Le voyage fut effectivement rapide.
Les chevaux avançant à un rythmes cadencés, le trajet se déroula sous leur pas sans vraiment que Wenceslas ne s’en rende compte.
Il réfléchissait, maintenant il allait devoir réparer sa bourde. Comment est-il sensé faire ? Il avait probablement accumulé pas mal de retard dans son emploi du temps de la journée…
Le groupe franchit les portes sans ralentir, aucun garde ne s’interposa pour leur demander leur identité, à quoi bon ?
Personne n’interrogea non plus sur la provenance du loup, s’il accompagnait le prince, c’est qu’il devait en être ainsi et personne ne s’autoriserait à le contredire.
Le petit bataillon continua alors son chemin vers l’immense arbre qui servait de palais au royaume de la terre. Son tronc d’une largeur irréel et d’une hauteur inenvisageable n’avait rien à envier aux somptueux châteaux des autres clans, non, vraiment rien.
Les montures repassèrent au pas, puis s’arrêtèrent. Immédiatement un vieil homme aux traits tirés d’angoisse surgit de nulle part et se dirigea vers eux :

-Mon roi ! Vous voila enfin ! Où diable étiez-vous passé ? Nous étions tous inquiet qu’il ne vous soit arrivé quelque chose !

Wenceslas ne répondit rien et se contenta de sauter noblement à terre :

-J’avais besoin de réfléchir, de m’éloigner un peu avant de revenir ici.

Le conseiller soupira :

-Combien de fois dois-je vous le répéter ? Il est dangereux pour vous de partir seul. Aller ! Trêve de bavardage ! Nous avons de nombreuses choses à faire, nous discuterons de cet incident plus tard. Le duc De Vicendi vous attend !

Le visage déjà las du petit elfe se referma encore plus.
Décidemment il n’avait aucune chance d’échapper à cet entretient. Mais le vieil homme se retourna en fixant le loup :

-Mon seigneur ? Que fais cet animal ici ? Entre nos murs ?

-Il est à moi. Je l’ai appelé Aulë, il est gentil tu verras.

-Mon prince, je ne suis pas sûr que cela soit une excellente idée, vous…

-Ce n’est pas discutable.

Ton sec, dur. Voix forte, inébranlable.
Wenceslas venait tout simplement de rappeler au conseillé sa position hiérarchique :

-Tu viens ? Fit-il au loup avant de partir.

Il se dirigea en premier lieu vers sa chambre, de là il se lava puis se vêtit comme il devait l’être, et enfin gagna la salle du trône.
De retour au pouvoir :

-Si tu t’ennuies. S’adressa-t-il bassement au loup. Tu peux aller faire un tour.

La troupe franchit les portes de la ville et se dirigea sans hésitation vers l'arbre royal. Au fur et à mesure de l'avancée du groupe, Aulë se demandait si le petit Wenceslas était vraiment le prince de ce Clan. Pourquoi l'aurait-il laissé lui parler sur ce ton dans ce cas ? Traiter un gamin de gamin est une chose. Traiter son prince de gamin en est une autre.
Tout à son raisonnement, le loup suivit sans s'en apercevoir les cavaliers jusqu'à l'arbre. Quand tous s'arrêtèrent, Aulë fit de même, résolu à ne pas passer pour une bête sauvage. S'il s'attirait des ennuis, tout retomberait sur le gosse. Ça, il ne pouvait l'accepter.
Suivant du mieux qu'il pouvait la discussion entre Wenceslas et le vieil homme (qui semblait plutôt important étant donné la façon dont il parlait à son prince), Aulë ne pu louper l'expression du garçon. Ce devait être sacrément difficile d'être chargé de responsabilités à son âge ...
Puis le vieil homme posa des questions sur l'animal singulier qui était revenu avec le prince. Et bien qu'il ne soit qu'un gosse, il s'exclama d'une voix qui n'admettait pas la réplique, rembarrant ainsi le vieux.
Puis, il enjoignit au loup de le suivre (ce qu'il fit rapidement d'ailleurs).

