Il était tôt, pas plus de deux heures après l'aube. Vika se prélassait dans sa tente quand les cris conjugués de Naesala et Sanguine la firent se lever.

Jvous ai pas sonné! Mettez la en veilleuse!

Tu es la pour t'entrainer et pas pour glandouiller sous la couette. Allez plus vite que ça!

Vika prepara un petit déjeuner rapide pour le petit corbeau et elle, puis mis sa tenue d'entrainement, une sorte de justaucorps moulant qui suivait ses mouvements, et qui était parfait pour ce qui l'attendait.

Bon aller, j'espère que vous êtes ready.

Ses ailes se déployèrent, et elle décolla, en direction du lac, pour s'amuser avec la surface du lac, les nuages et les oiseaux. Elle survola le lac, créant un ballet de rides, ou d'ondes sinusoïdale pour les esprits scientifiques. Elle remonta en chandelle, tournoyant comme une toupie pour aller jouer à cache cache avec des nuages d'un blanc laiteux, barbe à papa humide et sans saveur.
Son vol était de plus en plus fluide, plus majestueux. Enfin, elle avait la classe quoi!

Son vol quotidien terminé, elle se posa sur un rocher qui surplombai la surface du lac, pour commencer son kata d'entrainement avec Sanguine, tandis que Naesala, ba que Naesala glandait.
Son sabre tranchait l'air, sifflant à chaque mouvement puissant et précis. Elle tenait de son père, y'a pas à en chier des bulles carrées.

Zein avait depuis longtemps fuit Shaara et Zënkilan. Enfin, pas eux, mais la chose qui, par l'intermédiaire de son moineau, Vengeur, s'était rappelé à ses bons souvenirs. S'il se souvenait bien, c'était une très jolie contorsionniste, très agréable à fréquenter, car son métier aidait en bien des choses... mais il lui devait de l'argent. Ou peut-être autre chose il ne savait plus très bien, et puis cela importait peu, il n'avait pas envie de la revoir.
Il avait marché longtemps, s'était perdu souvent.
Comme d'habitude.
Après plusieurs jours d'égarement dans une foret (et bien oui, nous l'avions déjà expérimenter, tenter de marcher tout droit dans un sous bois est impossible à cause de ses foutus arbres !) il débouchât finalement sur un lac. Il ne mit pas longtemps à le reconnaître et fut heureux de constater que pour une fois il savait presque où il se trouvait.
Il profita de l'eau gelée du lac pour se jeter dedans, après avoir bien sur posé, méticuleusement lavé, puis étendu ses vêtements.
Il batifola comme un jeune faon pendant de longues minutes, avant de sentir quelque chose passer contre sa jambe. Trouillard il sortit précipitamment de l'eau et se jeta sur sa ceinture dont il détacha précipitamment quelques grenades. Alors qu'il allait en dégoupiller une, bien décidé à anéantir définitivement la faune aquatique dans un rayon de cinq mètres, une chose détourna son attention.
Pourtant, dans ces cas là, pas un corbeau, pas une nuée d'oiseaux, pas un humain, pas jeune femme même, n'aurait pu le détourner de son objectif, à savoir maraver sa face au monstre tapi au fond de l'eau.
Mais c'était bien plus que cela. Relevant la tête, il eut la surprise de découvrir une étrange créature qui faisait du rase motte à la surface de l'eau. Une jeune femme corbeau. Eh bien, voilà qui ne manquait pas d'originalité. Ça tombait bien, Zein n'avait pas déjeuné.
Il s'avança discrètement et la regarda se poser un peu plus loin, près d'un campement qu'il n'avait pas remarqué.
Il fut tenté d'aller faire connaissance immédiatement, puis, remarquant sa nudité, décida de ne pas commencer par la fin, histoire de ne pas effrayer la charmante inconnue.
Aussitôt dis, aussitôt fait, et il se retrouva quelques minutes plus tard, près du campement de la jeune femme, recouvert des cheveux aux pieds de ses soieries toutes propres.
Il se décida pour l'approche personnelle.
S'approchant très discrètement (parce que même si c'est un boulet, c'est un boulet silencieux) il passa délicatement un bras autour des épaules de la jeune fille et lui déclara d'un ton joyeux :

« Bien le bonjour Mademoiselle ! Auriez-vous à manger pour un superbe beau gosse affamé ? »

Il avait bien vu que la jeune femme était à ce moment là occupée à une sorte d'exercice semi-militaire, et qu'il l'interrompait un sabre à la main. Mais il était un peu maso ce matin là, et cela faisait longtemps qu'il n'avait plus fait mumuse avec une fille. Et puis il s'en fichait, il avait avec lui le plus puissant des familiers, Vengeur !

