Claris était dans la cuisine quand Aïla y entra. Elle lui adressa un sourire impatient :

"Aïla ! Tu avais raison, il n'a personne !"

La jeune femme ne répondit pas. Elle ne savait pas trop ce qu'elle devait ressentir à cet instant. Elle écouta donc la serveuse piailler comme une pie de tout et de rien avec toutes les personnes autour d'elle, ajoutant mécaniquement sur son plateau toutes sortes de choses.
Aïla finit par l'interrompre avec un sourire amusé :

"Claris... Es-tu certaine qu'il a commandé tout cela ?"

Aïla voyait mal Envel demander un saucisson, de la soupe, deux bierres, une caraffe d'eau, une assiette de purée et une brioche entière !
L'eau, surement, pensa la jeune femme avec un sourire pour elle-même.

"Aaah ! Tu as raison ! Mon dieu mais qu'est ce que je suis en train de faire ?! Je vais mettre des heures à lui apporter un verre d'eau ! Il va me détester c'est sûr..."

Le sourire d'Aïla s'élargit : Ainsi, elle avait vu juste. Peut être ne le connaissait-elle pas si mal, finalement...
Au grand malheur de son amie, la voix retentit alors dans la cuisine :

"Claris ! Je dois te parler !"

"Mais... et les clients ?"

"Quelqu'un d'autre s'en chargera."

Claris lança un regard désolé à Aïla qui secoua la tête. La serveuse avait eu des problèmes avec une bande d'un quartier sud, et le gérant tentait de régler le problème. Il était bon et généreux... Mais n'admettait aucun compromis. Quand il disait 'maintenant', c'était 'maintenant'.

"Ne t'inquiète pas, Claris, je lui apporte et je lui explique. Il ne te détestera pas pour cela."

Elle lui renvoa un regard plein de gratitude avant de sortir rapidement de la cuisisne. Aïla finit de ranger tout ce que Claris avait sortit, ce munit de la caraffe et des verres, et retourna dans la salle pour poser le tout en face d'Envel.
Elle lui sourit :

"Tu as mis Claris dans tous ses états..."

Aïla se tut. Qui était-elle pour dire cela, alors que le sourire du jeune homme en face d'elle suffisait à empêcher son esprit de penser ?

"Elle est désolée de ne pouvoir te l'amener assez vite, je lui ai promis de te le dire. Non,; en fait elle était complètement paniquée à l'idée que tu lui en veuilles !"

Aïla rit.
Elle aurait aimé s'assoir à la table en face d'elle. Mais bien sûr, elle était en service, elle ne pouvait pas.

"Elle a également dit que ce que tu faisait était magnifique. Je suis d'accord avec elle. Qu'as-tu sculpté ce soir ?"

La curiosité l'avait piquée. Elle aimait l'art d'Envel. Non, surtout, elle aimait ses mains, ces mains qui pouvait faire de si belles choses.

Envel releva les yeux. Il fut surpris mais heureux de voir que c'était Aïla qui apportait l'eau, et non l'autre serveuse.


"Tu as mis Claris dans tous ses états..."

A cette phrase, le garçon ne put empêcher un léger sourire de s'afficher sur son visage... Sourire qui s'élargit quand Aïla lui conta la suite. Il aurait presque pu en rire...
Presque.

- "Vraiment ? Pourtant, je n'ai rien fait pour. A moins qu'un seul de mes regards soit si ravageur ?"

Disait-il en jetant un regard de biais à Aïla.
Envel qui faisait de l'humour... C'était un soir à marquer d'une pierre blanche.

"Qu'as-tu sculpté ce soir ?"

Envel lui tendit le cerf qu'il avait terminé.

- "J'en ai fait une autre, mais..."

Je ne veux pas que tu la voies.

- "... Elle est dans mon sac."

Un regard ravageur ? Si seulement ce n'était que cela ! Aïla était devenue rouge pivoine devant son sourire, et ne put rien répondre.
Elle se saisit doucement du cerf pour l'admirer :

"Je suis d'accord avec elle, il est magnifique !"

Elle passa, comme elle le faisait à chaque fois, un doigt le long du bois pour en apprécier la finesse. Un pensée traversa alors l'esprit de la jeune femme :

"Quand comptes-tu aller voir Ethnar ?"

