Sán, assis dans l'herbe rase des plaines, nettoyait son colt avec application.

# Sán... #

# Hum ? #

# Tu ne comptes pas t'entraîner maintenant, dis-moi ? #

# Pourquoi cette question ? #

# Parce que, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, il n'y a absolument aucun rocher, aucun arbre, rien qui puisse servir de cible à des kilomètres à la ronde ici. #

Sán releva ses yeux gris sur le paysage totalement vide au milieu duquel il se trouvait.

# Quelle découverte ! Akela, laisse-moi à mon tour te poser une question : tu ne me prendrais pas pour un imbécile, par hasard ? #

# Oh tu sais, avec toi... #

# Bon sang, mais faites-le taire ! #

# Qu'est-ce qu'il a, le ramuré ? #

# Tu sais ce qu'elles te disent, mes ramures ? Tu veux tester leur tranchant, peut-être ? #

# A la bonne heure ! Tu n'arriverais même pas à me toucher si on combattait ! Et même, tu n'aurais pas le temps, tu serais déjà à terre ! #

# Tu plaisantes ? Toi, maladroit et pataud, tu penses vraiment que je n'arriverai pas à t'éviter et à te mettre un bon coup de bois dans le poitrail ? Tu rêves ! #

# Ah oui ? Quelles belles illusions ! Je te jure, dès que le petit crève, on se fait un combat digne de ce nom ! #

# C'est quand tu veux ! #

# Hé ! protesta soudain Sán, qui suivait depuis un temps la conversation avec lassitude. Vous vous entendez ? Vous détestez-vous au point de souhaiter ma mort ? #

Silence gêné.

# Et puis d'ailleurs, reprit Sán, vaguement boudeur, si vous voulez vous battre, pourquoi n'allez-vous pas le faire dans la magnifique dimension immatérielle mise à votre disposition ? Contrairement à ce monde, vous pouvez vous y tenir à deux, pas vrai ? #

# Parce que, mon cher Sán, comme tu l'as si bien dit, cette dimension est immatérielle, donc, en toute logique, ceux qui s'y baladent aussi. Si j'essayais de mordre cet imbécile, mes mâchoires se refermeraient dans le vide, malheureusement. #

Sán soupira en levant les yeux au ciel.

# Mon dieu, nous voilà bien... #

Silence. Le jeune homme fixa soudain avec plus d'attention l'horizon des plaines.

# Un cheval. #

# Qui dit cheval, dit cavalier. #

# Sans doute... #

Sán resta immobile, son regard gris braqué sur le nuage de poussière qui se rapprochait. Il replaça son pistolet à la ceinture, puis vérifia, par acquis de conscience, que son épée était facilement saisissable dans le fourreau accroché dans son dos.
Savait-on jamais...

Un cheval... Sans cavalier. Du moins, à cet instant.
Pour une fois, Aïla n'était pas sur le dos de Neyle, mais marchait tranquillement tout en cueillant quelques herbes. Même cette terre aride offraient ses trésors à qui savait chercher.

La jeune femme releva la tête pour regarder la petite jument galoper devant elle. Elle sourit. Neyle était heureuse de retrouver les grandes plaines, et semblait infatigable ! Elle fit une grande courbe pour revenir vers son amie quand soudain, Aïla la vit hésiter, ralentir, s'arrêter. Ses petites oreilles tendues et encolure haute, elle devait avoir vu quelque chose.

Aïla fonça les sourcils en regardant dans la même direction. Il y avait quelque chose, qu'elle distinguait encore à peine... Une silhouette ? Quelqu'un ? D'un village voisin peut être ? Il y avait habituellement peu de voyageurs par ici...

Par mesure de précaution, la jeune femme rappela son amie. Son sifflement haut et clair s'éleva dans la plaine, et Neyle revint aussitôt vers elle au petit trot. Aïla la caressa et se dirigea vers l'inconnu de son pas léger.

Arrivée à quelques mètres de lui, elle sourit :

"Bonjour !"

Sán suivait sans sourciller l'avancée du cheval. A un moment toutefois, un sifflement retentit dans les plaines, et l'animal fit demi-tour pour se diriger vers un point imprécis.
Son cavalier, sans doute...
Ledit arriva bientôt face à Sán.

