Il faisait doux, l'air était légèrement humide, le vent apportant quelques goutelettes aux senteurs marines aux narines des vagabonds... Le Soleil caressait encore l'horizon de quelques rayons orangés, faisant frémir la douce courbe nacrée née des vagues de l'Océan.

Les oiseaux marins commencaient à quitter le Ciel immense, laissant la Lune effleurer leur plumage de ses doux rayons d'argent... L'eau salée, encore tiède des feux de l'après midi léchait le sable encore doux, foulé par le passage des voyageurs tout au long de la journée. Sur la longue bande de sable désormais déserte, où l'on découvrait encore par moment des pièces de bois noirci, brulé, cicatrices encore visibles du Grand Cataclysme, une elfe marchait, face au vent.

Dans ses traces un regret, sur sa peau un souvenir perdu, dans son souffle une promesse... Elle balayait dans un silence absolu l'immense étendue sablonneuse de ses pas félins, de son regard elle caressait le vide, les silhouettes fantômes qui apparaissaient face à elle... Son corps finement dessiné luisait sous la Lune... La finesse de sa taille, le galbe de ses cuisses, la perfection de ses seins, ses longs cheveux blonds vêtus de nacre laissaient penser à un esprit, une nymphe... Son corps nu se dévoilait aux étoiles, montrant à leur silence passif la beauté la plus pure de cette terre. L'innocence de ce corps offert était cependant entâchée par la sombre présence d'une mortelle cicatrice le long du flanc droit de la belle, courant de son aisselle à son bas-ventre.

L'étrange apparition, semblant dénuée de toute présence, de tout esprit, aurait pù être la proie d'un quelquonque homme avide qui passait par là. Cependant, il paraissait clair lorsque l'on s'approchait un peu plus d'elle qu'elle ne se serait pas laissé abuser sans traitre mot dire. En effet, on pouvait entrevoir ses muscles rouler sous sa peau, et chacun de ses gestes était empreint d'une grâce guerrière, acquis au cours d'une longue vie de tumulte...

La belle chasseresse, au corps encore luisant d'eau (bain du crépuscule ?) s'approcha d'un rocher à proximité et en sortit des habits de lin et cuir soigneusement pliés. Un vent glacé l'entoura et la dissimula un instant avant qu'elle apparaisse, sèche, la peau lustrée. Quelques étoiles semblaient s'être attachées à ses jambes, mais il s'agissait en fait d'étoiles d'écailles bleutées reflétant les lueurs de la nuit tombante.

Elle se vêtit, et se redressa avant de bondir sans même plier les jambes sur la pierre. Spectacle stupéfiant que cet être à la chevelure d'or sous la Lune... Soudain, son regard de feuillage embrassa la plage, d'un geste farouche. Elle n'était plus seule... Dans son dos, une unique mèche de cheveux semblait vouloir désobéir au vent... Mèche presque noire aux reflets violets, sombre présage...

L'elfe aux oreilles plaquées contre son crâne bougea imperceptiblement un doigt et une bourrasque paraissant presque naturelle balaya la plage, découvrant l'invité mystère...

Meiberion avait ôté ses chaussures et avançait d'un pas irrégulier sur la plage. Il appréciait grandement le contact du sable fin sur ses orteils, et s'amusait à les y enfouir tout en marchant, laissant derrière lui des traces difformes.
Le soleil se couchait sur l'horizon aquatique du Clan de L'Eau, mais le sable exhalait encore une douce chaleur, héritage du zénith.

Le jeune homme profitait de son passage en cette Terre pour vagabonder sur le bord de L'Océan, et admirer ces paysages que les natifs de l'Air ne côtoyaient quasiment jamais. Non pas qu'il n'appréciât pas les grandes Plaines qu'on voyait par chez lui -il adorait voir les herbes onduler et se tortiller comme des feux follets au gré du vent- mais cette gigantesque étendue d'eau et le ronronnement continu des vagues venant s'échouer sur la rive avaient un effet apaisant sur lui.