Simple curiosité de sa part, cela dit elle ne comprenait toujours pas pourquoi il avait tenu à l'accompagner...
Aïla reporta son regard sur la statuette, puis vers Envel, impressionnée :

"Et tu en as fait deux ?!"

Son sourire s'élargit.

"Je peux voir la deuxième ?"

Elle était curieuse de voir chaque chose qu'il avait réalisée.

Hj : petite précision : les deux figurines sont en bois, pas en pierre ^^


"Quand comptes-tu aller voir Ethnar ?"

Envel but un peu d'eau, réfléchit un instant.
Voulait-elle qu'il parte ?
De toute manière, cela n'avait pas vraiment d'importance.

- "Tout de suite, sans doute. Je n'ai plus de matériaux à sculpter."

Aïla lui demanda alors si elle pouvait voir l'autre figurine.
Non...
Envel se crispa légèrement.
C'était ce qu'il aurait dû répondre.
Mais il avait beau chercher, il ne voyait pas de raisons de refuser.
Lentement, il sortit la deuxième figurine de son sac et la tendit à la jeune fille.
Releva ses yeux violets vers elle.

# Ne dis rien... Je t'en prie, ne dis rien... #

Tout de suite ?

"Oh..."

Puis il lui tendit la deuxième figurine. Aïla sentit son indécision, sa gêne, et hésita avant de la prendre. Elle fronça les sourcils.

"Pourquoi... ?"

Elle tourna la figurine entre ses doigts.

"Mais, où est l'oiseau ? Elle n'est pas finie ? Ou alors l'as-tu oublié ?"

Non, Envel n'oubliait pas, pas lorsqu'il sculptait. Un doute passa dans les yeux verts de la jeune fille et elle releva vivement la tête :

"Où est-il ? Que lui est-il arrivé ? Et au dragon ? Pourquoi est-il ainsi ? L'oiseau aurait dû être là !"

Pourquoi Aïla semblait-elle soudain paniquée ? Ce n'était qu'une simple sculture, après tout...

"Aïla ! Que fais tu ?"

On l'appelait depuis les cuisines. La jeune femme ne répondit rien, son regard toujours fixé dans celui d'Envel. Puis, enfin, elle posa la figurine sur la table et se détourna en chuchotant une dernière fois :

"Il aurait dû être là..."

Une fois dans les cuisines, elle se saisit de nouveau des plateaux et continua silencieusement son travail. Elle ne chercha pas à croiser de nouveau le regard du jeune homme.

Aïla...
La jeune fille s'affolait, perdue dans la contemplation de la figurine d'Envel.
Elle s'affolait, découvrant dans cette représentation quelque chose que même Envel n'avait pas compris.
Oui, c'était ça. Elle avait saisit quelque chose que le garçon n'avait pas encore compris.
Elle fut bientôt appelée. Aïla éloignée, Envel saisit ses deux figurines, posa les quelques pièces de paiement sur la table, puis partit.
Il était assez tard. Les rues illuminées éclairaient les quelques passants qui se pressaient dans les auberges ou qui rentraient chez eux.
Puis, au fur et à mesure qu'Envel approchait des portes de la cité, le vide se fit. Le silence aussi.
Quand le garçon arriva au niveau des murailles, il n'y avait plus personne.
Les portes étaient fermées. Envel s'arrêta devant.

# Ethnar... #

Bruit d'un corps qui se lève. La tête altière du dragon apparut au-dessus des murailles.
Alors, sans hésitation, Envel grimpa. Les soldats en faction ne l'apostrophèrent même pas.
L'image de l'immense dragon trop présente dans leurs esprits.
Envel se posta sur la tête d'Ethnar. Celui-ci se recula, puis s'allongea. Envel descendit.
Il s'adossa au cou de son compagnon.
Silence.

# Tu as l'esprit bien tourmenté, compagnon d'âme. #

Envel ne démentit pas.

# Elle comprend tout... Elle lit à travers mes figurines ce que je lui cache, même ce dont je n'ai pas conscience... #

# Et tu ne lui as pas encore dit ? #

# Non. #

Ethnar baissa lentement la tête pour arriver au niveau d'Envel.

# Et cela vaut peut-être mieux. Nous allons partir, Envel. J'ai encore beaucoup de choses à t'enseigner. Seul. #

Le garçon resta impassible. Du moins, d'apparence.
Car son esprit se tordait d'une douleur qu'il peinait à refouler.
Et Ethnar le sentait.