Naesala, qui glandait bien tranquillement, pépia un petit cri d'avertissement. Un coup d'œil rapide pendant une volte lui permit de voir un jeune homme tout enturbanné s'approcher doucement. Pas encore assez discret pour les guetteurs, mais il fallait avouer que concentrée comme elle était, elle ne l'aurait pas vu venir.
Elle s'arrêta lorsqu'il fut à quelque metre, le laissant commencer comme il le souhaiter. C'est à dire, mal.

Il l'attrapa par douvement l'épaule, le serrant contre lui. L'intention était louable, mais pas pour Vika, et le ton joyeux de Zein allait vite être refroidit. Son sabre s'arrêta à quelque centimètre de la jugulaire de l'homme.

Ôtes tes pattes de la ou c'est à mon sabre que tu serviras de repas.

Elle se dégagea, et lissa ses ailes. Son regard perçant scruta l'homme. Un grand gaillard bien bati, c'est sur. Une position assuré, celle de quelqu'un qui à confiance en soi. Beau gosse, elle ne pouvait le dire, puisque les trois quarts de son visages étaient cachés. M'enfin, nous verrons.
Méfiante, elle ne rengaina pas son sabre, et s'approcha du feu sur lequel elle mit quelques tranches de bacon à griller.

Jsais pas trop d'où tu sors, mais tu m'a l'air d'un sacré numéro. Moi c'est Vika. Assis toi la et mange un bout. je vais essayer d'oublier comment tu es arrivé ici.

Elle lui tendit un bout de pain et de fromage pour accompagner le bacon, et s'assit ensuite sur une souche d'arbre mort. Sanguine se mit à luire faiblement.

Attention à lui. Il est plus dangereux qu'il n'en à l'air. Ne baisse pas ta garde.

Zein aurait crut mourrir. Même pas.
La jeune femme ne daigna que le menacer. Et bien voilà une demoiselle peu farouche.
Sa tenue, son maintien, et son ton sûr plurent à Zein.
Et la jeune femme lui plût d'autant plus lorsqu'elle lui proposa à manger.
Il dégagea son visage de l'écharpe turquoise qui le cachait pour pouvoir avaler le met offert par la jeune femme puis lui répondit.

"Oh ! Excuse moi, j'étais d'humeur joueuse ce matin..."

Il s'interrompit un instant les yeux dans le vague. Peut-être avait-il simplement eu le besoin du contact d'un corps, de la chaleur d'une vie.
Puis il reprit de son ton léger, grave et chantant.

"Je me nomme Zein, saltimbanque, pour te servir - tu permet que je te tutoie ? Vika, c'est un charmant prénom. Facile à retenir de plus. Même si je ne le retiendrais probablement pas. Que fais une jeune fille à faire du rase motte toute seule comme ça ?"

Il détailla sans gène de son unique oeil bleu cette jeune femme si jolie. Puis en détourna le regard, ne trouvant aucun intérêt notable. Les souvenirs d'un corps si mince, si mince, lui revenait parfois.
C'est alors que Vengeur refit son apparition. Il avait surement eu l'intention de se poser fièrement sur l'épaule de son maître mais ne parvint qu'à s'écraser contre son torse.
Zein ramassa avec un petit rire l'animal déboussolé, et le porta à la hauteur de ses yeux pour le contempler avec amour. Puis il le présenta avec orgueil.

"Ça, c'est mon petit Vengeur. Il n'est pas très adroit, mais il est très mignon."

Décidément, il ne doutait pas qu'il ne tarderais pas à fatiguer cette pauvre jeune fille.

Vika sourit à Zein. Un humour un peu étrange, mais qu'elle appréciait assez.

