H : Le concours de sadisme avec ses persos est relancé? Je trouvais que ça s'était calmé ces derniers temps... ^^

HJ/ Vui \o/
J'ai des petites idées qui refont surface ces derniers temps, niark niark niark ^^

OMG ! Oo

Vui, ça y est le Isas rentre en décadence, son arme à foutue le camp.
Pauvre bonhomme, le voila traumatisé ^^"

# Soya ! #

Mal de crâne.

# Soya !! #

Comme si sa tête était prise dans un étau. La jeune femme gémit.

# SOYA !!! #

En un sursaut de volonté, la fée ouvrit les yeux. Elle laissa passer quelques secondes, le temps que son champ de vision se stabilise, puis se redressa péniblement.

"Je... ne suis pas morte ?"

# Toi, non ! Mais Isas... Isas... On est arrivé après la bataille... On t'a trouvée inconsciente, et lui... Lui... #

Soya prit soudainement conscience qu'Isïl était au bord des larmes. Un frisson glacé lui parcourut l'échine, tandis qu'une angoisse irrépréssible montait en elle comme un raz-de-marée. Oubliant son mal de tête, la jeune femme se leva brusquement et se précipita en titubant vers les formes encore floues qu'elle apercevait non loin d'elle.
Ingwë. Et...
Isas.
La fée s'agenouilla. Ses yeux ambrés parcoururent avec effarement le corps de l'elfe, zébré de part en part d'effrayantes blessures. Reprenant pour quelques secondes un semblant de sang-froid, Soya posa deux doigts sur le cou du guerrier, cherchant frénétiquement son pouls.
Une veine battait faiblement.
La jeune femme faillit rire tant la situation était absurde. Continuer à vivre avec un corps aussi mutilé, et ce par au moins une blessure mortelle ?
Mais c'était Isas.
Retrouvant ses réflexes de guérisseuse qu'elle avait fini par négliger, Soya identifia rapidement la blessure la plus grave, celle du torse.
Déchirant d'un geste brusque ce qui restait de la chemise de l'elfe, la fée appliqua ses deux mains de part et d'autres de la plaie et respira profondément en fermant les yeux.
Mobiliser son énergie. Repérer les cellules meurtries, manquantes, les endroits les plus endommagés.
Et guérir.
Soya se rappelait à présent comment elle avait découvert ce pouvoir. Elle s'était retrouvée face à un ami blessé, qu'elle voulait absolument sauver. C'était ainsi que marchait son don : plus elle désirait que la personne concernée vive, plus la guérison était rapide et efficace.
Mais en ce moment, à quel point désirait-elle la vie d'Isas ?
Car en quelques minutes, tout était terminé.
Soya rouvrit les yeux, haletante. Bien que le corps de l'elfe soit encore couvert de nombre de blessures impressionnantes, celle qui menaçait directement sa vie était à présent entièrement refermée.
La jeune femme essaya de calmer sa respiration et les battements précipités de son coeur. Elle avait utilisé une quantité effarante d'énergie pour une seule blessure, et la fatigue commençait sérieusement à se faire sentir.
Mais la bataille était loin d'être gagnée. Car si le coeur d'Isas battait, Soya s'aperçut qu'elle ne percevait aucun signe de respiration de sa part.
Merde.
Le regard ambré de la jeune femme se posa sur le visage torturé du guerrier. Il était couvert de sang.
Soya pesta. Pourquoi diable n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Le sang dans sa gorge devait le faire suffoquer et lui empêcher toute respiration. D'un geste leste, la fée déchira le bas de sa robe et s'en servit pour essuyer avec application le visage et la bouche d'Isas du liquide rouge et poisseux qui les couvrait.
Peine perdue. La poitrine de l'elfe n'amorçait toujours pas un quelconque mouvement indiquant la moindre inspiration.
Ce fut Soya qui la prit pour lui. Collant ses lèvres contre les siennes, elle lui insuffla l'air dont il avait besoin, et qu'il n'était pas en état de prendre.
Voyant que cela ne suffisait pas, elle recommença. Une fois. Deux fois. Trois fois.
Elle se fichait du paraître incongru de la scène, elle se fichait du goût de sang sur ses lèvres, elle se fichait même de ce qu'Ingwë pourrait dire concernant son initiative pouvant prêter à confusion. Son âme entière restait fixée sur une seule et même pensée.
Respire.
Je t'en supplie.
Respire !

