Devant la réponse virulente de Nathanaël, Saïma eut un doux sourire.

"Tu n'y es pas pour rien, tu sais... Et si je te pose cette question, c'est que tu as toi-même affirmé que l'on t'oubliera vite."

La jeune femme se pencha par-dessus la table et plongea son regard d'encre dans celui du garçon.

"Sache qu'ici personne ne t'oubliera, Nathanaël. Sois-en certain."

Et surtout pas moi.
Saïma passa une main embarrassée sur son cou.
Si tu veux que je sourie plus souvent...
Ses yeux noirs se posèrent pensivement sur le jeune homme.
Alors fais-moi oublier d'où tu viens, et où tu veux retourner.
La fille d'Orient eut un sourire, mais quel curieux sourire...
Mais c'est impossible, n'est-ce pas ? Ce désir de retrouver ton monde se lit dans tes yeux sans que tu puisses, sans que tu cherches à le dissimuler.
Et ses pensées à elle, Saïma espérait que son regard ne les trahirait pas.
Les plats commandés arrivèrent. Saïma en piqua distraitement quelques morceaux dans son assiette, puis se leva résolument et alla voir le cuisinier.

"Excusez-moi, auriez-vous un supplément de viande pour mon guépard ? Je paierai, bien entendu."

Le cuisinier, un homme robuste et jovial, l'accompagna à l'écurie et déposa devant le fauve, sans peur aucune, un bon morceau de viande rouge dans lequel Aïsha mordit avec appétit. Saïma le remercia chaleureusement, l'homme lui répondit d'un signe négligent de la main et d'un sourire avant de sortir de l'écurie.
La jeune femme observa son guépard manger en silence. Au bout d'un moment, conscient du regard que sa maîtresse posait sur lui, le félin leva la tête et la jaugea d'un air impénétrable.
Saïma mit ses mains de chaque côté de la tête du guépard, apposa son front sur le sien, et plongea son regard sombre dans celui, couleur d'or liquide, du fauve.

"Aïsha, et maintenant je fais quoi ?"

Nathanaël écouta son interlocutrice en silence… et ne répondit rien.
A la place il la regarda se diriger vers le cuisinier et rejoindre son guépard. Patient mais quelque peu agacé tout de même, il vit la jeune femme disparaitre.
Tant pis pour elle, il ne l’attendrait pas pour manger la commande qui venait d’arriver.
C’était délicieux
Mais le gout du doute, de l’anxiété et de l’incompréhension ternissait un peu le plat.
Au bout d’un temps, voyant que Saïma n’était toujours pas de retour il se leva et s’avança d’un pas résolu dans les écuries :

- Aïsha, et maintenant je fais quoi ?

-Tu pourrais peut être m’expliquer ce qui se passe. Répliqua-t-il d’un ton un peu sec dans le dos la questionneuse.

Le sourire de Nathanaël avait étrangement disparu :

- Il faudrait te décider. Un coup tu te jettes dans mes bras et l’autre ne perd pas une seule occasion de me fuir. Il faut savoir ce que tu veux faire.

Il la força alors à le regarder dans les yeux :

- Dis-moi ! Tu veux qu’on arrête de se côtoyer ? Ça n’est pas si compliqué que cela tu sais. Vu mes responsabilité je suis sûr de trouver un tas d’occupation à ne plus savoir où donner de la tête. Et sache que je n’ai pas envie de passer ma vie à courir après une fille qui joue au fantôme.

Nathanaël finit alors par se redresser et se passer une main dans ses cheveux ébouriffés. Il regrettait un peu ses paroles, mais au fond il savait qu’il n’avait pas tord et que cela devait sortir.

Saïma sursauta. Elle se redressa brusquement et se retourna, faisant face à Nathanaël.
A la fin de son laïus, elle avait pâli.

"De quel droit..."

