« Arrogant, répugnant, pervers, vicieux, sadique, immonde, j’ai dit immonde ? Je voulais dire une immondice, ordure, misogyne, un sale, sale, sale… un salopard, qui OSE me demander… »

# Soya, Soya, supplia Isïl, désolée, calme-toi ! #

La jeune femme tourna un regard flamboyant vers la pyrocorne qui eut un mouvement instinctif de recul.

« JE SUIS CALME !!! »

Isïl préféra ne pas relever.
Jamais elle n’avait vu son amie aussi furieuse…

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« Alors, c’est vous… La ‘dirigeante’. »

Soya darda un regard noir d’une ironie peu engageante sur le démon qui lui faisait face.

« Je ne peux pas voir les guillemets dont vous avez affublé le mot dirigeante mais étrangement, je les imagine parfaitement. »

L’homme haussa un sourcil et fit signe à la jeune femme de s’asseoir. Il la détailla de haut en bas, un petit sourire appréciateur sur son visage.

« Ma surprise est justifiée… Ici, on n’imagine pas une femme - surtout une femme aussi désirable que vous - au pouvoir, voyez-vous. »

« Ah, vraiment ? Eh bien, je vais vous faire une fleur. N’imaginez plus : vous m’avez en face de vous. Puis-je savoir pourquoi vous m’avez convoquée ? »

Le démon appuya son dos sur le dossier de son fauteuil, son sourire s’élargissant. La froide répartie de la fée l’enchantait. Il se passa la langue sur les lèvres, une lueur malsaine dans le regard.

« Vous en venez au fait, très bien. Sachez dans ce cas que plusieurs de mes sujets ont aperçu une femme -une femme rousse, hautaine, semblant très riche- en compagnie d’un ange. »

Cette fois, Soya en était certaine : elle allait définitivement étrangler Yarel.

« L’ange semblait être son esclave… Semblait. Car l’on a recherché cette femme, et nulle part elle n’est plus réapparue. Son mari, son manoir, les rumeurs qu’il y avait sur elle… Tout cela était faux. En réalité, on pense qu’elle a aidé l’ange… Certains disent même… Oh, mais je ne veux pas vous accuser… »

Soya se pencha en avant, ses yeux ambrés plantés dans le regard de braise du dirigeant des Ténèbres.

« Si, vous le voulez. En vérité, c’est exactement ce que vous recherchez. Alors ne prenez plus de gants, allez-y : qu’est-ce que ‘certains’ disent ? »

Le démon sourit. Définitivement, la tournure que prenait la situation lui plaisait.

« Certains disent même que cette femme serait un espion à la solde du clan de la Lumière… Votre clan, si je ne m’abuse. »

La jeune femme esquissa un sourire ironique.

« Un espion à ma solde, dites-vous ? Voyons, mes actions ne sont pas aussi méprisables que les vôtres. Qu’est-ce qui vous prouve que cette femme n’a pas tout simplement tué l’ange, comme il est de coutume de faire sur vos territoires ? »

La main du dirigeant se détendit brusquement. Avant que la fée ait pu faire un seul geste, le démon l’avait saisi par son collier et avait amené son visage à quelques centimètres du sien. Soya pouvait sentir son haleine de chair surie et de soufre.

« Méprisables, hein… Une preuve, une seule preuve que cette femme fait partie de votre clan, et je ne donne pas cher de votre peau. En attendant, un seul autre écart de votre part ou de celle de vos sbires, et du sang coulera. Et… »

Le démon s’interrompit. Une grande silhouette encapuchonnée s’était soudainement approchée de lui et lui murmurait à l’oreille. Soya plaqua brutalement sa main sur son épaule droite. La marque s’était mise à la brûler.
La marque.
Un frisson de peur parcourut l’échine de la jeune femme.
Lui…
Mais l’homme s’était déjà fondu dans l’ombre.

« Mon conseiller, reprit le démon en désignant l’endroit où celui-ci avait disparu avec un sourire, m’a exposé son avis selon à quel point gâcher votre sang serait regrettable… Aussi vais-je vous laisser partir sans dommage. »

Soya haussa un sourcil surpris. Le dirigeant se leva, l’invitant à faire de même. La jeune femme lança au démon un regard de bête traqué.
Elle sentait venir le piège.
Il lui tendit la main…

« Sans rancune, chère dirigeante ? »

Puis brusquement, l’attira à lui en un baiser brutal, bestial. La fée se dégagea brutalement et recula vivement, refoulant la nausée qui montait en elle. Le démon eut un grand sourire, dévoilant des dents acérées.

« Au prochain écart, je réclamerai plus qu’un baiser… ou la tête de celui en tort. Mais je ne doute pas qu’en dirigeante irréprochable, vous n’hésiteriez pas à vous sacrifier pour sauver l’un de vos sujets… »

Le rire de l’homme la suivit jusqu’à l’extérieur du bâtiment, alors que Soya s’éloignait à grands pas, presque en courant.

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« Marre ! »

La jeune femme frappa du poing contre un tronc d’arbre, s’écorchant les phalanges.

« Pourquoi je l’ai laissé faire ? Quand suis-je devenue aussi faible ? Je n’ai pas bougé… Je n’ai pas bougé, alors que j’aurais pu me saisir de Fëawen Essin, le tuer, et, pendant que j’y étais, tuer son putain de conseiller ! Pourquoi je ne l’ai pas fait ? »

# Parce que, contrairement à autrefois, la vie de milliers de personnes sont entre tes mains, exposa calmement Isïl. Tu es la dirigeante d’un clan, Soya. Tu as exercé ce qu’on appelle de la diplomatie, pour protéger ton peuple. Tu as agi comme il le fallait. #

La fée se mordit la lèvre s’y fort qu’une goutte de sang y perla. Sa main se crispa sur son épaule.

« Et lui, lui… Qu’est-ce qu’il faisait ici ? »

# Il te terrorise toujours autant ? #

Soya ne répondit pas.

# Pardon. Question stupide. Mais moi, ça ne m’étonne pas qu’il soit dans le clan des Ténèbres. Encore moins qu’il soit le ‘conseiller ‘ du dirigeant. Un être aussi malfaisant ne pouvait qu’accéder à ce titre. #

« Et rêver d’une seule chose, murmura Soya. Devenir dirigeant à la place du dirigeant… »

La jeune femme serra le poing.