Les membres d’Isas étaient lourds, pesant, et il ne ressentait aucune envie de bouger.
Enfoncé dans les méandres de son inconscient, enveloppé dans ce qui lui semblait être une masse sombre, collante et infini de son esprit, l’elfe se laissait peu à peu engloutir.
Mourir, oh il avait parfaitement connaissance de ce qui lui arriverait si sa tête venait à se faire aspirer totalement, mais l’homme n’en avait cure. Qu’il meurt donc et que son âme cesse d’être tiraillée ainsi de tout côté.
Il se crispa, mais qu’il meurt plus vite bon sang !
Puis soudainement, il sentit son corps tiré vers le haut avec une force inouïe. Espérant dans un maigre espoir y retombé, il s’empara de la matière visqueuse dans laquelle il nageait. Mais une simple poignée ne suffira pas.
A présent bien plus en hauteur, Isas percevait un brin de lumière devant lui … et qu’il manquait d’air !


L’elfe ouvrit les yeux d’un coup, se redressa tout aussi brusquement en ignorant totalement la douleur et inspira goulument. Roulant sur le côté il cracha, toussa… avant que ses membres ne crient à l’injustice et le plaque au sol.
Merde !
Ça faisait un mal de chien !
La respiration sifflante, il se mit de nouveau sur le dos et ferma les yeux en attendant que tout s’apaise. Si cela allait s’apaiser…

#Isas ? Tu m’entends ? # Interrogea son fidèle ami penché sur lui.

Bras en croix, l’elfe jeta un regard mauvais sur le griffon sans répondre.
Le visage chauffé par les rayons du soleil, il observa ce qui se trouvait autour de lui tout en cherchant ses souvenirs.
Les images lui revenaient par vagues, mais ce qu’il sentait dangereusement monté en lui n’était rien d’autre que de la haine et de la colère.
Soya.
Soya et sa jument étaient là elles aussi ?
Pourquoi ?
Ha oui, la bataille.
Il avait protégé la fée.
Son épée s’était brisée, sa douleur venait de ça :

-Ne me touche pas. Dégage. Grogna-t-il à l’encontre de la jeune femme. Laissez-moi, tous.

Un ordre, un ordre qui ne se voulait pas contre dit, mais qui pourtant - au vu de son état - laissait largement supposer qu’il ne pourrait pas se rebeller en cas de non accord.
Plongeant alors son regard dans ceux son amie, il l’implora presque :

-Donne-moi le droit, laisse-moi mourir.

Puis il ferma doucement les yeux en priant pour qu'elle accepte.

Soya fut brusquement écartée lorsqu'Isas se redressa soudainement pour chercher de l'air. Un soulagement intense se peignit sur le visage de la fée, qui, depuis qu'elle tentait de faire reprendre la respiration de l'elfe, avait oublié la sienne. Tandis qu'Isas retombait sur le dos la jeune femme se rapprocha, prête à reprendre la guérison des blessures moins alarmantes. Elle s'aperçut qu'elle tremblait de tous ses membres.

-Ne me touche pas. Dégage. Laissez-moi, tous.

Soya se figea. Bien que cette réaction n'était guère surprenante de la part d'Isas, il semblait à la fée que quelque chose clochait. Puis elle croisa le regard de l'elfe.

-Donne-moi le droit, laisse-moi mourir.

La jeune femme dévisagea Isas sans comprendre, vaguement choquée. Son regard tomba alors sur la main du guerrier, crispée sur son...
Sur ce qui restait de son épée.
Soya comprit. Pourtant, elle secoua la tête.

"Jamais."

D'une main ferme, la jeune femme plaqua Isas au sol et reprit ses soins.

"Jamais."

Sa voix tremblait. Elle n'aurait su dire si c'était de rage ou de dépit. Lorsque ses yeux ambrés se reportèrent sur le visage de l'elfe, ils étincelaient d'une colère difficilement contenue.

"Est-ce que tu comprends seulement ce que tu me demandes ? Est-ce que tu saisis bien à qui tu le demandes ?"

Elle avait presque crié. Empêchant toujours Isas de bouger, la fée le maintenait sous le feu de son regard, inhibant toute échappatoire.

"Est-ce que tu te rends compte dans quelle situation tu me mets ? Mais non. On échange les rôles. Laisse-moi jouer à l'égoïste, pour une fois. Je n'ai pas envie que tu meures, et je ne te laisserai pas mourir ! Bon sang, tu me mets tellement en colère que si tu n'étais pas aussi blessé, je te giflerais !"