Non.
Saïma s'interrompit.
Pas de ça. Pas lui.
La jeune femme prit le temps d'une inspiration. Puis, d'une voix basse et calme, sans quitter le garçon des yeux, ce fut à elle de dire ce qu'elle avait sur le coeur.
Du moins, une infime partie.

"Une fille fantôme ? Et toi, qu'étais-tu, pendant tous ces mois où je te croyais mort ?"

Je l'ai vu revenir sans toi. Je n'ai plus vécu qu'à moitié. Je croyais t'avoir retrouvé, mais je t'ai de nouveau perdu.

"Se côtoyer ? Rester avec moi ? Alors que tout ton être clame que tu veux quitter se monde ?"

En m'accusant de te fuir, sais-tu seulement à quel point tu me blesses ?
Ne te rends-tu donc pas compte qu'avec ce désir à peine refoulé, c'est toi qui me fuis ?
Et...
Saïma serra les poings.
Et par quelle obligation te vois-tu contraint de me "courir après" ? Contrairement à moi, tu es libre, Nathanaël. Mais cette liberté, c'est seulement une fois qu'on l'a perdue que l'on en prend conscience.

"Je ne suis pas sûre qu'ici, ce soit moi qui ait tous les torts."

Conclusion évidente de tout ce qu'elle avait pensé.
Mais pas dit...

"Mais si tu l'estimes, alors dans ce cas je te présente mes excuses, et ne m'éloignerai plus."

Saïma se planta devant le jeune homme et lui adressa brièvement un sourire.

"Elsën, Nathanaël. Si c'est ce que tu souhaites, alors jusqu'à ce qu'un aigle me cache la lumière de la lune je ne te quitterai plus d'une semelle."

Et elle sourit encore, masque dissimulant la douleur qui lui broyait la poitrine.

Qui l’aurait crû ?
Après Nathanaël se fut Saïma qui s’appliqua à régler ses comptes. Mais étrangement, au lieu d’ajouter de l’huile sur le feu dans le cœur du garçon.
Il s’apaisa.
Doucement le jeune homme avait perdu dans sa posture toute agressivité. Au contraire, il reprit une attitude plus calme et se contenta d’écouter les dernières paroles de son interlocutrice avec une certaine lueur dans le regard.
Au sourire de Saïma il ne répondit qu’en passant sa main sur sa joue en une paisible caresse.
Il était… rassuré.
Elle ne le fuyait pas parce qu’elle en avait assez, mais parce qu’elle aussi ne savait plus trop quoi penser de tout cela.
Délicatement sa main dévia de la joue à derrière le cou et incita la jeune femme à s’approcher, lui-même s’avança un peu et prit délicatement Saïma dans ses bras. La tête contre son torse il enfouit son visage dans la chevelure épaisse de l’orientale avant de passer son autre bras autour de sa taille :

- Pardon. Murmura-t-il à l’oreille de la jeune femme.

Et immobile, d’une tendresse sans précédent, le semi-loup enserra Saïma, lui prêta son épaule et apaisa ses angoisses passées.

Saïma s'attendait à à peu près tout.
Mais pas à ça.
Lorsque Nathanaël l'attira à lui, la barrière érigée par la jeune femme s'effondra.
Lentement, ses mains se glissèrent derrière la nuque du garçon, s'abandonnant à l'étreinte.
Saïma ferma les yeux.
La fille du dirigeant ne pleurait pas.

# Ne pars pas... #

Un murmure qui se transforma en cri de souffrance.

# Ne pars pas ! #

Saïma releva la tête et embrassa doucement la joue de Nathanaël. Son rire léger s'éleva.

"Eïlh, il serait bien malvenu de t'en vouloir ! Excuse-moi."

D'autorité, elle poussa le jeune homme vers la sortie de l'écurie.

"Si on ne revient pas à l'auberge, ils vont vraiment finir par se demander ce qu'on fait ! Et ça va être froid."

Elle avait retrouvé le sourire. Mais, lorsqu'avant de sortir à la suite du garçon, Saïma croisa le regard de son guépard, un long gémissement s'éleva de celui-ci.
Quelque chose en l'orientale s'était éteint.
Comme une bougie qu'on aurait soufflé.