Et l'effet apaisant n'était pas de trop ce jour-ci. En effet, Meib n'était pas venu en terre d'Eau pour le plaisir. Enfin, tout dépendait de la définition que l'on donnait à "plaisir". Il venait de passer quatre jours exténuants, à vagabonder aux quatre coins du Clan, à s'inviter chez les bourgeois dans le but d'asseoir son influence et de tisser de nouvelles alliances. Il avait même du se battre contre une vampire assoiffée, qui avait probablement jugé qu'un jeune homme de son acabit ne faisait pas le poids face à son agilité et son pouvoir de téléportation. Mais Meib avait plus d'un tour dans son sac, et les divers bracelets et pendentifs métalliques qui ornaient la disciple du Mal lui firent beaucoup de tort. Le métal étant un excellent conducteur thermique, Meib utilisa son don de combustion pour le chauffer presque à blanc. Le temps de reprendre sa respiration, son ennemie avait disparu dans un hurlement.

Son périple arrivait donc à sa fin, sur cette plage, sur ce sable aux reflets chatoyants sous le crépuscule. Pas un bruit. Pas un souffle de vent pour faire bouger sa cape verte brodée. Ha, non, il avait pensé trop vite. Un vent frais se leva soudain, soulevant un fin nuage de sable. Plissant les yeux pour se protéger, Meib aperçut par la même occasion une silhouette sur les rochers. Son cœur s'accéléra. Serait-ce une sirène ? Croiser un tel être en un tel moment ne l'enchantait guère.

Il hésita. Devait-il s'approcher davantage ?

La jeune elfe au regard percant fixait sans retenue l'inconnu qui lui faisait face, à quelques mètres. Elle passa un dernier coup de main sur son gilet de cuir brut, sans pour autant quitter l'invité surprise du regard avant de se mettre à détailler l'inconnu. Un homme assez grand, assez pour dépasser l'elfe pourtant élancée d'une bonne tête. Elle fronça les sourcils en appercevant ses oreilles pointues. Un elfe ? De quel clan pouvait-il bien être ? A sa tenue de bonne facture, c'était un noble, mais les tissus et les matières laissaient penser à un membre du clan de l'air ou du feu. Ce qui laissait Speranza d'autant plus méfiante...

Elle se demandait ce qu'un noble pouvait venir faire sur cette plage désertique à une heure pareille, sinon chercher la mort torturée de quelque rencontre hasardeuse... La semi-sirène continuait à inspecter le nouvel arrivant quand un cri strident lui traversa l'esprit. Elle écarquilla les yeux. Ce timbre de voix, cette douceur, ce ne pouvait être que Ghiaccioio, son dragon blanc. Elle n'avait plus eu de nouvelles de lui depuis le cataclysme, cela faisait deux ans, et elle commencait à peine à retrouver "la joie de vivre", même si cela est beaucoup dire pour une femme vivant continuellement dans les ténèbres et l'inquiétude de ce qu'elle était. Elle essaya d'attraper ce cri, de lui répondre, mais le lien s'effilocha, ne lui laissant qu'un goût de sang dans la bouche et une terrible douleur le long du bras. Son dragon était en danger. C'était certain. Et d'après la modification des sonorités du cri, le dragon était tout aussi surpris qu'elle de la savoir en vie.

Elle redescendit sur Terre en se remémorant qu'elle avait toujours un inconnu face a elle. Hostile ou bien...?

Elle descendit de son piédestal sans même esquisser un geste, ses cheveux brillant habillés d'éclats d'étoiles, et commenca à s'avancer, la tête haute, d'un pas souple, vers l'inconnu, sans pour autant dépasser les 5m de distance de sécurité. Elle s'arrêta donc, les quelques écailles bleutées parant son coude droit bien en évidence.