« Pourriture… »

Son amie, navrée, regarda autour d’elle.
Quelque chose, quelqu’un pour la calmer !

Dorée, noir, blanc, vert.
Flou.
S’octroyant une promenade à une vitesse irréelle, un elfe et un griffon filait plus vite que le vent droit devant eux.
Vite, encore plus vite, toujours plus vite.
Isas devait passer ses nerfs, s’épuiser un peu pour se calmer.
Pour tout dire, ce fut Ingwë qui avait eu l’idée d’une course. La vue de son ami s’échauffant à vu d’œil à cause d’un katana avec lequel il ne pouvait plus parler, le griffon était immédiatement intervenu. Un Isas en colère n’était jamais bon à garder au chaud.
Se défouler, courir sans d’autre but que s’essoufler, voila ce dont ils avaient besoin pour le moment… Et l’elfe l’ayant bien compris, ressentant le besoin de se changer les idées, avait accepté.
Bandant ses muscles, il accéléra encore, laissant son compagnon sur place. Jouant de son agilité pour éviter les arbres qui se dressait à présent face à lui et …
Des arbres ?
Depuis combien de temps étaient-t-ils dans une forêt ?
Si Isas ralentit un instant, il reparti tout aussi vite. Le but était de se défouler non ? Il faudra traverser bien plus qu’une petite forêt dans ce cas.
Emporté dans son élan, il failli percuter de plein fouet des obstacles non naturels.
Qu’est-ce que ... ?
Freinant des quatre fers, l’elfe dérapa devant eux sur plusieurs bon mètres avant d’effectuer un arrêt complet.
Silence, puis… :

-Soyalova ? Fit-il surpris. Qu’est-ce que tu fais ici ?

Et cet air à moitié en colère, agacé tout du moins, c’était quoi ?
Sa faute ?

-Ça ne va pas ? Demanda-t-il probablement sous le choc de s’intéresser sincèrement à une personne autre que lui ou Ingwë.


HJ/ Olalalalala mais quelle coïncidence!!! ^^" Bon l'excuse est un peu (beaucoup) nulle, mais au moins ils se sont trouvés ^^"

-Soyalova ? Qu’est-ce que tu fais ici ?

Cheveux de jais, yeux de chat.
La jeune femme écarquilla les yeux.

"Isas ?"

Qu'est-ce qu'elle faisait ici ? Eh bien, disons qu'elle passait sa colère sur les arbres ? Sauf que sur le moment, Soya ne savait pas vraiment quoi répondre ! Elle pourrait d'ailleurs lui retourner la question...

-Ça ne va pas ?

Et évidemment, il fallait qu'il tombe sur elle dans un moment pareil... La fée eut un sourire forcé.

"Mais si, tout va bien dans le meilleur des mondes, comme on dit. Je..."

# En réalité, pas vraiment, intervint Isïl à l'intention d'Isas et d'Ingwë. Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais Soya... #

"Isïl !!!"

La jeune femme avait hurlé. Son amie s'interrompit, confuse, tandis que Soya se prenait la tête entre les mains.

"Non mais vas-y, ne te gêne pas, crie sur les toits ce que je suis devenue et les problèmes qui ont été causés par ma faute depuis que j'en suis arrivée là ! Et pourquoi pas leur demander leur avis sur la diplomatie dont j'ai fait preuve ? Je suis sûr qu'Isas serait merveilleusement compréhensif !"

La pyrocorne tiqua. Elle avait oublié la philosophie de l'elfe.
Si tu ne me plaîs pas, je te tue. Rapide et efficace. Et mettre des milliers de gens en danger par cet acte ne devrait pas lui poser de problème...
La fée soupira longuement et se massa les tempes. Découragée, elle se laissa tomber au pied d'un arbre.

"Désolée. Vous n'êtes pas censés subir ma mauvaise humeur. C'était totalement injustifié."

Elle adressa un bref sourire au guerrier.

"Je suis heureuse de te revoir, Isas."

Avisant Ingwë, qui avait maintenant la taille d'un petit chien, la jeune femme se releva et le prit dans ses bras.

"Et toi aussi, boule de plumes à pattes ! Alors, raconte : qu'est-ce qu'Isas a fait comme conneries, depuis tout ce temps ?"

HJ/ Hum Ingwë n’était pas encore arrivée, mais bon on va dire que si du coup ^^’

Isas ne pipa mot durant la mini crise de colère de Soya.
Whoua… non ça n’allait pas fort apparemment :

-… " Je suis sûr qu'Isas serait merveilleusement compréhensif !"

Ce dernier tiqua.
Hé ho, il était juste devant au cas où elle l’avait oublié… S’apprêtant à tourner les talons, n’ayant guère envie de s’en prendre plein la figure par une personne qu’il ne pouvait pas tuer, il stoppa néanmoins son geste quand elle présenta ses excuses.
Au moins avait-elle le mérite de reconnaitre ses torts. Avec un haussement de sourcil évocateur il répondit :

-Moi aussi… jusqu’à il y a un certain moment.

Mais l’ironie de sa phrase fut atténuée par le sourire qu’il lui offrit.
De son côté, ronronnant comme un petit chat, le griffon se pelotonna contre la jeune femme en lançant un coup d’œil appuyé à l’elfe :

#Tu es jaloux hein ? Dis pas le contraire j’en suis sûr !#

Tiens donc… ça ne lui avait pas manqué ça par contre. Isas soupira :

-Pas vraiment non. Répliqua-t-il las.

Sa répartie incita alors le petit animal à plisser les yeux et à l’observer plus attentivement :

# Maintenant j’en suis certain. Tu es gay !#

…

-Soyalova. Aurais-tu l’amabilité de le reposer par terre que je puisse le découper en morceaux, s’il te plaît ?

Il posa la main sur la garde de son katana. Pour qui ne le connaissait pas, la menace semblait très réelle :

# NAN ! Soya, me lâche pas ! Je n’ai jamais mis ta loyauté en doute ! Ne me trahis pas maintenant !# S’exclama-t-il en cherchant à s’enrouler autour de son cou.