Un doux moment d’apaisement.
Un baiser délicat.
Nathanaël, yeux fermés, en aurait voulu encore, plus. A ne plus en finir…
Il aurait désiré que les lèvres de la jeune femme le frôle encore, il aurait voulu enfouir de nouveau son visage dans le cou de Saïma.
Rester là.
Encore.
Ne plus la lâcher.
Mais une femme aussi libre qu’elle ne pouvait combler cette envie et c’est à regret qu’il se recula :

- Si on ne revient pas à l'auberge, ils vont vraiment finir par se demander ce qu'on fait ! Et ça va être froid.

Le jeune homme la regarda d’un air malicieux, le brillant de ses yeux revenu :

- Et ils ont bien raisons. Nous pourrions faire plein de chose. Lui susurra-t-il à l’oreille.

Il s’écarta néanmoins prestement au gémissement du guépard, bras au ciel:

- D’accord Peluche ! Je ne la touche pas promis !

Puis dans un éclat de rire il sortit de la bâtisse pour entrer de nouveau dans l’auberge. En s’asseyant devant sa table il prit cependant un air déçu.
De colère de se voir ainsi lâcher il avait engloutit son assiette, seul :

- Aaaah. Constata-t-il intelligemment.

Coude sur la table il fit alors face à l jeune femme :

- Ben je n’ai plus qu’à te regarder manger...

Saïma eut un sourire.

"Al Kher, je peux toujours trouver de quoi t'occuper..."

La jeune femme commença à manger, les yeux dans le vague, cherchant queque chose à demander à Nathanaël.
Quelque chose qui lui ferait plaisir...
Un bref instant, son regard se voila.
Si, bien sûr... Elle savait quoi lui demander.
Elle releva vivement la tête, sourit encore.

"Shën Ghard, tu as vu mon monde, mais moi je ne connais rien du tien ! A quoi ressemble-t-il ?"

Il faut l’avouer, la question de Saïma prit un peu le jeune homme au dépourvu :

- Haem. Commença-t-il. Eh bien…

Bon arrêtons de dire n’importe quoi et réfléchissons :

- C’est un monde très différent d’Endora. Reprit-il songeur. La technologie y est beaucoup, mais alors beaucoup plus avancée. Je dois même t’avouer que j’ai quelque fois du mal à assimiler le fait que les habitants d’ici puissent s’en passer sans mal. Quand on les connait c’est tellement… indispensable ! Par exemple nous avons fait des machines qui nous permettent de voyager sur plusieurs centaines de kilomètres en à peine une heure, des fois même, en quelques minutes. Pour un monde où la magie n’existe pas, où la téléportation n’est qu’un rêve… c’est drôlement utile.

Il ajouta avec un clin d’œil amusé :

- Peut-être même que la science nous permettra de nous téléporter sans avoir recours à la magie dans le futur... Nous avons tout une série de machines pas indispensables à la survie, mais qu’il l’est devenu pour notre quotidien. On peut dialoguer, se voir, jouer et faire plein de trucs différents ensemble, alors que nous sommes chacun d’un côté du monde. Oh ! Nous avons aussi été capables de voyager sur les autres planètes qui nous entourent. Disons que c’est comme si nous avions été sur la lune d’Endora et les étoiles environnantes. Et plus loin encore...

Il observa la réaction de Saïma avec délice. Quoi ? Ce n’était pas rien tout de même :

- En fait, si ça se trouve Endora n’est pas un monde parallèle. Mais juste une planète tellement éloignée que nous ne l’avons pas encore découverte. Finit Nat’ dans un murmure pensif.

Saïma écouta, fascinée, le récit du garçon. Ses yeux noirs jaugeant ceux de Nathanaël, brillant de plaisir à son souvenir.
Tellement, tellement douloureux...

- En fait, si ça se trouve Endora n’est pas un monde parallèle. Mais juste une planète tellement éloignée que nous ne l’avons pas encore découverte.