"Bonjour !"

Akela fut le premier à lancer une remarque laconique.

# Tiens. Une fille. #

# Ta capacité d'observation m'étonnera toujours, Akela. #

Le loup poussa un glapissement choqué, mais ne dit rien. Après tout, il l'avait cherché.
Sán observa un instant celle qui lui faisait face. Cheveux blonds, yeux verts, silhouette fine. Il inclina la tête en signe de salut.

# Elle est jolie. #

# Mmh... #

# Ta capacité de développement de tes réponses m'étonnera toujours, Sán, # lança Akela en guise de vengeance.

Sán eut un fin sourire. Se décidant à paraître plus avenant, il se leva et s'inclina légèrement devant la jeune fille.

"Je m'appelle Sán. Enchanté, mademoiselle."

Un jeune homme. Il s'était levé et l'avait salué. Aïla remarqua son regard gris perçant, répondit à son salut de façon sincère :

"Enchantée également, je m''apelle Aïla. Ma jument se nomme Neyle."

La petite jument grise s'était mise à brouter, une oreille tournée vers Aïla, l'autre vers l'inconnu. La jeune femme replaça une boucle blonde derrière son oreille, mais le vent s'empara du reste de sa chevelure pour la lui envoyé dans le visage.

"Aaah ! Arrête ça !"

Elle battit de la main au dessus de sa tête, comme pour en chasser quelque chose d'invisible, et en même temps retira ses cheveux vers l'arrière. Pourquoi le Vent aimait-il ainsi jouer avec ses cheveux ?! Grand mystère... Mais ce n'était vraiment pas pratique !

Retirant son sac de son épaule pour le poser sur le sol, Aïla se tourna de nouveau vers San, puis pensa soudain qu'elle devait surement passer pour une folle, à crier ainsi vers le ciel ! Son rire cristallin franchit ses lèvres avec cette facilité toute naturelle, si particulière à la jeune fille.

Détaillant de nouveau le jeune homme de son regard vif et brillant, elle demanda, toujours avec son sourire lumineux :

"Vous n'êtes pas des plaines, n'est-ce pas ? D'où venez-vous ?"

Pure curiosité. S'il ne voulait pas répondre, elle n'avait évidement pas l'intention d'insister.

Aïla et Neyle. Deux noms aériens. Clan de l'Air ? Son impression s'intensifia lorsque la jeune fille se mit à crier alors que le Vent jouait avec ses cheveux. Oui, il jouait. Sán eut son sourire si particulier.

"Vous parlez au Vent."

Ce n'était pas une question. Mais elle, lui en posa une. Le visage du jeune homme s'assombrit légèrement.

# Ouille... Ça, c'est pas le genre de question à poser au petit. #

# C'est bon, ça va aller. #

Il braqua son regard argent sur la dénommée Aïla.

" Une forêt tranquille. Un endroit oublié. Je ne saurais pas vous le situer, ça fait plus de cinq ans que je n'y suis pas retourné."

Son ton était, malgré lui, froid. Et ses compagnons s'en rendaient compte.

# Sán, doucement, elle ne peut pas savoir... #

Le garçon secoua la tête.

"Excusez-moi."

Il se reprit, fit un bref sourire.

"Puis-je vous retourner la question ?"

Oh oh ! Beau sourire ! Celui d'Aïla s'élargit en réponse, avec un léger hochement de tête pour confirmation.

Et puis... Ouille, sujet sensible. Il n'était pas difficile de s'en rendre compte en voyant le changement d'expression du jeune homme. Elle ne s'offusqua aucunement de son ton froid, et répondit simplement, paisiblement :

"Vous n'avez pas à vous excuser, je suis désolée, ma question n'était pas la bienvenue."

Elle se tut un instant, le regard posé sur Sàn et ajouta dans un doux murmure :

"Vous aurez à y retourner, un jour."

Parce que quand laisse ainsi derrière soi de tels sentiments, on ne trouve pas la paix.
Comme si le sujet était définitevement clos, ou même n'avait jamais été abordé, les lèvres de la jeune femme s'étirèrent de nouveau et elle dit, les yeux pétillants :

"Vous avez un beau sourire !"