Le gamin entraina Aulë dans un dédale de couloirs puis entra dans une pièce remplie de peluches. Le loup jeta un coup d’œil à l'intérieur puis avança prudemment. Toutes ces peluches étaient magnifiques. Aulë admira la pièce pendant que Wenceslas se lava. Puis il revêtit des habits plus "nobles" que ceux avec lesquels le loup l'avait découvert et le duo partit vers une autre salle.

En entrant dans la salle, le petit s'adressa à lui d'une voix basse et l'autorisa à sortir en cas de besoin. Aulë regarda autour de lui. Il y avait beaucoup de personnes, dont certaines avaient l'air incommodées par sa présence. Aulë fit attention à ce que ses pensées ne soient audibles que pour le gamin :

#Mieux vaut que j'aille faire un tour. Je reviendrais d'ici quelques heures.#

Combien de temps durait une réunion ? Combien de temps durerait celle-ci ? Aulë ne le savait pas, il n'avait jamais vécu de choses semblables.
D'un air fier, le loup tourna les talons et sortit de la salle du trône (gigantesque d'ailleurs). Il suivit plusieurs couloirs, descendit un escalier, en remonta un autre, suivit d'autres couloirs et arriva finalement à l'autre bout du palais. Aulë regardait dans chaque pièce, lorsque la porte était ouverte, s'empressait de partir dès que les hommes se montraient un tantinet hostile, puis suivait un autre couloir.
Le temps que le loup passa à errer au hasard des couloirs, le petit prince le passa enfermé dans une salle.
En y repensant, la raison pour laquelle il l'avait laissé lui parler de cette façon était peut-être que justement, il en avait assez d'être prince 24h/24. Cesser d'être le prince pour redevenir le petit garçon qu'il était véritablement.

Tranquillement, Aulë reprit la direction de la salle du trône. Son petit tour avait été plus court que prévu, il n'avait même pas passé la demi-heure, mais ce n'était pas amusant d'être seul. Le loup retrouva rapidement son chemin et s'arrêta devant la salle. Il s'écarta et se mit à côté d'un des gardes de la salle en attendant que la porte s'ouvre.

Wenceslas hocha la tête. En restant à ses côtés, Aulë risquait fort de s’ennuyer, lui-même était déjà un acteur principal et peinait à trouver cela intéressant, alors un loup qui n’avait rien à faire là …
Le roi fit signe, les portes s’ouvrirent.
Marchant au beau milieu de la salle, se pavanant devant les nobliaux de la cour, le Duc De Vicendi paradait dans ses beaux atours. Le ventre trop large et trop gras pour être plat, une grosse bosse le désignait sous ses épaisses fanfreluches. Bagues et colliers étaient tellement nombreux sur son corps qu’il devait bien en avoir pour une dizaine de kilos… et aurait presque pu passer pour le roi si l’enfant ne s’était pas déjà trouvé assis sur le symbole de royauté.
Les deux individus se jaugèrent du regard. Un mépris commun les liait.
Eux.
Sans attendre d’autorisation, témoignant ainsi du dédain que lui inspirait un gamin roi, il déclama avec force de cris et de gestes ses réclamations.
Wenceslas retint un soupir, et voila, ça commençait.
Durant ce discours, Vicendi sous entendit un bon nombre de fois (mais pas assez clairement pour être interrompu et mit dehors) que le petit n’était pas digne de ce qui lui ceignait le front, tout en exigeant quantité de réparations pour des actes de provocations quasi inexistant.
Oui, sauf que De Vicendi était puissant et influent, Wenceslas ne pouvait guère l’envoyer sur les roses aussi commodément qu’il l’aurait voulu. Sa place de seigneur étant trop bancale, il devait utiliser de très fines pincettes pour lui refuser ses demandes unes à unes, ou au moins les désamplifier.
C’est de cette manière que se déroula le reste de la matinée, épuisante et pénible. Et quand enfin le seigneur tourna les talons, vexé d’avoir ainsi été écarté, le jeune prince sauta au bas son trône en s’octroyant une pause bien méritée.
C’est en quittant la salle qu’il tomba nez à nez avec Aulë :

-Tu m’accompagnes ? Je vais un moment dans ma chambre histoire de souffler un peu.