Je m'entraine, tout simplement. Je n'ai pas tout ce bazar derrière mon dos depuis longtemps, alors j'ai quelque problème avec des fois.

Elle rit en voyant le petit oiseau s'éclater litteralement le bec contre son maitre.

Le mien est un peu plus adroit, il s'appelle Naesala, et il me suit depuis que je suis comme celafit-elle en montrant ses ailes et le petit corbeau sur son épaule. Le petit oiseau croassa en guise de salut.

Je l'aime bien lui. Il a l'air cool. Pour une fois que tu te fais pas draguer par un gros looser.

Elle se leva, et rengaina son arme, signe qu'elle était moins hostile. Elle s'étira des doigts de pied à la pointe des ailes, en baillant légèrement.

Mon cher Zein, dans quel domaine du spectacle es-tu exactement? Et surtout pourquoi te balades-tu dans ces contrées-ci, qui sont pas vraiment réputées pour leur public.

(tu m'excuseras de la pauvreté du post, mais à 1h30 du mat, jsuis plus très productif)

Zein s’amusait à faire sauter Vengeur de l’une de ses grandes mains à l’autre.
Il répondit avec légèreté.

« Bah, je crois que je me suis un peu perdu… Je cherchais la capital mais finalement quand je suis sorti du bois j’étais devant ce lac.
Quand je parviens à remettre la main sur un quelconque public je fais un peu de tout, en fonction de la demande. Mais je dois avouer que j’excelle en musique, balades et chansons paillardes entre autre. Je peux également passer pour danseur ou cracheur de feu. »

Il soupira un instant, puis s’allongea plus confortablement sur l’herbe encore humide de rosée, prenant la position d’une sensuelle odalisque, du moins, aussi sensuel que pouvait l’être un tas de vêtements de deux mètres sur deux.
Il se permit une petite question à la jeune femme.

« Tu dis que cela ne fait pas longtemps que tu es comme ça… c’est vrai que j’ai rarement vu une créature aussi bizarre, enfin, ne le prend pas mal…
Comment est-ce arrivé ? J’imagine que tu t’es pas réveillée comme ça un matin sans prévenir… Si c’était le cas, j’imagine le choc ! » Il eut un petit rire grave. « Quoique, ça doit être chouette de pouvoir voler. J’aimerais bien essayer un de ses jours. »

Il était vraiment d’humeur badine ce matin-là.

Vika, interloquée, eut une petite mimique de surprise. Comment pouvait-on se perdre ainsi? La capitale en question était quand même assez voyante. M'enfin, les nigauds incapable de se repérer, ça existe apparemment. Elle sourit devant la description des compétences de l'artiste. Lui au moins, ne savait pas que se battre et semer la mort sur son passage. Quoique ceci avait une certaine classe, il fallait l'avouer.

Les circonstances de ma transformation sont risibles. Un rituel qui n'aurait pas su marcher, qui en l'occurrence, à fonctionné. Ça surprends un peu, mais en fin de compte, je crois que j'aime ça. Voler est une chose merveilleuse. Je t'amènerai jusqu'à la capitale sur mon dos, jdois bien être assez forte pour te porter. Enfin, à toi de voir.

Elle se pencha vers lui, presque assez pour qu'il puisse loucher dans son décolleté, mais en faisant attention tout de même. Ça marchait souvent.

Tu me fais une démonstration?

Zein pouffa en entendant l'histoire de la transformation de Vika. C'était peu banal.
Son enthousiasme redoubla lorsqu'elle lui proposa de l'emmener à la capitale sur son dos. Il volerait !

"Bien sur que ça me dit que tu m'emmènes là-bas ! En plus ça va m'éviter de faire une tirée à pied. Tu sais, avant, j'avais un cerf. C'était la classe. Mais qu'est ce qu'il était con ! Alors je l'ai mangé..."

Il s'était replongé dans ses souvenirs avec un sourire rêveur.
Mais une chose, vivante, humaine, identifiée comme une jeune femme, s'approcha dangereusement de lui en demandant :

"Tu me fais une démonstration?"

Il lui sourit et se rapprocha d'elle un peu plus, lui demandant tranquillement :

"Mais duquel de mes nombreux talents veux-tu que je te fasse démonstration ?"

