HJ/ Oups, je crois que je me suis un peu emballée là… ^^ ‘‘



Un vrai labyrinthe. Gauche, droite, allez, encore à droite, tout droit, et de nouveau à gauche ! Aïla avançait sans même chercher à se repérer, totalement au hasard de ses pas dansants. Tiens ? N’était-elle déjà pas passé par ici ? Tournons plutôt à droite dans ce cas… Pourquoi ? Et bien… Fallait-il vraiment qu’il y ait une raison ?
Aïla marchait en chantonnant, et sa voix douce et pure se répercutait sur les parois dans les chemins alentours. Une lumière diffuse éclairait les tunnels, mais le Vent était plus faible à chaque nouvelle salle.

La jeune femme et son amie sabotée arrivèrent finalement sous un grand dôme de pierre. Le cristal n’était présent qu’en certains endroits, éclats de lumière qui faisaient des étoiles sous la voûte noire. Que de merveilles…
La galerie suivante n’était plus que de roche, et l’obscurité reprit ses droits.
La pierre.
La montagne.
Jusqu’où ces immenses galeries s’enfonçaient-elles ? Pouvaient-elles traverser les montagnes ? Retournaient-elles à la surface ? Des gens étaient déjà passés par là ? Elle n’en avait jamais entendu parlé. Soit ce n’était pas possible, soi… ils n’avaient pas réussit.

Neyle hennit nerveusement. Aïla non plus n’était plus totalement à l’aise. Non qu’elle ait peur du noir, mais les passages souterrains n’étaient pas son élément, et sans le cristal, la lumière et le vent, elle avait l’impression de perdre ses sens.
Elle tendit la main pour la poser à l’aveuglette sur l’encolure de Neyle :

"Tu as raison Belle, retournons en arrière. Ce royaume n’est pas le nôtre."

Elles firent demi-tour. Dans le noir qui ne disparaissait plus, Aïla se confiait totalement à Neyle, qui elle avançait sans hésiter. A certains moment, elle cherchait le Vent, suivant ses murmures presque inaudibles.
Soudain il se tut. Au même instant, Neyle s’arrêta net. Aïla frissonna. L’air avait changé.
La jeune femme ferma les yeux, cherchant les traces de son ami invisible.
Rien. Plus rien.
Ce n’était pas possible !
Elle sentit Neyle frémir, faire un pas indécis vers l’avant, ne l’entendit plus.

"Neyle ? Que se passa-t-il ?"

Rien. Un silence oppressant.

"Neyle ! Où es-tu ?"

Comme elle avait deviné sa jument faire juste avant, elle fit un pas. Puis deux. S’arrêta. Ferma les yeux. Se concentra. Ecouta. Chercha… quelque chose. N’importe quoi.
Mais plus rien. L’obscurité. Le silence. Le sol lisse sous ses pieds. Même le bruit de sa respiration semblait étouffé par la montagne.

Alors Aïla commença à paniquer. Elle chercha le mur du couloir. Fit plusieurs pas sur le côté, là où elle savait qu’il se trouvait l’instant d’avant. Rien.

#NON !!!#

A son cri silencieux, quelque chose autour d’elle sembla gronder. La Montagne ?

#Laissez moi sortir ! Je vous en supplie !#

~Les portes nombreuses… et secrets cachés… trouvées, encore moins ne les contrôlent… portes d’univers… ~

Aïla s’effondra sur le sol. Une porte… Bien sûr, le Vent en contait parfois. Voilà donc ce que pouvait-être une porte… Et elles existaient bien. La Montagne…
La montagne regorgeait de portes.
Et elle en faisait partie.

Cette fois, elle était bien perdue. Et ne pouvait s’en sortir par elle-même. Soit la Montagne la laissait partir, soit quelqu’un contrôlant les portes venait l’aider… Si c’est bien ce qu’elle avait comprit. Si quelqu’un capable de le faire existait.

