Histoire : « Un, deux, trois, quatre… »
Ton rire. Ton rire accompagnant les notes qui s’échappent de la fenêtre ouverte, tes doigts légers pianotant sur les touches, je ne te vois pas, mais je t’imagine, oui je t’imagine, certains disent que je ne fais que ça, t’imaginer… C’est faux, je ne t’imagine pas, pas que, puisque tu existes… Tu existes, puisque je t’entends, je t’entends rire, je t’entends jouer, je t’entends chanter par-dessus les notes, plus beau, plus juste que les notes, tu chantes, Venise, tu joues, tu ris, tu vis, oui, tu vis, sinon je ne t’entendrais pas.
Venise.
Ne m’as-tu jamais remarqué ?
Sous ta fenêtre, le soir, le matin. A t’observer, à te suivre, comme ton ombre, l’ombre d’une lumière, d’une pure lumière, existe-t-elle vraiment ? Peut-être n’existais-je pas, pour toi, non, pour toi, sans doute je n’existais pas.
Qu’importe. Pour moi, tu existais, pour moi, mon existence toute entière t’était rattachée.
Venise, pur éclat, tes cheveux blonds, ta peau ambrée, tout en toi n’était que lumière.
Bientôt, j’ai commencé à te peindre.
Pour toi, j’ai créé une ville qui n’existe pas.
Venise. La ville Lumière.
Aux bâtiments de la couleur de ta peau, aux canaux qui courent dans les rues de la couleur de tes yeux.
Venise. L’allégorie d’une existence qu’on dit non-existente. Et quoi ? Ta voix, ton visage, ton corps, ton rire, si tout cela n’existe pas, alors le monde entier n’existe pas. Je n’osais pas t’arrêter. Je te suivais.
Comme ton ombre.
Et puis, un jour, tu as poussé une porte au hasard, une porte qui était mienne, une porte qui menait à mon atelier, là où je t’avais peint, déjà, sous la forme d’une ville qui n’existe pas.
Echange de regards, échanges de rêves, mes yeux ont croisé les tiens.
Tes yeux bleus, ou gris, bleus quand la mer est grise et gris quand le ciel est bleu…
Quoi, ses yeux ne sont pas bleus ? Mais taisez-vous donc ! Son regard, je me noie dedans. Impétueux et liquide comme de l’eau. Et l’eau, c’est bleu. Ou gris. Gris quand la mer est bleue, et…
Chocolats ? Chocolat au lait, soit, il y a des chocolatiers à Venise, j’en ai vu, alors de l’eau ou du chocolat, ses yeux, ils restent liquides, comme les canaux de Venise. Venise la Blonde, Venise aux mille couleurs, j’ai créé une ville, pour elle, pour toi Venise, tu te souviens ? Non, tu ne te souviens pas, tu l’avais pourtant vue, quelle belle ville, tu avais dit, elle a un nom ? Oui, oui elle a un nom, douce et belle, un nom aux sonorités de cristal comme ton rire, ton nom, Venise, mais je ne te l’ai pas dit, tu aurais pris peur et je ne t’aurais plus revu. Alors je n’ai rien dit, enfin si, j’ai dit : « j’aimerais vous peindre », je t’ai tendu le tissu fin et blanc, presque transparent, tu l’as effleuré, du bout des doigts, froncé tes sourcils si bien dessinés, comme peints, et tu as souri, un sourire surpris et lumineux, lumineux comme Venise au petit matin, tu as souri : « vous voulez que je mette ça ? », et ton rire a résonné dans l’atelier, ton rire, la note d’un cristal sur lequel on passerait un doigt ganté de velours, ton rire, Venise… Tu l’as saisi, le tissu, tu l’as saisi, tu l’as enfilé sans pudeur, avec les bijoux, les bijoux cuivre comme la couleur de l’eau de Venise au couchant… Et tu as posé, tu as posé pour moi dans ces vêtements si inconvenants, et si convenus, pour toi, seulement pour toi, Venise, avec cette impertinence tintée d’innocence propre à ton rang, propre à toi, seulement à toi… Tu as posé, et j’ai peint, et tu ne savais pas, non, tu ne savais pas, que je t’avais déjà peint une fois, sous la forme d’une ville qui n’existe pas et qui porte ton nom, Venise…
Tu as posé. Et j’ai peint. J’ai tourné le chevalet, je t’ai montré, ton rire, ton rire de nouveau s’est élevé, ton rire aérien, note vibrante : « vous avez un talent fou ! ». Fou ? Fou, oui, c’est le mot qui me qualifie, le mot que les gens murmurent à mon passage, il est fou, disent-ils, il est fou, il invente, mais eux ils ne te voient pas, Venise, ils ne te voient pas, ils ne peuvent pas te voir car ils nient, ils nient ton existence, Venise, ils pensent que tu n’existes pas, mais ce sont eux qui n’existent pas, toi tu es là, bien réelle, la preuve, tu as posé pour moi, et le tableau est là, bien réel, il faut un modèle pour un tableau, non ? Mais ils ne me croient pas, ils ne me croient pas, ils disent que je suis fou, moi je pense que s’il faut être fou pour te voir, alors je suis heureux comme ça.