# Quand ? #

# Quand tu seras prêt. Mais le plus tôt possible. #

Envel hocha lentement la tête.
N'ajouta rien. Ethnar savait déjà.
Le dragon et le cavalier restèrent immobiles, la nuit les recouvrant de sa chape d'obscurité.

Quand Aïla retourna dans la salle, Envel létait déjà partit. Elle resta un instant, le coeur serré, devant la place vide. Puis se remit à valser entre les tables.

"Aïla, quelque chose ne va pas ?"

"Claris ? Oh... Non, tout va bien."

Claris lui rendit un regard dubitatif. Puis elle lança un regard à la pendule.

"De toute façon, ton service est terminé, n'est ce pas ? Si tu ne te sent pas bien, tu peux rentrer chez toi."

"Mais non, il y a encore du monde, et puis je me sens très bien !"

"Oh, arrête un peu, il y a beaucoup moins de clients que tout à l'heure, alors va te changer ! Sinon monsieur va encore être en colère de devoir payer des heures supllémentaires..."

Aïla sourit. Tout le monde savait bien qu'en fait, le gérant s'inquiétait plus pour leur sentait que pour la paie ! Mais il était vrai qu'il serait en colère...
Aïla hésita, puis finalement soupira.

"Bon, d'accord, je vais y aller. Mais ne pense pas te débarrasser de moi si facilement, la prochaine fois !"

Aïla sortit de la salle pour retirer la robe et enfiler sa légère tunique. Elle sourit avec un soupire de soulagement en se sentant soudain beaucoup plus légère !...
Sauf en ce qui concernait son coeur. Et elle ne comprenait pas pourquoi.

Aïla sortit de la taverne. Devait-elle retourner directement à l'hotel ? Elle n'avait pas dit à Envel à quelle heure elle finissait son cervice ce soir... Peut être reviendrait-il à l'auberge ?
Elle hésita, puis finalement partit en direction de l'auberge. Elle ne savait pas combien de temps il allait rester avec Ethnar, et vu parfois les heures qu'elle passait avec Neyle... Surement retournerait-il directement chez Mary.
Après tout, il n'avait pas dit qu'il reviendrait, n'est ce pas ?

Elle marchait lentement dans les rues sombres quand on l'aborda.

"Excusez moi, savez-vous où je peux trouver cette auberge ?"

Aïla regarda le papier à la lueur de la lune, puis secoua la tête :

"Je ne sais pas, allez voir dans cette... Hé !"

L'homme lui avait attrapé le bras. Elle se dégagea d'un mouvement sec et souple de l'épaule, recula de quelque pas en fronçant les sourcils.

"Ah ! Làlà ! Ne fait pas ta difficile, où bien cela va être douloureux."

La jeune femme ouvrit de grnad yeux, avant de tourner les talons rapidement...
pour se retrouver face à deux autres personnes.
Nouveau froncement de sourcils devant leur sourire glacial.

"Que voulez vous ?"

"Il parait qu'on doit s'amuser avec toi, ce soir... Pour une fois, on a de la chance, t'es plutôt mignone..."

Il s'était approchée d'elle pour lui saisir le bras comme l'autre avant lui. Aïla l'évita, envoya le plat de la main dans son estomac avant de bondir sur le côté pour partir en courrant.
Enfin, normalement.
Car elle dû s'arrêter bien vite devant...

"Oh !"

Elle fit de grands yeux en le reconnaissant. N'était-il pas avec le jeune voleur tout à l'heure ? Qu'est ce que tout cela voulait dire ?
Luuka lui rendit son sourire de travers en voyant qu'elle le reconnaissait. De sa voix crissante, il dit simplement :

"Ne lui en veux pas, il a fait tout ce qu'il a pu... Dommage que cela ne soit pas assez, mais je l'avais prévenu. Avec un peu de chance, Robin des coeurs sera plus rapide la prochaine fois !"

Robien des coeurs ? Robin ? S'agissait-il du voleur ?
A vrai dire, cela n'était pas vraiment le moment de se poser de telles questions. Aïla avait beau être rapide, souple et plutôt forte pour son gabarit, à quatre ils eurent rapidement raison d'elle.

