Quand s'était-elle endormie ? Lili se souvenanit avoir fermé les yeux, pour oublier où elle se trouvait. Et puis...

Et puis elle s'était réveillée en sursaut dans l'eau froide. Elle avait bu la tasse de surprise.
Douleur.
Et puis plus rien.
Encore plus étonnée, elle était ressortie brusquement. Par réflexe, inspira. Toussa.
Et puis plus rien.

Lili se figea. Que venait-il de se passer ? Elle avait toujours mal, mais...
La jeune femme essora ses cheveux, tentant de comprendre. Elle avait bu la tasse... Vraiment ?
A présent totalement réveillée, Lili prit quelques profondes inspiration. Puis, doucement, elle se pencha et enfonça son visage dans l'eau froide de la fontaine. Encore hésitante, elle resta longtemps en apnée, avant de finalement expulser l'air de ses poumons pour inspirer de l'eau.
Douleur.
Et puis plus rien.
Lili resta insterdite : Elle respirait !
Elle attendit plusieurs minutes, puis expulsa l'eau de ses poumons et ressortit la tête de l'eau. Ses cheveux firent une gerbe d'éclaboussures autour d'elle. Elle toussa.
Douleur.
Et puis plus rien.

Lili regarda la peau bleuté de ses mains. Toujours la même, brillante sous la lumière argentée de la lune. Ses cheveux n'avaient pas changé non plus. Ses yeux... Elle n'en savait rien, mais elle n'en avait pas l'impression.
Essorant de nouveau sa chevelure soyeuse d'un geste mécanique, elle murmura :

"Que m'arrive-t-il ?"

La douleur dans sa poitrine était encore là. Mais maintenant, elle savait à quoi s'était lié.

"Que... Que m'arrive-t-il ?!"

Lili s'était rassise sur le bord de la fontaine. Elle se prit la tête entre les mains. Cette fois, ce n'était plus une peur comme un fauve qui montait en elle. Mais une angoisse sinueuse comme un serpent qui serrait son coeur.

Qu'était-elle donc ?

Lili avait visiblement fini par s’apaiser. Son souffle plus calme et régulier le démontrait.
Elle dormait.
Pour sa part l’elfe observa la splendeur de la nuit encore un instant avant de somnoler. Il gardait suffisamment conscience de lui pour ne pas s’écraser lamentablement au sol ou dans la fontaine.
Ce fut le grand splash dans l’eau de Lilinäo qui le fit sortir de sa torpeur en sursautant.
Il allait lui venir en aide quand elle entama un drôle de manège.
Allait-elle bien ?
C’est la qu’Elendë remarqua un détail. Un détail que nul autre n’aurait pu percevoir :

- Votre âme semble s’être équilibrée. Nota-t-il.

Se disant que ses paroles devaient paraître bien obscures il précisa :

- Hier, quand vous êtes sortie de l’eau votre âme m’a parut… changée. Elle restait la même dans l’essentielle, mais quelque chose semblait avoir pris le dessus sur une autre. C’est peut être là votre capacité à vous adapter à votre environnement. Or aujourd’hui…elles semblent cohabiter avec plus d’harmonie. Comme si elles s’étaient mises sur un pied d’égalité. Par contre je serais bien incapable de vous expliquer le pourquoi de ce changement.

"Mon âme a changé ? Deux âmes ? Que..."

Cette phrase était loin de la rassurer !
Lili avait relevé le visage vers Elendë. Elle se mordit la lèvre, se balança un instant sur la pierre en murmurant :

"Mais... Je ne ne sais même pas ce que je suis."

Elle replia ses jambes contre elle, répéta un peu plus fort :

"Je ne sais même pas ce que je suis !!"

Ses cheveux déjà secs tombèrent devant son visage comme elle baissait la tête. Elle ne voulait pas qu'Elendë voit son visage au bord des larmes.

"Je... JE NE SAIS MEME PAS CE QUE JE SUIS !!!"

Une barrière céda.

"Je ne suis qu'une peureuse, je pleure pour un rien, je sais à peine adresser deux mot à des inconnus !! Je fais ce qu'ils me disent, pas de caractère, pas d'identité, je passe mon temps à m'excuser !! Rien... Je ne sais pas d'où je viens, je ne sais pas qui je suis, je ne sais pas quoi faire, je ne fait que fuir !! Je... Comment les autres pourraient-ils m'accepter si moi-même je ne sais pas qui je suis ?! Comment ?!"