Décidant de s'installer (après tout, elle et Neyle marchaient depuis le matin), Aïla s'assit à même le sol, près de son sac. Tout en rangeant sa cueillette à l'intérieur, elle répondit à la question :

"Je suis d'un petit village de ces plaines... mais arrive actuellement de Firewall."

Elle sortit un petit sachet avec un regard gourmand, le tendit à Sàn :

"Voulez-vous quelques framboises ?"

A la remarque murmurée de la jeune fille, Sán resta un instant silencieux.

# Sán... On y retournera, pas vrai ? #

# Petit... #

Sán hocha lentement la tête.

# Besoin de temps. #

Son visage s'était fermé un peu plus.
Et puis...

"Vous avez un beau sourire !"

Sán releva la tête.
Quoi ? Quoi ?
Damned. Il n'avait pas l'habitude d'être complimenté ainsi.
Puis Aïla, avec un naturel déconcertant, lui proposa aimablement quelques framboises.
Waw. Vraiment, c'en était trop.
Tielsvak rompit le silence.

# Charmante ! #

Akela s'y mit aussi.

# Et jolie avec ça ! Dis donc Sán, on n'a pas encore évoqué la possibilité de te trouver une damoiselle... #

# Ou un damoiseau... # ajouta le cerf avec malice.

Sán se mit brusquement à rire. Il reposa ses yeux gris sur la jeune fille, secoua la tête avec amusement.

"Pardon. Oui, je veux bien des framboises, merci."

Dans ses conditions, mieux valait changer de sujet...
Sán eut un bref sourire de guingois. Il gratifia Aïla d'un regard qui devait sans doute signifier "Mais non, je ne suis pas schizophrène".

"Oh, au fait... Je vous retourne le compliment, demoiselle. Cela dit, vous devez le recevoir plus souvent que moi. Vous avez presque constamment le sourire, n'est-ce pas ?"

Cela devait être très agréable pour son entourage...

# Tu devrais sourire plus souvent, Sán, # lâcha Akela, laconique.

Sán resta de marbre. Il se dirigea vers la petite jument grise, s'agenouilla et la regarda par en-dessous.

"Elle s'appelle Neyle, c'est ça ? Elle est très jolie. Quel âge a-t-elle ? #

# Tu devrais ressortir ces phrases en parlant d'Aïla, je suis sûr que ça lui plairait beaucoup. "Vous vous appelez Aïla, c'est ça ? Vous êtes... #

# Mais ça suffit, vous deux ? #

Heureusement que Sán était de dos par rapport à Aïla. Ainsi, elle ne voyait pas l'air faussement exaspéré peint sur ses traits, ainsi qu'une franche envie d'éclater à nouveau de rire.

Le sourire d'Aïla se fit un peu gêné. Oui, on lui avait déjà dit qu'elle avait un beau sourire. Et il était vrai qu'elle souriait pour un rien.

Lorsqu'il s'agenouilla près de Neyle, celle-ci fit un pas en crabe pour lui faire face, inquiète. Aïla la rassura d'un bruit de langue.

"Elle s'appelle Neyle, c'est ça ? Elle est très jolie. Quel âge a-t-elle ?"

Loin d'être menaçante, la petite jument avait entrepris d'explorer le nouveau venu du bout du nez.
Aïla hocha la tête :

"Neyle, oui. Elle est dans sa quatrième année."

Elle s'était approchée pour caresser son amie. Neyle était une jument douce, intelligente et curieuse, à la fois rapide et endurante. Une perle de crème.
Aïla sourit, les yeux brillants :

"Elle est à mes yeux la plus belle !"

Se rendant compte de la stupidité de la remarque, Aïla rit. Neyle était une magnifique jument, mais ne pouvait être considérée comme la plus belle ! Et il arrivait parfois à la jeune fille de s'emerveiller devant une monture qu'elle ne connaissait pas...
Mais la beauté de Neyle ne venait pas des yeux, mais du coeur. Alors dans ce cas, oui, ce qu'elle venait de dire était vrai.

"Vous voyagez seul ?"