De là ils parcoururent de nombreux dédales et revinrent à la luxueuse chambre du garçon. Ledit garçon grimpa d’ailleurs lestement sur son lit où il s’enfonça la tête la première au milieu des peluches en soupirant.
Enfin un peu d’air !

Aulë n'eut pas à attendre longtemps. En effet, quelques secondes après son arrivée, Wenceslas sortit de la salle.

"Tu m’accompagnes ? Je vais un moment dans ma chambre histoire de souffler un peu."

Le loup se leva et suivit sans un bruit le petit prince jusqu'à sa chambre. Lorsqu'ils furent arrivés et que la porte fut fermé, Aulë alla s'asseoir près du lit et du bonhomme et, jetant un coup d’œil au gamin, il se dit que non, ça ne devait pas être facile tout les jours ...
Le loup posa une nouvelle fois son regard sur la chambre du garçon, hésita un instant à poser une question. S'il l'envoyait paitre tant pis, mais il pouvait toujours essayer. Prenant une inspiration, Aulë demanda :

"On va faire un tour ?"

Avant que le gamin puisse réagir, Aulë avait reprit :

"Dans la cité seulement. Comme ça, si jamais tu as besoin de revenir, on pourra être là en vitesse. Pour te changer les idées d'accord ?"

Wenceslas releva doucement la tête de sa montagne de peluches
Un tour ?
Où ça ?
La cité ?
Le prince jeta un bref coup d’œil par sa fenêtre. De là s’étendait une infinité de bâtiments, et beaucoup plus vaguement on pouvait apercevoir des petits points noirs de toutes les couleurs représentants les habitants.
Se mêler à la foule… Pourquoi pas ?

-D’accord. Se décida-t-il enfin. Tu veux aller quelques parts en particulier ?

Glissant de son lit au sol, il se redressa et retira quelques affaires un peu trop riches pour lui permettre de se balader dans les rues sans problèmes.
Bientôt il eut tôt fait de se retrouver vêtu comme la veille, l’air aussi simple qu’un enfant de douze ans.

HJ/ Je te réponds pas avant dimanche soir ^^

Aulë fut heureux de la réponse du gamin. Aussi lorsque celui-ci lui demanda où il voulait aller, le loup eut un mouvement assimilable à un haussement d'épaules.

"Fais-moi juste découvrir ta cité."

Car même si certains endroits l'appelaient de toutes leurs forces, Aulë ne pouvait se permettre d'y emmener Wenceslas.
Il irait la voir plus tard ...

Lorsque le garçon fut prêt, le loup se leva et le suivit jusqu'au dehors du palais. Le soleil était maintenant à son zénith et de bonnes odeurs de viande grillée, de fruits et de légumes et de diverses fleurs se répandaient dans les rues marchandes. Bien sur, l'odeur qui retint le plus l'attention du loup fut celle de la viande grillée. Il n'avait pas mangé depuis la veille au soir ... ça commençait à faire long.
Se promenant parmi la foule, ignorant superbement les regards de crainte ou de dégoût qu'on lui portait, Aulë s'arrêta devant un étal où un commerçant vendait sa viande, cuite ou non. Gémissant pour attirer l'attention de Wenceslas, Aulë resta immobile jusqu'à ce que le garçon accède à sa requête.

Droit et fier. Wenceslas ne faisait certainement pas son âge.
Enfin… droit et fier au début.
Puisque on avait beau dire, le petit elfe avait peine à sortir du château son accompagnateur, sans personne pour veiller sur lui, sans une troupe de nobles en tout genre pour attirer son attention, ses faveurs…
Le regard hautain, emprunt de confiance, se mua ainsi peu à peu en yeux brillants de curiosité enfantine.
Lui faire découvrir sa cité ?
Quelle idée ! Wenceslas n’était pas contre, mais il n’en connaissait que les quartiers riches. Cela plairait-il au loup ? Tout à ses réflexions, il fut tiré de ses pensées par un gémissement de chien battu.
…
Aulë ?
Se retournant vivement, il vit le loup piailler devant un étal de viande fraîche.
Il fit la grimace.
De la viande.
En elfe respectable le petit Wen se nourrissait exclusivement de verdure. Il se rapprocha à contre cœur… et constatant bien qu’un loup est un carnivore et non un mangeur de feuilles. Il acheta ce qui faisait tant saliver son nouveau camarade et ce, sous le regard mauvais du marchand qui n’appréciait pas qu’on ne tienne pas son chien en laisse.
S’éloignant donc un peu, puis se posant sur le côté, Wenceslas offrit ses courses à Aulë :