Comment décrire une telle douleur ? Une ruelle sombre bien choisie, d'où provenaient parfois quelques cris rapidement étouffés par les coups.

Et puis elle fut laissé là, comme ça, brisée, à même le sol dans ses vêtements à moitié arrachés et tachés de boue et de sang.
Aïla n'avait même plus la force de pleurer.



HJ/ Eh voilà, à force de répéter, 'ne rentre pas seule', fait attention', 'tu es trop insouciante', etc... fallait bien que cela arrive un jour ^^" (vous avez vraiment mauvaise influence sur moi, je n'était pas sadique à ce point, avant... -.-")
bref, le tout était de savoir quand, et c'est envel qui a choisi...
n'est ce pas envel ? xD

HJ : hééééé ! prends tes responsabilités ! je savais même pas à quoi je répondais, et tu refusais de me dire quoi que ce soit ! je refuse d'être désignée comme responsable ><

Envel s'était endormi.
Mais une voix dans son esprit lui criait de se réveiller.

# Envel ! Compagnon d'âme, je t'en prie, réveille-toi ! #

Le garçon s'éveilla en sursaut. Ethnar s'était levé. Ses yeux d'améthyste flamboyaient, et un grondement sourd montait de sa poitrine.

# Ethnar, qu'est-ce que... #

# Monte ! Monte et ne pose surtout pas de questions ! #

Envel obéit. Il se jucha sur la tête d'Ethnar.
Contact.
Son âme rejoignit celle du dragon. Et les pensées de l'animal devinrent siennes.
Il pressentit, ce qu'Ethnar avait pressenti. Il entendit, ce qu'Ethnar avait entendu. De faibles cris à peine audibles, des rires et des gémissements.
Envel pâlit.
Comme le dragon, il savait qui c'était.

# Non... #

Ethnar battit des ailes. D'une brusque détente, s'envola.

# NON !!!!!!!!!!!! #

Le dragon s'éleva. Plana au-dessus de la ville.
Et puis, au détour d'une ruelle...
Quatre hommes, qui en sortaient. Envel savait qui ils avaient laissé dans la rue déserte.

# Descend Ethnar ! Je t'en prie, descend ! #

Mais la résolution du dragon était tout autre.

# Pas encore ! #

Il survola les quatre hommes.

# Deviens mes yeux ! #

Envel comprit.
Contact.
Ses pupilles se rétrécirent brusquement. Ses yeux devinrent reptiliens.
Et sa vision, était celle du dragon. Il voyait ce qu'Ethnar voyait.
Devant lui, quatre hommes insignifiants.
Quatre proies.
Envel hurla.

- "Regardez-moi !!!"

Les hommes, surpris par cette voix, levèrent les yeux.
Leurs regards rencontrèrent celui du dragon.
Incompréhension. Peur.
Trop tard.
La vie les avait déjà quittés.
Les pupilles d'Envel changèrent de nouveau. Le garçon retrouva sa vision.
Ethnar fit demi-tour. Revint à tire-d'ailes vers la ruelle.
Envel sauta. Se reçut brutalement sur le sol.
Il saignait. Il s'en moquait. La peur au ventre, il courut dans la ruelle sombre.
Et là...
Aïla.
Envel tomba à genoux.

- "Aïla... Aïla, répond-moi !"

Dans les yeux du jeune homme, des larmes.
Et tout ce qu'il n'avait pas osé lui dire.
Mais était-ce vraiment le moment de lui dire maintenant ?


HJ : si tu voulais pas que je tue les hommes, tant pis pour toi =P

La douleur...
Pourtant, quelque chose avait changé. Plus de coups. Etaient-ils partis ? Aïla se recroquevilla sur elle même. Un bruit. Quelqu'un revenait.

"Non..."

Sa voix faible tremblait autant que son corps.

"Non, ne me touchez pas ! Non !"

En boule sur le sol pour tenter de se protéger. Mais c'était inutile, la douleur était partout, tout son corps semblait crier dans son esprit sa souffrance.

"...Aïla..."

"Non..."

"Aïla..."

L'appelait-on ? Cette voix...

"Envel ?"

Se raccrocher à quelque chose. Elle leva un peu son visage de ses bras, tendit une main.

"Envel ?"