Sán caressa doucement le chanfrein de la petite jument qui, curieuse, était venue le renifler.

"Elle est belle, c'est vrai..."

Lui n'avait pas de monture. La vitesse de Tielsvak et l'endurance d'Akela suffisaient.

"Vous voyagez seul ?"

Aïe. Question piège. Sán eut un bref sourire, un peu gêné.

"Hum... En quelque sorte, oui. Je n'ai pas de monture..."

# Tu devrais nous présenter, petit, intervint Akela. Elle est vraiment gentille. #

# Kaer aussi avait l'air gentil, # lâcha Sán avec rancoeur.

# Touché. #

# Argument recevable, # admit le loup avec regret.

Aïla lui lança un regard surpris :

"En quelque sorte ?"

Comment pouvait-on voyager 'en quelque sorte' seul ? Cela piqua sa curiosité, mais elle n'insista pas, et mangea délicatement une framboise sucrée. Et comme elle n'avait pas envie de poser d'autres questions, auquelles il ne répondrait surement pas, elle se mit à chantonner. Neyle dressa une oreille sans cesser de brouter, le Vent se fit plus doux.

Pourquoi était-elle revenue dans les plaines ? Ici, elle se sentait chez elle. L'espace, la liberté autour d'elle, rien pour masquer l'horizon. Pourtant, elle ne voulait pas retourner au village. Quelque chose l'en empêchait, même si elle ne savait pas quoi. Ce n'était, tout simplement, pas encore le moment.

Dans ce cas, dans quelle direction aller maintenant ? Il y avait un moment que le Vent ne lui avait pas raconté quelque chose d'assez complet pour la guider vers un lieu précis. Des bribes, quelques images... Trop imprecis.

Son murmure s'interrompit, et elle releva soudain son visage vers Sàn :

"Alors... Où allez-vous ?"

Aïla, à sa réponse, lui jeta un regard curieux. Bien sûr, elle se posait des questions... Mais bon. Si elle restait encore avec lui, si elle se montrait digne de confiance, alors elle comprendrait.
La jeune fille se mit à chantonner doucement. Sán s'allongea, plus détendu. Il cueillit un brin d'herbe qu'il se mit à machônner distraitement, les yeux fixés sur le ciel.
Voler... Y avait-il des compagnons aériens, chez les Malvísenam ? Aigles, faucons, griffons peut-être ?

# Je ne sais pas, fit Tielsvak en écho à ses pensées. Je ne suis même pas sûr qu'il reste des Malví, à part toi... #

# A part nous, # rectifia doucement Sán.

Puis, Aïla arrêta de chanter et lui demanda où il allait. Sán se redressa.

"Je ne sais pas. Vers les montagnes, sans doute. Et vous ?"

Aïla détailla un instant le jeune homme allongé sur le sol, un brin d'herbe dans la bouche. Les montagnes...
Sans même prendre le temps de réfléchir plus d'une fraction de seconde, son visage s'éclaira. Penchée en avant vers lui, elle lui adressa un sourire lumineux :

"Avec vous ?"

Le Vent souleva ses boucles d'or. Voyait-on la mer depuis le sommet des montagnes ?

"Avec vous ?"

Sán leva un sourcil surpris. Il détailla un instant la jeune fille de son regard gris.

# Tu as un ticket, Sán, # rigola Tielsvak.

Avec lui ? Elle était sérieuse ? Elle le connaissait à peine...

# Occasion de faire connaissance, petit, l'interrompit Akela dans ses pensées. J'ai vraiment l'impression que tu ne connais rien à la sociabilité. #

Ce qui était sans doute le cas... Il avait toujours été seul. Enfin, seul avec ses compagnons, seul avec ses parents, et puis après... Seul avec Kaer...
Il plongea ses yeux argent dans ceux d'Aïla.
Honnêtes.
Il finit par hocher la tête.

"D'accord."

Il se leva, remit sur son dos le fourreau de son épée, qu'il avait déposé à côté de lui lorsqu'il s'était allongé.

"Alors allons-y."