-Ça fait combien de temps que tu es loup ? Demanda-t-il soudain. Comment as-tu fais… comment as-tu fais quand cela t’es arrivé ? As-tu… été chassé de chez toi ?

Aulë constata avec soulagement que le petit lui acheta de quoi satisfaire sa faim. Lorsqu'ils se furent suffisamment éloigné, le petit prince donna sa récente acquisition au loup, qui ne se fit pas prier. Toutefois, il avait remarqué la visible ... gêne ? Non, la réticence du garçon. Aussi il se dépêcha d'en finir, avant d'entendre la question du gamin.

"Ça fait combien de temps que tu es loup ? Comment as-tu fais … comment as-tu fais quand cela t’es arrivé ? As-tu … été chassé de chez toi ?"

Ledit loup se lécha les babines avec application avant de répondre. Comment dire ? Comment lui dire ?
Aulë s'assit, regarda de chaque côté afin de s'assurer que personne ne pourrait l'entendre, puis prit son inspiration et révéla ce qu'il s'était passé à Wenceslas.

"J'ai bien peur d'avoir perdu la notion du temps. Cela fait tellement longtemps que je suis loup. Combien exactement ? Même moi je ne le sais plus. "

Le loup soupira puis reprit :

"Quand cela m'est arrivé ... J'étais ici. Dans cette cité. Et j'ai été chassé. Je n'était plus un homme. Je n'avais plus ma place auprès des hommes. Mais je ne l'ai jamais eu non plus auprès des loups."

Et comme il en parlait, ce qu'il se passa ce jour-là lui revint en mémoire, dans les moindres détails.
Comme si cela c'était passé le jour même.

La sorcière.
Sa bien-aimée.
Du sang.
La sorcière.
Du sang.
Partout.
Sa bien-aimée en était recouverte.
Malédiction.
Loup.
Accusé d'avoir tué celle qu'il aimait.
Banni de la cité.

Sortant de son état second, Aulë reprit avec un genre de sourire amer.

"Tellement ironique. J'étais banni à jamais de la cité, mais me voila revenu ici grâce à toi."

Le loup s'avança jusqu'au gamin et le poussa du bout du museau avant de poser sa tête contre sa jambe.
Merci petit.

Touché par son histoire.
Les larmes embuant ses yeux pâles, Wenceslas prit dans ses bras la tête de la grosse peluche en un immense élan d’affection.
Il le serra fort contre lui, coulant son visage dans ses épais poils :

-Je suis roi maintenant. Reprit-il lorsqu’il eut relâché l’animal. Et je t’imposerais une liberté total ici, je peux innocenter ton ancien toi. Annuler toutes les accusations qui portent sur toi en tant qu’homme. Te rendre ton honneur. Faire rechercher cette sorcière et … Dis-moi. Que veux-tu ? Que dois-je faire ?

Car Aulë était devenu son ami. Le seul véritablement sincère très certainement.
Et il voulait le chérir.

Aulë fut surpris lorsque le garçon le prit dans ses bras, mais il se laissa faire. Le cœur gros, il poussa un faible gémissement. L'étreinte terminée, Wenceslas prit alors la parole. Le loup partit en plein rêve. oui, il serait de nouveau libre d'entrer à son bon vouloir dans la cité. Il pourrait tenter de retrouver lui-même cette vieille peau et lui faire passer un mauvais quart d'heure !
Toutefois, la réalité vint frapper de plein fouet l'animal. A contrecœur, Aulë déclara :

"Je crains fort que, même roi, tu ne puisses innocenter et rendre son honneur à un loup. Qui te croira quand tu leur dira que j'étais un humain ? Tu ignores ce qu'il s'est passé, mais c'est très généreux de ta part de me faire une telle proposition."

