Stenen Ila, c’est le nom d’un petit village bordant les Falaises Maritimes. En cette soirée douce de début de printemps, tout est calme. Le crépuscule tombe, les habitants dînent, jouent aux cartes, lisent ou somnolent au coin d’un feu ronflant encore dans certaines cheminées. Cette dernière activité est celle de la vieille femme vivant dans une petite maison un peu à l’écart, tout au bord des falaises. Son commerce est terminé, peu de gens viennent encore la voir.
Grattements et gémissements à sa porte. La vieille guérisseuse sursaute, grommelle, puis se lève péniblement et se dirige vers la porte d’un pas pesant. Les articulations de ses genoux craquent.
On aura beau dire que l’alchimiste du village est peu aimable, aigrie, pingre, râleuse, vaguement sénile…
Elle n’a jamais eu le cœur de laisser un chien errant dehors.
La porte s’ouvre en un grincement. La vieille femme baisse les yeux, pousse un long sifflement.

« Eh bien, quel drôle de chien… »

Sur le seuil de sa petite maison, est allongé un jeune homme d’une vingtaine d’années, inerte. Sa respiration est faible et sifflante. Son tee-shirt est tâché de sang au niveau du ventre.

« Allons, gamin… Je ne sais pas comment tu as atterri ici, mais je ne vais pas te laisser crever devant ma porte. Une, deux… »

Avec effort, la guérisseuse réussit à hisser le blessé sur ses épaules noueuses. Elle l’emmène en titubant jusqu’à un coin de la pièce, le pose sans douceur sur un lit aux draps rêches. Avec une vigueur surprenante, elle déchire le haut du garçon, se penche sur la blessure zébrant son torse, la palpe avec fermeté. Un léger gémissement s’échappe de la bouche de l’inconnu. La vieille femme l’observe un instant, silencieuse, puis, grommelant, disparaît dans la pièce d’à côté.

« Ça faisait longtemps, tiens… Voyons, où ai-mis mon onguent à l’edelweiss ? Parole, si c’est encore Joan qui me l’a chapardé, je l’envoie m’en cueillir à flanc des Montagnes Rocheuses ! »

-------------------------------------

# Tu crois qu’il va se réveiller ? #

# J’en sais rien… Peut-être que la vieille a empiré son état. #

# Non, je lui fais confiance. Elle a eu assez de cœur pour ouvrir à un chien errant, alors que la majorité du village aurait gardé porte close ! #

# Ouais, bah vu ta tête, elle aurait mieux dû faire la même chose. Ouvrir à un loup géant, quelle idée… #

# Je te signale que sans mon odorat de loup géant, Sán n’aurait pas survécu ! C’est moi qui ai trouvé le village, moi qui ai trouvé la maison du guérisseur, et c’est encore grâce à moi qu’elle a ouvert sa porte ! Tu crois qu’elle aurait ouvert à un cerf ? #

# Mouais, eh bien moi je me méfie de ton fameux odorat. Tu nous as menés chez un charlatan, une ensorceleuse tout juste bonne à faire des tours de passe-passe ! Elle n’a rien fait à Sán, si ce n’est le maintenir dans un sommeil comateux depuis trois jours ! #

# Ouais, eh ben, c’est toujours mieux que rien ! Sans elle, il serait mort, et si j’étais toi je la ramènerais pas trop parce que l’odorat des cerfs… #

Sán, couché dans le lit aux draps rêches, s’agita et poussa un long gémissement.

# Mais fermez-la ! Aïe… #

Silence interloqué.

# Sán… #

# Tu… #

# Es vivant ? #

Le jeune homme poussa un nouveau gémissement.

# A votre avis ? Ne criez pas, s’il vous plaît, j’ai… #

# Yahouuuuuuuuuu !!!!!!!!! #

# Sán est vivant ! Danse de la joie ! #

# … mal à la tête. #

Le garçon se redressa péniblement et regarda autour de lui. Le soleil entrait à flot dans la pièce en bois clair, par de grandes fenêtres aux vitres impeccablement lavées. Dans un coin, une petite cuisine emplie de plantes grimpantes. Au milieu de la pièce, une table de chêne. Quelques braises rougeoyaient encore dans la cheminée, autour de laquelle étaient disposés quelques fauteuils. L’un deux grinça lorsque la vieille femme se leva. Elle se gratta la tête, son regard se posa sur Sán.