Le sourire d'Aïla pouvait-il encore s'élargir ? Il faut le croire...
Elle se leva d'un mouvement souple en même temps que lui, rassembla le peu d'affaires qu'elle avait sortit, et siffla Neyle qui arriva aussitôt.
Mais la jeune femme ne monta pas sur son dos, préférant marcher à la même hauteur que son nouveau compagnon de voyage.

"Vas-tu dans les montagnes avec un but précis ?"

Elle ne se rendit même pas compte qu'elle venait de le tutoyer. Comme si elle le connaissait depuis un moment. Ce qui évidement n'était pas le cas. Elle ne le connaissait même pas du tout. Cette fille était bien trop insouciante...
N'apprenait-elle donc jamais ?
Aïla marchait de son pas léger comme l'air, sans méfiance aucunne.
Apparement... non.



HJ/ j'en ai marre de devoir taper trois fois mes réponses à cause de ces satanées problèmes de connexion... il faut décidemment que je pense à les enregistrer avant de poster ^^"

Un but précis ?
Sán eut un léger sourire.

"Pas vraiment. Sauf si vous appelez "but précis" le fait de vouloir apercevoir lesdites montages."

# Pourquoi tu ne la tutoies pas ? râla Akela. Elle le fait bien, elle. Elle est beaucoup plus naturelle que toi. Tu devrais essayer, de temps en temps, d'avoir l'air sympathique. #

Sán leva les yeux au ciel. Mais tout conseil était bon à prendre, alors il tenta d'alimenter la conversation.

"Je n'ai jamais beaucoup voyagé. Les cinq dernières années, j'ai passé mon temps à m'entraîner. J'ai encore beaucoup de choses à voir de ce monde. Il faudrait, d'ailleurs, plus d'une vie entière pour tout voir, je pense."

Il reposa ses yeux gris sur la jeune fille.

"Vous... Tu voyages depuis longtemps ?"

Argh. Décidemment, Sán avait beaucoup de mal à tutoyer quelqu'un qu'il connaissait à peine.

Percevant l'hésitation de Sàn, Aïla se retourna pour le regarder, d'abord d'un air surpris et curieux, puis amusée :

"Si cela te gêne de me tutoyer, tu n'es pas obligé... Je suis désolée, préfères-tu que je te vouvoie ?"

Puis elle répondit à la question du jeune homme après une seconde de réflexion :

"Cela va faire bientôt deux ans... Là... Les montagnes, je les ai déjà vues, mais je ne les connais pas très bien. A vrai dire, ce n'est pas tellement les montagnes elles-même qui m'interressent, mais ce que l'on peut voir, et surtout, entendre, depuis leur sommet."

Le Vent souffla. Aïla capta son image, et leva ses yeux verts vers le ciel. Elle ne le vit pas tout de suite. Et puis, l'aigle descendit doucement dans leur direction, planant en grands cercles au dessus d'eux.
La jeune femme siffla. Un sifflement un peu différent de celui qu'elle utilisait pour Neil, mais aussi clair et pur. Le Vent le porta vers le haut, où l'aigle répondit de son cri perçant avant de s'éloigner.

Aïla sourit et, pour explication, ajouta vers Sàn :

"Lorsqu'il me voit, il prend de mes nouvelles, et les apporte à son maître."

C'était comme un signe messager entre la jeune femme et son ami d'enfance. Lorsqu'elle passait dans les grandes plaines, le majestueux rapace ne manquait pas de venir la saluer, avant de repartir vers Aunco.

Aïla, la main en visière pour protéger ses yeux du soleil, tendit le doigt vers l'aigle qui disparaissait :

"Le jour où il quittera les plaines pour me trouver, je saurai qu'il s'est passé quelque chose. Alors, je galopperai jusque chez moi à la vitesse de Vent."

Elle esperait que ce jour n'arrive jamais. Elle adressa un sourire épanoui à Sàn, avec la simple envie de partager son bonheur :

"Mais pour l'instant, je n'ai pas envie de rentrer !"

Sán esquissa un sourire.

"Non, c'est bon. Tu peux me tutoyer, aucun problème."

La jeune fille salua ensuite un aigle qui les surplombait, et lui raconta son histoire. Sán l'écoutait, sans l'interrompre aucunement. Elle semblait avoir beaucoup de choses à dire...