Meiberion leva les yeux au ciel, et aperçut une forme familière qui tournoyait à plusieurs dizaines de pieds au dessus de sa tête. Aswii. Il l'avait quitté au départ d'Aquaris. Il arrivait souvent à la chimère de partir comme ça, seule et sans signe annonciateur, pour aller vivre sa vie. Meib ne s'en inquiétait plus à présent. Il savait que son compagnon se débrouillait fort bien tout seul, et que de toutes façons, il finissait toujours par revenir. D'ailleurs, comment faisait-il pour toujours retrouver son maître ? Un genre de sixième sens ?
Aswii amorça une descente en piqué, et Meib tendit le bras par réflexe. Ce n'était peut-être pas le meilleur moment, mais il n'avait pas vraiment le choix. Le petit être se posa en douceur sur l'avant-bras de l'elfe et y agrippa ses pattes recouvertes de fourrure.
Le noble lui caressa la tête du creux de sa paume, en lui murmurant de rester sage. Aswii ne savait pas communiquer par télépathie, mais il était malgré tout très intelligent, et semblait comprendre ce que lui disait Meiberion. Il remonta le long de son bras et se cala sur son épaule.

Revenant à des préoccupations plus urgentes, Meib s'aperçut que la silhouette était descendue de ses rochers et s'approchait à présent de lui. Il put ainsi la distinguer avec ses yeux perçants d'Elfe. Une jeune femme plutôt mince, avec une longue chevelure blonde qui cascadait sur ses épaules, jusqu'à ses reins. Mais son regard fut immédiatement attiré par un éclat brillant sur son coude. A la lumière de la lune, il en reconnut la source. Impossible de se tromper. Des écailles. Cela ne signifiait qu'une seule chose. Sirène. Il releva rapidement les yeux et s'aperçut que la jeune femme possédait également deux longues oreilles de chaque côté de son crâne, pointues comme l'étaient les siennes. Meib n'était pas très sûr de la signification de tout ce qu'il voyait. Etait-elle une Elfe ? Une Sirène ? Un peu des deux ? Aswii s'agita sur son épaule.

Etait-elle dangereuse ? Probablement, sinon, elle ne prendrait pas le risque de se balader seule au clair de lune. Une belle jeune femme (car elle l'était) comme elle devait sans aucun doute posséder quelque talent caché, qu'il soit magique ou non. Faire demi-tour était exclu, à présent que la distance entre eux se trouvait fort réduite. Les Sirènes étaient des êtres fourbes, et attaquer dans le dos ne leur posait aucun problème. De toutes façons, Meib aussi pouvait réserver quelques surprises. Il opta pour une approche classique.

"Que diable fabrique une jeune femme comme vous à cette heure-ci, seule sur la plage ?"

Il s'efforçait de donner à sa voix un ton amical.

Speranza observa attentivement le manège de l'étrange créature qui descendit du ciel jusqu'au bras de l'elfe et lorsqu'elle eut convenu avec elle-même que la créature ne représentait aucun danger immédiat, elle se reconcentra sur le nouveau venu. Lorsque celui-ci lui adressa la parole, elle devina un masque dans son ton amical. Elle prit un visage enfantin, le même qu'elle arborait lorsqu'elle était amnésique, deux ans plus tôt, et dit alors en souriant, son visage angélique semblant s'illuminer

-" Oh, rien qui puisse nuire à ma santé, je venais juste me raffraichir. Le contact avec cette mer immense et limpide m'avait manqué vous savez... "

Elle aimait beaucoup parler ainsi. Son interlocuteur avait l'impression qu'elle lui dévoilait des données personnelles alors qu'au final il ne savait rien, et cela mettait la plupart des gens en confiance, même si elle doutait que cela fonctionne avec celui-ci...

Elle s'approcha d'encore un pas avant de s'arrêter face à lui, et, prenant une mine curieuse (qui, comme tous ceux qui la connaissent vraiment savent, est fausse, car son visage de pierre ne connait pas les véritables expressions émotionnelles) demanda

-" Mais dîtes moi... Et vous, homme charmant que vous semblez être, pourquoi trainez vous dans ces parages désolés ? "

Elle profitait de la lueur de la Lune pour inspecter encore plus en détails son interlocuteur, enregistrant soigneusement chaque donnée dans un coin de son crâne...