Les mots ne passaient plus ses lèvres, et tout ce qu'elle répéta fut son nom, pendant plusieurs minutes, le chuchotant, s'accrochant à ce mot pour ne pas se laisser submerger pas la douleur.



HJ/ bon pas terrible mais je n'ai pas eut vraiment le temps de réfléchir alors... ^^"

« Envel… »

Elle le reconnaissait. Elle murmurait son nom dans l’ombre, comme un dernier secours.
Le cœur du garçon se serra.
Se raccrocher à la réalité pour ne pas sombrer. C’était ce qu’Aïla tentait de faire, en prononçant son nom.
Il la prit dans ses bras. Elle était si légère… Une poupée, brisée par des mains tâchées de sang.

# Aïla, qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? #

La serrant contre lui, Envel se releva. Ethnar l’attendait. Il descendit le plus possible, et arqua le cou de façon à ce que le jeune homme puisse monter.

# Plus jamais… #

Envel leva les yeux.
Si quelqu’un avait croisé son regard à cet instant, nul doute qu’il serait mort.

# Plus jamais vous ne la toucherez ! #

Ethnar s’envola. Il connaissait la destination.
L’auberge. Mary, en voyant Envel entrer avec Aïla dans ses bras, porta les deux mains à sa bouche.

« Mon Dieu, mais qu’est-ce qui… »

Un regard d’Envel suffit à lui faire comprendre. La femme s’approcha, se saisit doucement de la jeune fille.

« Mon Dieu, Mon Dieu, quelle horreur… Mais… Vous n’étiez pas ensemble ? »

Envel serra les poings. Il secoua négativement la tête.

- « Non, je devais… aller voir… »

Mary le dévisagea un instant, grave.

« Il serait peut-être temps que vous m’expliquiez… »

Le garçon hocha la tête. Mary, portant Aïla, monta l’escalier. Elle entra dans la chambre de la jeune fille, l’allongea sur le lit. Là, elle lava, pansa son corps meurtri, lui enfila des vêtements propres puis la couvrit avec précaution. Aïla frissonnait, et ne semblait pas vraiment consciente de ce qui se passait.
Mary sortit de la chambre silencieusement. Elle entra dans celle d’Envel, trouva le jeune homme assis sur son lit, fixant le mur d’en face. Elle s’assit à côté de lui.

« Racontez-moi. »

Et Envel raconta. Tout. Du moins, tout ce qui était utile pour comprendre les raisons de leur soudaine absence.
Son rêve. Ses pouvoirs. Ses yeux. La légende. La rencontre.
Ethnar. Ce qu’il lui avait dit, ce qu’ils allaient devoir faire.
Et Aïla, plus que jamais.
Mary, les yeux écarquillés, fixait ce garçon si fermé et mystérieux qui brusquement se dévoilait, sous le coup d’une trop grande douleur.
Elle eut un frémissement devant l’étendue du pouvoir destructeur du regard des deux compagnons. Mais en observant Envel qui parlait avec des accents de désespoir, Mary décida que cela n’avait aucune importance.
Enfin, Envel se tut. Il resta un instant immobile, la respiration oppressée. Puis il releva ses yeux d’améthyste vers Mary, lui adressant un regard aussi explicite qu’un appel à l’aide.

- « Vous comprenez, maintenant, Mary ? Je vais devoir partir ! Je vais devoir la laisser, encore une fois, l’abandonner, alors qu’elle… »

Le garçon se prit la tête dans les mains. Mary l’observa un instant, ébranlée. Puis elle comprit.

« Grands Dieux, Envel, mais vous l’aimez ! »

Envel ne répondit pas. Puis, il dit doucement :

- « Ça doit être ça… Depuis l’événement… Dois-je faire souffrir et perdre tous ceux que j’aime pour faire revivre une légende, une seule légende, rêve de toute une vie… Non… Je ne veux pas… »

« Envel… Ce n’est pas de votre faute. »

Le garçon releva les yeux.