D'un geste rageur, la jeune femme essuya les larmes qui commençaient à perler au coin de ses yeux.

"Imbécile !"

Ayant fini la guérison, Soya s'écarta, toujours sous l'emprise d'une colère qu'Isas ne comprenait peut-être pas.

"Depuis quand baisses-tu les bras au moindre coup dur ? Si c'est ce que tu es devenu, soit. Libre à toi de te faire hara-kiri si ça te chante, mais pas devant moi !"

Désignant d'un geste Ingwë et Isïl, la jeune femme ajouta :

"Et pas devant eux !"

Remit brusquement à terre, Isas grimaça. Mais était-ce seulement sous le coup de la douleur ? Le refus de la fée y détenait certainement une part…

-Je n’ai pas le choix ! Tu es la seule ici ! Tu es … La voix de l’elfe mourut.

C’était un combat échoué d’avance, il le savait. Et même si en temps normal il aurait continué, se serait jeté dans la bataille à corps perdu en se doutant du résultat, il n’était aujourd’hui que l’ombre de lui-même.
Une ombre…
Non !
Isas ne voulait pas être une ombre !
Il se cambra, chercha une dernière fois à échapper aux mains de la fée alors qu’une brusque bourrasque de vent déstabilisait les vies présentes.
Il savait qu’il avait tort.
Mais même n’ayant pas le droit de dire ceci devant Ingwë, que pouvait-on exiger d’une personne dont l’âme venait de se diviser ?
Certainement pas du bon sens.
La souffrance était à présent moins lancinante, si l’esprit de l’elfe était encore tourmenté, au moins son corps commençait-il à se reposer :

#Isas…# Tenta vainement le griffon.

-Ne me donne pas d’ordre !

Les yeux fous, ledit se roula peu à peu en fœtus, espérant probablement se protéger du monde extérieur :

-Laissez-moi. Supplia-t-il presque. Allez-vous en…

Après ce qu’avait dit Soya ?
Voulait-il se finir avec ce qui restait de son arme ?
Sa vision devint trouble…
Ingwë, lui, n’aurait pu avoir l’air plus triste.




-Viens mon tout beau, viens mon chéri.

Un petit garçon, les cheveux noirs, des yeux de chat vert, couru vers une femme à la grâce sans nom. Cette dernière, le visage aussi doux que du velours et aussi délicat que la soie prit dans ses bras le petit bout :

-Mon enfant, comme je t’aime. Qui t’as fais ça ? Finit-elle par lui demander en lui caressant le visage.

Le jeune Isas, assit sur les genoux de sa mère porta la main à la cicatrice lui barrant la joue :

-On été battre des salo*, des ennemis du clan de l’air. Rectifia le garçon sous le regard dur de sa mère. On les a écrasé, mais mon adversaire à réussi à me toucher avant que je ne le tue.

Une ombre de tristesse passa sur le visage de la mère à ce mot. Son enfant, son bel enfant était si jeune, si jeune et portait déjà la mort. Le serrant dans ses bras elle écouta cependant son récit en souriant.


-Maman j’ai un petit frère !

-Oui je sais mon chéri. Je sais…

Ne pas lui montrer, ne pas lui dévoiler sa douleur. C’était son bébé, son petit protégé. Oh mais comme elle en voulait à son époux ! Elle l’aimait, elle l’aimait de tout son être, de toutes les fibres de son corps ! Qu’en était-il de lui ? Lui qui l’avait trompé et fait avec une autre un petit bâtard ?
Elle sourit à son fils, seul reste de l’amour passé :

-Tu devras être gentil avec lui Isas.

-Je le serais ! Tu verras ! C’est moi qui le protégerai quand il ira au combat. Je serais tout le temps avec lui !

-Mais tu continueras de venir me voir n’est-ce pas ?

-Oui maman. Répondit-il en se jetant dans ses bras. Parce que tu es la plus belle et la plus gentille des mamans !

Cette dernière sourit.
Dieux, faites que son fils, lui, ne perde cette jamais cet amour…


-Vous m’avez appelé mère ? Interrogea Isas.

L’adolescent souleva d’une main le pan de la tente et attendit que la femme en forme de déesse ne l’aperçoive :

-Oui, mon chéri. Allez rentre. Mais n’oublie pas ce que je t’ai dis ! Ici tu n’es plus avec les autres. Ici tu es mon fils et rien d’autre que mon fils !