"Al Kher, j'espère que non !"

La jeune femme s'était redressée, virulente. Embarrassée de ce soudain mouvement, elle se passa une main dans les cheveux, expliqua d'une voix basse :

"Si un jour, avec toutes ces machines dont tu m'as parlé, vous..."

Elle s'interrompit. Une douleur lancinante lui vrilla la poitrine au moment où elle prononça le "vous", si symbolique...
Comme si elle allait suffoquer.
Elle se reprit vite, d'une voix qu'elle voulut ferme mais qui trembla légèrement.

"Si vous découvrez Endora, sa magie, ses territoires, qu'allez-vous en faire ?"

Silence. La jeune femme murmura doucement, comme si elle narrait le début un conte :

"Mon monde à moi, n'est pas découvrable par ces technologies. Il n'a pas de limites. Ce n'est pas une planète. Ceux qui, par hasard, l'on découvert..."

Ne sont plus là pour narrer ses merveilles.
La main de Saïma se crispa.
Non.
Ne plus y penser.
Oublier son âme noircie par les meurtres.
Rien qu'un instant.

"J'aimerais y retourner, maintenant. Il est si beau, la nuit..."

La jeune femme leva les yeux vers Nathanaël, eut un léger sourire, si dur à esquisser.

"Viendrais-tu avec moi ? T'allonger sur les dunes..."

Il faut le dire, Nathanaël fut assez surprit de la brusque réaction de Saïma à ses dernières paroles. Il avait imaginé un sourire, une tentative pour retenir cet espoir qui lui aurait permit, et de retrouver son monde, et de retourner sur Endora.
Néanmoins il n’avait pas vu les choses sous le même angle que la jeune femme… et il devait admettre qu’elle n’avait pas tord.
Des dragons, des vampires, des pouvoirs inimaginables de puissance…
Oui cela avait de quoi faire peur. Une part de la population voudrait surement ce contenter de négociation, mais l’autre… au moins l’élimination des races menaçantes…
Natou soupira en renversant la tête en arrière, pensif, quand soudain :

- Viendrais-tu avec moi ? T'allonger sur les dunes...

Il se rassit normalement. Les yeux ronds.
Elle lui proposait de rêver.
Rêver…
Les lèvres du garçon s’étirèrent timidement pour finalement donner un sourire ravis :

- Je te suis ! Déclama-t-il alors.

HJ/ Tout ça pour dire ‘oui’ …. ^^’

Saïma sourit doucement.

"Allons-y, alors."

Elle alla payer l'aubergiste, le remercier pour avoir accepté d'héberger son guépard quelque temps. Puis, d'un claquement de langue, elle fit lever celui-ci, qui paressait dans l'écurie, et tous s'éloignèrent dans la rue, un faucon aux yeux d'or dans leur sillage...
Saïma choisit une ruelle peu fréquentée. Puis, esquissant un geste, et murmurant quelques mots dans sa langue, elle fit apparaître le mirage, qui leur permettrait de passer d'un monde à l'autre.
Mais avant de le franchir...

"Enk Jelah, Sahënir Fell."

Le faucon s'envola, franchit la couche d'air opaque. Il revint quelques instants plus tard, se posa sur l'épaule de la jeune femme. Celle-ci sourit.
Ils pouvaient y aller.
D'un pas assuré par l'habitude, elle franchit le mirage, vite suivie de son guépard, et de Nathanaël. Puis, elle le fit disparaître.
Alors seulement, elle regarda autour d'elle.
Il ferait jour dans quelques heures, aussi l'air glacial s'était-il mué en une douce fraîcheur. Saïma respira à pleins poumons. L'air embaumait les dattes et le jasmin, la fragrance était forte.
La fille d'Orient regarda autour d'elle. Les dunes s'étendaient à perte de vue. Au dessus d'eux, des millions, des milliards d'étoiles brillaient de mille feux, comme autant de diamants accrochés dans le ciel bleu roi, couleur des yeux de Nathanaël.
Puis, Saïma trouva ce qu'elle cherchait. Son sourire s'élargit.