Dans les yeux du loup c'était allumé une sorte de lueur, comme un espoir retrouvé.

"J'accepte avec joie. Cette espèce de ..."

Se censurant lui-même (on ne dit pas de bêtises face à un enfant !), Aulë reprit après un bref silence.

"Quand je la retrouverai ... Elle ne pourra s'en sortir indemne."

Et tant pis s'il ne pouvait jamais retrouver son apparence d'humain. Il voulait juste se venger.
La tuer.
La venger.

#Que veux-tu ? Que dois-je faire ?#

Se rappelant soudain les questions du jeune elfe, Aulë le regarda avant de lui répondre.

"Et bien, si possible j'aimerais que tu fasses rechercher cette sorcière. Tout ce que je veux en échange c'est que tu ne sortes plus seul. Car dès lors que les avis seront placardés, elle n'hésitera pas à s'en prendre à toi. Elle n'a peur de rien."

Le loup s'étira puis reprit, l'air morose :

"A condition qu'elle soit encore ici ..."

Le regard vert clair du petit elfe se ternit un peu.
Pour une fois qu’il désirait réellement quelque chose. Pour une fois que sa position de roi lui donnait l’espoir d’agir utilement plutôt que de régler des querelles stupides entre nobles… Il ne pouvait pas.
Néanmoins les paroles du loup lui apportèrent un peu de réconfort.
Ainsi si, il pouvait aider son ami :

-Il va falloir que tu me donnes son nom si tu l’as alors. Et à quoi elle ressemble. Je tâcherais de faire le maximum pour la retrouver. Je peux peut être aussi faire rechercher des magiciens puissants pour contrer ce sortilège. Qu’en penses-tu ? Ça ne serait pas trop dangereux ?

"Il va falloir que tu me donnes son nom si tu l’as alors. Et à quoi elle ressemble. Je tâcherais de faire le maximum pour la retrouver. Je peux peut être aussi faire rechercher des magiciens puissants pour contrer ce sortilège. Qu’en penses-tu ? Ça ne serait pas trop dangereux ?"

Aulë n'eut pas besoin de beaucoup réfléchir pour répondre au petit prince.

"Ça ne le sera pas. Je ne connais pas son nom, mais je peux te dire à quoi elle ressemble."

Comme s'il pouvait oublier son visage ...

"Pour ce qui est des mages, tu peux toujours essayer. Mais je doute qu'il puisse faire quoi que ce soit ..."

Wenceslas hocha la tête :

-Dans ce cas rentrons et mettons nous au travail le plus tôt possible. Je parie que mon conseiller ne va pas tarder à rappliquer pour que je finisse de remplir mes devoirs au plus vite. Ajouta-t-il lassement. J’en profiterais aussi pour demander des mages doués dans l’ensemble du territoire.

En espérant surtout que cela ne leur ferait pas perdre un temps considérable avec des baratineurs incapables de quoi que ce soit :

-Crois-tu que je peux confier ta véritable identité à quelqu’un d’autre avant ? Ça ne te nuirais pas ?

Aulë se sentit coupable d'obliger le garçon à retourner au palais. Surtout que c'était lui qui avait voulu sortir pour lui changer les idées ...

"Crois-tu que je peux confier ta véritable identité à quelqu’un d’autre avant ? Ça ne te nuirais pas ?"

Le loup dressa les oreilles. Confier sa véritable identité ? Comment les gens réagiraient-ils ?
Tournant sa tête touffue vers le jeune elfe, il demanda, sceptique :

"Tu connais quelqu'un qui soit suffisamment fiable pour faire cela ? Dans ce cas là, ta proposition ne me dérange pas, bien au contraire."

Et au pire, même si cela ne l'enchantait guère, il pourrait toujours sauter à la gorge du traitre ... Être un loup avait parfois des avantages.
Le duo se mit donc en route pour le palais, retraçant à l'identique le chemin qu'ils avaient emprunté plus tôt. Arrivant devant les portes du palais, Aulë jeta un coup d’œil à Wenceslas, puis il remit sa tête droite.