Toutefois geste et paroles devinrent contradictoire lorsque la petite bête sauta d’elle-même sur le sol. Zieutant un instant l’elfe, il rétorqua en plaisantant :

# De toute façon tu pourrais y arriver avec ton bout de ferraille ?#

Isas le fusilla littéralement du regard et employa le ton le plus glacial qui lui était donné :

-Sans aucun problème.

Oups, le griffon venait de faire une boulette :

# Hum !# Se reprit-il vivement en reportant son attention sur la fée. #Alors … petit récapitulatif… Oh ! Tu seras surprise, c’est qu’il fait des progrès le bonhomme ! Il a sauvé une demoiselle en détresse !#

-On était dans un marais et j’ai juste accepté le défi du monstre. Grommela l’intéressé.

# Bon ils ont failli se taper dessus plein de fois aussi. # Admit-il. # C’est qu’elle avait un sacré caractère la bougresse… Sinon il a raccompagné une tarée du ciboulot qui faisait « Abregeblblblbe » tout le temps, chez elle. Il s’est fait un copain aussi psychopathe que lui. Euh… Je crois avoir fais le tour. Et toi ? Dis moi combien de lumière as-tu distribué dans le monde ces derniers temps ?#

Isas fronça les sourcils.
De quoi parlait-il ?

# Isas j’en étais sûr ! Tu le savais pas ! Mais préoccupe toi de ce qui t’entoure des fois bon sang !#

-Mais quoi ?!

#Bah vois-tu… la mistouflette …#

-Mistouflette ?

# …Qui se tient devant toi et devenue dirigeante du clan de la lumière.#

-…

*et les oiseaux se mirent à chanter.*

-…

*pioupioupiou*

-…

*et … BON ISAS DEBOUT !!!*

-Quoi ?

Il le regarda, incompréhensif :

-Comment tu fais pour toujours être au courant de tout et pas moi … alors qu’on est toujours collé l’un à l’autre ?!

# La différence grand benêt, c’est qu’il y en a un des deux qui tend l’oreille, ou tout simplement qui écoute quand on lui parle.#

Et vlan. Isas se rembrunit :

-Félicitation alors, ma dame. Se moqua-t-il gentiment.

# Tu as l’air d’une sincérité quand tu dis ça … j’en aurais presque peur...#

-Félicitation alors, ma dame.

Soya eut un pâle sourire.

"Félicitations, hein... Attends de voir les problèmes que je m'attire depuis que je suis au pouvoir. Voyons..."

La jeune femme leva les yeux au ciel et fit mine de réfléchir.

"Personne ne me fait confiance parce que je suis une femme, trop jeune, trop insouciante, trop inexpérimentée ou encore parce que celle qui a failli devenir la réincarnation d'un démon n'a rien à faire dans le clan de la Lumière. Ma mère est venue me demander des comptes et réclamer ma place. J'ai de moins en moins de liberté de mouvement, je suis à mon humble avis une dirigeante déplorable... Quoi encore ?"

Se rappelant le pourquoi de sa colère d'il y a quelques minutes, la fée esquissa un sourire ironique.

"Ah ! Oui. Une bagatelle. Le dirigeant du clan des Ténèbres joue avec moi, profite de la faute d'un ange du clan de la Lumière pour tenter de prendre le plein pouvoir sur moi, m'adresse un ultimatum plutôt embarrassant, ultimatum soufflé par son conseiller, une vieille connaissance. D'ailleurs, tu le connais aussi."

Soya désigna d'un mouvement de tête son épaule enrubannée, la blessure magique refusant toujours de cicatriser.

"Tu te souviens ? Woodan, un soir, une auberge, tu es entré dans ma chambre et tu l'as vu, qui venait de me faire ça."

La jeune femme ne précisa pas que quelques heures auparavant, il était également entré dans sa chambre -sans frapper- et l'avais surprise à moitié nue... Ce n'était pas vraiment le sujet de l'histoire, et elle ne voyait pas pourquoi elle rappelerait ce souvenir à Isas. Bref.

"Il est devenu le plus proche du démon des Ténèbres, ce qui fait que je ne peux plus l'approcher sans frôler l'incident diplomatique, et le tuer devient hors concours. De toute manière..."

Soya se tut.
De toute manière, serais-je vraiment capable de le tuer ?

"En bref, rien de bien important, conclua-t-elle avec ironie. Puis, changeant de sujet et se tournant vers Ingwë : Une demoiselle en détresse dis-tu ? Et tu n'as pas essayé de les caser ensemble ? Cela m'étonne, venant de toi."

Quoique cela ne lui déplaisait pas...
Allez savoir pourquoi.

# Ma foi j’ai tenté un petit peu… Mais tu connais l’énergumène…#

Haussant ses épaules emplumées, il se tourna vers son compagnon qui … :

# Qu’est-ce que tu fais ? # Demanda le griffon surprit. # Tu repars déjà ?#

L’elfe soupira :

-Tu l’as entendu non ? Il y a un homme non loin d’ici qui mérité la mort… et à qui elle ne peut pas l’offrir pour cause de problèmes diplomatiques. Tu veux que te dises. Ajouta-t-il à l’intention de la fée. Penses un peu plus à toi que les autres, car ils ne te le rendront pas.

# Isas… Tu es entrain de me dire que tu te diriges de ce pas vers la capital des ténèbres pour aller tuer de sang froid un type dont tu ne sais rien. Ni le visage, ni l’odeur, ni sa silhouette. Sans plan, sans aide extérieur et avec la quasi certitude de te faire tuer après… quand bien même tu arriverais jusqu’à lui !#

Même aux yeux d’Ingwë. Son geste paraissait stupide :

# Je veux bien croire que tu sois subitement devenu gentil.# Renchérit-il. # Mais je te signal au passage qu’il y a une différence entre gentil et idiot !#

Isas soupira et se retourna :

-Tu restes ici, avec Soyalova…

# Tu ne sais même pas où il se trouve en ce moment !#

-…Je reviendrais plus tard.

# ISAS !#

-INGWE !