"Al Söheb. L'oasis."

Les dattiers penchaient leurs ramures au-dessus d'un point d'eau lisse comme un miroir. Des buissons de jasmin s'étendaient de part et d'autre de l'étendue liquide, libérant leur parfum envoûtant.
Saïma se laissa tomber dans le sable, sur le dos.
Heureuse. Tant qu'elle ne pensait à rien.

L’odeur…de la liberté.
Voila ce que sentait Nat’ quand il inspirait à grandes goulées l’air environnant.
L’odeur de Saïma.
La paisibilité d’un paysage vierge d’entraves humaines.
Le sourire du garçon s’élargit :

- Ton monde est véritablement magnifique. Murmura-t-il en troublant la sérénité du lieu par ses seules paroles. Il est si contraire au mien…

Car il est évident que si les amitiés passées du jeune homme le l’attachait pas à son monde d’origine, alors il n’aurait eu aucune peines, pas le moindre regret, à le quitter.
Suivant alors le mouvement indiqué par Saïma il se laissa choir près d’elle, sans grande délicatesse et savoura la douceur du sable frais sur sa peau. De ses doigts il gratouillait ainsi les grains inlassablement afin de profiter sans cesse le leur contact.
Les yeux rivés dans l’infinité des étoiles, il ne demandait qu’au temps de s’arrêter.
La quiétude était si difficile à trouver.

HJ/ L’art du rp pour ne rien dire, mais la j’avoue que je sèche ^^’.

Les yeux fermés, Saïma ressentait.
Saïma, n'était plus que sensation.
Le vent frôlant sa peau, le parfum entêtant du jasmin, les grains de sable contre son dos, la respiration de Nathanaël, à ses côtés, même la chaleur émanant du corps du jeune homme...
Saïma ressentait tout.
Elle aurait voulu rester immobile, toujours. Plonger dans le sommeil éternel, Sehanisër Al Gheit, comme elle disait, ce rêve sans fin ou les désirs deviennent réalité.
Elle savait pertinemment qu'elle n'en ferait rien. Elle ne pouvait pas, simplement.
Elle n'en avait pas le droit.
La jeune femme se leva. Marchant lentement, silencieusement, jusqu'à l'oasis, où elle contempla l'eau limpide, sa surface frémissant au contact du vent.
Désir.
Puis, hésitation.
Brêve.
Redoutable.
Oh, et puis...
De toute manière, elle s'était déjà avancée trop loin.
Alors...
D'un geste faste, Saïma retira sa tunique, dévoilant des sous-vêtements légers et une peau hâlée, douce, orientale.
Un instant, la jeune femme se figea en cette apparition, silhouette d'une danseuse aux épais cheveux noirs ondulant doucement, éclairée par la lumière de la lune imposante, pleine, déjà basse sur l'horizon.
Puis, Saïma plongea, rompant la surface des eaux calmes en un bruit feutré, souple comme la démarche d'un félin.
Monde de silence.
Saïma se laissa couler.
Ses grands yeux noirs ouverts sur les étoiles visibles à travers la surface, perles scintillantes et mouvantes qui suivaient le doux mouvements des eaux, agitées par la nouvelle présence offerte au bon vouloir du monde aquatique.

Nathanaël s’était redressé quand Saïma s’était levé et il la regardait à présent en se demandant bien ce qu’elle allait faire.
Car qu’y avait-il d’autre à faire, justement, que d’apprécier ce moment de calme, cet oasis de réconfort et…
Ah oui c’était une idée.
Enfin il fut tout de même un peu surprit de son geste.
Pas gêné, surprit, pour sa part il s’était tellement de fois retrouvé en sous-vêtement qu’il s’était habitué à l’idée de l’être ou de le voir.
Il la regarda donc se couler dans l’eau avec grâce et y apprécier son contact.
Il se leva.
Allons troubler cette tranquillité, hein !?
Il imita alors Saïma, retira une partie (une partie seulement =)) de ses vêtements, pour ensuite courir et bondir avec vivacité dans le lac :

- YAAAAAAAAAAOUUUUUUUUUUH ! Hurla-t-il avant de s’enfoncer avec moult remous dans l’eau.