Elle s'enfonçait les ongles dans la peau, déballant de plus en plus vite d'un ton pressant ce qu'elle avait sur le coeur, comme on rompt un barrage et que tout s'écoule d'un seul coup.

"COMMENT ?!!"

Les larmes coullaient à présent à flot sur ses joues. Des larmes comme des perles argentée sous la lune.

"Dites-moi, monsieur Mahal... Comment ?"

Sa voix était redevenue son doux murmure à peine audible.

- Est-ce vraiment utile de savoir ? Demanda Elendë en passant doucement sa main sur la joue de la jeune fille. Vous êtes Lilinäo. Une jeune fille ayant l’extraordinaire capacité de respirer à la fois dans l’eau et dans l’air. Certes peureuse et timide, mais d’une gentillesse rare. Une princesse, voir une reine, dans sa catégorie.

Son pouce essuya une larme perlant au coin de l’œil :

- Vous êtes fille d’humains ? Dans ce cas vous êtes humaine. Vous êtes fille de sirènes ? Dans ce cas vous êtes sirène. Vous êtes un mélange de ses deux races ? Dans ce cas vous êtes une hybride. Partout dans ce monde il y a des individus exceptionnels. Partout il y a des différences. Même les jumeaux ne sont pas deux véritables gouttes d’eau car même les gouttes d’eau ne sont pas semblables. Est-ce une mauvaise chose ? Je ne pense pas.

Sa main avait entre temps reprit sa place initiale le long de son corps :

- Si vous ne savez pas ce que vous êtes…tant pis. Essayer simplement de savoir ce que vous voulez. Moi je vous ai accepté. Ai-je donc été la seule personne à ce jour ? J’en doute. Elles ne sont peut être pas nombreuses mais elles existent, non ? Toutefois il y a une chose importante. Une qui surplombe toutes les autres. Vous devez vous acceptez vous. Même si vous ne savez pas qui vous êtes. Ne reniez pas vos défauts, ne vous fâchez pas contre eux, personne n’est parfait. Ne vous dissimulez pas non plus vos qualités, elles sont admirables. C’est avant tout par là que commence l’acceptation. Et c’est en vous acceptant que vous découvrez votre propre personnalité. Une personnalité qui pourra évoluer au fil du temps et qui vous montrera votre vrai caractère.

Déjà devant elle il s’accroupit:

- Laissez moi vous posez une question à laquelle vous n’êtes pas obligée de répondre. Moi-même je ne pense pas en avoir la réponse. Pourquoi tout le monde considère-t-il qu’il faut impérativement avoir une force de caractère étonnante dans la vie ? Etre capable de crier ou d’hurler de ce que l’on veut en pleine foule est-il indispensable ? Certaines personnes n’aiment guère être le centre d’attention. Est-ce une si mauvaise chose ?

HJ/ Wouah, ça c'est du monologue ^^'

Lili ne dit rien. Il était inhabituel pour Lili -en fait, c'est du jamais vu- de crier comme elle venait de le faire, elle avait l'impression maintenant d'être totalement vide. La question que l'elfe posa à la fin ? Elle n'en connaissait pas la réponse. Elle n'était pas sûre de l'avoir comprise, même. Le reste... Le reste, c'était trop d'un coup pour que son esprit embrouillé arrive à l'assimiler !

Respirer sur terre et dans l'eau... N'aurait-elle donc plus de crises ? Ou bien était-ce encore une des bizarreries passagères de ce corps ? Dans le doute, mieux vallait rester près du fleuve tout de même. Elle serra son poing contre sa poitrine. La douleur était toujours la même, supportable, mais allait-elle disparaitre bientôt ?

Elendë était accroupi devant elle. Lili s'était un peu apaisée. Juste le fait qu'il lui parle ainsi, comme à n'importe qui, lui procurait un intense soulagement. C'était vrai, Elendë était là, à côté d'elle. Et il l'acceptait. Lili avait envie de se jeter dans ses bras. Ce que bien sûr, elle ne ferait jamais. Alors elle hocha simplement la tête, avec un regard timide plein de gratitude.