« Ah ! Vous êtes réveillé, enfin. Comment vous vous sentez ? »

L’esprit encore embrumé, Sán fit doucement jouer muscles et articulations. Il avait tout le corps raide et douloureux, une sourde douleur pulsait dans son crâne, et le bandage qui lui enserrait le torse et la poitrine lui donnait peine à respirer. Il tenta de rassembler ses souvenirs, parvint juste à saisir l’image fugitive de son sang jonchant l’herbe, et de la douleur qui irradiait de son ventre dans tout son corps.

« Mieux. Je… merci. »

L’ancêtre lui fit un bref sourire.

« Je vous en prie. Vous avez un chien très intelligent. »

« … Chien ? »

La guérisseuse eut un geste impatient.

« Eh ben oui, chien ! Il est venu gratter à ma porte, il y a trois jours de cela ! Il était bien à vous, non ? »

Tilt. Sán eut un sourire.

« Ah ! Oui. Oui oui, il est très intelligent. »

« Allez, il doit sans doute vous attendre dehors, en brave bête qu’il est ! Tenez, buvez ça. »

Sán but le bouillon à grandes lampées. Il avait l’impression que chaque gorgée qu’il prenait se transformait en énergie se mettant aussitôt à courir dans ses veines. Après tout, il n’avait pas mangé depuis trois jours…
Ce qui lui rappela que ses compagnons, non plus. Le jeune homme reposa le bol.

« Merci, vraiment, merci beaucoup, mais… Je ne vais pas pouvoir rester encore longtemps, j’ai… »

« Bah, l’interrompit la vieille dame, ça me gêne pas plus que ça, si vous pouvez marcher. Levez-vous, pour voir ? »

Sán se leva péniblement et fit quelques pas. Il était courbaturé, et sa blessure le lançait un peu, mais ça pouvait aller. La guérisseuse l’étudia d’un regard perçant.

« On dirait que ça tient, mes sutures… Vous voulez partir de suite ? »

Le garçon acquiesça. La vieille femme lui tourna le dos, alla dans la pièce d’à côté, et en ressortit quelques secondes plus tard avec l’épée, le colt et le sac en cuir qui accompagnaient Sán. Elle les lui tendit sans un commentaire. Sán la remercia, un peu gêné, accrocha le revolver à sa ceinture, mit le sac en bandoulière et l’épée dans son dos. Il sentit le regard de l’alchimiste qui le suivait alors qu’il se dirigeait d’un pas hésitant vers la porte d’entrée.

« Ça m’a l’air bien lourd, votre barda… Ça va aller ? »

Sán lui adressa un sourire.

« Ça ira. J’ai une monture. »

« Une monture ? »

La vieille femme eut une expression de doute moqueur.

« Z’êtes sûr que c’est un chien qui vous a amené ici ? »

Sán lui renvoya un sourire étincelant. La guérisseuse l’accompagna sur le seuil et lui tapota le dos.

« Allez, bonne route. J’ai mis quelques onguents et potions de mon cru dans votre sac, au cas où. »

« Merci ! »

Le jeune homme s’éloigna finalement, faisant le tour de la maison d’un pas lent. L’ancêtre rentra et referma la porte, puis, par acquis de conscience, jeta un coup d’œil à l’extérieur par une de ses fenêtres.
Plus de garçon. En revanche, un grand cerf qui arracha quelques touffes d’herbe avec appétit, avant de relever la tête et de s’éloigner par bonds gracieux.
La vieille femme eut un léger sourire.