Avec un peu de chance il avait éclaboussé avec efficacité la jeune fille…

HJ/ *Va se pendre*

Soudain remous dans sa tranquilité.
Saïma sortit de sa torpeur. Nathanaël l'avait rejointe.
Esquisse de sourire.
Toujours aussi discret, celui-là...
Tout le contraire de Saïma.
Lumière contre obscurité. Dans cette antithèse, la jeune femme n'avait pas le beau rôle.
D'un mouvement fluide, elle remonta et creva la surface.
L'air frais la fit frissonner. Ayant agi dans l'impulsion, comme à son habitude, elle n'avait pas pensé à l'impossibilité de se sécher une fois la baignade achevée.
Saïma s'assit sur le bord de l'oasis, se frictionna les bras sans conviction. Elle regarda Nathanaël la rejoindre après un moment, lui adressa un bref sourire.

"Tu maîtrises le feu, n'est-ce pas ? Aurais-tu la possibilité de nous réchauffer ?"

A peine entré dans l’eau que Saïma sortait déjà.
Nat’ laissa sa tête replonger en soufflant de grosse bulle. Mais ne pouvait-elle donc pas s’amuser un peu ? Rien qu’un peu ?
Il venait de la rejoindre et elle partait. Il la faisait fuir ou quoi ?
Et puis jouer tout seul dans un lac n’avait plus rien d’amusant. C’est donc à contre cœur qu’il suivit le mouvement et s’ébroua hors de l’eau :

- Tu maîtrises le feu, n'est-ce pas ? Aurais-tu la possibilité de nous réchauffer ?

Il releva la tête, un mince sourire commença à se former, une blague douteuse lui venant sur les lèvres. Mais… non. Non il fallait bien qu’il arrête un peu :

- Tu en douterais ? La nargua-t-il.

Il s’assit alors près d’elle, dans un sable aussi doux que froid et enflamma son propre corps. Comme ça au moins, lui, n’avait pas froid :

- Tu ne m’en voudras pas si je ne te prends pas dans mes bras pour te réchauffer. Plaisanta-t-il.

A la remarque de Nathanaël, Saïma eut un mince sourire. Elle se mit en position foetale, le menton sur les genoux.

"Merci."

Son corps se réchauffait rapidement. Les gouttes glissaient, une à une, de sa masse de cheveux noirs pour couler dans son dos et se perdre au milieu du sable.
Bientôt, la baignade ne fut plus qu'un souvenir. Saïma alla ramasser sa tunique, laissée aux côtés de Nathanaël, et la réenfila d'un mouvement fluide. Elle se passa une main dans les cheveux, s'étira longuement. Puis un doux sifflement s'échappa de ses lèvres. Son guépard, qui s'était un peu éloigné, accourut, puis se fut le tour d'Enk Jelah, qui surplombait les dunes depuis un moment, de se poser sur son épaule. Saïma eut une grimace de douleur. Elle taquina le bec du faucon, qui se mit à lui mordiller gentiment le doigt.

"Je vais finir par te limer les griffes, bel ami."

La jeune femme se tourna ensuite vers Nathanaël. Au loin, vers l'Est, le ciel s'éclaircissait déjà.

"Il va falloir partir... A Endora, le soleil va bientôt se coucher."

Partir...
Créer un mirage...
Saïma se mordit la lèvre.

"Aw. Je n'avais... pas pensé à ça."

Elle adressa un sourire mi-amusé, mi-désolé, à Nathanaël.

"Te souviens-tu de la particularité plutôt gênante des mirages ?"