HJ/ hummmm... >/
désolée de la piètre qualité de mes rp ^^"

Lili paraissait, si ce n’est sûr d’elle, au moins un minimum rasséréné. Ceci soulagea un peu l’elfe. Avait-il réussis à l’aider ou n’y était-il pour rien ?
Qu’importe la raison, elle semblait aller mieux…ou pas.
Elendë l’observa poser sa main sur sa poitrine :

- Vous semblez souffrir depuis un certain temps déjà ? Remarqua-t-il. Voulez-vous que nous allions voir un médecin ? Ou quelque chose s’en approchant ?

HJ/ Idem ^^’

Lili eut un mouvement de recul. Un médecin ? A une heure pareille ? Pour qui ? Pour elle ?!

"Ah ! Non !"

Elle se tut, puis baissa les yeux en rougissant.

"Ce n'est pas très important, ça ne fait pas très mal et ça va passer."

Vrai. Elle n'était pas très importante. Comparée à ses crises, la douleur était tout à fait supportable ! Et puis, ça passerait surement, même si elle ne savait pas dans combien de temps...
Lili ferait attention à ne pas inquiéter Elendë. Elle ne savait pas mentir si on lui posait la question directement, mais si elle ne montrait rien, alors ça irait. La jeune fille secoua une dernière fois la tête en murmurant :

"Et puis, un médecin ou autre ne pourrait rien y faire..."

Elendë l’observa pensivement :

-Hum. J’imagine que vous n’avez pas tort. Finit-il par dire. Après tout c’est votre corps, nul autres que vous ne peut mieux le connaître.

Nouveau sourire :

- Vous sentez vous prête à retourner à l’auberge pour dormir un peu ? Je ne vous quitterais pas d’une semelle. Nous pouvons même dormir dans le même lit si vous le désirez. Plaisanta-t-il gaiment.


HJ/ Je crois que je vais aller me pendre ^^"

Lili baissa la tête. Connaitre son corps ? Ha ha...
Quant à retourner à l'auberge... La jeune femme hésita. S'il attendait qu'elle soit 'prête', alors autant dormir dehors. Mais bon. Dormir au pied de la fontaine n'était certainement pas ce qu'il y avait de mieux...

"D'accord."

On avait un peu l'impression qu'elle se résignait à l'enfer...

"Nous pouvons même dormir dans le même lit si vous le désirez."

Lili mit un moment avant de réagir : Elle ouvrit des yeux ronds. Dix secondes pour que cela monte au cerveau, dix encore les yeux ouverts... Vingt longues secondes d'un silence pesant.

"Avez-vous des enfants, Mr Mahal ?"

C'était sortit tout seul. Lili redevint écarlate.

"Je heu... Non je..."

Mais quelle idiote, poser une question pareille !
Enfin, notre jeune femme de dix-huit ans si maladivement timide n'avait tout simplement pas compris l'allusion de l'elfe. Et la seule référence qu'elle avait en matière d'amour était celui d'une mère pour son enfant. Quoi d'étonnant donc que cette taquinerie d'Elendë lui rapelle cette femme qui, justement, l'avait rassurée jusque durant son sommeil ? Mais venant de la part de l'elfe, sûr qu'elle avait été... surprise !


HJ/ Mais quelle idiote... xD

Aaaah..... Visiblement sa blague était tombée à l'eau. Hum... devait-il trouver vite fait un autre sujet de conversation pour briser se silence? Il avait beau chercher il ne savait trop comment enchainer. De toute façon Lilinäo régla le problème à sa place, mais...
Un instant de blanc. Elendë la regarda avec des yeux emplis de stupeur, puis éclata d'un rire joyeux.
Pas moqueur, ni méchant. Non.
Il n'était que le résultat de la surprise éprouvée par cette question inhabituelle.
C'était un rire ou raisonnait l'amusement. Toutefois il eut tôt fait de se calmer et posa sur la jeune femme un regard plein de tendresse:

- Non demoiselle. Il faut croire que la femme qui supportera d'avoir de la mémoire pour deux, et surtout qui acceptera de me rappeler sans cesse le plus petit de mes actes n'est pas encore apparu devant mes yeux. Et puis avoir des enfants serait un peu dangereux pour eux...

Disant cela ils avaient avancé à pas lents vers l'auberge et se trouvaient désormais face à la porte. Un dernier coup d'œil vers cette âme si timide et il tendit la main pour l'ouvrir.
Son geste resta en suspens quelques secondes, frôlant le solide bois dont elle était faite, puis son bras pivota pour permettre à l'elfe de mimer une courbette devant Lili:

-Après vous jeune dame.