~Pauvre cerf, ou plutôt, bien fait pour lui!~

Tu vois ce qui t'attends si tu n'es pas sage mon cher Naesala?

Le corbeau s'envola, décrivant des cercles au dessus de leur tête, affolé. Il redescendit en piqué pour mettre un coup de bec sur le crane de Vika, gentiment.

Je n'aime pas les blagues de mauvais goût, maitresse!

Il se rapprochait de plus en plus, dangereusement ou non. Elle le voyait venir, avec ses allusions grivoises, elle s'y connaissait bien dans ce domaine. Les étudiants savent s'amuser, alors en quatre ans... Surtout quand, de surcroit, on réalise des rituels étranges avec des gens étranges. Mais ne faites pas attention, je n'ai rien dit...

~Ce serait trop facile d'avoir ce que tu veux dès maintenant, non?~

Elle recula en arrière d'un seul coup, et montra le feu à Zein.

Commence donc par ceci!

Zein regarda la jeune femme bondir en arrière avec l’air joueur et ingénu. Il sourit. Ce n’était pas lui qui avais commencé, et il n’était pas un prédateur, contrairement à elle, à ce qu’il semblait.
Ne daignant pas s’approcher du feu il tourna les talons et disparu dans les broussailles.
Après quelques instant il reparut, chargé d’un grand sac et de eux housses, contenant visiblement des instruments. Il les laissa choir là où il s’était assis quelques minutes auparavant, et plongea dans l’immense sac, farfouillant avec énergie.
Il en ressortit un grand bâton et un petit flacon empli d’un liquide avec lequel il en enduisit les extrémités.
Puis il se retourna vers la jeune femme et lui expliqua, tout en s’approchant du feu :

« Si tu permet, j’en resterais à de simples exercices de pyrotechnie aujourd’hui. Tu comprendras que l’essence juste après le petit déjeuné c’est pas le pied, et puis en plus cracher du feu est bien plus beau de nuit. »

Alors qu’il approchait le bâton du feu, il se souvint de son accoutrement. Posant son instrument à terre il réfléchit un instant. Il n’avait pas le vêtement qu’il utilisait d’ordinaire pour éviter de s’enflammer comme une torche et d’abîmer ses précieuses soieries.
Il grimaça, jeta un coup d’œil à la jeune femme, se demandant s’il pouvait encore refuser, puis se résigna.
Il commença par défaire méticuleusement les foulards qui coiffaient ses cheveux d’ébène mi-longs, et les posa sur le sol avec son écharpe, puis fit de même avec sa lourde de cape. Il hésita un instant, se demandant s’il était vraiment nécessaire de poser sa chemise, puis se décida, ne tenant pas à finir comme une vulgaire saucisse. Dévoilant donc son corps musclé à la peau brune il espéra que la jeune femme ne serait pas trop rebuté par son aspect. C’était par orgueil qu’il se couvrait sans cesse de la tête aux pieds.
Il se saisit vivement de son accessoire et en plongea les extrémités dans le feu.
Un fois celles-ci embrasées Zein se dirigea vers un espace bien dégagé.

« Normalement je suis accompagné de musique mais malgré que je sois génial, je n’ai pas encore trouvé le moyen de m’accompagne moi-même »

Ce qui était un petit mensonge, mais peu importait.
Son corps alors s’élança, se tendit, et devint, à cet instant, gracieux. Ses mouvements s’enchaînaient avec fluidité et force, et les ombres mouvantes semblaient les allonger.
Il bondissait, pirouettait, et chacun de ses gestes absorbaient le regard, le captivait. Il sautillait sur la rive, enchaînait les figures, plus improbables les unes que les autres, jusqu’à se figer, brusquement, sur une arrête en légèrement en surplomb des eaux sombres du lac.
Ses deux bras levaient au-dessus de sa tête tenaient perpendiculairement la barre, donc les deux extrémités enflammées brûlaient toujours avec ardeur. Immobile, seul sa poitrine se soulevait régulièrement au rythme de sa respiration sifflante. De légères gouttes de sueurs avaient perlées sur son torse, dues à l’exercice bref et intense et à la chaleur des flambeaux.
Puis soudain, il se remit en mouvement.
Il effectua un rapide demi tour, et bondit, et plongea dans le lac.