"Excuse-moi de te ramener ici. Je te donnerais sa description au plus tôt."

Wenceslas se perdit un instant dans l’infinité du ciel, réfléchissant.
A qui en ce monde ? A quelle personne au sein de son entourage pouvait-il parler en toute confiance ? La liste était peu longue, voit même carrément inexistante. En effet, le petit roi avait beau retourner les situations en tout sens, chaque noble avait agis avec lui dans l’espoir de s’attirer ses grâces et entrer dans ses faveurs.
Il soupira.
Personne donc.
…
Il interrompit son soupire.
Personne ?
Mais qu’il était idiot !
Ce vieux bonhomme grincheux qui râlait souvent contre ses bêtises d’enfants, qui le couvrait constamment d’un regard affectueux de grand-père pour son petit fils… Qu’il le protégeait encore mieux que n’aurait dû le faire son père…

-Je peux le dire à mon conseiller, Théobalt. Il est... c'est quelqu’un à qui je pourrais confier ma vie… Enfin je pense…

Rebroussant alors chemin, le prince secoua doucement la tête :

-Ne t’en fais pas. Nous n’aurions de toute façon pas pu nous esquiver plus longtemps.

Franchissant ainsi les portes de l’arbre royal sous les courbettes des gardes, Wenceslas prit la direction de ses appartements :

-Sir Del Oural souhaite vous voir au plus vite monseigneur. Se précipita soudainement de l’informer un domestique (visiblement inquiet de ne pas avoir trouvé son dirigeant plus tôt).

Ce dernier hocha la tête et répliqua posément :

-Parfait. Convoquer le dans l’antichambre, je désire moi aussi parler à Théobalt.

S’inclinant rapidement, le jeune homme s’effaça bien vite pour accéder aux ordres donnés, tandis que le duo elfe-loup se dirigea tranquillement là où le rendez-vous avait été donné.
Arrivant presque en même temps que le conseiller, le trio passa dans le bureau où ils seraient tout trois au calme :

-Mon prince, je ne vous interdit pas de vous prendre d’affection pour cet animal, mais tâcher de lui donner la place qui lui revient. En aucun cas celle-ci ne se trouve en cette pièce…

Wenceslas l’interrompit d’une bref geste de la main :

-Tu as toute ma confiance Théobalt…

Le vieillard parut aussi sincèrement touché que surpris et, posant la main sur son cœur, s’inclina brièvement :

-C’est pour cette raison que je requière ton aide et que je vais t’expliquer qui est réellement ce loup.

Sir Del Oural posa un étrange regard sur l’animal, il n’était pas ce qu’il semblait être ?
Gardant le silence il écouta son jeune maitre poursuivre… et eut de quoi être surpris. Wenceslas partagea avec lui tout ce qu’Aulë avait bien voulu lui révéler, une part de son passé et l’envie de lui venir en aide :

-…C’est pour cela que je voudrais que tu fasses rechercher cette femme. Aulë, tu peux la décrire à présent.

Il tourna alors son regard pâle vers son ami et attendit qu’il prenne la parole. Théobalt fit de même, avec une certaine impatience de vérifier si ce conte était vrai… ou pure invention du petit garçon pour retarder un peu ses rendez-vous importants.

Aulë suivit sans un mot le jeune elfe jusqu'à l'antichambre. Le conseiller était arrivé en même temps qu'eux et le le loup capta parfaitement le sentiment de l'humain, avant même qui celui-ci l'exprime.
Une gêne.
Mais les paroles de Wenceslas semblèrent dissiper les doutes du vieux conseiller. Le loup ne prononça pas une seule parole avant que le petit elfe ne lui fasse signe.

"Aulë, tu peux la décrire à présent."

Le loup inclina la tête puis ouvrit la gueule et parla.

"Merci petit. Tout d'abord je vous remercie Théobalt de ne pas m'avoir chassé en me voyant."

Il savait très bien que c'était sur injonction du petit elfe qu'il avait pu rester tranquille, mais il voulait tout de même que l'humain ne se sente pas obligé. Il ne s'imposerait pas à eux.

"Cette sorcière ... Je ferais de mon mieux."

