Saïma était revenu chez son peuple. Son père lui avait confié une nouvelle mission, tel une vieille habitude. Mais cette fois, alors que la jeune femme s'apprêta à sortir, le monarque la rappela.
- "Saïma, attends. Reste ici un moment."
Saïma se retourna. Elle fixa son père de ses yeux de velours noir, impassible.
- "Ce garçon, avec qui tu es venue..."
La jeune femme se crispa légèrement. Mais sa voix ne trahit rien, lorsqu'elle répondit :
- "Je suis restée avec lui un moment, mais nous nous sommes séparés assez vite. Je ne l'ai pas revu depuis."
Le monarque eut un léger sourire.
- "Tu l'aimes bien, n'est-ce pas... Je ne sais ce qui t'a poussé à enfreindre une de nos règles, et à l'amener ici... Mais, Saïma, tu connais les sanctions."
Saïma frémit.
- "Il n'a rien dit. Il n'a rien fait. Je m'excuse en son nom et au mien. Et il ne viendra plus."
Et pour cause...
- "Saïma... Approche."
La jeune femme s'approcha. Elle lut dans les yeux de son père une grande détresse, et prit ses mains inertes entre les siennes.
- "Saïma, Belle d'Orient, tu es ma plus grande richesse, et tu le sais. Te blesser m'arrache le coeur, mais au nom du peuple je n'ai pas le choix ! Je dois les protéger, à tout prix, et te protéger aussi d'un potentiel écart du destin qui t'est réservé. Saïma, ma fille, ma perle, comme tu ressembles à ta mère... Elle aimait Endora. Mais si tu t'attaches trop..."
Les lèvres de Saïma tremblèrent légèrement. Elle posa un baiser sur le front de son père, s'écarta sans lever le regard.
- "La... sanction... ne sera pas nécessaire."
Le monarque soupira doucement.
- "Et que puis-je te refuser... Qu'il en soit ainsi, même si tu sais..."
Il s'interrompit. Saïma avait fait demi-tour, et se dirigeait lentement vers la sortie. Mais sa main gauche eut un frémissement, et ses doigts se crispèrent dans sa paume.
Ce geste...
Ce geste, le père le connaissait bien, pour l'avoir vu présent deux fois seulement dans la vie de sa fille.
- "Rose des Dunes... Tu pleures ?"
Saïma s'arrêta. Mais elle ne se retourna pas.
- "Non."
Elle sortit de la tente. Le monarque resta silencieux, pensif.
Et dévasté.
Ce geste...