Lili écouta le rire Charmant d'Elendë sans relever la tête. Sa réponse souleva beaucoup de questions, mais plutôt que de les poser, elle se perdit dans ses pensées. Sa mémoire était-elle telle qu'il était dangereux pour ses propres enfants ?! Comment cela pouvait-il être possible ? Après tout, il l'aidait depuis qu'ils s'étaient rencontrés, elle n'avait rien vu de dangereux de sa part !

Lili suivit distraitement l'elfe jusque l'auberge.

"Après-vous jeune dame."

Lili releva les yeux, redevint écarlate en un instant devant la courbette d'Elendë. Que faisait-il ?! Elle n'était pas une jeune dame, et cette attitude la mit profondément mal à l'aise. Comme lorsque Nathanaël l'avait appelée 'princesse'.
Après plusieurs secondes immobiles sur le pas de la porte, elle finit par entrer d'un pas vif et honteux à l'intérieur. Elle se sentait fautive, car même si elle était entrée comme il le lui avait succégé, elle avait l'impression d'avoir accepté, volé ce nom, ce titre qui n'était pas le sien.

De retour dans la salle, la chaleur et le bruit envahir de nouveau les sens de la jeune femme.L'odeur de fumée et d'alcool. Lili ralentit. Se força à ne pas y faire attention. Elle jeta un regard indéfinissable à Elendë, et s'avança de son pas lent vers l'escalier.
Respirer.
Ne pas courir.
Ne pas les regarder, les oublier.
Oublier.

Elle ne toucha personne en passant à côté des tables, son regard ne quitta pas ce point invisible qu'elle s'était fixé. Personne ou presque ne le va les yeux vers elle, cette fois, comme si, invisible, elle passait sans vraiment être là. Perdue dans son monde. Un monde qu'elle s'était construit pour oublier le réel.

Lili monta les escaliers, entra dans leur chambre, ralentit, s'arrêta. Et enfin regarda autour d'elle, avec l'air surpris de se trouver là.
Là...
Non, il ne fallait pas qu'elle laisse la peur s'emparer d'elle à nouveau !
La jeune femme se laissa tomber assise sur un lit en tordant nerveusement ses doigts fins dans ses mains.

Bon gré, mal gré Lili s'engouffra dans la salle. Si l'elfe avançait, droit, la tête haute, il en était malheureusement tout autre pour la jeune femme. Cherchant visiblement à passer inaperçue pour qui, comme Elendë, lui prêtait un tant soit peu d'attention.
Malgré cela l'elfe était conscient de l'effort qu'elle avait fournis pour en arriver là. Certes il l'avait un peu poussé pour qu'elle entre par ses propres moyens et non en le suivant éternellement. Cependant elle avait déjà fait un pas en avant. Du moins l'estimait-il. Après si cela était réel ou pas...
Il n'était pas vraiment dans sa tête non plus.
Une fois arrivé dans la chambre, sans aucun problème. Elendë aurait crut que tout ce serait bien dérouler.
C'était oublier la cause de leur sortie précipitée, mais après tout, on parle d'Elendë là.
Face à elle, il s'accroupit devant le lit et prit doucement les douces et fines mains dans les siennes:

- Je suis toujours là petite demoiselle; Ici non plus vous n'avez rien à craindre. Dehors comme dedans, il n'y a aucun danger.

HJ/ Navrée T.T

Il avait pris ses mains dans les siennes. Lili les y laissa un instant, surprise, puis les retira vivement.

"Je sais cela..."

Elle recula sur le lit, s'adossa au mur. Dormir... La jeune femme tenta de se couper du monde, comme elle l'avait fait pour traverser la salle. Elle calma sa peur, mais la fatigue ne parvint pas à battre celle-ci. Lili fit comme si de rien était, s'installa plus confortablement sous une couverture, ferma les yeux. C'était étrange, elle ne dormait pas souvent dans un lit.

Ses cils blancs doucements posés sur ses joues étaient totalement immobiles. Mais tendue comme un arc, elle suivait le moindre mouvement de l'elfe dans la chambre et des étrangers dans le couloir.
Cette fois encore, la nuit allait être longue.