Silence. L’elfe en profita pour continuer :

-S’il y a bien une personne sur tout Endora qui mérite mon respect. C’est Soyalova…

# C’est gentil pour Isil…#

-… C’est pourquoi ce qu’elle ne peut pas faire. Je le ferais pour elle… Et les animaux sont différents. Ils ont tous mon respect.

# Ooooh… en fait tu y tiens au respect de la demoiselle sous tes airs de macho.#

L’elfe poussa un profond soupire et tournant les talons, il s’enfonça dans la forêt :

# Euh Soya. Si tu penses qu’il doit y aller et qu’il peut le faire… je veux bien le laisser filer. Mais ça serait bien que tu le brief un minimum avant quand même. Sinon… s’il te plait aide-moi.#

Sa voix avait fini sur une note plaintive, un petit peu aigue.
C’est qu’il y tenait à son asociale.

# Euh Soya. Si tu penses qu’il doit y aller et qu’il peut le faire… je veux bien le laisser filer. Mais ça serait bien que tu le brief un minimum avant quand même. Sinon… s’il te plait aide-moi.#

"Isas."

Les yeux ambrés de la jeune femme était fixés sur le dos de l'elfe, qui s'éloignait déjà.

"Même toi, tu n'as aucune chance de le battre. Alors s'il te plaît, laisse tomber."

Sachant que cela ne satisfairait pas le guerrier, Soya ajouta, avec réticence :

"Pour l'instant."

Cela eut au moins le mérite de faire stopper Isas. La fée ignorait si elle devait être reconnaissante ou irritée de son geste, en ce moment oscillait entre les deux.

"Je sais que tu considères avoir une dette envers moi... Mais cette dette a été déjà réglée depuis longtemps. Et si tu souhaites à ce point continuer de m'être redevable... alors commence déjà par cesser de m'appeler par mon prénom en entier !"

Car c'était qu'il y tenait ! Ce n'était pas pour rien que Soya trouvait ce prénom détestable... en particulier parce que c'était sa mère qui l'avait choisi.

"Et ce n'est pas ton combat."

Elle savait que cet argument aurait du poids, pour Isas. Nul guerrier n'aime qu'un autre interfère dans son combat.

"Pour l'instant, je ne peux pas le battre... Mais un jour, tôt ou tard, il fera une erreur. Et alors je serai là, pour lui rappeler ce qu'il m'a fait subir. Tu n'as aucune idée de la haine que j'éprouve envers cet homme, et de l'envie que j'ai de voir son sang obstruer son regard et tacher mes mains. Pour le tuer, je me ferais volontiers meurtrière. Alors définitivement, oublie cette idée d'aller lui régler son compte, surtout ici et maintenant."

La jeune femme se tut, dardant son regard étincelant sur le guerrier. N'empêche... Elle avait beau connaître son caractère impulsif, elle avait du mal à comprendre pourquoi il était prêt à aller sauter à la gorge d'un homme dont il ignorait presque toutes les actions, sans même un minimum de préparation.
Soya eut un sourire en coin.

"Qu'est-ce qui t'a fait changer, pour que tu te mettes à agir comme un chevalier servant ? La rencontre avec cette demoiselle ? Ou le simple fait que te tenir à côté d'un de tes semblables niveau caractère de fait paraître moins associable ? Tiens, d'ailleurs, je n'ai eu guère de précision sur cette rencontre. Où, quand et comment ?"

ahahah ! deux filles aux caractères bien trempés et à responsabilités politiques (bon de ce côté Illena ne fait pas le poids, mais je ne sais pas si elle va rester dans son chateau de toute façon... la liberté lui manque ^^")...
Isas, fait ton choix ! xD

Parti pour déplacer des montagnes (chose qui au final aurait très bien pu être possible en considération des pouvoirs de l’elfe), Isas ne rêvait plus que de croiser le fer avec cet emprisonneur de liberté :

- Et ce n'est pas ton combat.

Probablement l’argument le plus fort qui pouvait lui être opposé.
Quel saleté d’être un guerrier.
Il soupira et se retourna, provoquant par la même une expiration soulagé du petit griffon :

#Merci Soya.# Souffla-t-il tandis que l’elfe revenait sur ses pas.

Désormais sans le moindre but, Isas prit alors le parti de s’assoir dans l’herbe :

-Je l’ai rencontré il n’y a pas si longtemps que ça. Et comme on a eu un ennemi commun qui en voulait à nos compagnons de route… on fini par s’apprécier.

#Vása, le loup géant était drôlement sympa d’ailleurs.# Renchérit le griffon.

Isas haussa les épaules, comme si cela lui importait peu :

-Et toi ? Comment tu as fais pour finir dirigeante de clan ? Je croyais que tu voulais être libre ?


HJ/ Désolée, nul TT-TT

-Et toi ? Comment tu as fais pour finir dirigeante de clan ? Je croyais que tu voulais être libre ?

Soya soupira.

"En réalité, je n'ai pas vraiment eut le choix. Lorsque le Clan de la Lumière a été créé, il y avait très peu d'êtres de lumière sur Endora, si je peux m'exprimer ainsi, et ceux occupés à définir un gouvernement avaient le plus grand mal à trouver quelqu'un. C'est là que Leïnänci m'a recommandée, et... Attends..."

Les paroles d'Ingwë prirent soudain sens dans l'esprit de la jeune femme. Celle-ci se tourna vers le griffon, interloquée.

"Ingwë... Tu as bien dit Vása ?"

Un loup géant. Un homme aussi psychopathe qu'Isas...
Les yeux ambrés de Soya passèrent systématiquement de l'elfe au griffon. Quant à Isïl, elle restait figée.
Puis, d'un même mouvement, la fée éclata de rire tandis que la pyrocorne poussait un long hennissement. La jeune femme se plia en deux, la respiration coupée par le rire, et Isïl se roula sur le sol, manquant d'écraser Ingwë. Il fallut un certain moment aux deux amies pour se calmer. Soya cueilla du doigt les larmes qui perlaient au coin de ses yeux, puis fixa un regard rieur sur Isas.

"Je n'y crois pas... Alors celui que tu as rencontré et apprécié, c'est Elvir ? Pourquoi ça ne m'étonne pas, finalement ?"