En espérant qu'elle n'ait pas trop changé d'apparence entre temps ...
Fermant les yeux, Aulë énuméra le physique de cette femme, sans omettre le moindre détail.

"Elle était brune avec un visage fin. Ses cheveux lui tombaient aux épaules. Elle les tressait souvent. Ses yeux étaient gris. Gris sombre. Elle les avait rieurs. Une tâche en forme d'étoile sur la joue gauche. Très peu visible. Une tâche de naissance je suppose. Elle avait également une peau hâlée. Une bague à son annulaire droit. Une autre, en forme de serpent à son auriculaire gauche. Elle était plus petite que moi. Environ ... entre 1m60 et 1m65 je dirais."

Le loup chercha un instant de quoi compléter la description de la jeune femme, mais il dut bien s'avouer qu'il ne trouvait rien d'autre. Il rouvrit ses yeux verts et les posa sur le petit elfe.

"Je suis désolé, je ne peux rien me souvenir de plus. Je ne l'ai vu ... qu'une seule fois."

Et sa moitié en avait payer le prix ...

Ecoutant pensivement le loup, Théobalt prenait des notes sur la description du physique de la sorcière.
Plus tard il tenterait de rédiger un avis de recherche, peut-être pourrait-il faire un portrait-robot (même si sur ce point il formulait peu d’espoir) ou peut-être pourrait-il retrouver son nom dans des affaires un peu sombre ? Car être capable de changer l’apparence d’un homme à jamais, de tuer une autre femme par amour… il n’était pas exclu que la future recherchée ait déjà un antécédent qui fournirait quelques pistes en mesure de la dénicher :

-Je ferais de mon mieux pour la retrouver. Fit le conseiller en hochant la tête.

Un moment de blanc s’installa alors tandis que le vieillard observait l’animal :

-Dites-moi monsieur Aulë. Vous êtes-vous déjà fait remarquer par d’autres hommes en parlant ? Si ce n’est pas le cas … seriez-vous prêt à servir la cause de la couronne … Et ainsi du jeune prince Wenceslas ?

"Dites-moi monsieur Aulë. Vous êtes-vous déjà fait remarquer par d’autres hommes en parlant ? Si ce n’est pas le cas … seriez-vous prêt à servir la cause de la couronne … Et ainsi du jeune prince Wenceslas ?"

Le loup regarda l'homme avec des yeux ronds. Se mettre au service du gamin ? Hé, ça pouvait être intéressant ...
Cependant, il lui fallait avouer qu'il avait déjà parler à d'autres humains.

"Hé bien, j'accepterais avec joie ... mais j'ai rencontré deux autres personnes et elles savent que je ne suis pas qu'un loup ordinaire."

Aulë n'était pas certain de la confiance qu'il pouvait accorder au premier ... Mais la jeune femme se cachait elle aussi. Elle ne le trahirait surement pas.
Après quelques secondes de silence, il demanda au conseiller :

"Cela m'empêchera t-il de servir la couronne ?"

Il ne l'espérait pas.
Il l'aimait bien ce gosse. Il pourrait surement l'aider, être un atout pour lui.
Mais si Théobalt en décidait autrement ?
Il ne pourrait rester indéfiniment au palais tel un parasite. Il lui faudrait donc partir.
Et se venger par lui-même.

Théobalt réfléchit un instant avant de prendre la parole :

-Avant toute chose il nous faudra les noms et leur activité.

Consultant du regard le petit seigneur qui acquiesça silencieusement, il poursuivit :

-Votre apparence nous offre un certain avantage. Votre ouïe est plus développée que celle d’un humain normal, sans compter que vous êtes à présent un loup … que tout le monde considère comme un simple animal. Vos oreilles pourraient alors trainer n’importe où et nous apporter les renseignements nécessaires pour mener les grands nobles à notre cause, ou prévenir les complots. C’est pour cette raison que je vous posais cette question. Cette possibilité se verrait effacé si l’on vous savait humain… Cela vous tenterait-il ?

Aulë écouta les explications du conseiller. Oui, il n'avait pas tort. La supercherie échouerait si l'on connaissait déjà son identité ...