HJ/ A qui le dis-tu ! T-T

Lili se coucha. Signal clair, il fallait la laisser tranquille. L'elfe se redressa alors et se dirigea vers la fenêtre. La lune luminescente éclairait joliment la chambre d'une lueur blanchâtre.
Elendë s'adossa donc au rebord et fixa un instant le ciel pur.
Rien n'égalait la beauté de la nature.
Après un temps indéterminé il se décrocha de son emplacement et s'orienta vers son propre lit. Oubliant la présence endormie, ou pas, censée sommeiller dans la chambre il se laissa tomber sur les couvertures. Le tout n'avait très certainement pas fait beaucoup de bruit, mais il avait pu surprendre...Dans tous les cas l'elfe n'y prêta pas grande attention et se laissa vite submerger par l'engourdissement.
Une respiration calme et profonde prit bientôt place dans la chambre silencieuse.
Emmitouflé autant dans ses couvertures que dans son inertie Elendë passa, ma foi, une fort bonne nuit.
Ce fut le soleil et sa douceur chaleureuse sur sa peau qui le réveilla.
Il cligna plusieurs fois des yeux avec peine pour sortir de son engourdissement et finit sa phase "réveil" en s'étirant comme un gros chat.
Par la suite il se redressa lentement et regarda autour de lui.
Où était-il?
Pourquoi était-il là?
Que faisait-il?
Autant de questions sans réponses pour le moment. Dans tous les cas cela ne le tracassait pas outre mesure. S'il avait quelque chose d'urgent il s'en serait souvenu non?
...
Bon d'accord. Pas forcément...
Il passa alors une main sur son visage et s'ébouriffa les cheveux. Tiens. Pourquoi avait-il prit une chambre composée de deux lits?
Avait-il à se point gagner de l'argent pour se permettre se genre de fantaisie?
Il en doutait. Dés qu'un peu de pièces arrivaient dans ses poches il avait tôt fait de les perdre aux grands profits de marchands peu scrupuleux. En effet, quand on a guère de mémoire il est assez difficile de connaître les prix des produits...
Bref!
Un détail attira alors son attention. Les couvertures n'étaient pas faites et une masse semblait se dissimuler dessous.
Sans heurt il s'approcha et souleva les tissus. Une jeune fille s'y trouvait. Une jeune fille à l'âme...
L'elfe eut un moment d'immobilité. La veille lui revenait avec la puissance d'une tempête.
Lilinäo:


- Êtes-vous réveillée jeune fille? Questionna-t-il à voix basse. Ou désirez vous encore dormir?

Il avait murmuré. Ainsi si elle dormait vraiment elle ne l'aurait pas entendu et continué son somme, dans le cas contraire elle lui répondrait... peut être.

La respiration d'Elendë devenue calme et régulière était facile à interprétée : L'elfe s'était endormi. Lili resta immobile encore longtemps. Les bruits dans la salle en dessous d'eux résonnèrent encore longtemps, avant que finalement les derniers clients ne s'effondrent, ivres morts. Ne parvinrent plus alors à la jeune femme que leurs sourds ronflements.

Dormir.
Comment pouvait-on être à ce point épuisé et être incapable de dormir ?! Lili se redressa. Un simple rayon de Lune passait par la fenêtre. Tout le reste était noir et silencieux. Repoussant silencieusement le drap épais, elle se leva et alla ouvrir un peu plus la fenêtre. L'obscurité ralentissait-elle le temps ?

Au moment de retourner vers son lit, le regard de Lili tomba sur Elendë. Elle hésita, s'approcha et s'agenouilla à la tête du lit. Quelle étrange personne... Elle l'observa dormir de longues minutes. De quoi pouvait-il bien rêver ? Quelques mèches de ses cheveux traversaient son visage à la finesse caractéristique de sa race. Lili n'osa pas les retirer, de peur de le réveiller.

Le parquet craqua dans une chambre. La plainte du bois fit sursauter la jeune fille, qui se releva brusquement. Elle se remit dans le lit sans un bruit, s'immobilisa. Le bruit ne se répéta pas. Et la longue nuit reprit son cours.

Un mouvement, de l'air frais, un murmure.
Lili ouvrit les yeux, fit un bond en arrière. Son dos frappa le mur et elle se recroquevilla contre celui-ci, protégeant son visage de ses bras.
Et puis un éclair de lucidité traversa son esprit : Les yeux écarquillés, elle releva le visage vers Elendë.

"Mr Mahal..."