Elle enfouit la tête dans ses bras, serrant ses jambes contre sa poitrine. Noir et silence, solitude. Et partout autour d'elle, le vide sur un sol lisse invisible. Pas une paroie à laquelle s'accrocher. Rien. Dans quel univers était-elle donc tombée ?! Ses pires cauchemars…[i]

***

[i]Aïla. Elle était la, Neyle pouvait sentir sa main, puis avait soudain disparut. Juste après la chose. La petite jument tournait et retournait dans le passage étroit. Que s’était passé en une demi-seconde ?
Un hennissement inquiet et strident retentit :

#Où es-tu ?!#

Elle retourna vers la salle nuit d’étoiles, revint au galop plus loin encore que la première fois, ses petits sabots dérapant sur la roche lisse.
Rien. Plus aucune trace. Son odeur s’arrêtait net à cet endroit.
Neyle hennit de nouveau, gratta le sol, rua dans la paroi, hennit encore. Un bouquant d’enfer dans le silence.
Puis, déboussolée, s’arrêta et attendit. Quelque chose. Et comme rien ne se passa, elle repartit au galop dans les couloirs. Quelqu’un. De l’aide.
Un troisième hennissement strident déchira le silence.

#Elle a disparut !#

***

L’air trembla. Sembla trembler. Aïla leva la tête, se tut pour écouter. Un murmure… Elle ferma s’accrocha au murmure comme à un fil de vie, se tirant à lui.

#Ne me laisse pas là !!#

Alors soudain il sembla plus net. Et elle les entendit, le clapotement discret de l’eau et les rêves du Vent.

~les reflets du cristal sur l’eau… poissons argentés… lumière bleutée…~

Ouvrant soudainement les yeux, Aïla se retrouva dans une salle au centre de laquelle un point d’eau ondulait doucement. Tremblante, elle remercia silencieusement la Montagne.
Elle était sortie.
De retour dans les galeries. Perdue, mais sortie. Car elle n’était jamais passée par là, et pouvait être n’importe où dans les profondeurs. Proche de la sortie ? Elle l’espérait.

#Neyle, où es-tu ?#

Bien plus chamboulée par son étrange expérience qu’elle ne voulait bien l’avouer, elle ne parvint même pas à se relever. Alors s’adossa au mur et perdit son regard dans les vagues de l’eau aux milles reflets.

Envel marchait. Il marchait sans vraiment savoir, comme à son habitude. Il sentait contre sa hanche la figurine en cristal qui reposait au fond de son sac. Bon sang, pourquoi ne l'avait-il pas détruite ?
Sans doute parce que dans ces lieux sacrés, la destruction n'avait pas lieu...
Le jeune homme s'arrêta soudain net. La galerie s'arrêtait là. Il fit demi-tour, tourna à gauche, puis à droite. Encore une impasse. Il avait la bizarre impression que la montagne se refermait au fur et à mesure qu'il tentait de se retrouver.
Bon. Alors dans ce cas, il ne bougerait plus. Envel s'assit, sortit son arme à double tranchant et la fit pensivement tournoyer. Il faisait noir, très noir, tout d'un coup. Envel n'aimait pas l'obscurité.
Mais il se serait tué plutôt que de créer une flamme.
Il attendit. Quoi ? Il ne savait pas. Il entendait seulement le rythme tranquille de sa respiration, et un lointain bruit d'eau.
Puis, il y eut un martèlement, comme si un cheval courait sur le sol lisse. Un hennissement retentit. Envel fonrça les sourcils.

# Neyle ? #

Lentement, il se leva. Suivit le son. Emprunta un couloir. Bizarre, n'était-ce pas un cul-de-sac avant ? Tant pis. Il finit par déboucher dans une vaste salle, où la petite jument, l'air totalement désorientée, fixait la paroi d'un air implorant. Envel tendit la main, lui caressa doucement l'encolure.

- "Calme... Es-tu perdue ? Où est ta maîtresse ?"