Et la jeune femme rit de nouveau.

Isas écouta paisiblement les explications de la jeune femme tout en s’asseyant. Seulement Soya s’interrompit brièvement, les dévisagea avec un air qu’il ne comprit pas… et la vit s’esclaffer de rire à ne plus pouvoir en tenir debout.
Un peu vexé par une telle attitude, l’elfe se renfrogna. D’où se moquait-on de lui sans raison ?
Avait-elle conscience que d’habitude, face à un tel cas, l’interlocuteur ne rigolait plus très vite ?
Oui d’habitude…Mais on peut toujours faire une petite exception face à la fée, non ?
De son côté même le petit griffon était largué et le duo n’avait plus qu’à attendre que les demoiselles se calment pour glaner quelques renseignements.
Levant alors les sourcils quand il entendit le nom du vampire. Isas resta pantois un instant, oubliant sa mauvaise humeur passagère:

-Tu le connais ? Remarqua-t-il avec beaucoup de perspicacité. Comment l’as-tu rencontré.

Parce que ce mec était cool, non ?

-Tu le connais ? Comment l’as-tu rencontré ?

Soya retourna à Isas un sourire éclatant.

"Je l'ai rencontré deux fois. La première fois, j'ai offert mes soins à Vása, qui était blessé. Quant à la deuxième... Il a essayé de me tuer. Mais ne t'en fais pas, c'était marrant."

# Marrant ? rétorqua Isïl, stupéfaite. J'aurais voulu rentrer sous terre ! Tu faisais trop peur. #

La jeune femme eut un léger rire.

"Il faut dire qu'il avait réussi à me mettre dans une colère noire. Mais bon, passons. Après tout, ça s'est bien fini. Et puis..."

Soya se tourna de nouveau vers l'elfe noir, un sourire aux lèvres.

"Si je me souviens bien, quand on s'est rencontré toi et moi, ça n'avait pas très bien commencé non plus ! Comme quoi..."

HJ : aaaah, j'avais oublié ! Mais Soya est pas au courant pour Gavi, non ? Ingwë a omis de le mentionner, je suis vexée =P

HJ/ Bah il m'était sorti de la tête aussi. Tu me diras que ça fais longtemps que tu l's rp celui la aussi^^

Isas ouvrit des yeux ronds comme une soucoupe :

-Il a voulu te tuer ? Pourquoi ?

# Ben voyons… il est un peu comme toi, tu te rappelles ? T’as pas vraiment besoin d’une grande et belle raison pour découper quelqu’un en morceaux…#

Le ton de reproche n’affecta pas l’elfe (ou du moins fit-il mine de ne pas l’entendre). Ô certes, au fond de lui il comprenait bien qu’Elvir ait tenté de la tuer. Que ce serait-il passé après tout si les deux compères n’avaient pas eu des ennemis communs sur l’instant ?
L’affrontement aurait été inévitable, c'était aussi certain qu'évident :

-Comment est-ce que ça c’est terminé ?

Mais l’allusion de leur rencontre fit froncer les sourcils d’Isas. Ah oui, un peu de mépris, de défi… pour créer un certain respect grandissant par la suite :

-J’étais plutôt impétueux à l’époque.Remarqua-t-il.

Ingwë manqua de s’étouffer :

# Parce que tu ne l’es plus aujourd’hui peut-être ?! Dois-je rappeler qui voulait se jeter tête baissé dans la capitale de Blackcast pour trancher la tête d'un personnage important, pas plus tard qu’il y a quelques minutes ?#

L’elfe lui jeta un regard blasé.
Le pire était probablement qu’il n’avait aucun argument de défense… et choisi donc de détourner le sujet de conversation :

-Au fait. Ingwë ne t’en a rien dis. Mais je suis aussi entrain de former un humain au maniement des armes. Je ne sais pas trop ce que cela donnera au final… mais il me semble prometteur.

Et quand ces paroles sont prononcées par un guerrier tel qu’Isas… elles ne sont pas à ignorer.

-Il a voulu te tuer ? Pourquoi ?

# Ben voyons… il est un peu comme toi, tu te rappelles ? T’as pas vraiment besoin d’une grande et belle raison pour découper quelqu’un en morceaux…#

Soya se mit à rire.

"Tu m'ôtes les mots de la bouche, Ingwë ! Disons qu'il était de mauvaise humeur et que, pour mon plus grand malheur -et pour le sien, d'ailleurs- j'étais une femme. Ça a suffit."

-Comment est-ce que ça s’est terminé ?

La jeune femme eut un sourire.

"Il s'est excusé et m'a demandé de le 'prendre sous mon aile'."

Puis, avec une moue moqueuse :

"C'était bizarre."

-Au fait. Ingwë ne t’en a rien dis. Mais je suis aussi entrain de former un humain au maniement des armes. Je ne sais pas trop ce que cela donnera au final… mais il me semble prometteur.

"Au maniement des armes ?"

Alors là... Soya se passa une main sur le front, faussement desespérée.

"C'est décidé : je ne te quitte plus d'une semelle."

# Très bonne initiative, # intervint Isïl, ravie.

La fée se rendit soudainement compte de ce qu'elle disait, et eut un rire embarrassé.

"Non, mais non ! Ce que je voulais dire, c'est que tu as tellement changé, que j'ai l'impression de retrouver une autre personne. Ça me perturbe un peu..."

La jeune femme adressa un petit sourire à Isas.

"Mais au final, ce n'est pas si mal."

Soya se laissa tomber au pied d'un arbre, invitant l'elfe à faire de même.

"Alors ! Raconte un peu. Comment est celui que tu formes à la science des armes ? Comment vous êtes-vous rencontré ? Je suis curieuse de savoir quel caractère il a, pour que tu puisses le tolérer plus de quelques instants à tes côtés !"

Isas leva les yeux au ciel :

-Pourquoi est-ce que tout le monde semble me prendre pour un dangereux psychopathe ?...

Evitant soigneusement le regard appuyé et ironique du griffon, il renchérit :

-…J’aime le respect, et de nos jours c’est plutôt rare. C’est tout.