#Drôle d'heure pour se rafraîchir.#

Meib avait bien vu le petit manège de la jeune femme. Cette expression innocente, cette voix douce et suave. Oh, il n'était pas dupe : il utilisait souvent la même technique pour parvenir à ses fins. De toutes façons, même sans ça, son numéro n'aurait eu aucune chance de fonctionner. Les écailles avaient suffisamment mis l'homme sur ses gardes.

Il se raidit lorsqu'elle s'approcha encore de lui. Et allez, "homme charmant". Que se figurait-elle donc ? Le Charme des Sirènes n'était qu'une légende, une fable qu'on racontait aux enfants.
Sur son épaule, Aswii se déplaça légèrement, et tendit le cou pour examiner la nouvelle venue. Il ne semblait pas effrayé, ce qui était plutôt un signe encourageant. En effet, cette étrange bête percevait immédiatement si quelqu'un était animé d'intention belliqueuses vis à vis de son maître, et se mettait alors à pousser de petits grognements rauques, comme un avertissement. Plutôt pratique !

Mais cette fois-ci, il restait silencieux. Il ne faisait que la détailler, et bien sûr, la renifler en plissant son petit museau. Meib balaya du regard l'étrangère, de haut en bas, puis lança :

"Oh, rien d'extraordinaire moi non plus. Je profite simplement du clair de lune et de l'atmosphère reposante de ce lieu."


[Hrp : Je te laisse la main ]

L'elfe observa l'étrange créature se déposer sur l'épaule de l'homme puis s'y trémousser. Elle n'avait aucune idée de la nature exacte de la créature...

Elle s'immobilisa, les muscles apparament relachés, mais les sens en alerte. Elle sourit une fois de plus, sourire plus effacé, comme timide, et demanda, plantant ses yeux couleur feuillage dans ceux de son vis-à-vis avant de soupirer et de lever la tête vers le ciel

-"Et bien, je vous envie. Vous pouvez venir ici dans le seul but de profiter de l'ambiance... Ce n'est pas donné à tout le monde... J'aimerais tellement pouvoir voyager pacifiquement dans le seul but de profiter des paysages..."

Serait-ce une once de sincérité dans sa voix ? La froide elfe regretterait-elle sa solitude éternelle ? Cela semblait impossible... Elle reprit sa contenance avant de dire, le regard presque fuyant,

-"Et... serait-ce impoli de vous demander qui vous êtes pour pouvoir vous permettre un tel luxe ?"

L'écho des vagues cognait sourdement contre les tympans sensibles de Speranza. L'appel de la mer... Le même que celui qui lui avait volé sa mère... La morsure de l'eau sur sa peau, le goùt du sel sur sa langue, et le délice de cet air si pur qui habitait l'eau des océans... Elle avait fermé les yeux un instant en se remémorant toutes ces sensations qui la faisaient, entière, elle, elfe, sirène, lorsqu'elle pénétrait dans l'eau glacée... Comme en écho à ce désir d'immersion, ses écailles semblèrent luire, et sa peau, légèrement plus fine à cet endroit, devint bleutée...

En attendant la réponse de l'homme, elle chercha à reprendre contact avec son dragon. Introuvable. Où que ce soit... Mais les ondes maléfiques encore présentes dans l'air n'aidaient pas ses sens... Et son tigre ? Où avait pu disparaitre Falda ? Le tigreau était à peine adolescent et mesurait un petit mètre vingt au garrot (ce n'est rien pour un tigre de son espèce, les plus grands pouvant faire 1m80. Elle était assez tourmentée, et les séquelles de ces pertes s'ajoutaient aux plaies encore rouges de son dernier combat, trois fines cicatrices blanchâtres déchirant son épaule gauche, presqe invisibles, et qui disparaitrait bientôt, sous les sorts de guérison de la jeune femme.

HRP : Désoléééé pour le méga retard, mais là j'ai trop de soirées et de cours qui finissent tard. Mais promis je me bouge pour répondre ce week-end !