Séyen vit Aïla s'engoufrer dans un des tunnels. Il la suivit tel une ombre meutrière. Envel n'était plus avec eux... il pourrait attaquer. Soudain la jeune femme disparut. Le vampire sortit de l'ombre et regarda autour de lui. Aucune trace d'Aïla ! La jeune femme n'avait pas pu disparaître ! Surtout que Neyle était toujours là. Séyen lui flatta l'encolure.

# Dis moi ma belle, on dirait que toi non plus tu ne sais pas où est passée ta propriétaire... #

Akmë fit un repérage rapide des lieux. Aïla n'avait pas pu passer par une sortie secrète. Le silence était complet. Akmë fit alors peur à la jument, qui s'enfuit en galopant. Séyen le fusilla du regard.

# Désolé. J'ai pas fait exprés #

Séyen ne savait pas si la jument lui serait utile ou pas. De plus il sentait l'aura d'Envel non loin. Il s'assit et attendit de voir si Aïla réapparaissait.

HJ/hey ! et bien... effectivement, c'est pas ce à quoi j'avais pensé x)
enfin, une autre preuve que je suis nulle, on ne comprend même pas ce que j'écris xD
sinon...
comment expliquer...
des dimensions parallèles quoi ^^
C'est pas Neyle qui disparaît, c'est Aïla x)
'là. plus là. ailleurs.' xD
bon essayons autrement :



[flash back]

Aïla écoutait le Vent, ses histoires, ses rêves, ses souvenirs... Mais sa curiosité toujours plus aiguisée, elle complétait ses récits par de nombreuses recherches... Quoi de mieux alors qu'une gigantesque bibliothèque ? Si grande qu'elle y passait plusieurs semaines rien qu'à visiter les rayons. Une gigantesque forêt de livres et documents en tous genres, des plus récents aux plus anciens, parfois réunis et conservés pendant des dizaines et des dizaines d'années.
Et c'est en faisant des recherches sur la légende des univers qu'elle trouva le livre...

Emaär, grand érudit de son temps, avait passé sa vie dans cette bibliothèque : 'Comment ?' 'Pourquoi ?' Les raisons de la vie l'intéressaient plus encore que la vie elle-même. Mais une idée qu'il découvrit de ses vieux ouvrages le passionna plus encore :

Un univers constitué d'univers.
Une théorie qu'il étudia et développa pendant le reste de sa vie.

L'univers serait ainsi partagé en de nombreux mondes, des plus semblables aux plus improbables, placés sur différentes dimensions, toutes parallèles, et ayant chacune une caractéristique espace-temps qui leur est propre. Sans la séparation de ces différents mondes, le chaos serait assuré.
Cette séparation, Emaär l'appela réalité.

Parfois, cette fine séparation, qu'il décrivait selon le modèle d'une toile, ou d'un mur invisible, impalpable, existante mais n'existant dans aucun des univers ; cette séparation des univers donc, pourrait se déchirer, et former une porte dans la réalité.
Une porte plus ou moins grande, stable ou non, pouvant exister une fraction infime de seconde ou pendant des années, se créer n'importe où n'importe quand, ne s'ouvrir qu'une seule fois, ou bien apparaître régulièrement, ou encore de façon totalement aléatoire,...
Des portes qui mènent vers d'autres univers.
Et c'est justement ces portes, ces trous dans la réalité qui justifient l'existence inexistante de celle-ci.

Ces portes, il n'y aurait aucun moyen de les découvrir, sinon par hasard, en les passant, c'est à dire en changeant d'univers par une déchirure du temps et/ou de l'espace, d'un simple pas de plus à cette seconde précise.

Cette théorie devait expliquer certaines disparitions, ou étranges phénomènes non expliqués ni par la science plane, ni pas celle de la perturbation magique.