Elle passa une main sur son visage. Avait-elle dormi ? Elle n'en était pas sûre... Mais certainement avait-elle somnolé les dernières heures. La fatigue vient à bout de tout, finalement.
Le mur était froid dans son dos. Lili s'en écarta en passant une main dans es cheveux. On ne pouvait les coiffer, mais au moins ne s'emmelaient-ils jamais !

"Est-ce... Est-ce le matin ?"

Il y avait du soulagement dans son murmure.

- Oh la oh la. Sourit Elendë. Que voila un réveil agité.

Ses épaules semblèrent se détendre de la surprise causée par la réaction de Lili:

- Oui jeune dame. A moins que vous ne désiriez dormir encore un peu, il est assez tôt mine de rien et je comprendrais parfaitement votre envie.

Il s'écarta du lit afin de laisser un peu d'air à la jeune fille:


- Toutefois si vous le voulez, nous pouvons aussi allez prendre un petit déjeuner ensemble, en bas... Que faites-vous? M'accompagnez-vous ou dormez-vous encore un peu?

Laisser Lilinäo seule, encore une fois... les détails de la veille n'étaient visiblement pas tous revenus à monsieur l'amnésique...

Petit déjeuner... dormir ?! Pensait-il vraiment qu'elle serait capable de se rendormir ?! Et puis... Un éclair de peur traversa le regard de la jeune femme :

"Non !"

Elle rougit.

"Je... je vais descendre aussi."

Le ton de sa voix faisait plus penser à une demande d'autorisation qu'à une réelle décision.
Tout sauf rester seule ici, même si l'idée de se retrouver au milieu d'inconnus dans la salle la terrorisait tout autant.
Elle se leva, lissa d'un mouvement gêné la trop grande chemise qui lui servait de vêtement. Elle avait dormi toute habillée...

Elendë sourit:

- Bien dans ce cas.

Et il franchit la porte le menant dans le couloir. De là il descendit les escaliers et aboutit dans la salle commune. Par la force de l'habitude il se dirigea vers le comptoir et s'y assit nonchalamment. Tout aussi tranquillement il passa commande et incita son accompagnatrice à faire de même:

- Prenez ce que vous souhaitez mademoiselle. La journée sera surement longue et puis...

Il s'arrêta un instant et la fixa, réfléchissant:

- Vous désirez faire quelque chose de particulier aujourd'hui? Continuer la route? Rester un temps dans ce village? Autre chose? Je ne vous dérange pas au moins?

A vrai dire, pour sa part, l'elfe n'était que peu pressé. Il était même totalement libre comme l'air, comme bien souvent d'ailleurs.
Peut être qu'il pourrait jouer un peu de son violon cette fois? Qui sait?

Lili décendit à sa suite. Elle hésita avant de s'assoir près de lui, au comptoir. Elle n'aimait pas sentir tant de gens derrière sans pouvoir les voir. Enfin, elle avait peur des gens autour d'elle, et c'était pire quand elle ne pouvait pas les voir !

La jeune femme prit juste un verre d'eau et piocha un morceau de pain dans une corbeille pour le grignoter du bout des lèvres.
La première réponse à la question d'Elendë fusa instinctivement :

"Je ne veux pas rester au village !"

Peur.
Elle se reprit, détourna les yeux.

"Mais je n'ai rien à faire de particulier."

Et nullepart ou aller, d'ailleurs.

"Je ne vous dérange pas, au moins ?"

Lili ouvrit de grands yeux, se mit à bafouiller :

"Je... Non, non... bien sûr que non !"

Cette question, n'était-ce pas à elle de la poser ? Elendë avait un pouvoir qui lui permettait de travailler, un ami étalon qui le suivait même dans ce village, et en plus, il lui avait payé un lit et de la nourriture !! Son visage avait disparu derrière ses cheveux soyeux, et elle attrapa quelques miettes de pain du bout des doigts.

Elendë inclina la tête vers le bas:

- Hum...

Que faire dans ce cas? Elle ne voulait pas rester au village, cela signifiait-il qu'elle ne désirait pas aller dans une autre ville plus ou moins grande?
Probablement.
Il sourit. En tout cas sa compagnie n'avait pas l'air de l'agacer. Il faut dire, qu'à la différence d'autrui, la petite avait une âme suffisamment originale pour éveiller son attention et ainsi garder en éveil sa mémoire. Enfin tout est relatif, hein :

- Dans ce cas j’ai une proposition. Nous finissons notre petit déjeuner, nous remontons prendre les affaires dans la chambre, on embarque Guijarro… et on part en vadrouille dans les alentours. De là si nous trouvons un endroit sympathique, je pourrais peut être joué un morceau de musique. C’est du violon. Tu aimes ? A moins que tu aies une autre idée pour nous occuper ?