Venise… Ta Venise, me dit-on, pauvre fou, n’existe que dans tes rêves ! Ta Venise couleur or, chatoyante, vibrante Venise, n’est pas vivante.
Venise… Ce sont eux qui sont fous, eux qui sont aveugles. On n’ose jamais regarder la lumière en face, moi, moi je l’ai fait, ils sont jaloux, n’est-ce pas ? Venise, belle, blonde Venise, Venise, toute ma vie, ma vie durant, je t’ai suivi, ce serait mensonges ? Non, non, je ne peux m’y résoudre, Venise, parle-moi, je veux entendre ta voix, je veux entendre ton rire, je veux entendre tes doigts fins danser sur les touches…
Venise, pourquoi tu ne me réponds pas ?
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Un, deux, trois, quatre…
Un coup de couteau suffit.
Planté en plein cœur, un cœur de fou qui s’était brisé.
Devenu non-existent, son rêve prit forme à sa place.
Venise, debout près du tableau.
Venise, vêtu d’une soie blanche presque transparente, retenue par des bijoux cuivrés comme les canaux, au couchant, d’une ville qui n’existait pas.
Venise, création d’un maître des songes, se mit à vivre.
Nom : /
Prénom : Venise
Âge : 21 ans
Sexe : féminin
Race : hum… Rêve devenu matériel ?
Description : De longs cheveux blonds, très fins, ondulés ; une peau claire, légèrement ambrée ; de grands yeux noisette, des lèvres pleines ; un corps aux courbes féminines, sculpté par l’esprit d’un doux rêveur. Plusieurs bijoux, des vêtements fins. Un charme sensuel, un sourire énigmatique, un regard doux d’une curiosité sans borne. En un mot, une jolie jeune femme.
Caractère : Préservée de la peur, du mal et de la souffrance, Venise ne connaît du monde que ce que son créateur a bien voulu intégrer à son rêve. Curieuse, timide et franche, elle a tendance à une certaine naïveté rapidement atténuée par la réalité. Apprenant vite, extrêmement courageuse, prête à faire face à tout, même aux pires horreurs. Ne connaît qu’un nombre restreint de sentiments, découvrira le reste. Rieuse, agréable, censée appartenir l’ordre de la noblesse, chose qu’elle oubliera vite. Qui se soucie du rang d’un rêve ?
Pouvoirs : lorsque vous vous réveillez d’un rêve, celui-ci vous échappe, s’estompe vite et ne devient qu’un souvenir très vague à votre esprit. En réalité, il quitte ce dernier et prend place dans le monde réel, restant toutefois invisible et immatériel. Invisible, du moins aux yeux de la plupart. Venise, issue d’un Créateur, peut voir les rêves achevés et oubliés, errant parmi la réalité. Elle peut aussi, dans votre sommeil, s’introduire dans vos rêves.
Monture : pour l’instant, aucune.
Signe spécial : aucun.
Clan : je sais qu’il y a trop de monde dans les Solitaires, alors Eau ou Feu, comme tu veux ^^
Côté : bien.
Classe : rêve découvrant la réalité.
Code : code validé