# En même temps, lui glissa perfidement Akela, il faut bien qu'il y en ai un qui fasse la conversation... #

Sán sourit, mais ne répondit rien.

# Oh, hé ! râla le loup. Dis quelque chose, un peu ! Tu es plus fermé qu'une huître. #

# Pour une fois, je suis d'accord avec lui, intervint Tielsvak. Ce n'est jamais très agréable d'avoir une conversation à sens unique. #

Sán soupira imperceptiblement. Puis il leva les yeux vers les montagnes, au sommet perdu dans les nuages.

"Des choses à entendre depuis leur sommet... Je ne suis pas sûr qu'on puisse l'atteindre à pied."

Silence.

"Parle-moi de ton pouvoir... Le Vent est-il bavard ?"

Pas possible d'atteindre les sommets à pied ? Aïla haussa les épaules, avec un sourire joueur.

"Dans ce cas, j'irais en volant !"

Inutile de préciser qu'elle ne savait pas voler... Mais bon, cette question ne faisait pas pour l'instant partie de ses soucis !

Aïla attrapa une framboise dans son petit sac, en tendit quelques unes à Sàn avant de lui expliquer son pouvoir :

"Je ne parle pas vraiment au Vent... Mais j'entends, je comprends parfois ses chants, ses souvenirs, ses rêves... Le Vent est chargé de tout cela, et les transporte avec lui."

Aïla réfléchit un instant, continua :

"Un lieu peut être rempli de souvenirs... Des émotions fortes restent ancrées longtemps, avant que le vent ne commence à les oublier. Ainsi, la plupart des souvenirs clairs et complets que je perçois sont souvent des éléments particulièrement tragiques de l'histoire d'Endora... Le sang, la mort et la tristesse teintent encore le Vent dans ces plaines."

La jeune femme se tut un instant, au souvenir de cet évènement où elle avait cru perdre la raison. Cette fois où le Vent lui imposait ces images cauchemardesques, sans qu'elle ne puisse s'y soustraire.
Elle n'avait toujours pas trouvé à quoi cet épisode de l'histoire d'Endora correspondait. Quand ? Pourquoi ? Comment ? Où pouvait-elle chercher pour trouver des réponses à ces questions ? Le Vent... le Vent n'avait plus rien montré, quand elle s'était risquée à lui demander.

"Le Vent raconte ce qu'il veut, quand il veut. Je ne peux que prendre ce qu'il veut bien me donner."

Le regard brillant de curiosité, elle se tourna vers Sàn, hésitante, puis finalement demanda :

"As-tu un pouvoir ? Quel est-il ?"

Sán esquissa un sourire à l'intention de la jeune fille.

"J'en ai deux. Du moins, deux que je connaisse, je les ai découvert assez tard et..."

Silence. Le visage de Sán s'assombrit.

"Dans des circonstances plutôt tragiques. Mais passons. L'un d'eux est assez classique."

Il tendit la main vers Aïla, paume tournée vers le ciel. Presque aussitôt, apparurent deux figurines scintillantes, représentant un loup et un cerf.

# Ça c'est gentil, # commenta Akela.

Le garçon eut un sourire. Il passa un doigt fin sur la matière dure et brillante comme du diamant. Les figurines étaient glacées, et malgré la chaleur ne fondaient pas.

"Je maîtrise la glace, ainsi que les sorts de Glace Eternelle. Vous en avez peut-être déjà entendu parler... Et mon deuxième pouvoir est plus... singulier."

Lers figurines disparurent. Il créa alors une baguette de glace, fine et fragile comme du cristal. Puis, d'un geste décidé, la brisa au sol.
La baguette éclata en milliers de fragments brillants, qui se mirent bientôt à fondre. Sán s'agenouilla, ses yeux gris acier fixant l'endroit où la baguette s'était brisée.
Ce fut alors comme si la glace fondue et les petits fragments étaient animés d'une vie propre. Rapidement, ils se rassemblèrent en différents points précis, se fixèrent les uns aux autres, fusionnèrent... En un temps record, la baguette de glace fut reformée et finit ainsi au creux de la main de Sán, qui la fit disparaître.
Le jeune homme releva son regard argent sur Aïla. Un léger sourire flotta sur ses lèvres.