Remonter prendre ses affaires et s'en aller ? A vrai dire, Lili n'avait rien à prendre, mais elle n'était pas du tout contre cette idée ! Elle hocha la tête. Puis la releva avec un interet et une curiosité non faints :

"Du violon ?"

Elle regarda Elendë. Alors il était musicien, aussi ? Le violon était un instrument de musique, n'est ve pas ? Lili rougit en avouant son ignorance :

"Je ne sais pas, je n'en ai jamais entendu... mais j'aimerais vous écouter."

La jeune femme avait fini sont morceau de pain. Elle but la dernière gorgée de son verre et attendit l'elfe en silence.

Elendë dédia un sourire éblouissant à la jeune fille :

- Dans ce cas je me fais un devoir de vous faire découvrir cet instrument !

Après quelques bouchées pour finir son repas, après avoir remercié et payé l’aubergiste et après avoir prit ses affaires (dont la house de son violon) le petit groupe fut prêt à partir.
Ah non.
Guijarro allait le piétiner s’il apprenait que l’elfe avait faillit l’oublier… Heureusement qu’il ne lisait pas dans les pensées :

- Allons-y jeune dame. Dit-il en l’entrainant à sa suite. Au plaisir de vous revoir messieurs.

Celui que nous pouvons nommer le gérant de l’auberge hocha vaguement la tête et regarda l’étrange couple franchir l’embrasure de la porte. La fille surtout, retenait son attention. Car si le dit musicien avait un air de normalité, la jeune femme avait, elle, un physique assez spécial :

- Partenaire ! On reprend la route !

Sitôt dehors Elendë avait bifurqué vers les écuries et crié sa phrase à tue-tête dès à l’intérieur. L’interpellé leva son museau de l’épaisse paille et ronfla. Etait-ce pour signaler son mécontentement d’avoir dû passer la nuit ainsi, seul ? Ou bien pour saluer l’arrivé de son compagnon ?
Peut être un peu des deux :

- Bien dormit ? Se renseigna-t-il. Moi comme un loir.

Et disant cela il se munit d’une brosse douce afin de lustrer une dernière fois le pelage luisant de l’étalon. Il vérifia après coup les sabots et se redressa satisfait :

- Parfait ! On peut y aller.

Ni une ni deux Elendë, Lili et Guijarro se retrouvèrent sur la route à la recherche d’un endroit ou il serait agréable d’y jouer un peu de musique. Marcher au gré des pas à la manière d’Elendë finirait très certainement par les perdre, aussi ce dernier comptait-il sur son partenaire pour les retrouver en cas de besoin.
Combien de temps marchèrent-ils ?
Qui sait ?
Pas Elendë en tout cas. Un elfe en pleine nature ne comptabilise pas le temps qu’il y passe… Toutefois la persévérance paie toujours et l’elfe trouva ce qu’il semblait chercher. Une toute petite rivière pas plus profonde qu’une main s’écoulait paisiblement avec un clapotis quasi inexistant au sein d’une végétation touffue et de rochers plats.
Une merveille de la nature, encore une fois :

- Faisons une pause ici. Proposa-t-il.

Et de là il s’installa tranquillement au bord de l’eau, ne craignant guère de se noyer dans cette eau si peu profonde.
Il détacha de lui son katana à double lame qu’il posa à ses côtés et sortit de sa house son instrument fétiche.
Avec des gestes lents et mesurés, comme s’il craignait ne serait-ce que d’abimer le violon en l’effleurant il vérifia son accordement ainsi que son état général.
Il releva les yeux et croisa le regard de Lili auquel il sourit paisiblement.
Il s’installa alors, se mit en position et doucement entama la mélodie. Il parut rentrer en transe, comme si plus rien à part le son qu’il émettait ne comptait.
Il vivait sa musique.
HJ/ => La musique : https://www.youtube.com/watch?v=s_evk_N0ARE (bon faites abstraction du piano derrière, c’est juste que je n’arrive pas à en trouver des bien en solo >< ^^’)
A ses côtés Guijarro ne faisait rien sinon pointer ses oreilles vers l’avant et écouter lu aussi cette musique.
Captivé.
Puis la mélodie s’éteignit et Elendë parut se réveiller, émergeant d’un long rêve :

- Alors ? Murmura-t-il afin de ne pas briser l’atmosphère. Avez-vous aimez ?