-Oui maman. Capitula-t-il en s’approchant.

- Regardes. As-tu oublié la date de ton anniversaire ? J’ai un cadeau pour toi.

Curieux, l’elfe s’avança encore.
Qu’était-ce ?
C’était petit.
Rond.
Brun et blanc, un peu de jaune.
Doux…

-C’est… ?

La mère hocha la tête :

-Oui. Ton plus grand allié en ce bas monde. Plus encore que ce katana que tu as forgé de tes mains.

La petite boule ronde se mit alors en mouvement.

-Kyyyk. Emit-elle disgracieusement en relevant la tête.

-Sa mère a été tuée par un dragon. C’est donc à toi de l’élever maintenant.

Mais qu’importe ce manque d’élégance ! Isas s’assit près d’elle, souleva le minuscule petit griffon alors que ses ailes ridicules s’agitèrent en tout sens, puis le déposa sur ses genoux :

-N’aies pas peur petit être. Je m’appelle Isas. Je suis ton ami, et toi tu seras… Ingwë.

Comme en accord avec ce choix, le bébé se roula de nouveau en boule et s’endormit en toute confiance contre son nouvel ami…


#Derrière toi !#

Isas se retourna d’un bloc et perfora le thorax de son adversaire d’un coup d’épée.
Et voila le travail !

#Surtout ne me dit pas merci !# S’exclama le griffon chiot en sautant sur la tête de son camarade :

-Arrêtes tu me griffes. Eut-il pour seul réponse.

Commença alors une chamaillerie bon enfant subitement interrompu par une voix grave :

-Isas.

Ce dernier se raidit, se retourna en laissant Ingwë joué tout seul. Il se sentit un peu stupide d’ailleurs :

-Tu as fais du beau boulot.Rentrons maintenant.

-Oui père. Dit-il en inclinant le buste et en angageant ses pas sur les siens.

# Bah! Et notre jeu? #

-Plus tard Ingwë, plus tard.

# Et nyanyanya !#

#Ingwë !#

# Ton père m’exaspère, il se la pète.#

# Tu lui dois le respect.#

# Je respecte qui je veux d’abord !#




Quand Isas ouvrit de nouveaux les yeux, le soleil était haut dans le ciel et ses membres beaucoup moins douloureux. La douleur de son âme était toujours présente, mais là aussi il semblait s’y être habitué :

-Que s’est-il passé ? Où suis-je ?... J’ai dormi longtemps ?


HJ/ Pas trop d’inspi donc je me suis laissée guidé. Je n’ai pas beaucoup avancé mais en même temps je le vois mal galopé partout dans cet état ^^’. Ça te va ?

-Laissez-moi. Allez-vous en…

Jamais Soya n’aurait cru voir un jour Isas dans un tel état. Lentement elle se recula, allant s’adosser à un arbre proche hors du champ de vision de l’elfe. Isïl vint la rejoindre et s’allongea aux pieds de son amie. La jeune femme lui entoura l’encolure de ses bras.

# Il ne va vraiment pas bien, hein ? #

La fée posa sur Isas un regard qu’elle aurait aimé inexpressif.

# Il était dix fois plus lié avec son arme que je ne le suis avec Fëawen Essin. Je m’en suis rendue compte à ses paroles. Il se sentait si mal d’être en désaccord avec sa lame… C’était comme s’il était en désaccord avec lui-même. #

Silence.

# C’est pire que de perdre un proche. Une partie de lui s’est brisée avec son arme. #

Isïl ne répondit rien. Pourtant, Dieu sait qu'elle aurait aimé répliquer qu'une partie de Soya s'était brisée aussi, il y avait trois ans, et qu'elle s'en était relevée... Mais il n'était pas bon de rappeler à la jeune femme cette part de sa vie. Alors, la pyrocorne se tut.

# Isïl... Je commence vraiment à être fatiguée. La guérison, entre autres... Tours de garde ? #

# Tours de garde. Dors, ma belle. Je prends le premier. #

La fée ne se fit pas prier et ferma les yeux. Bientôt elle s'endormit, blottit au chaud contre le flanc d'Isïl.

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-Que s’est-il passé ? Où suis-je ?... J’ai dormi longtemps ?