"Je peux redonner à chaque chose son aspect initial. Mais seulement l'aspect. Je ne peux pas faire revivre quoique ce soit, par exemple. Juste redonner à un lieu l'aspect qu'il avait avant l'incendie."

Quel incendie ? Mais Sán était loin. Retourné au jour tragique où sa vie avait basculé. Ce fut Tielsvak et Akela qui le tirèrent de ses pensées, peinés. Il releva la tête, croisa brièvement le regard d'Aïla.

"Pardon, je m'égare."

c'est ennuyeux, si je ne réponds pas ce soir, tu vas devoir attendre 2 semaines ma réponse... >/

HJ : je veux bien que tu répondes, mais sinon t'en fais pas, je pars aussi pour deux semaines dimanche soir ^^

"L'incendie ?"

Aïla se tut en voyant l'air abscent du jeune homme, et attendit patiemment sans attendre de réponse.
Incendie. Feu. Envel. L'élément dévastateur n'était pas toujours mauvais. Elle chassa le regard violet de ses pensées et reprit :

"Le feu est destruction, mais promesse de renouveau. Vouloir reconstruire le passé n'est pas toujours une bonne chose. C'est vers l'avenir qu'il faut se tourner."

Elle lui sourit :

"Tes pouvoirs sont très interressants ! Je le connaissait, mais je n'avais jamais rencontré quelqu'un ayant celui de la glace éternelle. C'est si joli, on dirait vraiment du cristal !"

Elle finissait à peine sa phrase lorsque Neyle dressa les oreilles. Aïla tourna son attention dans la même direction que la jument en haussant les sourcils :

"Une nouvelle rencontre ? Il est rare de croiser tant de monde dans les pleines..."

La silhouette était encore à peine visible. Non, les. Ils n'avaient pas l'air d'avoir de montures, mais avançaient vite. Surement dans le but de traverser les Terres du Vent rapidement.
Pourtant, ils dévièrent leur route pour se diriger vers eux sans ralentir. Aïla posa une main rassurante sur l'encolure de son amie, hésitante.



HJ/ Je te laisse voir de qui (ou quoi) il s'agit ^^

HJ : tu me mets dans une situation bien embarrassante... Je vais pouvoir inventer quoi, moi ? xD

Sán eut un sourire un peu amer.

"Reconstruire le passé ? Peut-être... Mais quitter un lieu dévasté, surtout ce lieu, m'était impossible. Et l'avenir ne m'apparaissait guère brillant, à ce moment."

Il leva ses yeux gris vers Aïla.

"Qui plus est... Vous me conseillez de me tourner vers l'avenir, après m'avoir assuré que je retournerai vers ce lieu. Ce lieu, c'est mon passé. Vous vous contredisez."

Rapide sourire pour assurer qu’il n’était pas vraiment sérieux. Puis, lorsque la jeune fille se tourna vers un côté des plaines, il fit de même.
Sán fronça légèrement les sourcils. Du monde ? Apparemment oui. Trois ou quatre personnes, qui se dirigeaient rapidement vers eux. Le regard impénétrable, le jeune homme les regarda approcher. Sa main caressait toutefois doucement son colt, prêt à s’en servir si besoin était.
Bientôt, les inconnus arrivèrent à leur niveau. Ils couraient. Il y avait deux hommes et deux femmes, dont l’une portait un petit enfant. Le premier homme arriva à leur niveau, les yeux écarquillés par la peur.

« Fuyez, fuyez !! »

Sán, surpris, le saisit par le bras. L’homme, affolé, se débattit.

« Lâchez-moi ! »

« Attendez ! Fuir quoi, au juste ? »

L’homme lui envoya un regard éperdu, se libéra de l’emprise de Sán et recommença à courir.
Une des femmes s’arrêta, hors d’haleine. Elle désigna à Sán un endroit imprécis, à l’horizon.

« Là… Là-bas… »

Puis repartit. Sán les regarda courir, puis se tourna vers l’endroit que la femme lui avait désigné. Il ne voyait rien. Il interrogea Aïla.