- « Si j’étais restée avec elle, rien ne lui serait arrivé ! »

Mary ne répondit rien. Au bout d’un moment, elle se leva et sortit de la chambre.
Envel fouilla dans son sac. Il en sortit la figurine du dragon entravé.
Il se souvenait de la panique de la jeune fille.
« Il aurait dû être là… »
Oui. L’oiseau aurait dû être là.
Ou plutôt, le dragon aurait dû être avec lui.
Envel serra les poings à en trembler.
Aïla… Elle avait toujours été là pour lui.
Elle s’était toujours trouvée au bon endroit, au bon moment.
Mais lui… Lui n’avait jamais rien fait pour elle.
Et au moment, au seul moment où elle avait eu besoin de lui, il était déjà parti.
N’y tenant plus, Envel se leva. Il descendit silencieusement l’escalier.
Sortit. Neyle leva la tête, surprise de le voir dans l’écurie à cette heure tardive.
Le garçon s’affala au pied du box.

- « Je suis désolé. »

La petit jument ne comprit pas de quoi il parlait. Mais elle sentit son trouble. Inquiète, elle enfouit son doux museau dans les mains d’Envel.
Devant ce geste d’affection, Envel serra les dents et ferma les yeux. Une larme perla au coin de ses cils.

- « Vraiment désolé… »

Il resta longtemps immobile. Neyle, après avoir en vain essayé de comprendre, l’avait laissé.
Après plusieurs heures, Envel se releva enfin. Il rentra dans l’auberge, monta l’escalier. Arrivé devant la porte de la chambre d’Aïla, le garçon s’arrêta. Il s’appuya contre le bois, mais n’entra pas.
Il se contenta d’écouter.
Il ne savait pas ce qu’il guettait. Un souffle, une présence, un signe de vie.
Quelque chose prouvant qu’Aïla était plus qu’une enveloppe vide, âme détruite par ceux qui avaient souillé son corps.
Envel rentra dans sa propre chambre. Il se laissa tomber sur le lit, et fixa le plafond.
Cette nuit-là, il ne dormit pas.


HJ : désolée Aïla, j'ai pris quelques libertés, si ça te gêne j'édite ^^

HJ/ pas du tout !


Aïla ouvrit les yeux. Il faisait encore noir, mais son sommeil agité venait de prendre fin brutalement. Son esprit était flou. Où était-elle ? Ah ! L'auberge... Elle ne se souvenait pas être revenue.
La jeune femme se redressa, et soudain étouffa un cri de douleur. Tout lui revint alors en mémoire.

"Envel."

Pourquoi fut-ce la première chose quelque murmura à ce moment là ? Surement parce que la dernière chose dont elle se souvenait était le son de sa voix, même si elle ne parvenait pas à en saisir les paroles.

Aïla se leva. Lentement, doucement. Son corps endolori lui tira une grimace, qui elle-même lui en tira une deuxième. Elle s'approcha de la glace.
Sa lèvre était fendue sur le côté. Sur sa pomette une gros bleu violacé commençait à s'étendre. Une blessure sur le côté de la machoire. Au moins n'avait-elle pas à ce plaindre de blessure sérieuse sur le visage.
Elle leva son haut pour observer un autre coup s'étendant sur deux ou trois côtes. Nouvelle grimace lorsqu'elle l'effleura.

Aïla ne doutait pas trouver d'autres marques sur son corps. Pourtant, ce n'était pas cette douleur qui l'inquiétait. Elle disparaitrait rapidement. Non, elle avait peur d'une autre souffrance, plus profonde celle là, une qui ne manquerait pas de réapparaitre dans ses cauchemards.

La jeune femme regagana son lit et s'y roula en boule, frissonante.
Le sommeil. Elle le savait, c'était, pour l'instant, ce qu'il y avait de mieux.
Pourtant elle ne parvenait pas même à fermer les yeux. Car alors, dans l'obscurité de son esprit, des slhouettes s'approchaient d'elle... Allez vous-en. Allez vous-en. Ne me touchez pas !

Aïla se releva. Elle quitta silencieusement hors de sa chambre pour se glisser dans celle d'à côté.
Juste quelques pas, qui lui parurent bien plus difficile que la traversée de la ville les jours précédents.
Elle poussa la porte, et, dans le noir, se contenta de se laisser glisser contre le mur. Elle remonta ses genoux contre sa poitrine, et ferma de nouveau les yeux.

La simple présence du jeune homme qu'elle devinait, à quelques metres, suffit à l'apaiser.

Aïla.
Elle avait ouvert sa porte. Elle s'était assise, sans dire un mot, dans l'obscurité.
Envel écoutait sa respiration. Il retenait la sienne. Le silence d'Aïla lui était d'insupportable.
Il ferma les yeux.
Aïla.

