La foule se dispersa peu à peu. Les membres de l’Organisation firent de même. On aurait juré qu’ils n’avaient rien à voir les uns et les autres… Mais tous surveillaient discrètement leur leader du coin de l’œil. Rien à craindre.
Ils s’envolèrent tous petit groupe par petit groupe.


Ewanaë et Argawaen se rapprochèrent de la monture que chevauchait l’homme.
(HJ/ Pour que vous ayez une idée de ce à quoi il ressemble)

Spoiler:

Le leader lui jeta un regard de biais. Elle n’eut même pas besoin de parler pour ce faire comprendre. Il soupira mais finit par prendre la parole :

-Vas ! Je t’autorise à partir. Du moment que tu reviens…

La vampire hocha la tête. Signe de consentement ou remerciement ? Le dragon et sa cavalière s’éloignèrent de la troupe.

Ils survolèrent les paysages pendant un petit bout de temps. Le soleil commença à se lever. En fait il aurait probablement bientôt finit. Passant au dessus du lac noir Ewa proposa au dragon (pas si fatigué que cela) de faire une pause. Ils étaient loin de l’Organisation. S’était tout ce qui comptait… Le fier animal se posa. Ewanaë sauta gracieusement à terre et sortit de l’unes des sacoches de son compagnon de quoi casser la croute.
Petit déjeuner en vue !

Riragan l'avait pisté.
Oui. Il avait pisté la vampire, comme une bête affamée avide de sang.
Une bête affamée.
Un monstre.
Riragan se rendit visible. De toute manière, elle n'aurait pas tardé à ressentir une présence, bien qu'invisible, sans odeur et sans aura.
Oui, c'était certain. Elle avait les sens d'un tueur professionnel.
Comme lui.
Riragan frémit d'excitation.
Ça y est. Elle l'avait vu. Ce réflexe de porter la main à son katana, tous les sens en alerte... Riragan eut un sourire de plaisir sadique.

- "Du calme, ma toute belle... J'aurais un marché à te proposer."

La vampire porta un morceau de…de ? Aucune idée. S’était un truc tout rabougrit qui avait l'air de se manger. Mais c’est tout ce que l’on pouvait savoir.
Instinctivement elle reniflait l’air environnent. Mais que pouvait-il y avoir à craindre ici ? Rien.
Rien ?
Pas tout à fait…
Une présence.
Une présence désagréablement familière.
Sans même sans rendre compte elle avait porté la main à son sombre katana. Le regard qu’elle posa sur « l’homme » était peu amène. En alerte elle se redressa lentement prête à l’attaque :

-Et quel est ce marché ? Demanda-t-elle sur ses gardes.

Le sourire de Riragan s'élargit. Ses yeux brillèrent d'une lueur mauvaise.

- "Bats-toi contre moi. Mais..."

Il posa son regard rouge sur le dragon.

- "Sans dragon. Sans pouvoirs. Un combat à un contre un."

Le démon eut un ricanement.

- "Un combat entre tueurs professionnels."

Riragan caressa doucement le manche de son couteau.

- "Tu te demandes pourquoi tu accepterais ? C'est bien simple. Contrairement à moi, tu n'es pas un monstre. Le marché est le suivant : si je te bat, tu es à moi."

Sourire peu engageant.

- "Inutile de préciser que je te tuerai avec délectation. Mais si par hasard tu me bats...

Un silence.

- "Tu pourras faire de moi ce que tu veux. Je disparaîtrai de ton existence. Je n'aurais été rien de plus qu'un cauchemar de passage. Je ne chercherai plus jamais à te tuer... si tu me laisses en vie."

Sa voix devint froide comme la mort. La Mort...

- "Imagine... Le nombre inconsidérables de personnes que tu pourras sauver en me tuant..."

Toujours la main sur la garde de son arme Ewa écouta la proposition… Elle plissa les yeux, méfiante :

-Et qui me dis que tu respecteras ton engagement ?

Argawaen grogna. Et pour montrer son désaccord et pour mettre la jeune femme en garde :

#Rien ne garantit que tu gagneras…# La mit-il en garde en veillant soigneusement à ce que ses paroles restes privées.

Ewa lui jeta un regard impassible. En le voyant elle avait quasiment deviné immédiatement qu’il lui faudrait se battre… Ils étaient tous deux des tueurs. Mais une différence magistrale subsistait entre eux. Elle tuait parce qu’elle en avait l’ordre. Lui tuait parce que cela lui plaisait. Il avait dû remarquer qu’elle savait se battre. Et l’excitation du combat l’avait gagné. D’ailleurs elle devait l’admettre…elle aussi en brûlait d’envie.
Elle fixa son regard dans celui de son interlocuteur :

-Je crois que je peux accepter. Souffla-t-elle.