Après recherches historiques, Emaär annonça également qu'il existerait des personnes capables de contrôler ces portes, du moins partiellement. La téléportation serait alors la création d'une porte sous sa forme la plus simple : celle de la déchirure de l'espace-temps propre à l'univers.
Déclaration qui fit tourner les grandes gens vers ses recherches pour la première fois depuis le début de celle-ci : Quoi de plus grand pouvoir que de contrôler la réalité ?
Mais si des personnes capables de se téléporter étaient connues, aucune ne parvint à confirmer la théorie.

Une théorie qui resta purement... théorique, justement. Aucune preuve ne fut trouvée, rien ne fut confirmé, ni même appuyé.
Phénomène trop rare, trop aléatoire, ou juste passé inaperçu, la théorie des portes et des univers d'Emaär fut oubliée.


Pourtant, Aïla avait de bonnes raison d'y croire. Et elle y croyait.


HJ/ alors ? XD
je ne suis pas sûre que cela soit beaucoup plus clair... ^^"
Dites donc, ça m'a fait penser à deux choses :
l'arrivée des démons en endora
et la grotte de Tsubaki dans la montagne x)
bon ok, j'arrête de m'écarter du sujet... T-T
Seyen, si tu veux éditer ton post, j'attends pour répondre ^^
sinon...
je me dis qu'au pire, à la fin je suis toujours seule près du lac, ça ne change pas grand chose à la suite de l'histoire xD

HJ/ Ok, c'est bon, j'ai pigé x)
J'ai édité mon message

Aïla se leva et regarda plus attentivement autour d’elle. Un petit bassin au milieu de la salle, de l’eau aussi pure que le cristal des murs, des reflets bleutés et quelques éclairs argentés de poissons silencieux. Deux couloirs.
La jeune femme ferma les yeux. Un léger courrant d’air fit bruisser l’eau. Elle suivit le vent.

Aïla marcha plusieurs minutes avant d’apercevoir Seyen. Elle se détendit et accéléra jusqu’à lui :

"Seyen ! Je suis soulagée de t’avoir trouvé ! "

Elle finit par murmure, le regard perdu sur le sol :

"Certains univers ne sont pas fait pour les êtres de ce monde… "

Relevant la tête vers son visage, elle demanda, la voix plus ferme :

"Sommes-nous loin de la salle où nous nous sommes séparés ? As-tu vu Neyle ?"

***

Neyle dressa soudain les oreilles. Une odeur, un lien, une pensée... Une présence imperceptible.
S'ébrouant, la petite jument grise secoua la tête avec enthousiasme avant de pousser Envel du bout du nez vers une galerie parallèle avec conviction.

Séyen attendit de longue minutes avant d'entendre du bruit. Il reconnut la présence d'Aïla. La jeune femme paraissait soulagée de revoir le vampire. Ce dernier se leva.

" Akmë lui a fait peur tout à l'heure, donc je l'ai perdue de vue. Mais que s'est t'il passé exactement ? "

Le vampire se demandait bien où Aïla avait pu passé après leur séparation...

Séyen sourit : il avait là l'opportunité de mordre Aïla. La jeune femme commença à se relever de la paroi, mais Séyen l'en empêcha. Ses yeux brillaient tels deux braises dans l'obscurité. Le vampire put voir nettement un éclair de surprise et de peur passer dans le regard d'Aïla.

" Je ne te veux aucun mal ... commença t'il d'une voix plus effrayant qu'à l'origine, je veux juste... "

Ses canines s'allongèrent.

" ... Boire quelques gouttes de ton sang. "

Il planta alors ses crocs dans le cou d'Aïla. Son sang avait un goût délicieux. Mais à peine eut-il le temps d'en profiter qu'un poignard siffla un passant au-dessus de lui, lui entaillant l'oreille au passage. Séyen lâcha Aïla et vit Envel un peu plus loin.