- "Pardonne-moi."

Un murmure. Un souffle à peine exhalé. Peut-être même la jeune fille ne l'avait-elle pas entendu.
Ils avaient osé.
Et lui n'avait pas été là.
Non. Impardonnable.

Aïla sursauta en ouvrant les yeux. Envel ? Il ne dormait pas ? L'avait-elle réveillé ?
Puis elle prit conscience de ce qu'il avait dit. Elle se leva avec une grimace, et s'approcha :

"Pardonner quoi ?"

Sa voix était douce, Aïla en avait caché la peur et la douleur. Elle finit par s'assoir avec hésitation sur le bout du lit, et tourna son visage tuméfié vers le jeune homme pour le regarder de ses grands yeux verts.

Aïla s'était levée. Elle était maintenant assise à côté de lui, sur le lit.
Pardonner quoi ?
Envel ne répondit pas immédiatement. Ses yeux violets fixés sur le plafond.

- "J'aurais dû rester."

Le garçon se redressa. Le beau visage d'Aïla était couvert de blessures qui rendirent Envel encore plus furieux contre lui-même.

- "Je ne m'ennuyais pas. J'aurais pu encore rester des heures à t'attendre. Et pourtant, je suis parti."

Envel n'eut pas le courage de lui dire qu'il devrait à nouveau partir.

- "Je ne voulais pas te voir souffrir. Mais je suis arrivé trop tard. Je n'ai jamais su être là au bon moment."

Le jeune homme fixa ses mains. Il n'osait pas regarder Aïla dans les yeux.

- "Je suis..."

Amoureux de toi et incapable de te protéger. Allez, dis-lui !

- "...Désolé."

Aïla resta stupéfaite.

"Non..."

Pourquoi se sentait-il coupable ? Pourtant, pourtant c'était lui qui l'avait tirée de ce cauchemard ! Sa voix... Elle se souvenait de sa voix, non ? Il était arrivé... Et c'est lui aussi qui l'avait portée jusque l'auberge, n'est ce pas ? Qui cela aurait-il pû être d'autre ?
Et à l'instant, n'était-elle pas entrée dans cette chambre pour se rassurer par la simple présence du jeune homme ?
Lui qui mettait fin à ses cauchemards...

Aïla remonta ses genoux contre sa poitrine douloureuse, serra ses bras autour en fermant les yeux. Comment lui faire comprendre ce qu'elle ressentait ? Elle ne savait pas...

"Merci."

Une larme coula sur sa joue. Elle l'essuya vivement. Et une question traversa son esprit. Elle chercha le regard d'Envel et demanda, d'une voix hésitante :

"Comment as-tu su que... où je me trouvait ?"


***

Au fond du cachot, le jeune voleur appuya sa tête contre la pierre froide, noire et humide. Il n'était pas là depuis longtemps. Nul doute qu'il y resterait toute sa vie, oublié comme tant d'autres. A moins que sa tentative n'est était assez grave pour que quelqu'un insiste à ce qu'il soir jugé. Alors il reverrait la lumière le temps qu'on le tue.

Un sourire amer tira ses lèvres sèches. Ses yeux avaient perdu leur gaité habituelle, leur lueur enfantine et insouciante. Pour lui même, il murmura :

"Je leur avait pourtant dit que cela m'était impossible..."

Et alors quoi ? Il avait tenté l'impossible, il n'avait pas réussi.
Robin enfouit son visage dans ses mains.

"Pardon mon oiseau, pardon !"

***

HJ/ Ah Aïlaaaaa!!!!!! Arreteuuuuuuuuuuuuuuuuuu.
T'es rp ne sont pas sanguinaires comme les autres mais ce sont les plus horribles!!! Ils sont trop psychologique pour moi .
On va savoir pourquoi il s'est fait arrêter au moins ton Robin des coeurs? Je l'aimais bien mwa

non, tu ne sauras pas, c'était juste histoire de terminer le passage le concernant ^^"
après, quelqu'un n'a qu'à reprendre le perso et le faire sortir de là xD

Ah le pauvre.... snif
T'es parties pour devenir encore plus barbare que nous Aïla méfies--toi XD

non, c'est juste que je me suis aussi attachée au personnage de robin des coeurs, et je sais qu'il n'ai pas lâche au point d'impliquer quelqu'un d'innocent dans ses histoires. Mais puisque Aïla... enfin, Luuka n'a pas eu ce qu'il voulait, c'était donc que le jeune voleur s'est fait pincé T-T
...
mais c'est possible que je passe par des périodes un peu sadiques -.-"

- "Je..."