Suivant alors l’injonction de la fée (presque par inadvertance), Isas s’assit lui aussi sur le sol recouvert d’une mousse épaisse et moelleuse :

-Je l’ai rencontré un jour habituel. Un jour où Ingwë enchainait encore bêtises sur bêtises…

#Pourquoi « habituel » ? Et pourquoi « encore » ? #

-…Or à faire n’importe quoi. Poursuivit l’elfe sans relever. Ingwë est tombé d’un toit et s’est blessé l’aile. Gavilán, puisque c’est son nom, l’a alors soigné sans y être incité. Nous nous sommes rencontrés ainsi et de fil en aiguille, je lui ai proposé d’apprendre à survivre en lui enseignant l’art de tenir une arme. C’est fou le nombre de personnes qui mériteraient de vivre… qui meurent pour des raisons aussi bête que celle de ne pas savoir se battre.

Cela lui paraissait d’ailleurs inconcevable.
Ne pas savoir se battre…
Mais où allait le monde ?

"Et le nombre de personnes qui meurent pour n'avoir pas su arrêter de se battre, renchérit Soya avec un fin sourire. Il me semble d'ailleurs que c'est une cause de mort plus fréquente que celle que tu as relevée dans tes derniers propos."

la jeune femme eut un geste négligent de la main.

"Mais qu'importe ! Si tu devais lui apprendre la science des armes, comme tu dis, comment se fait-il qu'il ne soit pas avec toi ? Je doute que son entraînement soit déjà terminé. Vous vous êtes séparés ? Pour quelle raison ? et, comment comptes-tu le retrouver ? Bien que je ne doute pas que tu aies plus d'une corde à ton arc."

Isïl continua l'interrogatoire à l'intention d'Ingwë, curieuse.

# Il est comment, ce Gavilán ? Isas n'a pas donné beaucoup de précisions, ni sur son physique ni sur son caractère. Il a un compagnon ? #

Isas hocha la tête :

-Il aurait dû être avec moi oui. Mais disons que pour le moment je lui ai donné les bases. C’est à lui de se découvrir, de comprendre son arme, de savoir comment cela fonctionne. Je ne peux pas me trimballer dans mes pattes un garçon feignant qui attend que tout lui tombe dans le bec. Il doit apprendre par lui-même s’il veut un jour continuer à progresser sans aide. Et j’ai … confiance en lui sur ce point, il a l’air volontaire et bosseur, il fera ce que je lui ai dis. En plus rester avec moi commençait à être dangereux. De ce que j’en ai vu mon ancien clan prend de l’assurance, ils vont bientôt se mettre à une recherche active sur mon compte. Je ne peux pas me permettre de le laisser trop longtemps avec moi au risque qu’ils le prennent pour cible lui aussi. Or il faudra du temps avant qu’il ne puisse rivaliser avec eux. Pour ce qui est de le retrouver, je ne me fais pas trop de souci non plus. Même s'il est du genre discret, je peux aisément le localiser avec ma maitrise... Il suffit de demander. Termina-t-il avec un sourire.

Puis ce fut au tour d’Ingwë de prendre la relève, secouant négativement la tête il dit :

#Non, pour l’instant il se promène tout seul, on ne lui connait pas encore de monture. Pour ce qui est du physique, hum… Il a l’air gentil, enfin dès qu’on le voit on sait qu’il est gentil. Il à les cheveux très noir, comme ses yeux. Il fait un peu gringalet, en même temps face à Isas ce n’est pas compliqué… Niveau caractère je dirais qu’il est serviable, doux, peut-être un peu timide par moment et assez rêveur.#

Il fit un clin d’œil à la jument :

# Le portrait craché de mon camarade n’est-ce pas ? En tout cas prendre un apprenti lui à fait un bien fou, ça à l’air de le canaliser un peu… Un tout petit peu quand il est là. Soya n’avait pas pour idée d’en prendre un aussi ? Je suis sûr que ça serait trop cool ! #

Isïl jeta un regard sceptique à Ingwë.

# Soya, un apprenti ? #

Petit temps de réflexion.

# Bah maintenant, elle a Elvir...#

La pyrocorne émit un long hennissement de rire tellement l'idée d'un Elvir apprenti d'une femme était incongrue. Secouant ses crins, elle reprit, joyeuse :

# Non, plus sérieusement, jamais l'idée ne lui avait traversé l'esprit. En plus, maintenant qu'elle est dirigeante elle manquerait de temps à lui consacrer. En tout cas, j'aimerais bien rencontrer ce Gavilán ! Est-ce que tu sais si Isas compte bientôt le retrouver ? #

De son côté, Soya acquiesça avec un sourire à la conclusion d'Isas.

"De ce que tu m'en as dit, la Nature doit bien l'aimer. Après tout, si la première chose qu'il ait faite était de soigner Ingwë..."

Ingwë... Quelque chose que le griffon avait dit auparavant perturbait la jeune femme. Celle-ci remonta de mémoire le cours de leur conversation, puis claqua des doigts.

"Je sais ! Au fait Ingwë, continua-t-elle en se tournant vers le griffon, depuis quand qualifies-tu le katana d'Isas de "bout de ferraille" ? Ce n'est pas très correct, et loin d'être le bon qualificatif, à ce qu'il me semble."

#Oh… Euh …# Balbutia le griffon. # C’est-à-dire que … Hum, Isas à comme qui dirait #

-Ingwë ! Le stoppa net l’elfe. Tu peux te passer des détails.

Son ton glacial aurait arrêté n’importe qui, n’importe qui mais pas son meilleur camarade de voyage :

# De toute façon il ne lui faudra pas longtemps pour le remarquer, ce n’est pas comme si elle était débutante…# Insinua-t-il mystérieusement.

Sur ce point Isas était bien forcé de l’admettre, masqué sa mésentente avec son sabre aurait pu se faire… face à un individu ne l’ayant jamais aperçu combattre, ou un jeune padawan dans l’apprentissage de la guerre.
Mais pas à Soya, dirigeante à présent du clan de la lumière et protégée des Dieux.
Merde alors !
Soupirant, il capitula à contre cœur :

-J’ignore ce qu’il se passe en ce moment. Mais je n’ai plus avec Anfauglith la même entente et la même coordination que par le passé. Elle et moi ne nous battons plus sur le même temps, c’est presque comme si je devais livrer une bataille perpétuelle avec elle lorsque je l’ai en main. Je perds alors ma fluidité et même ma rapidité de frappe. J’ai beau essayer d’y remédier, c’est impossible.