Durant un instant le seul bruit que l’on entendit fut le sifflement des éléments mis en confrontation, fatale rencontre du feu et de l’eau. Puis le silence.
Et enfin, Zein jaillit dans une gerbe d’eau, et nagea jusqu’au rivage.
Il sortit en s’ébrouant comme un chien en riant.
« Ah ! C’était revigorant. Si un jour je trouve un lac dans une ville je referais la même chose, ça plaira surement au public. »

Il se dirigea vers Vika, et s’inclinant profondément devant elle avec un sourire malicieux lui demanda :

« Alors, mon public est-il satisfait ? »

A la demande de Vika, il fouilla dans son sac pour en sortir un baton, qu'il enduit d'huile, pour faire joujou avec. Elle comprenait qu'il ne veuille boire de l'essence, même si elle, elle n'en avait pas besoin...
Un sourire énigmatique sur le visage, elle le regarda faire, préparant son matériel.
Vika était impressionnée, la lenteur dont Zein fit preuve pour enlever ses vêtements lui laissa le loisir de le détailler intégralement. Il était bien foutu, il fallait l'avouer, ses tatouages avaient la classe, il fallait l'avouer, les anneaux étaient glauques, certes, mais ça donnait un genre, il fallait l'avouer.
Quand à son spectacle, dire qu'il "tait réussi serait un doux euphémisme. Il savait y faire, y'avait pas à dire.

Tant de volte, tant de cabriole. Vika comprit ce que Sanguine lui avait dit. Sa façon de se mouvoir, de se tordre dans tous les sens, on aurait dit un guerrier en plein combat. Le combat pour le beau, pour le plaisir des yeux. Un vrai combat.

Quand il plongea enfin, Vika s'aperçut qu'elle ne respirait plus depuis une bonne minute. Woua...

Eh bien, on peut dire que tu connais ton metier. En ville, j'avais deja vu des guignols faire des acrobaties de se genre, mais bien peu t'arrive à la cheville. Donc, oui, je suis plus que satisfaite.

Pour ce qui est du lac, cela risque d'être difficile. Peut-être au Pays des poules mouillées.

Vika prit une branche enflammée du petit brasier.

A moi, veux tu?

Elle ferma les yeux, se concentrant un peu. Elle n'avait pas fait ça souvent, et il fallait vraiment être dans le truc. Mentalement, mais surtout magiquement, elle fit s'écarter les atomes d'oxygène des autres, qu'elle écarta. Ensuite, telle un sculpteur doué, elle modela les atomes en forme de dragon, ce qui lui prit bien quelque seconde. Une perle de sueur roula sur sa joue, et on pouvait lire en elle intense concentration.

Elle figea les atomes, et créa une énorme bulle de dioxygène au dessus de la forêt. Elle porta la flamme à ses lèvres, et souffla doucement. En un instant, l'air devint chaud, et le dragon s'envola, rugissant à mesure que l'oxygène s'enflammait. S'enroulant autour d'un axe invisible selon le chemin que Vika lui avait tracé, il finit sa vie dans une explosion de flamme, quand il entra en contact avec la boule finale.

Zein sourit fièrement aux compliments de la jeune femme.

Pour ce qui est du lac, cela risque d'être difficile. Peut-être au Pays des poules mouillées.

Il la regarda un moment. Puis finis par comprendre. Et se dit que cette jeune femme avait peut-être de belles ailes de corbeaux, mais que ses vannes étaient nulles. Et puis de toute façon, avant qu'il ai pu dire quoi que ce soit, la jeune fille s'était déjà mise en tête de l'imiter. Il se demanda comment elle ferait, elle semblait n'avoir aucun équipement.
Au grand étonnement de Zein elle se contenta de saisir une brindille, de la lever à la hauteur de son visage et de se concentrer très fort. Jusque là, c'était plutôt marrant. Mais elle souffla doucement sur la brindille, et l'instant d'après, l'air s'enflamma, un dragon de feu s'éleva dans les airs et se consuma instantanément.
Zein resta stupéfait. Un frisson le parcourut, puis il revint de sa surprise. Il posa des yeux admiratifs sur la jeune femme.

