aïla avait laissé le dragon entrer dans son esprit avec surprise. Elle percevait vaguement son âme immense, quelque part, si loin et pourtant si proche. Tient, Envel y était, aussi... Pouvait-il lui aussi entendre ses pensées ? Ah !
Un peu perdue, elle mit quelques secondes à se rendre compte que le jeune homme était non pas dans sa tête, mais derrière la porte !

Aïla se leva, l'ouvrit d'un geste vif, regarda Envel de ses grands yeux verts.
Elle n'avait pas compris tout ce qu'avait dit Ethnar mais... Se refouler ? Aïla n'avais jamais réussi à mentir... Et le livre ouvert qu'était son âme laissait la tristesse envahir son regard. Même si elle tentait de se persuader du contraire !

Elle détaillait le visage d'Envel comme pour la première fois, marquait chaque détail dans son esprit.
Demain.
Cela faisait un moment qu'ils voyageaient ensemble... Et pourtant si peu de temps ! Quand donc s'était-elle attachée à lui à ce point ?!
La jeune femme posa doucement sa main sur le visage du jeune homme, la passa le long de la machoire. Geste spontanné, de ce qu'elle ne parviendrait jamais à retenir.
Qu'avait dit le dragon, déjà ? Se retenir...

Envel.

Demain.

Ses lèvres s'étirèrent en un sourire tremblant.

"Bien sûr..."

Envel frémit lorsqu'Aïla lui passa la main sur sa joue.
Elle savait, bien sûr.
Le garçon entra. Il sentit aussitôt la présence d'Ethnar.
Que lui avait-il dit ?
Qu'importe. Il avait confiance en lui.
De toute son âme.
Envel s'adossa contre le mur.
S'obligea à lever les yeux. A fixer Aïla.

- "Je pars demain. Je crois que tu le sais déjà."

Il se sentait maladroit, gêné. Peur de la blesser, de la blesser encore plus.
Mais bon sang, qu'est-ce qui lui arrivait ?

- "Ecoute Aïla je... J'ai repoussé le départ parce qu'après l'...évènement, je pensais que tu aurais besoin de soutien, mais je... je ne peux plus."

Arrête de bégayer, bon sang !
Envel plongea ses yeux violets dans ceux d'Aïla, et y chercha la force qui lui manquait pour achever.

- "Ethnar a beaucoup de choses à m'apprendre. Même, énormément. Ça prendra du temps, il faudra sans cesse que l'on soit seuls, isolés du monde, et ce sera difficile. Alors, il vaut mieux commencer maintenant. Et puis... Je ne sais pas si Ethnar te l'a expliqué, je crois que si, à demi-mots. Mais Aïla, je ne peux plus. Je ne peux plus rester ici à attendre. Je sais, c'est incompréhensible, mais même si je te le disais plus explicitement, bien que j'en sois incapable, je crois que tu ne comprendrais pas. Alors..."

Il se tut. S'écarta doucement du mur.
Posa la main sur la poignée.

- "Le Vent connaît Ethnar. Il te donnera de nos nouvelles. Et j'espère... qu'il lui donnera des tiennes."

Aïla l'écouta sans dire un mot. Ainsi, il était resté à cause de ça. Aïla se frotta le bras de son autre main, détourna le regard.
Mais quand Envel posa la main sur la poignée, elle releva le visage, l'agripa soudain par la manche. Elle murmura :

"Reste avec moi, s'il te plait... Tu ne pars que demain, n'est ce pas ?"

Cherchait-elle elle aussi à retarder l'inévitable ? Surement... Mais, de toute façon, c'était inévitable... non ?

Aïla s'approcha pour le serrer dans ses bras. Comme pour retenir quelque chose que l'on a peur de voir disparaitre à chaque instant. Pour emporter un peu de sa chaleur avec elle.

"Qu'importe le jour où tu reviendras, on se retrouvera, n'est ce pas ?"



HJ/ désolée, manque d'inspi -.-"

Aïla...
Lorsqu'elle se serra contre lui, Envel eut la soudaine envie de la repousser et de fuir le plus loin possible.
Pourquoi ? La veille, elle avait refusé le contact. Et c'était sans doute une des choses qui avaient décidé Envel à partir.
A la question murmurée de la jeune fille, il ne répondit pas.
Cette réponse ne dépendait pas de lui.
Mais d'elle.
Il s'écarta doucement. S'assit à même le plancher.

- "Alors... Veux-tu qu'on parle, ou simplement que je reste ?"


HJ : et moi donc x)