Envel détourna le regard.

- "C'est Ethnar, qui l'a senti. Moi, je n'ai rien vu venir."

Il aurait aimé lui mentir. Inventer un mauvais pressentiment, une capacité d'observation, un esprit de déduction. Mais non.
C'était ça le pire. Il n'avait rien vu.
Et Aïla semblait ne pas en tenir compte. Elle le remerciait. Alors qu'il aurait aussi bien pu ne la retrouver qu'au petit matin, sans se douter une seule seconde de ce qu'elle avait subi.

- "Aïla... Comment te sens-tu ?"

Question stupide. Comment pouvait-elle se sentir ?
Et qu'espérait-il ?

Aïla hocha la tête.

"Aïla... Comment te sens-tu ?"

Dans la pénombre, Aïla tourna de nouveau ses yeux verts vers Envel. Elle fit un petit sourire.

"ça va, ne t'inquiète pas."

Oui, ça allait parce qu'il était là. Parce que lorsqu'il était à côté d'elle, ses cauchemards semblaient s'éloigner, sa douleur diminuer.
La jeune fille hésita. Puis finalement demanda d'une petite voix en détournant les yeux :

"Puis-je rester ici, s'il te plait..."

Rester ?
Elle voulait rester ?
Envel tourna ses yeux violets vers Aïla. Son regard se posa avec incompréhension sur le profil de la jeune fille.
Il eut un geste impulsif. Il entoura les épaules d'Aïla, et la serra contre lui.

- "Oui, reste."

La tête baissée, Envel murmura :

- "Cette fois, c'est moi qui te le demande."

Il ferma les yeux. Implora Ethnar de toute son âme.
Et ce fut le dragon qui pleura.
Partageant sa douleur.
Et celle d'Aïla.

Aïla sursauta quand Envel passa ses bras autour de ses épaules. Elle ne s'y attendait pas... Mais elle qui était pourtant si tactile, si proche des gens, si démonstrative de tout l'amour qu'elle partageait, à cet instant...
Leurs mains sur sa peau.
Aïla tenta de se raisonner.
C'était Envel, et la chaleur de son corps était agréable et rassurante.
Mais aussi...
Leurs mains sur son corps.

"Lachez moi !"

Aïla se dégagea brutalement, les yeux équarquillés par la peur. Et son regard rencontra celui d'Envel.
Sa peur se transforma en désolation.
Envel...
Pourquoi ?
La jeune fille se mit à pleurer. Elle enfouit son visage dans ses mains et laissa ses larmes les inonder, ses épaules minces secouées par les sanglots.

La douleur dont elle avait peur était celle d'une blessure bien plus difficile à cicatriser que les bleus et les coups qui marquaient son corps.

Aïla...
Elle le repoussa brutalement, de la peur dans les yeux.
Bien sûr...
Quel imbécile. Après ce qu'elle venait de vivre, à quoi s'attendait-il ?
Il s'écarta doucement.

- "Je suis désolé."

Sa main se crispa sur son genou. Il était tellement inutile...
Il sentit soudain la présence du dragon dans son esprit. Cette présence lui disait de se resaisir, de réfléchir.
Et Envel réfléchit.
Qu'est-ce qui pourrait apaiser Aïla ?
Elle l'observait souvent tailler...
Le garçon se leva. Il alla fouiller dans son sac, en ressortit une pierre de taille respectable.
Il s'appuya contre le mur. Saisit un poignard à sa ceinture.
Par des coups brefs et précis, commença à tailler la pierre.
Si c'était ce qui pouvait lui redonner le sourire, il ne cesserait de tailler.
Jusqu'à ce que son rire clair retentisse de nouveau.

Aïla pleura longtemps. Et puis, la présence du jeune homme, la fatigue, la douleur, le bruit doux et régulier du poignard sur la pierre eurent raison de ses larmes. La jeune femme se rendormit finalement sur le lit d'Envel.