« Une mage, rien que ça ! » dit-il avec enthousiasme. Puis il se murmura « Décidément ça devient une habitude »
Puis il enchaîna rapidement.
« Et les mages se baladent souvent comme ça, aux bords des lacs pour cracher des dragons de feu sur de pauvres saltimbanques terrorisés ? »

Il alla s'assoir sur le sol près du campement de Vika en souriant, et s'étira.

Vika sourit, elle qui croyait que les gens étaient habitués aux mages. En tout cas, son spectacle ne devait pas être passé inaperçu aux alentours, et l’air était encore un peu trop chaud pour une matinée d’été.

J’avoue que terrifier les honnêtes artistes est un de mes passe-temps favoris. La magie permet décidément bien des choses.

Elle s’arrêta, comme ailleurs, le regard dans le vague et les yeux dans les nuages.

Arrête tes déconnexion ma vieille, tu va lui faire peur !

Elle se reprit vite, ça lui arrivait souvent et c’était un peu flippant pour les gens aux alentours. Son coté animal qui avait envie d’un autre vol. Complet, cette fois-ci.

Hum, je te dépose alors ? Je devais m’y rendre pour le début d’après midi, mais je peux prendre un peu d’avance. Aide moi juste à ranger un peu le bazar qui me sert de campement, et on est partis.


Son tatouage dans le bas du dos commençait à la démanger, mieux valait faire vite. Elle commença à plier la tente, éteignant le feu au passage, d’une puissante bourrasque magique.

Hum, je te dépose alors ? Je devais m’y rendre pour le début d’après midi, mais je peux prendre un peu d’avance. Aide moi juste à ranger un peu le bazar qui me sert de campement, et on est partis.

Zein la regarda un instant. Non, lui il était bien, il avait toute sa vie pour aller jusqu'à la capitale, et à l'instant où il s'était posé dans l'herbe fraiche il avait espéré pouvoir y rester plus de quelques secondes. Mais ne voulant pas contrarier une jeune fille et ayant très envie de faire un petit vol à dos de corbeau il se leva.

"Bon... mais tu sais j'ai tout mon temps moi. Ce n'est pas comme si on m'attendait quelque part."

Involontairement, une note d'amertume teinta sa voix enjouée. Il alla reprendre ses affaires, et se rhabilla en regardant Vika commencer à ranger, puis lui donna un coup de main.

Il n'était pas pressé? Tant mieux, on pouvait s'amuser alors! Après avoir tout rangé, elle s'approcha de lui, l'air faussement lubrique.

Enlève moi donc tout ça, jvais te montrer d'autre truc sympatiques puisque tu as le temps

Elle riait intérieurement de sa future connerie. Sanguine soupirait, un peu excédée de l'attitude de la jeune fille, mais Naesala était aussi hilare qu'elle...
Un trio qui promettait, je vous le dit moi.

Elle déploya ses ailes sombres et décolla à quelques centimètres, se maintenant à hauteur constante par des battements réguliers.

C'est pour ton baptême de l'air, je précise...

Ca faisait longtemps qu'elle ne s'était pas transformée ainsi, il risquerai d'être encore plus surpris...

[hrp, note l'heure du post. Bisoux mon kiwi]

Après avoir ranger le campement de la jeune femme, et avant d'avoir eu le temps de souffler, Zein vit Vika s'approcher de lui avec l'air aussi lubrique qu'elle avait pu avoir par moment l'air innocent.

Enlève moi donc tout ça, jvais te montrer d'autre truc sympathique puisque tu as le temps.

Zein la fixa un instant d'un air sceptique... C'était moins drôle si c'était elle qui le proposait, mais enfin...
Il joignit le geste à la parole, surtout lorsque, s'envolant de nouveau sous sa forme aviaire, elle lui dit que c'était pour voler. Même si ça le faisait suer d'avoir à se dépiauter comme une gousse d'ail toutes les deux minutes, il ne tenait pas à abîmer ses précieuses étoffes. Il ajouta tout de même :

"Dommage, moi qui croyait que c'était pour s'amuser à compter mes piercings. Et encore, tu ne les as pas encore tous vu !"

Il se retrouva donc en un instant de nouveau en sarouel, prêt pour cette nouvel expérience, mais un peu inquiet tout de même... car il lui semblait que cette jeune femme n'avait pas encore épuisé sa réserve de surprise...