Le jeune noble se détendit. Son interlocutrice n'avait visiblement pas d'intentions belliqueuses à son égard. Et puis, il était toujours à même de réagir ; le poignard glissé dans sa ceinture pouvait aisément venir se loger dans sa main. Ou encore, il pouvait se téléporter en un battement de cils dans le dos de l'elfe.
Cette dernière, d'ailleurs, semblait avoir un peu relâché sa garde, à son tour. Elle lui sourit même, et le fixa droit dans les yeux. Une bonne chose.

"Qui détourne les yeux n'apporte rien d'heureux" était une phrase que sa mère lui répétait souvent lorsqu'il était enfant. Innocent. Entouré de son frère et de ses... deux... sœurs. Son cœur s'accéléra à cette pensée. Beaucoup de vent avait soufflé sur Windtora depuis ce funeste incident. Cependant, il ne passait pas un seul jour sans qu'il pensât à Enzë, ou à la folie qui avait emporté Tany.
Mais il s'efforça de chasser cette pensée et de garder un visage impassible. Il esquissa même un demi-sourire avant de répondre.

"Je réponds habituellement au nom de Meiberion."

Il retint de justesse la fin habituelle de sa phrase, à savoir "Lagenzar, pour vous servir". Elle n'était -apparemment- pas de la bourgeoisie d'Aquaris, et peut-être que le nom de Lagenzar ne lui inspirait rien d'autre que du dégoût. Il valait mieux être prudent.

"Permettez-moi cependant d'affirmer que se promener sur la plage au clair de lune n'est pas, et ne sera jamais, je l'espère, un luxe. A qui ai-je affaire, qui pense une chose aussi farfelue ?"

Sa voix avait ce ton convaincant que lui avait donné la Nature.

HJ/ T'inquiète, c'est pareil pour moi ^^'

Speranza enregistra le nom de l'inconnu. Elle portait toujours autant attention à ses faits et gestes, les muscles bandés. Elle fit mine de rougir et répondit

-"Moi? Je me nomme Speranza..."

Elle hésitait à lui dévoiler son nom, mais au final le lui avait donné. Après tout, la dernière guerre inter-clans était de son fait... Mais peut-être que son nom n'avait pas été divulgué, propagé par les incidents récents... Du moins, elle était sûre que la patte des méfaits de son hôte marquait encore les esprits... Elle se raidit, espérant que cela passerait inapercu avant de continuer

-"Je suis ici sur les terres, le Clan de l'eau, bien que ces derniers temps les évênements violents des terres d'Endora m'ont poussée au voyage."

Elle prenait garde à ne rien dire d'intéressant, même si elle savait pertinement que parler beaucoup, et ce même pour ne rien dire, mettait en confiance...

Speranza. Un nom très... Aérien. Un peu comme le bruissement des feuillages dans le parc du manoir Lagenzar.

Quoi ? Mais qu'est-ce qui lui passait par la tête ? N'importe quoi. Pourquoi pas le murmure de la rosée dans les champs de blé ? Allons. Cette femme était une sirène après tout ! Après tout... Après tout il ne le savait toujours pas précisément. Aucun signe ne lui permettait de trancher clairement en faveur d'une race ou d'une autre.

Bref, il connaissait son nom, ce qui était déjà une des bases d'un dialogue.
Elle enchaîna sur une phrase d'une banalité affligeante, qui aurait pu sortir tout droit de sa propre bouche.

"L'époque n'est heureuse pour personne."

Il releva la tête, caressa Aswii qui blottit sa tête dans son cou, et lança :

'Maintenant que les présentations sont faites, puis-je vous demander ce qui vous amène sur ces fameuses Terres Aquatiques ?"

Peut-être que cette femme pourrait agrandi le champ de ses relations, qui savait. L'elfe s'en réjouit d'avance.

HJ/ désolée, groosse baisse de motivation générale ces derniers temps... A chaque fois que je commencais à écrire je déprimais, donc rien... Mais le plus important est que tout aille mieux. Encore désolée =)

Speranza observait suspicieusement l'homme aux oreilles pointues qu'elle avait en face d'elle. Il l'intriguait. Elle avait l'habitude de croiser des hommes d'apparence plutôt froide, mais ceux-ci cachaient une peur sourde du meurtre et bien souvent des magiciens eux mêmes. Mais celui-ci semblait différent... D'autant que de ce qu'elle pouvait ressentir, il possédait une certaine aura magique. Peut-être n'était ce qu'un écho de sa propre aura, peut être pas.