Lili rougit au sourire de l'elfe, puis le suivit. Elle fut heureuse de quitter l'auberge, ou plutôt de fuir les regards qu'elle sentait posés sur sa nuque, comme une brulure. Le village laissé derrière eux, elle se détendit enfin dans un soulagement bien visible.
Ils marchèrent en silence, sans que cela ne gêne ni l'un, ni l'autre. Jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent au bord d'un bras de la rivière.

Lili s'agenouilla près de l'eau, y trempa les mains. Elle était fraiche et claire... et malheureusement bien trop peu profonde pour s'y baigner ! Puis la jeune femme regarda Elendë préparer son instrument. Elle s'émerveilla de la façon dont il semblait caresser le bois, avec des gestes remplis de douceur...
Puis il commença à jouer.

Ce qu'elle ressentit ensuite, Lili aurait était bien incapable de le décrire ! Elle resta là, assise entre ses talons près du cours d'eau. Elle ne connaissait rien à la musique, mais cela n'était pas nécéssaire pour comprendre les sentiments que l'elfe y mettait.
Les notes s'élevèrent dans le bois, et la jeune femme se retrouva incapable de faire le moindre mouvement. Incapable d'une seule pensée. Son regard clair écarquillé était posé sur les mains d'Elendë, et pourtant semblait à mille lieux de là. La musique vibrait dans la moindre fibre de son corps, la moindre parcelle de son âme. Même son souffle était coupé.
Captivée, ensorcelée, hypnotisée.

Et puis ce fut terminé.
Au murmure d'Elendë, le regard de la jeune femme quitta ses mains pour de nouveau se poser sur son visage. Alors c'était ça, de la musique ? Non pas qu'elle n'en ai jamais entendu mais... cela n'avait rien de comparable avec les petits morceaux populaires qu'elle avait déjà écouté au village !
Et Elendë lui demandait si cela lui avait plu ?!

"Je..."

Elle fut incapable d'en dire plus. Elle avait encore l'impression d'entendre le bois pleurer... Des souvenirs heureux, maintenant perdus.
La jeune femme en était encore toute retournée !
Lili frotta ses yeux en rabaissant le regard. Pourquoi se mettait-elle dans un tel état juste pour de la musique !? Quelle idiote elle faisait !

Elendë reposa avec douceur l’instrument sur ses genoux.
Il souriait.
Sa jeune amie semblait avoir appréciée et il ne pouvait s’empêcher de penser « tant mieux ». Toujours dans le silence il releva son visage en direction de la cime des arbres, comme s’il désirait voir par delà les feuilles touffues :

- Et vous demoiselle, avez-vous une passion ? Une chose que vous aimez faire plus que de raison ? Une chose qui vous procure la même sensation d’harmonie avec ce qui vous entoure que je ressens lorsque je fais chanter mon violon ? Où aimerez vous faire quelque chose y ressemblant ?

Lili fronça les sourcils. Une passion ? Elle ne s'était jamais posé la question. 'Que veux tu faire ?' ; 'Qu'est ce que tu aimes ?'... : Autant de questions auxquelles elle avait du mal à s'habituer, et à répondre.
Elle réfléchit un long moment, le regard dans le vide, avant de répondre de sa voix douce :

"Non... pas vraiment. Lorsque je suis seule dans l'eau, il n'y a pas de bruit... j'aime ça, je me sens bien."

De l'harmonie, surement, mais surtout une profonde sérénité.

"La nuit dans l'océan est un monde bleu et silencieux. Un bleu sombre où scintillent les étoiles. Je peux les voir à travers la surface, elles dansent avec les vagues. Et puis souvent, j'écoute la Lune chanter..."

Lili sortit de ses pensées en rougissant brusquement. On s'était souvent moqué d'elle lorsqu'elle disait ça, ou alors on la regardait comme une folle.
'Comme tu es bête, la lune ne chante pas, Lili !'
Peut être était ce vrai, peut être était-elle folle. Mais la jeune femme continuait quand même d'écouter la Lune, même si ce n'était pas elle qui chantait.