[j'ai noté, j'ai noté...]

Vika ne se gêna pas pour observer ce qu'elle avait manqué tantôt.

Tu ne voleras pas souvent je pense, et tu auras de meilleures sensations comme ceci, je pense.

Elle s'envola au dessus des arbres, disparaissant de la vue de Zein. Elle se metamorphosa alors en un corbeau géant qui n'avait rien à envier aux roks de Sinbad. Elle poussa un croassement joyeux puis fondit sur lui, l'enserrant gentiment dans ses serres.

Elle s'éleva ensuite dans le ciel, haut, très haut. Suffisamment haut, pour offrir à Zein une sacrée chute libre, puisqu'elle ouvrit nonchalamment ses serres pour le laisser tomber.
Elle se gaussa fugitivement de lui d'un petit croassement léger, puis elle le suivit en piqué, le récupérant sur son dos.

Elle décrivit ensuite plusieurs figures, impliquant vrille, looping et autre technique de haute voltige, avant de raser la surface de l'eau...

Zein vit la jeune femme disparaître derrière les arbres avec une étrange excitation et une pointe d'appréhension.
Il faisait bien. Son premier choc fut de voir revenir un énorme corbeau qui fondit sur lui avec un grand croassement. Le deuxième fut quand celui-ci le saisit délicatement dans ses immenses serres. Zein avait beau se raisonner, se dire qu'il savait bien que c'était la charmante Vika qui se cachait derrière cette effrayante bestiole, il n'était pas si rassuré de se retrouver aussi subitement loin du sol. Peut-être justement parce qu'il savait que c'était Vika justement.
Il eu raison, puisque la dernier choc qu'il reçut fut sa mort.
Enfin, la peur de sa mort. Car il était mort, c'était certain, cet imbécile de piaf l'avait lâché sans aucun préavis. Il était mort, il ne tarderait pas à toucher le sol, ses os exploseraient, il se disloquerait comme un simple pantin de bois.
Il n'aurait jamais du faire confiance à cette fille qu'il ne connaissait pas. Si ça se trouve elle allait dévorer ses restes ! Après tout le corbeau n'était-il pas un charognard ?
Si ça se trouve elle avait super mal pris la familiarité de leur rencontre, mais comme elle était machiavélique n'en avait rien laissé paraître...
Quoi qu'il en soit, lorsque le corbeau le rattrapa juste à temps pour le sauver d'une mort certaine, mais de façon à se qu'il s'écrase non pas sur la roche impitoyable, mais violemment contre son dos emplumé, duquel il faillit glisser, Zein se mit à se tortiller comme un (gros) vers, et à s'égosiller, surement inutilement :

"Laisse-moi sale piaf inconscient ! Laisse-moi tranquille ! Je suis pas mangeable ! Je suis empoisonné et ma chair à le goût de chou de Bruxelles ! Un loup me l'a encore dit ce matin, alors qu'il était occupé à me dévorer un jambe !
Laisse-moi je te dit !!! Dépose-moi tout de suite à terre piaf à la con !!!!"

Vika était fière de sa petite démonstration, mais un peu penaude de voir que Zein avait peu apprécié. Celui-ci hurlait je ne sais quoi sur son goût, et lui ordonnait de se poser.

~Nan mais oh, c'est moi qui décide.~

Elle se retourna en plein vol, de sorte que Zein se retrouve sur son ventre, puis redevint Vika telle qu'il la connaissait, avec ses ailes trop classes qui battaient régulièrement. Elle l'attrapa entre ses bras, un sourire sur le visage.

Loin de moi l'idée de te manger mon cher. Mais tu voulais voler, alors, je t'ai donné une petite idée de ce que je pouvais ressentir. Normalement, c'est grisant, mais apparemment, tu ne me faisais pas encore assez confiance pour croire que je n'allais pas te récupérer au vol. Ceux qui ont déjà testé se sont tous bien réceptionné sur mon dos, et sans aucuns dommages. Si tu y tiens, nous pouvons descendre.

Elle avait amorcé la descente en battant moins fort de ses ailes, donnant l'impression qu'elle s'enfonçait doucement dans un fluide invisible, négligeant la poussée d'Archimède et les frottements...