Elle plongea ses yeux verts dans les siens, sans pour autant quitter du regard l'étrange créature pelotonnée dans le cou de l'individu. Elle afficha alors un sourire plus que convaincant pour elle, et dit

-" L'envie de revenir à mes origines, disons. Même si à l'époque où je vivais encore ici, les eaux n'étaient pas souillées de cette magie noire infâme qui crée ces nuages noirs sous l'eau, et qui réveilla les monstres des abysses... La Mer est devenue dangereuse..."

[HRP : Pas de problème. Comme tu dis, l'important c'est que ça aille mieux.]

Lorsque la jeune femme plongea ses yeux dans ceux de Meiberion, ce dernier réprima un frisson. Ces yeux... Ils contrastaient tellement avec l'apparence presque juvénile de leur propriétaire. Ces yeux portaient avec eux un regard sans âge. Un regard empreint d'une immense sagesse, mais également de toutes les peines et les joies du monde. Comme si Endora tout entière se reflétait dans ces iris entièrement verts.
Il s'efforça de soutenir son regard, mobilisant toute sa volonté. Tout Lagenzar qu'il était, il se sentait ridiculement petit en ce moment. Mais il n'en fit rien paraître. Les Lagenzar n'étaient pas intimidés.

"La Mer a toujours été dangereuse. Elle ne serait pas la Mer sans ça."

#Espérons qu'elle ne le prenne pas personnellement#

Bien entendu, l'elfe avait laissé échappé ça en pensant aux redoutables Sirènes qui peuplaient les eaux. D'ailleurs, "monstres des abysses" était un terme tout à fait approprié pour les désigner. Mais ça, il n'en dit rien, d'autant qu'il venait d'avoir la confirmation que son interlocutrice avait des origines sirènes.

Speranza ne put réprimer un rictus moqueur en entendant Meiberion dire que la Mer avait toujours été dangereuse... S'il savait qu'elle portait en elle le plus terrible démon qu'elle ai jamais porté...

Elle dit, une lueur navrée dans le regard

-" Il est sûr que lorsque l'on ne sait flirter avec elle, accepter ses dangers, ses crocs et griffes ont tôt fait de nous dévorer... "

Elle bougea imperceptiblement un doigt, et un filet d'eau se leva de la Mer toute proche et s'enroula autour de son poignet.

-" Il est vrai que lorsque l'on est pas habitué, un doux filet d'eau peut devenir... Un monstre "

A l'instant même où elle prononcait ces mots, le filet d'eau fut pris comme de convulsions, et se changea en hideux serpent de mer. L'eau avait même changé de teinte, ce qui le rendait réaliste au possible. Le serpent ouvrit sa gueule et fondit sur le petit animal sur l'épaule de l'elfe, comme s'il allait le dévorer, avant de se changer en eau au dernier instant, caressant doucement le poil de l'animal sans même le mouiller, avant de retourner dans l'Océan. Alors qu'elle avait attiré l'attention de Meiberion sur autre chose, elle en profita pour refermer son visage, attendant sa réaction, qui promettait d'être intéressante...

Ainsi, cette étrange jeune femme pouvait contrôler l'élément liquide. Voilà qui était intéressant. Meiberion préférait le savoir que l'ignorer, assurément ! La mince cordelette d'eau semblait onduler autour du bras de la Sirène, comme une animal sauvage, mais néanmoins gardé sous contrôle.

#Un monstre ? Mais que ?#

Il n'eut pas le temps de terminer sa pensée. Le filet d'eau se métamorphosa en un monstre des abysses à la gueule grande ouverte. Ça, ce n'était pas prévu au programme.
Obéissant à un réflexe conservateur, Meiberion recula d'un pas, et laissa couler en lui la magie. Comme un fluide se répandant dans tout son corps, il sentit une douce tiédeur l'envahir, des cheveux jusqu'aux orteils. Tiédeur qui se mua en chaleur. Chaleur qui devint fournaise. Mais tout ceci ne prit qu'une fraction de seconde.