C’est donc avec lassitude que l’elfe laissait désormais son katana soigneusement rangé dans le dos.

Soya fronça les sourcils.

"Plus la même entente ? Etrange. Et plutôt handicapant, quoique... Même sans ton arme, je plains ceux qui auront la folie de tomber entre tes mains ! Il n'empêche, c'est bizarre. Je me demande..."

La jeune femme se mordit pensivement la lèvre, le regard dirigé vers le sol.

"Anfauglith. Agonie. L'agonie, le sang. Ta lame aime le sang, elle demande le sang, la mort... L'agonie..."

Soya releva lentement la tête et braqua son regard ambré sur l'elfe noir.

"Isas, te bats-tu aussi souvent qu'avant ?"

# La conversation la plus romantique du monde, lâcha ironiquement Isïl à l'intention du griffon. Bon, Ingwë, il est temps qu'on agisse. Que dirais-tu d'une petite balade ? #

-Pour qui me prends-tu ? Répliqua Isas acide. Evidemment !

Ou pas, quoique…

#Très bonne idée.# Renchérit joyeusement Ingwë dans un contraste épatant de son compagnon. #Je me disais justement que bientôt nos deux tourtereaux allaient passer à la phase petit bisous dans le cou… ou sur la bouche ! Hé hé on peut rêver ! N’est-ce pas princesse ?#

Ingwë entraina alors Isil à sa suite et parti au grand galop :

Retournant au sujet de conversation, Isas reprit plus sérieusement :

-Je combats peut-être moins que lorsque j’étais dans mon clan, mais je me suis toujours battu quand l’envie m’en prenait ou lorsque je trouvais que l’on me manquait de respect. Pour une fois j’avoue… que je suis dans une impasse. Je… ne sais pas quoi faire.

Et sa simple attitude prouvait que son état n’était par normal.
Il était visiblement désemparé.


HJ/ Isas désemparé... il m'aura tout fait celui là

Soya leva un sourcil surpris devant le départ précipité des deux compagnons.

"Où ils vont, ces deux-là ?"

Avec un haussement d'épaules, la jeune femme se détourna finalement de l'endroit d'où Isïl et Ingwë étaient partis. Après tout, ils pouvaient bien aller où ils voulaient, ça ne l'inquiétait pas outre mesure. Et puis, il y avait plus urgent.

-Je combats peut-être moins que lorsque j’étais dans mon clan, mais je me suis toujours battu quand l’envie m’en prenait ou lorsque je trouvais que l’on me manquait de respect. Pour une fois j’avoue… que je suis dans une impasse. Je… ne sais pas quoi faire.

Voilà. Ce plus urgent-là. Isas qui bafouillait, Isas qui ne savait pas quoi faire.
Isas qui se montrait dans cet état-là devant elle. Il y avait de quoi être désarçonnée.
Bon. Puisqu'il ne savait pas quoi faire, autant agir à sa place. Sans prévenir, Soya dégaina son épée.

"Je ne peux rien faire sans plus de précisions. Il faut que tu me montres. Combat-moi !"

HJ : ça te va ?

Un chuintement caractéristique résonna soudainement parmi les arbres.
Isas releva alors la tête pour apercevoir son amie – épée brandit- face à lui :

-Que… ?

Il n’eut pas le temps d’achever sa phrase que déjà elle lui répondait. Manquait-il à se point de mordant ?
Combattre ?
Isas hésita un instant… avant de se gifler avec violence en pensé. Pourquoi doutait-il ? Qu’il prenne son arme et qu’il fasse face ! Il était guerrier bon sang !
Mais au fond de lui il savait, il avait pris conscience de la crainte qui lui étreignait le ventre et le forçait à admettre cet échec. Il ne pouvait plus se battre aussi bien qu’il le faisait… et cela le tuait à petit feu.
Resserrant son emprise sur la garde, l’elfe s’immobilisa en pointant la lame vers le ciel. Menaçant, mais juste un petit peu plus qu’un guerrier en pareil position.
C’est parce que je ne veux pas tu tuer. Se serait justifié Isas en râlant.
C’est parce qu’elle me rejette. Aurait-il cependant pensé.
Il s’élança vers elle à une vitesse fulgurante. Là, tout ce qu’il avait essayé de décrire à Soya transparu autour de lui.
Ses mouvement restaient fluides et gracieux, ils étaient rapides et dangereux… Mais pour tout bon combattant, on pouvait plus ou moins apercevoir, sentir dans l’air comme une vibration. Une vibration dangereuse qui paraissait refléter un combat perpétuel entre le katana aux entrelacs noirs et son propriétaire. Une vibration qui diminuait ses capacités en le bloquant dans ses gestes et lui interdisant les feintes.
Le visage crispé autant sous l’effort que lui demandait son arme que par le combat que lui offrait Soya, Isas hurla subitement de rage et lança l’arme au loin. Telle une flèche elle fila se planter au creux d’un tronc mort :

-J’EN AI MARRE !

Il écumait :

-J’EN AI RAS LE BOL !

Ça avait au moins le mérite d’être clair. Se massant les tempes il reprit pied peu à peu et s'assit par terre. Si les autres avaient perçu une vibration, lui avait clairement ressentit un bruit suraigüe s’insinuer tout le long de son corps, raisonner dans ses os jusqu’à en devenir insupportable.
Qui sait, il était persuadé qu’en continuant, il se serait brisé…

Le combat dura peu, et Soya en aurait remercié le ciel. Voir Isas combattre dans cet état était tout sauf réjouissant, et la jeune femme pouvait sentir la tension entre lui et son arme. Le doute n'était plus permis à présent que Soya l'avait vu en mouvement : l'elfe avait perdu toute harmonie avec sa lame.
Pour un guerrier tel que lui, pas étonnant que cela le touche à ce point...
La fée s'approcha d'Isas, prostré à terre, avança la main avant d'hésiter et de finalement s'abstenir. Elle doutait déjà qu'il soit tactile en temps normal, alors dans un tel état d'énervement, la jeune femme ne souhaitait pas vraiment tenter l'expérience.