Nathanaël releva la tête vers Saïma.
Ainsi donc il était l’heure du retour. A contre cœur le jeune homme se mit debout quand… :

- Te souviens-tu de la particularité plutôt gênante des mirages ?

Un moment de blanc. Mais de quoi parlait-elle donc ?
Réflexion, réflexion…
Ses yeux s’éclairèrent subitement. Il y était !

- Ah m*rde ! S’exclama-t-il.

Puis il haussa les épaules d’un air faussement blasé. Bah ce n’est pas grave, ce qui est fait est fait. Rien ne servait de s’apitoyer dessus :

- Avec Loup je pense pouvoir rentrer assez rapidement, donc allons-y. De toute façon on a pas le choix.

Mouais.
Saïma ne put retenir un sourire.
S'ils se retrouvaient au sommet des Montagnes Rocheuses, Loup, comme Nathanaël l'appelait, ne pourrait pas faire grand-chose...
Bon.
Il devait bien y avoir un moyen pour que le lieu sur lequel s'ouvre le mirage ne soit pas totalement aléatoire... non ?
Allez, un peu de concentration.
Saïma ferma les yeux. Chercha à visualiser, le plus précisément possible, le palais de Firewall.
La fille d'Orient murmura quelques mots dans sa langue. L'air se troubla, le mirage se forma.

"Allez, qui vivra verra."

Saïma franchit, prudente, l'illusion créée. Puis, regardant autour d'elle, elle poussa un sifflement de contentement.

"Cette chance !"

Chance, vraiment ? Ils se trouvaient à présent au milieu de la cour principale du palais, là où Nathanaël avait combattu Kanir. Elle était déserte à cette heure, personne ne les avait vu arriver.
Saïma referma le mirage et eut un sourire de discrète jubilation. Le pouvoir de son aïeul pouvait donc, dans la mesure du possible, être maîtrisé ?
Les yeux noirs de la jeune femme se fixèrent sur les hauts bâtiments du palais. Derrière eux, toute la ville s'embrasait sous les rayons du couchant.
Saïma se tourna vers Nathanaël et sourit doucement.

"Eh bien, mon Prince..."

Ce terme convenait si bien au jeune homme aux cheveux blonds, aux yeux bleu roi, vêtus d'atours nobles, se tenant devant les bâtiments royaux, qu'elle l'avait prononcé sans réfléchir. Elle sentit le feu lui monter aux joues, le réprima et se frappa intérieurement. D'une voix un peu moins assurée et d'un sourire légèrement vacillant, elle enchaîna :

"Où comptez-vous me loger, cette nuit ?"

Prince ?
Nathanaël releva des yeux interrogateurs vers Saïma… puis sourit. Quelle bonne blague !
Il prit néanmoins un air faussement songeur avant de répondre en désignant un coin de la cours :

- He bien sur le coin de paille là-bas, ça devrait être possible. Je pense pouvoir te prêter une des couvertures qui servent aux chevaux habituellement. Je te gâte hein ? Se mit-il à rire joyeusement. Non allez viens, tu n’as qu’à laisser peluche à l’écurie ou, où tu veux. Je peux surement te trouver une chambre. Enfin à cette heure là… je n’ai pas très envie de réveiller du monde exprès.

Il haussa les épaules :

- Bah, la mienne est grande, tu n’auras qu’à squatter. Qui refuserait de passer la nuit avec un beau garçon comme moi ? Reprit Nat’ en se passant une main faussement modeste dans les cheveux.

Mais le sourire qui se propageait sur ses lèvres se mua vite en rire amusée.

"Dans ta chambre ?"

Saïma resta un instant interdite. Se secouant, elle se força à se reprendre rapidement. Après tout, quoi de plus normal que deux amis passant une nuit dans la même chambre ?
Oui, sauf si l'un des deux...
La jeune femme interrompit le fil de ses pensées et sourit.

"D'accord, mais tu me laisses le plancher, inutile de jouer les galants."