Arga rugit de désaccord. Ewa referma la main sur son arme.

-Va chasser, Arga. Dit-elle. Quand tu reviendras tu verras quel aura été la fin du combat…

Le dragon s’apprêta à se placer entre les deux. Un mur de glace se dressa devant lui avant qu’il n’est pu intervenir. Il fit claquer sa mâchoire :

-Fais ce que je te dis ! Hurla-t-elle. J’ai besoin de place et de ne pas m’inquiéter de la possible intervention que tu pourrais avoir dans ce combat !

Le fier animal se cabra contre le mur qui ne frémit même pas. Il eut un dernier grognement agrémenté d’un filet de flamme mais s’envola :

# Ne viens pas te plaindre après!# Rugit-grogna-t-il.

La vampire ne put réprimer un sourire:

-Je suis prête. Déclara-t-elle. Tu as besoin d’autre chose ? Demanda-t-elle ironique en se redressant.

Riragan sourit largement.

- « Non. Je n’avais besoin que de ton assentiment. »

Un silence. Les deux ennemis se jaugeaient, face à face. Puis, Riragan attaqua.
Le démon courrait bien plus vite que n’importe quel vampire. Son expérience en temps que tueur et sa vitesse faisait qu’il était impossible de contrer son attaque.
Impossible…
Un tintement retentit. Le tintement de deux lames s’entrechoquant.
Ewanaë avait contré.
Riragan hurla de rire. Un rire de mort et de sang.
Le combat commençait.

Ewanaë avait vu l’attaque venir à une vitesse stupéfiante. Par réflexe elle para, mais elle n’était même pas sûre de réussir.
Le tintement des deux lames lui montra qu’apparemment si.
Il était for. Très fort.
Presque d’un accord mutuel, les deux adversaires firent un bond en arrière, pour se replacer et pour se jauger de nouveau du regard.
Leurs yeux se croisèrent un instant. La vampire n’avait pas l’habitude de ne pas utiliser ses pouvoirs en de telles situations. Aussi devait-elle réprimer à grand peine ses instincts conservateurs qui lui hurlaient de se servir de sa glace.
Elle disparût.
Disparaître ?
Non. Elle avait juste bougé. Elle avait juste commencé à courir. La vitesse était clairement au-delà de l’irréel. Mais malgré tout l’homme stoppa son coup. De légères étincelles surgir lorsque les deux armes se rencontrèrent. Elle n’attendit pas son reste. Ses coups redoublèrent sur l’adversaire.
L’adversaire ?
Cela lui faisait penser… :

-Puis-je au moins savoir qu’elle est ton nom ? Demanda-t-elle en calant sa phrase entre deux coups d’épées.

Riragan se délectait de ce combat. Il avait trouvé une adversaire de valeur, une autre tueuse professionnelle... Le fait qu'elle pare tous ses coups, avant de riposter avec une vitesse sidérante, lui donnait presque autant de plaisir que s'il l'avait tuée. Entre deux coups, elle lui demanda son nom. Riragan sourit.

- "Riragan, ma toute belle. Mais "le démon" est largement suffisant pour parfaire une réputation..."

Il éclata de rire, et s'écarta d'un bond, avant de tourner autour de la vampire comme un fauve autour de sa proie. Alors qu'il enchaînait une nouvelle attaque :

- "Et moi ? Puis-je savoir à qui j'ai affaire ?"

« Modeste… » Pensa Ewa.

Il lui tourna autour. La jeune femme ne bougea pas :

-Ewanaë. Murmura-t-elle. Mais peut être as-tu déjà entendu le nom de Mormegil…

Elle ne révélait jamais son surnom aux autres. Jamais. Mais là…quelle importance ? A la fin de ce combat, ou elle mourrait, ou il mourrait…
Elle se replaça légèrement prête à contrer toutes attaques surgissant de nulle part.

Riragan, les yeux légèrement dans le vague, répéta avec délectation le surnom de la jeune femme.

- "Mormegil... Nom porteur de mort, comme le mien..."

Brusquement Riragan feinta. Ewanaë put éviter le coup mortel, mais récolta une estafilade sanglante sur la joue. Le démon rit de nouveau, et fit tournoyer son couteau.

- "Coriace, dis-moi... Réussiras-tu à combattre cette attaque-ci ?"

Riragan redoubla de vitesse, son couteau en avant. Pour lui, ce n'était qu'un jeu. Un jeu mortel...

Ewa tiqua quand il évoqua la signification de son surnom. Elle ne l’aimait pas. Elle ne l’avait jamais aimé…
La vampire esquiva de justesse un coup mortel.