Zein ne vint à bout de ses surprises que lorsque Vika se re-transforma brusquement en moitié d'humaine, le tenant dans ses bras.

"Évidement que non je n'ai pas confiance. Déjà, t'es une fille à moitié piaf, y'a de quoi s'inquiéter! En plus tu voyage toute seule avec une jolie arme, ça laisse à supposer de tes capacités. Et enfin, tu trouveras peut-être censé de ne pas faire confiance aux gens rencontrés une petite heure auparavant, et qui s'amuse à vous faire tournoyer dans les airs..."

Il cessa de râler, et une fois qu'ils eurent tous deux touchés terre, Zein passa ses bras autours de la jeune femme, qui lui parut soudain bien frêle, et lui murmura.

"Mais ne t'inquiètes pas, je ne suis qu'un trouillard, je t'aime bien quand même."

Vika se rapprochait doucement du sol, sous l'assaut constant des paroles de Zein.

Je te fais confiance moi. Si tu avais voulu me tuer ou me voler, tu aurais tenté de le faire il y a bien longtemps, et mon épée et mes capacités, comme tu dis, t'aurais très vite rappelé à l'ordre.
C'est pour ça, tu me semblait gentil et plutôt mignon, je voulais te faire plaisir avec un joli baptême de l'air!

Elle le reposa au sol, et il la prit dans ses bras. Sympathique comme récompense, surtout après une réprimande pareille.

Excuse moi de t'avoir fait flipper alors... Ce n'était pas le but.

Lorsqu'il entendit les excuses de la jeune femme, Zein éclata de rire, raffermissement sa prise.

"Mais voyons ne te justifie pas comme ça ! Tu n'as pas compris que j'étais un acteur ? J'aime faire courir un peu les gens. Bon, j'avoue, j'ai eu un peu peur là-haut. Mais tu comprend, j'ai pas d'ailes moi, j'ai pas l'habitude. Mais j'aime les nouvelles expériences."

Il la lâcha, s'écarte d'un pas, et la saluât de façon très théâtrale.

"Puis-je me rhabiller à présent Mademoiselle ?"

Vika baissa la tête, penaude. C'est vrai qu'elle, elle avait des ailes, que c'était classe et bien pratique, mais jeter des gens sur un petit kilomètre, c'était ptet pas la meilleure chose à faire. Enfin, c'était rigolo quand même.

Et bien oui, mon cher acteur, vous pouvez vous rhabiller, si vous y tenez..

Elle réfléchit un instant, puis alla fouiller dans son sac.

Si tu veux des ailes, j'ai encore le livre du rituel, tu sais...

Elle rit en brandissant le grimoire moisi. Non, je crois que ça ne lui plairait pas beaucoup beaucoup...
Elle le posa sur la souche de tout à l'heure, et fit mine de le feuilleter à la recherche d'une formule obscure.

Puisqu'il en avait reçu l'autorisation, Zein reparti s'habiller rapidement. Une fois qu'il eut de nouveau rajusté toutes ses soieries, et recoiffé ses cheveux et ses rubans, il revint vers Vika tout joyeux.

"Oh oui, des ailes ! Je pense que ça m'irait bien... c'est douloureux ?"

Il s'assit à coté d'elle en tailleur et la fixa un instant. Puis, incapable de rester en place il se releva et déclara :

"Bon, on été pas censés partir ?"

Je me souviens du rituel comme si c'était hier. je n'ai rien senti, mais j'étais plus que terrifiée qu'autre chose. Ca surprends pas mal les portes dimensionnelles. Enfin je crois.

Elle se leva et mit tout son barda dans un énorme sac étrange, bien trop grand pour un humain. Elle l'attacha autour de sa jambe avec un nœud solide, en vérifia la résistance et se tourna vers Zein.

Si tu veux partir, il va falloir oser remonter sur mon dos. Quand je suis sous mon autre forme, je comprends ce qu'on me dit, mais je ne peux répondre. Fais donc ton choix.

Elle se métamorphosa alors, et prit sa forme de corbeau géant. Le sac était toujours accroché à sa patte droite, et elle poussa un croassement joyeux.