"Cela vous tenterait-il ?"

"Bien sur."

Le loup n'avait pas pris la peine de réfléchir. S'il pouvait être utile à Wenceslas, il le serait !

"L'homme n'était pas très aimable. Il s'appelait Avaran. La jeune femme ... et bien il fallait marcher sur des œufs avec elle. Mais elle était néanmoins très sympathique. Son nom était Lena."

Aulë s'arrêta, le temps de réfléchir. Que savait-il exactement des activités de ces deux personnes ?
Ah si !

"Le premier ... Avaran m'a dit qu'il était un assassin. Plutôt bon parait-il."

Comment un homme pouvait se vanter des meurtres qu'il réalisait ? C'était une chose qui le dépassait vraiment.
Quant à la jeune femme ...

"J'ignore les activités de la seconde."

Il savait seulement son nom ...

"Ah ! C'est cette jeune femme qui m'a offert ce collier."

Cela n'aiderait surement pas Wenceslas ni son conseiller ... Mais c'était déjà ça de pris ...

Théobalt fronça les sourcils tandis que Wenceslas jetait un drôle de regard au loup.
Un assassin, il avait côtoyé un assassin suffisamment sûr de lui pour le lui avouer ?
Le conseiller soupira :

-A moins que cet homme n’ait de lien avec quelques nobles de la cour, je doute qu’il s’amuse à prendre le risque de révéler quoique ce soit sur qui tu es réellement. De plus tu pourras toujours te faire passer pour un véritable loup à ses yeux. Il faut tout de même un sacré hasard pour rencontrer dans deux lieux totalement opposés la même personne…

-Le risque le plus important vient en fait de la jeune femme. Elle te reconnaitra à coup sûr grâce au collier et nous ignorons où il nous sera possible de la trouver. Poursuivit le prince. Mais je ne pense pas que cela t’empêchera tout de même de laisser trainer tes oreilles. Veux-tu que nous allions faire un tour dans le palais pour que tu puisses te repérer et que chacun puisse voir que tu es désormais un loup, mon loup, sous protection royal ?

Aulë écouta le conseiller puis le petit prince. Ils n'avaient pas tort, mais il doutait fortement que Lena le trahirait.
Vint alors la proposition du garçon. Le loup acquiesça d'un hochement de tête.
Sous protection royale ...
Il allait pouvoir errer où il le souhaitait désormais, il ne risquait plus de se faire chasser. Il pouvait retourner auprès des hommes ... mais cela n'était pas dit qu'ils accepteraient de l'approcher pour autant.

Le petit prince emmena donc le loup dans son palais et lui fit découvrir certains lieux que Aulë n'avait pas eu l'occasion de voir par lui-même quand il avait été laissé seul.
Droit et fier, le loup imposait, non la crainte, mais le respect. Il adoptait une allure calme, posée et surtout non agressive, qui permettait aux personnes de ne pas avoir peur de lui. Et surtout, il veillait à ne jamais s'éloigner de Wenceslas afin que les autres résidents du palais ne soient pas effrayés.


HJ/ Je patauge beaucoup, ça te dérange si je m'arrête là ? ^^"

HJ/ Bah disons que je n'ai aucune idée de mon côté en fait ^^"
Au cas où tu n'a pas remarqué je rame depuis un certain temps déjà. Si tu pouvais essayer de me donner un tout petit coup de pouce stp ^^

HJ/ Bon essayons de décoincer le rp alors ^^"


Lorsque la 'visite' fut terminée, le duo retourna dans la chambre du petit prince. Aulë observa un instant le gamin. Ne s'était-il jamais perdu dans ce dédale de couloirs et pièces ?

"Donc je suis désormais officiellement ton espion. As-tu déjà une idée, une mission pour moi ?"

Car plus vite il pourrait se montrer utile pour le gamin, plus vite celui-ci pourrait se tranquilliser. Les traitres et autres comploteurs ne devaient surement pas arranger le train de vie du gosse.

"Et si j'ai bien compris, je devrais juste accompagner les personnes et te rapporter leurs dires, c'est ça ?"


HJ/ C'est mieux ?