Une estafilade sur la joue.
C’est ce qu’elle récolta.
Elle passa son doigt sur la petite blessure qui la chatouillait, récoltant au passage une petite goute de son propre sang. Ewanaë avait beau être une vampire elle ne le bu pas. Il y avait des limites tout de même !
Riragan fonça alors sur elle. Couteau en avant. Elle dévia l’arme. Et…
Etait-ce possible ?
Non.
Quoique…
Si l’adversaire était trop porté par son désir de combattre…peut être n’avait-il pas réfléchit… Ewanaë s’engouffra dans l’ouverture, mince, qu’elle découvrit. Elle avait beau être infime cela fut suffisant pour que l’arme vole des mains de l’homme et que ce dernier tombe de manière assez violente à terre. Il se retourna pour lui faire face. Une lame d’un noir de nuit se fixa sous sa gorge :

-J’ai gagné. Fit Ewa de sa voix froide. Tu vas mourir.

Cette voix glaciale, impassible, mortelle. Qui la caractérisait dans ces moments où elle ne s’en voulait pas le moins du monde de tuer sans sentiments. Ses yeux avait la même expression…Elle leva son katana vers le ciel. Un rayon de soleil ricocha dessus.

La lame siffla lorsqu’elle s’abattit…

Riragan n'avait remarqué que trop tard son erreur de débutant. Porté par l'excitation de combattre enfin un adversaire de valeur, il lui avait laissé une opportunité.
Son couteau lui vola des mains. Il atterrit avec brutalité sur le sol. Une lame noire alla le menacer, à quelques centimètres de son cou.
Ewanaë avait maintenant des yeux d'une froideur de glace. Riragan esquissa un sourire.
Il avait perdu.

- "Ainsi, mon dernier combat fut le meilleur..."

La lame noire s'abattit. Fusa à toute vitesse vers sa gorge...
La peur.
La peur de mourir. Ce fut elle qui donna la force à Sevan de maîtriser son âme, un court instant.
Un trop court instant.
Son expression se modifia. Ses yeux...
Ses yeux rouges sang devinrent bleus. Bleus-verts comme la mer tropicale.
Trop tard. C'était trop tard.
La lame siffla...

...Et s’arrêta.
Net.
Pas à quelques centimètre de la gorge. Pas non plus à quelques millimètres.
Non plus.
Elle touchait sa peau. Un mince filet de sang se déversait doucement sur la peau tendre de Riragan.
Ewa ne savait plus quoi faire.
Cet homme… Cet homme avait changé de regard. Il n’était plus le tueur qu'il avait été...
Que devait-elle faire ? Elle ne le sût elle resta plantée un instant, à le fixer… Et lentement, très lentement sa lame se retira. Sa pointe s’abaissa vers le sol.
Qui était-il vraiment ?

La lame s'arrêta. Appuyée sur le cou de Riragan, sans le tuer. Le sang coulait sur sa peau.
Ewanaë abaissa son katana, l'air perturbée.
Sevan comprit. Quelque chose dans son expression, ou son regard, avait fait hésiter la vampire.
Elle ne comprenait pas. Ne comprenait plus.
S'enfuir. Il devait s'enfuir avant de perdre le contrôle !
Avant de la tuer...
Riragan recula. Se releva. Disparut.
S'enfuit. Il pleurait.

Sans que la vampire lui ait dis quoique se soit Riragan se releva et commença à reculer. La vampire quant à elle ne réagit pas. Elle hésitait. Elle savait qu’il était bel et bien l’homme, l’assassin qu’elle combattait quelques secondes auparavant. Mais d’un autre côté…la jeune femme voyait qu’il ne l’était plus. Ce regard éperdu…

La lame resta immobile lorsqu’il disparût.
Elle perçut le bruit de ses pas sur le sol. Il s’en allait… :

-Mais qui es-tu donc ? Se murmura-t-elle.

Quelques minutes plus tard la vampire vit apparaître dans le ciel son noble compagnon. Ce dernier arrivait à toute vitesse. Vitesse qu’il décrut en voyant son amie saine et sauve. Il atterrit autour d’un mince nuage de poussière :

# Tu es vivante.# Constata-t-il avec une grande perspicacité.

Le dragon n’était pas du genre à montrer ses sentiments, mais il était au fond de lui soulagé qu’elle n’ait…quasiment rien. Ewa leva son regard vers Argawaen :

-On y va ? Demanda-t-elle.

Il lui jeta un regard en biais.

# Et où veux tu aller ?#

La vampire soupira et lui monta dessus :

-Où tu voudras. Choisis. Mais loin d’ici. Je veux d’abord savoir ce que je ferais de ce type quand je le reverrais…si je le revois. Souffla-t-elle.

Le dragon eut un léger grognement de surprise :

# Tu ne l’as pas tué ?# Fit-t-il surprit

-Je t’expliquerais en route. Vole.

Et le couple meurtrier s’envola vers le soleil.


HJ/ On ferme ? =)