#Encore lui ... décidemment, ce type a décidé de m'énerver... #

HJ/ Aïla si quelque chose ne te va pas, dis le moi Mais si je t'ai mordu c'est à fin qu'Envel puisse arriver et te sauver

Envel était toujours avec Neyle, et, ayant réussi à apaiser la jument, partit à sa suite à la recherche d'Aïla. Ils parcoururent d'innombrables couloirs sans rencontrer âme qui vive, puis Neyle sembla sentir l'odeur de sa maîtresse. Les oreilles en avant, elle allongea le pas. Envel la suivit.
Bientôt, ils arrivèrent à un embranchement, où se trouvaient déjà Aïla... et Séyen. Celui-ci avait plaqué la jeune fille contre le mur et planté ses canines dans son cou. Le regard d'Envel changea légèrement.
Un sifflement. Un poignard se planta à dans le mur en frôlant Séyen au passage, le faisant lâcher Aïla. Envel, appuyé contre la paroi, observait la scène d'un air impassible, faisant tournoyer un deuxième poignard entre ses doigts.

- "Mordre une jeune fille, lâcha-t-il de sa belle voix tranquille, n'est pas digne d'un gentleman."

Séyen sourit à la remarque d'Envel.

" Tu as raison... Range ton poignard, je m'en vais de toute façon "

Il lança un regard désolé à Aïla, et vit que la jeune femme titubait. Peut-être avait-il mal calculé la dose de sang qu'il lui avait prise? Il posa sa main sur la morsure et la blessure se referma. Les assassins l'ayant guidé dans son enfance lui avaient appris à faire ça. Akmë bondit sur son épaule.

# Eh oh ! A quoi tu joues là ? #
# Je sais pas... C'est la première fois que je regrette d'avoir mordu quelqu'un ... #

Le chat leva les yeux au ciel. Séyen s'éloigna des deux autres.

" Ravi de vous avoir rencontrés, lança t'il, et Aïla, désolé pour la morsure. "

Il disparut dans l'ombre de la grotte...

Envel fut quelque peu surpris (sans le montrer, bien entendu) de la réaction de Séyen. Il avait supposé que le vampire ne prendrait pas bien le fait d'être... dérangé en plein repas. Mais apparemment il regrettait son geste. Il les salua et les laissa seuls.
Neyle tournait anxieusement autour de sa maîtresse. Aïla semblait peiner à retrouver son équilibre, son corps ne supportant sans doute pas une perte de sang aussi brutale. Envel la prit par le bras et la fit doucement asseoir, le temps que la jeune fille reprenne ses esprits. Il s'assit à ses côtés.
Pendant un temps, aucun des deux ne parla. Puis Envel rompit le silence, observant impassiblement le plafond et faisant tournoyer son poignard, qu'il n'avait pas rangé.

- "Neyle semblait perdue. Vous vous étiez séparées ?"

Envel regardait fixement son poignard.

- "Une porte..." répéta-t-il pensivement.

Il sentit alors les lèvres d'Aïla sur sa joue. Le garçon arrêta soudainement de faire tourner son arme.
Un fin observateur aurait vu ses mains frémir légèrement.
Sensation nouvelle...
Il aurait pu rougir. Il se contenta d'un mince sourire, qui illumina brièvement ses yeux violets.
Le premier depuis 6 ans.
Et... oui. Si Aïla le regardait à ce moment, elle vous confirmerait que ce sourire valait le déplacement.
Envel rangea son arme. Puis il fouilla dans son sac et en sortit la figurine. Il l'observa un instant à la lumière, l'air impénétrable, avant de la tendre à Aïla.

- "Tiens, prends-la. Sinon, je finirais sans doute par la détruire."

"La détruire ?! Mais pourquoi ?"

Envel resta silencieux un instant. Etait-ce une illusion ? Ses lèvres tremblaient...

- "Pour oublier..."

Aïla secoua la tête, refusant la figurine. Envel la posa lentement à terre, et regarda fixement la paroi en face de lui.

- "Aïla... Ce rêve n'est pas le mien non plus. Non... il n'est plus le mien."

Il soupira imperceptiblement.

- "Mais je ne peux pas t'obliger à la prendre."

Il referma doucement sa main sur l'opale de son médaillon. Son comportement était stupide. S'il gardait cette opale, pourquoi ne gardait-il pas la figurine ?