« Toi qui semble connaître les environs… Y a-t-il un village, par là ? »


HJ : bon bah, je me suis débrouillée ^^" et désolée de ne pas répondre plutôt, je n'avais vraiment pas d'inspi, et qui plus est une autre chose en parallèle qui m'inspiraît beaucoup plus, alors... =P

HJ/ je me suis encore faite avoir TT-TT
et hop ! on recommence tout !



Regard surpris à San :

"Je me contredit ? Tu crois ? Pourtant, ces deux affirmations me paraissent être des évidences..."

Elle réfléchit un instant :

"Et puis, pour te tourner vers le futur, tu dois faire la paix avec ton passé, non ?"

Elle lui rendit son sourire :

"Mais peut être as-tu raison."

Les silhouettes qui arrivèrent vers eux étaient bien des hommes, et leur vitesse s'expliquait par le fait qu'ils courraient à perdre haleine. Aïla fronça les sourcils, inquiète, en les regardant s'enfuir.
Répondant à la question de San, elle tendit le bras vers une direction à leur gauche.

"Windora et la plupart des villages sont par là, du côté des montagnes ou du fleuve. Ici, il y a parfois des campements temporaires de chasseurs au moment des migrations, mais ce n'est pas la saison."

Elle fit une grimace à San :

"Mais les villages dans ces plaines fleurissent et s'étalent au grès du Vent, il est impossible de tous les cartographier, surtout les plus petits. Il est possible qu'il y en ai un dans cette direction."

Enfin, ce n'était pas le moment de débattre sur la démographie des grandes plaines, et Aïla sauta d'un mouvement souple sur le dos de Neyle. Ainsi controlerait-elle mieux la peur de celle-ci et pourrait réagir rapidement face à ce danger qui leur était encore inconnu.
Pas pour longtemps !
Il n'était pas dans les habitudes d'Aïla de fuir, encore moins quelque chose qu'elle n'avait même pas encore vu !

"Allons voir."

La jeune femme mettait sa jument au galop quand elle se rappela un détail. Il fut impressionnant de voir son amie se contracter en plein bond pour atttérir à quelques centimètres de son point de départ !

"Ah, mais tu n'as pas de monture !"

HJ : bon sang, tu me perturbes, tu es passée du tutoiement au vouvoiement alors j'ai fait de même dans ma première version xD

"Allons voir."

Ma foi... Sán n'était pas contre. Et rester là ne les avancerait strictement à rien.

"Ah, mais tu n'as pas de monture !" (<== j'ai corrigé, parce que ça me perturbe ^^")

Sán eut une hésitation. Un demi sourire.

# Alleeeez ! # martela le loup dans son esprit.

Sán capitula.

" Ce n'est pas un problème, crois-le. Je crois qu'il est temps pour moi de te présenter mes deux compagnons, navré de ne pas l'avoir fait plus tôt..."

Aussitôt, son image s'estompa, laissant place à Tielsvak. Le grand cerf pencha ses bois vers Aïla, le port altier.

# Enchanté, demoiselle. Tielsvak, pour vous servir, compagnon de Sán et de l'huluberlu qui va se présenter à vous tantôt. #

De là où il était, Sán étouffa un rire. Akela, lui, n'apprécia pas.

# Tu sais ce qu'il te dit, l'huluberlu ? #

# Laisse ta place, Tielsvak, # intervint Sán, hilare.

Le cerf disparut, laissant place au grand loup gris. Celui-ci braqua ses yeux jaunes sur Aïla.

# Salut, princesse. Je suis Akela, compagnons des deux susdits que vous avez aperçu auparavant. Enchanté. #

Akela s'estompa lui aussi. Sán réapparut, adressant un fin sourire à Aïla.

"Il est normal que tu sois surprise ; ma race est peu connue, voire disparue, et je suis, je veux dire nous sommes, une particularité au milieu d'elle... Ce serait un peu long à t'expliquer, pourras-tu attendre ? Je crois qu'il ne vaut mieux pas perdre de temps. Tielsvak ?"

# C'est parti ! #

Le cerf se matérialisa.

# Prête, jeune fille ? #