"Isas..."

Soya n'eut pas le temps de réfléchir à ce qu'elle s'apprêtait réellement à dire, car un bruit derrière elle lui fit se retourner soudainement.

"... Reprend ton arme. Ou laisse-là où elle est. Mais on va devoir se battre."

En effet, les personnes qui venaient d'apparaître dans son champ de vision entre les arbres ne semblaient pas vraiment amicales. La jeune femme mit sa main en visière et plissa les yeux pour tenter d'apercevoir les détails de ceux qui s'avançaient vers eux à contre-jour.

"Ils n'ont pas l'air très nombreux, on va pouvoir..."

La fée ne savait pas anticiper la téléportation, aussi n'eut-elle pas le temps de réagir lorsqu'un homme apparut soudainement dans son dos et lui frappa la tempe avec le pommeau de son arme. Une douleur terrible envahit le crâne de Soya, qui chancela et tomba à terre.
Avant de sombrer dans les méandres de l'inconscience, la jeune femme eut le temps de voir son agresseur lever son épée pour l'achever.
Et elle se fit la réflexion que mourir de cette manière était vraiment stupide.

Isas redressa la tête.
Se leva.
Pesta.
C’était bien le moment tiens !
Après être passé comme ridicule aux yeux de la fée, voila qu’il allait devoir livrer à nouveau combat. Or dans cet état là, cela ne l’enchantait guère…
Seulement voila, à être malgré tout trop tranquille. Le duo se fit surprendre de la pire manière.
La surprise.
Soya s’effondra sur le sol, inerte, ne laissant d’autres choix à l’elfe que de s’emparer de l’arme avec la vivacité de l’éclair et de contrer l’adversaire d’un mouvement brusque avant qu’il n’achève son amie.
Tous deux reculèrent.
Enveloppant la jeune femme dans de douces lianes, Isas prit la peine d’écarter son corps svelte du futur champ de bataille.
Ils étaient quatre.
Quatre à visiblement maitriser la téléportation.
M*rde !
Il se mit en garde, l’épée au poing il la sentait se débattre dans sa paume. Mais il n’avait pas le choix, il devait protéger sa vie et celle de Soya, il devait livrer combat.
Le départ fut lancé.
Si la fée l’avait économisé durant son test afin de surtout percer l’origine du problème, les assaillants eux s’y donnaient à cœur joie.
L’elfe serra les dents.
Il peinait, il galérait même à les contenir et la tension entre lui et son katana ne faisait qu’empirer.
Esquive à gauche, pare à droite, attaque derrière.
Ce qui n’était quasiment jamais arrivé à l’elfe se dévoilait peu à peu. Il était débordé, il ne savait plus où donner de la tête et ne pouvait même plus utiliser sa magie au risque de se frapper lui-même. Alors il parait, il parait en attendant une vaine ouverture.
Il parait en priant pour tenir le coup, il parait en espérant que Soya se réveil.
Ce n’était pas la peine d’y compter, ces mecs étaient des pros. Serrant plus fort encore les dents, l’elfe se remplit de rage d’impuissance et contre attaqua. Ses muscles lui faisaient mal, des explosions de plus en plus violentes et de plus en plus fréquentes lui vrillaient le crâne.
Une ouverture.
Il n’hésita pas une seule seconde, bandit ses muscles et frappa du plus fort qu’il pu.
Il était faible, sa vue ne couvrait pas tout. Il tomba en plein dans le piège. Une lame vint interrompre sa route et arrêta net le katana.
Une vision d’horreur s’offrit alors à lui.
La gracieuse arme immaculée aux entrelacs de nuit se brisa sous l’impact. Mille et un petits éclats passèrent au ralenti devant ses yeux effarés. Pris un instant de court, il n’osa plus bouger.
Puis la douleur.
Il hurla. Pour la première fois de sa vie il hurla comme un forcené. Pourtant les guerriers l’entourant ne l’avaient pas encore touché. En revanche en s’éclatant, la lame avait écartelé l’âme de son propriétaire. Son esprit semblait vouloir se détacher de son corps, les muscles de ses bras et ses jambes vouloir s’étirer à l’infini, son cerveau lui paraissait se liquéfier à l’intérieur de son crâne. Etait-ce la magie des autres ?
Non.
En créant Anfauglith, Isas y avait joint une partie de lui, une partie de son âme. En se brisant, le katana avait détruit cette partie de l’elfe.
Détruit une partie de son âme.
C’est à peine s’il perçut la brulure qui lui longea le dos lorsque les hommes décidèrent de faire fi de ses cris et de l’achever. En fait il ne reprit conscience que lorsque l’une des armes vint le traverser de part en part en plein milieu de son torse.
Ses yeux de félin se posèrent sur son assassin. De la haine à l’état purent y naquirent, créant un instant la peur dans ceux de son agresseur. Mais que pouvait-il bien lui faire ?! Il leva de nouveau son épée, visant le cou.
Isas, incapable de se remettre debout, prostré à genou exprima une nouvelle fois toute sa rage en un cri effarant.
Un boucan infernal jaillit soudain.
L’elfe sentit ses bras et ses jambes violement transpercés de part en part, son corps se soulevé à une vitesse vertigineuse.
Il sombra dans l’inconscience.
L’infinité de pieux qui venaient d’achever leurs détracteurs rentrèrent doucement sous terre, laissant les quatre corps sans vie des opposants et celui - à moitié mort – qui les avait crée.
Un silence dangereux s’imposa à la forêt. Le sang ruisselant des membres et de la bouche de l’elfe ne présageait rien de bon. De plus, s’agrippant désespérément à sa garde, Isas se refusait à lâcher son épée brisée qui l’avait soutenu pendant si longtemps.
Il voulait mourir.
Juste mourir.
Enfin.
Pour que tout cela finisse…
Ingwë n’aura qu’à continuer de vivre avec Soya.
Oui, Soya était une bonne personne.
Ou peut-être Gavilan, c’était un brave garçon aussi, il pourrait l’aider à progresser et le protéger…


HJ/ Ça te va?