Soya ouvrit un oeil somnolent. Elle avait commencé son quatrième tour de garde il y avait déjà un certain temps, et la fatigue l'avait rattrapée. Jetant un coup d'oeil à la frondaison, la jeune femme réprima un baillement et répondit :

"Une quinzaine d'heures. Quant à tes deux autres questions... je pense qu'il est préférable que ce soit toi qui t'en souvienne."

Isas ferma les yeux.
Fouilla son propre corps.
Cette déchirure horrible au fond de lui. Cette partie qui lui manquait…
Soupir.
Rouvrant les yeux il tenta de se redresser.
Un instant il hésita.
Son corps hurlait de douleur. Ses cicatrices encore fraiches se faisaient une joie de le ramener à la réalité.
Effondre-toi ! Semblaient-elles lui hurler.
La tête de cochon de l’elfe lui fut alors certainement d’une grande aide.
Je ne céderais pas !
Refus.
Volonté !
Grimaçant Isas fini ainsi par se remettre sur son séant.
Pfiouuuu.
Respire.
Avisant sa main tenant encore fermement l’épée brisée, l’elfe tenta de la lancer au loin. Piètre essai qui atterrit guère plus loin que ses pieds, mais qui lui donna l’impression de s’arracher le bras.
Douleur.
Colère !

#Isas tu vas bien ? # Interrogea le griffon.

-Ne t’approche pas ! Je pourrais te tuer. Reprit l’elfe sur un ton plus bas. Ne m’approchez simplement pas… J’ai l’impression de ne plus avoir d’âme…

Même ses sens paraissaiet affaiblis.
La forêt...
Où était sa vie?
Où était sa présence?

-Ne t’approche pas ! Je pourrais te tuer. Ne m’approchez simplement pas… J’ai l’impression de ne plus avoir d’âme…

Isïl échangea un regard avec Soya. Celle-ci écarta les mains avec fatalisme. La détresse, la douleur se lisait dans ses yeux ambrés.
C'était trop pour la pyrocorne. Faisant fi de l'interdiction de l'Isas elle s'approcha de l'elfe noir, faisant en sorte que ses pensées ne soient audibles que pour lui.

# Hé, le guerrier sanguinaire... #

Isïl baissa la tête, son regard sombre planté dans celui du jeune homme.

# Je veux bien croire que perdre une partie de son âme soit douloureux, mais d'autres que toi ici ont subi au moins pire... Et se sont relevés. #

La pyrocorne tentait le tout pour le tout. L'effleurement d'une corde sensible de l'elfe dont Soya n'avait même pas conscience.
Elle-même.

# Regarde-la, la rare que tu tolères à tes côtés ! Regarde-là, celle qui a sauvé Ingwë, celle qui s'est battue pour que tu vives ! Son âme à elle, on lui a prise. On lui a prise, on l'a marquée à jamais, comme son épaule -scène dont tu as été témoin, souviens-toi !- et on lui a rendu en la laissant pour morte. Je ne suis pas sûre que tu puisses avoir conscience des dommages irrémédiables qu'on lui a causé, visibles ou invisibles. Tu en a vu certains. Si tout se passe comme je l'espère, tu comprendras le reste. Et pourtant, elle est debout. #

Pause. La voix d'Isïl se fit presque suppliante.

# Alors pour elle, fais de même ! #

Plein de hargne et de colère, Isas jaugea la pyrocorne d’un œil mauvais.
Tous ses efforts pour être plus gentil, plus abordable, s’étaient irrémédiablement envolés :

-On lui a pris son âme dis-tu ? Si cela était vraiment le cas elle ne serait pas là aujourd’hui, ou du moins ne serait pas ainsi. Je peux reconnaitre qu’elle a souffert, que sa fierté en a pris de sérieux coup, que sa dignité est été bafouée, que souffrance a pu prendre possession de son corps. Elle a pu se sentir humiliée, trahi ou tout autre chose que tu souhaites. Mais on ne lui a pas pris son âme. Je n’en ai perdu qu’une partie, mais je sens mon corps se consumer de lui-même, je ressens la difficulté de rester en moi-même. Un relâchement de ma part et mon esprit s’envolera pour disparaitre et retrouver le morceau que j’ai perdu en perdant Anfauglith.

Un silence pesant régna entre les arbres :

-Qui sait ? Peut-être deviendrais-je finalement ce que l’on nomme « ombre » ou encore « esprit ».