Aïla observa Envel un instant, avant de dire :

"Je ne pense pas que détruire soit le bon moyen pour oublier. Je ne crois pas qu'oublier soit une bonne chose d'ailleur. Juste accepter."

Mais elle ne le connaissait pas, alors comment pouvait-elle prétendre le comprendre ?
Pourtant... Elle espérait pouvoir le faire.

Aïla vit Envel attraper l'opale à son cou.
Se saisissant de la main du jeune homme, elle ajouta :

"Envel, comment quelqu'un doté d'un don de création comme toi peut-il penser à détruire ?! Tes mains sont si belles, elles donnent la vie ! Pourquoi détruire ? Pourquoi oublier ? Et si tu le voulais vraiment, alors pourquoi garderais-tu ce médaillon ?"

#Car il est lié à ton rêve n'est-ce pas ? Je te vois t'en saisir, je le vois dans tes yeux...#

Elle posa son regard clair dans celui d'Envel :

"N'abandonne pas ton rêve, Envel !"

- "Ce médaillon...

La voix d'Envel était devenue curieusement rauque.

Je ne devrais pas le garder non plus."

Aïla avait plongé son regard vert dans celui d'Envel. Ses yeux violets, habituellement impassibles, étaient teintés d'une sourde tristesse.

- "Et si j'essaie d'oublier...

Le garçon dégagea doucement ses mains de celles d'Aïla. Peut-être pour qu'elle ne sente pas le léger tremblement qui les parcourait.

C'est pour ne pas prendre le risque d'avoir envie de retourner en arrière."

Ses phrases n'avaient aucun sens, et il s'en rendait bien compte. Mais parler de son passé... n'était pas vraiment son sujet de prédilection.

Envel avait retrouvé sa voix impassible. Mais son regard était loin.
Très loin...

- "Quand j'ai parlé de retourner en arrière... Je ne parlais pas du passé. Disons que j'ai laissé derrière moi certaines..."

Il se tut un instant. Il hésitait.

- "J'ai laissé... énormément de choses derrière moi."

Tellement de choses...

- "Et c'est parfois dur... de ne pas chercher à les revoir."

- "Bien sûr que si."

La voix d'Envel n'était que murmure. Pourtant, elle sembla résonner dans la salle obscure, faisant taire tout autre bruit.

- "Et si c'était pour les protéger ? Et si c'était pour les empêcher de souffrir ?"

Le jeune homme plongea ses yeux violets dans ceux d'Aïla. Ils ne reflétaient à nouveau plus aucune émotion.

- "Est-ce que tu ferais la même chose que moi ?"

Envel détourna le regard.

- "Cela n'a pas vraiment d'importance, de toute façon."

Il fir passer la lanière de son sac par-dessus son épaule, et se leva.

- "On devrait sortir d'ici."

La figurine était toujours sur le sol.

Envel était parti devant. Cependant, il eut l'intuition que quelque chose n'allait pas. Se retournant, il vit Aïla, la tête baissée, chevauchant Neyle.
Elle était étrangement silencieuse.
Envel hésita. S'avança vers elle.

- "Aïla..."

Il tendit la main. Ecarta doucement les boucles blondes de la jeune fille de son visage.

- "... Tu pleures ?"

Elle pleurait. Il l'avait fait pleurer. Mais quel imbécile.

- "Je suis désolé que ma réponse te choque tant. Mais je suis très... difficile à comprendre. En fait..."

Il s'écarta, évitant son regard.

- "Je cache beaucoup trop de choses sur moi. Mais je ne veux pas..."

Sa voix se brisa. C'était la première fois qu'il avouait ce genre de chose.

- "Je ne veux pas que les gens aient peur de moi," murmura-t-il d'une voix presque imperceptible, les yeux rivés au sol.

Il se tut. Fit lentement demi-tour. Ramassa la figurine, et la glissa dans son sac.
Parce que personne d'autre ne devait être au courant.