Meiberion avait explosé dans un soufflement.
La chaleur redevint tiédeur, puis fraîcheur, et l'elfe se rematérialisa, trois pas en arrière de sa position initiale. Il avait laissé Aswii se débrouiller, mais après tout, il ne pouvait pas emporter d'êtres vivants avec lui, et son compagnon possédait une paire d'ailes. Qu'il n'avait apparemment pas utilisée, puisqu'il était à présent à quatre pattes sur le sable, la gueule grande ouverte dans un feulement de défi, tout son poil hérissé.

Reprenant ses esprits, Meiberion se redressa de toute sa hauteur, et lança, une expression de défi dans le regard :

"Impressionnant. Toutefois, je ne suis moi-même pas sans défense. Je vous conseille donc de contrôler vos gestes, à l'avenir, Speranza."

Speranza nota tous les gestes de l'elfe, et essaya de comprendre l'étrange pouvoir qui venait de se manifester sous ses yeux...

La sirène haussa imperceptiblement les sourcils à la mise en garde de l'elfe. C'était bien la première fois qu'on la menacait avec une telle assurance... Ellefut tentée de plaquer l'homme au sol et de lui trancher la gorge, mais après tout, il ne lui avait rien fait de mal. Elle contrôla l'envie de se saisir de la dague attachée le long de sa cuisse, et se contenta de croiser les bras.

-"Oh, excusez-moi, je ne pensais pas que cela vous effrairait à ce point."

Elle s'excusait, mais son visage restait de marbre. Alors, elle planta ses yeux verts dans ceux de l'elfe et lui retourna sa question

-"Et que fait un elfe aux capacités si particulières dans cette région sablonneuse ?"

Meiberion lança un bref sifflement, et, reconnaissant le signal, Aswii vint aussitôt se ranger sagement au pied de son maître.

"Je pense qu'une abomination marine vous fondant dessus surprendrait même le plus brave des hommes."

Il se demanda dans le même temps si Sperenza en serait surprise. Après tout, son visage était resté le même depuis le début de cette conversation, et Meiberion n'avait que peu de moyens pour réussir à lire en elle. Pourtant, après des années à utiliser ses atouts pour parvenir à ses fins, il pouvait au moins se vanter de savoir interpréter les réactions de ses interlocuteurs, et d'annoncer avec exactitude à quel moment il avait touché un point sensible. Mais cette jeune femme ne lui rendait définitivement pas la tâche facile !

"Ce que je fais ? Oh, rien de bien passionnant je le crains. Je flâne, et je rends visite à de... vieux amis."

L'elfe était de nouveau sur la défensive. Il n'allait certainement pas lui avouer le but exact de sa présence dans le Clan.

L'homme en face d'elle lui répondit avec la fermeté et la rudesse qu'ont les hommes de pouvoir. Il se referma l'instant d'après. L'elfe, feignant la surprise à sa question lui demanda toujours sur ce ton étonné

-"Ainsi vous avez des amis ici ? C'est bien rare que des étrangers aient d'autres préoccupations que le commerce en venant par ici !"

L'elfe essayait d'instaurer un climat plus "intime" avec le grand elfe gris. Elle s'approcha d'un demi pas et dit, un sourire presque complice aux lèvres

-"D'ailleurs, il paraitrait que les marchands ont eu quelques déconvenues dernièrement, vous en avez entendu parler ?"

Ô Speranza... Sirène au coeur de glace, gelé par la cupidité humaine, tu n'étais autrefois qu'une simple guérisseuse hostile au coeur d'or encagé... Mais désormais passée maîtresse dans l'art de la manipulation tu n'étais plus une simple lame guidée par sa haine, mais bel et bien une créature dangereuse, à l'image même de ce démon que tu enfermes... Mais prends garde, pareille maipulation ne prend pas toujours.