D'un claquement de langue, elle fit envoler son faucon. Aïsha vint se frotter contre ses jambes, Saïma fit courir sa main dans les poils soyeux. Le guépard géant s'étira comme un gros chat, puis se coucha dans la poussière et bailla de contentement. Lui, passerait la nuit là.
La jeune femme se tourna vers Nathanaël.

"Tu me guides ?"

Nathanaël s’inclina à demi, imitant de façon grotesque les nobles qu’ils avaient pu observer dans les films, avant de prendre la parole :

- Si mademoiselle veux bien se donner la peine.

Et dans un sourire le jeune homme l’amena au travers des dédales du palais… en s’y perdant. C’est face à un magnifique cul de sac qu’il dû se rendre à l’évidence :

- Hum… Je… crois qu’on aurait du prendre à droite plus tôt en fait. Dit-il en se retournant vers Saïma.

Se passant une main dans ses cheveux déjà ébouriffés, le garçon rebroussa donc chemin et finit enfin par arriver à la porte qu’il considérait comme sa chambre :

- Nous y voici jeune dame. Reprit-il en ouvrant la porte et en s’effaçant pour la laisser passer.

HJ/ Où comment faire avancer un rp TT-TT

Hj : je le finis, et en vitesse =P ça commence à piétiner depuis un certain temps ^^ (et puis, elle a rendez-vous \o/)

Saïma entra dans la chambre spacieuse et s'assit par terre, en tailleur. Un instant silencieuse, elle écouta la rumeur du palais, qui semblait s'activer comme pour quelque préparatif.

"Il semble y avoir une soirée, ou quelque chose du genre..."

Puis la jeune femme haussa les épaules. Cela ne les concernait pas.
Du moins, cela ne la concernait pas...

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Ils avaient discuté, de tout, de rien, se retrouvant après des mois où chacun croyait l'autre beaucoup plus loin qu'il ne l'était vraiment. Saïma interrogea Nathanaël sur ses origines, fascinée. Ainsi, une guerre déchirait Millénaires et vampires depuis des siècles ? Quant au garçon, il souhaitait en savoir plus sur le clan de la fille d'Orient. Celle-ci le décrit avec force détail et anecdotes, tantôt amusantes, tantôt tournant à la limite du drame. Bien entendu, elle se garda de parler de ses "missions"... S'il l'apprenait...
Mon Dieu, s'il l'apprenait, que se passerait-il...
La soirée s'avançant, ils déclarèrent d'un commun accord l'extinction des feux (après tout, c'était en quelque sorte la deuxième nuit qu'ils passaient dans la même journée, cela commençait à peser), et Nathanaël s'endormit, du sommeil du juste.
Pas Saïma. Saïma, le regard sombre, ne trouvait pas le sommeil. Prenant garde de ne pas réveiller le jeune homme, elle s'était postée à la fenêtre, qu'elle avait ouverte.
Elle guettait.
Bientôt, ce qu'elle pressentait, et ce qu'elle redoutait, se découpa dans le ciel noir, éclairé par la lumière de la lune.
L'aigle de son père. Et une de ses "missions".
Saïma se saisit du parchemin, parcourut les fins entrelas noirs, écriture de son monde, qui couvraient l'un de ses côtés. Puis, gravant le message dans sa mémoire, elle tourna la face encore vierge de toute encre du papier vers elle.
Avisant un encrier et une plume, elle s'en saisit et écrivit sur le parchemin, à l'adresse de Nathanaël toujours endormi, quelques phrases tirées d'un poème et conte de chez elle :
Les ailes noires du destin,
masquèrent,
soudain,
la clarté lunaire.
Un loup hurla.
Elle, s'enfuit.
L'histoire les réunira.
C'était un au revoir. Pas un adieu.
Dernier murmure.

"Sheïman, Nathanaël."

Saüma, doucement, referma la porte derrière elle.

HJ : j'ai pris quelques libertés, tu me dis si ça ne va pas

ÇA ME VA PAS!!!!
XD
si si nikel
Bah à fermer donc ^^'