La mort…
Une douce mort, ou la violence et la haine d’un mort vivant ?
Isas s’en fichait.
S’il ressentait encore une animosité au plus haut point pour son arme, il s’enveloppait à présent d’une couche de fureur qui interdisait quiconque d’approcher.
Vengeance !
C’est ce que lui hurlait son corps foudroyé de douleur. Qu’on arrête ! Que cela cesse ! Chaque fois que ce sentiment l’avait envahi, l’elfe avait toujours réglé ce problème en tuant. Sentir sa lame, ses mains couvertes de sang avait de quoi l’apaiser.
Plus que tout il voulait tuer !
Or s’offrait devant lui de magnifiques proies… Des proies que son subconscient lui interdisait de toucher. Emparant subitement son crâne de sa main, il grimaça tandis qu’il luttait contre son envie primaire.
Les yeux fous, des gouttes de sueur perlant à son front, Isas les observa une nouvelle fois, recula… :

#Isas ?# S’inquiéta son plus fidèle ami.

Un grognement rauque sorti de la gorge du guerrier :

-Partir… avant de perdre complètement la raison.

Sa main tremblait.
Se contenir !
A tout prix !
Il le devait !
La seconde d’après l’elfe avait disparu. Seules quelques petites feuilles voletant dans les airs témoignaient de se départ si rapide…

Isas courait. Elles furent rares les fois où il allait aussi vite. Mais son désir de sang l’effarait lui-même. Ce n’était même pas l’envie de trouver un adversaire à sa taille, de le combattre, de sentir l’adrénaline emplir ses veines, de se sentir en vie.
Non, il voulait juste du sang.
Une biche !
Se ruant sur elle, la pauvre ne comprit pas qu’on lui retourna la tête, qu’on la mordit à sang et que ce dernier recouvrit en parti le corps de son assassin.
A côté, le bébé demeura immobile. Que se passe-t-il ? Maman ! Que dois-je faire ?! Jamais il n’eut de réponse et jamais il n’aurait pu l’entendre. Propulsé à la vitesse de l’éclair, sa tête explosa contre le tronc d’un arbre.
Nul apaisement chez Isas.
Tombant à genoux, il hurla, hurla tout son soul, oublia sa douleur, cria, cria sa haine envers lui, envers le monde. Cria encore !
Peu à peu son front se colla à la terre. Une immense bourrasque de vent se créa autour de lui et chassa les alentours avec une violence inouïe. Même Soya, Isil et Ingwë (pourtant loin) durent la percevoir avec une force étonnante.
Des arabesques de bois surgirent alors de la terre et enveloppèrent avec douceur le corps roulé en boule de l’elfe. S’enroulant autour de lui, une énorme boule de bois apparu soudainement au cœur de la forêt.
Repose-toi Isas.
Repose-toi… et viens me voir quand tu seras prêt. Souffla une voix inconnue.



HJ/ Je suppose qu’ils se quittent là ?
A la base je voulais faire un rp avec quelqu’un avant qu’il se retrouve, mais finalement je crois que non ^^’. Trop dangereux je pense 

Aux paroles hargneuses, haineuses même, d'Isas, la pyrocorne sentit son sang flamber. Les yeux étincelants, les naseaux fumants, elle se cabra devant l'elfe noir, ses sabots tranchants passant à quelques millimètres de son visage.

# Qu'est-ce que tu peux savoir de ce qu'elle a subi ?! Que sais-tu de Soya ? #

Ladite Soya, ne pouvant pas entendre les paroles de l'une ni de l'autre, ne comprenait pas ce qui se déroulait sous ses yeux. Elle sentait la fureur de son amie sans en saisir la raison. Elle sentait l'aura devenue meurtrière d'Isas, qui soudain, malgré ses blessures, bafouilla quelques paroles inintelligibles et s'enfuit en courant, rapide comme le vent, laissant sur place un griffon interloqué, une pyrocorne toujours furieuse et une fée complètement désemparée. Celle-ci se tourna vers Isïl.

# Qu'est-ce que tu as bien pu lui dire ? #

La jument fixait à présent l'endroit d'où avait disparu le guerrier, écumante.

# J'ai voulu le mettre face à une vérité qu'il ne veut pas comprendre, cet imbécile ! #

La jeune femme étudia son amie du regard sans saisir la vérité dont il était question. Perdue, soudainement très lasse, elle finit par se détourner et s'approcha d'Ingwë.

'Hé, Ingwë... Qu'est-ce que tu comptes faire ? Essayer de le retrouver ? Ou souhaites-tu rester avec nous, le temps... le temps qu'il s'en remette ?"