----------------------------------------------------

# Aaaah ! Mon dieu, ce que ça fait du bien de manger ! En plus, j’ai cru que je n’attraperais jamais rien. On n’a pas choisi le meilleur endroit. C’est une lande, il n’y a pas de forêt à des kilomètres à la ronde, on est à découvert… #

# Et c’est totalement désert, ce qui est plutôt bien pour nous, finalement. Bon, tu le finis, ce lièvre ? #

Akela acquiesça et arracha de grands morceaux de viande à la carcasse. Puis, alors qu’il s’appliquait à broyer les os de l’animal entre ses mâchoires puissantes, le grand loup releva la tête et huma l’air.

# Une personne. Sexe masculin, humain, à ce que je sache. A environ deux kilomètres au Sud-est. Il vient vers nous. #

# Ok. Bon… Qu’est-ce qui est moins suspect ? Un garçon seul au milieu d’une lande, ou un loup géant ? #

# Ou un cerf, # grommela Tielsvak, vexé d’avoir été oublié.

# Ça ne marcherait pas, Tiels’. Que ferait un cerf aussi loin de sa forêt ? #

# … Je vote pour le garçon. #

# Idem. #

# Bon. Akela, tu permets ? #

L’image du loup s’estompa pour laisser place à celle de Sán. Celui-ci s’éloigna de la carcasse de quelques centaines de mètres, puis s’assit sur une touffe de bruyère, et attendit en grignotant un morceau de pain.

Loren se leva et s'étira. Rester assis aussi logtemps sur la roche l'avait endolorit. Mais la surface lisse de l'océan était d'un calme apaisant, et le bruit des vagues contre la falaise l'avait bercé pendant plusieurs heures...
Le jeune homme reprit sa bandouillère de cuir et se remit en marche, longeant la falaise. Quelques minutes plus tard il apperçu quelqu'un devant lui. Assis dans l'herbe. Mangeait-il ? Loren s'approcha d'un pas tranquille :

"Bonjour."

Il semblait être un humain. Lui fixa quelques instants l'épée dans le dos de l'inconnu, remarqua une autre arme à sa ceinture. Voilà quelqu'un qui ne sortait pas découvert... enfin, sortir,... c'était complètement désert dans les environs ! Quoique, justement...

"Excusez moi, sauriez vous s'il y a un village proche dans cette direction ?"

Il avait besoin d'acheter une autre couverture, l'air frais et humide de l'océan rendait la sienne insuffisante.
Et puis soudain, un autre détail attira son attention. Question d'habitude, surement, on finit par avoir l'oeil :

"Vous êtes blessé ?"

Juste une question, posée d'un air serein : si la réponse était positive, il pouvait l'aider.

"Bonjour."

Sn leva la tête. Devant lui se tenait un jeune homme blond, l'air serein. Le Malví inclina poliment la tête.

"Bonjour."

Il sentait que ses compagnons l'étudiaient en même temps que lui. Akela fut le premier à donner son avis.

# Il n'as pas l'air bien méchant. #

# J'en conviens. Mais méfiance... #

"Excusez moi, sauriez vous s'il y a un village proche dans cette direction ?"

Sán ouvrit la bouche, esquissa un début de réponse :

"Il y a un village vers le Nord, à..."

Puis s'interrompit, confondu.

# Mince... On a quitté le village depuis combien de temps ? #

# Approximativement, je dirais 2h ? #

# Et en kilomètres, ça fait combien ? #

# Je me suis arrêté pour manger... #

# Moi aussi. Et j'ai chassé, donc on n'a pas marché totalement tout droit. #

# Et je vais plus vite que toi. #

# Oh, ça va, hein ! #

# C'est un fait. Accepte-le. #

"Mais il est assez loin," ajouta Sán à l'intention du voyageur, autant pour na pas rester coi trop longtemps que pour couper court à la discussion de ses compagnons.

Avait-il besoin de quelque chose ? En même temps, à l'étudier... Un sac léger, pas d'armes apparentes. Peut-être était-il doté de pouvoirs extraordinaires ou était-il d'une habileté hors du commun au combat, après tout les apparences étaient souvent trompeuses... Mais étrangement, Sán en doutait. Le garçon se leva et retint une grimace.

"Vous êtes blessé ?"

Sán jeta un coup d'oeil un tantinet soupçonneux au jeune homme.

"Oui... Mais ça a déjà été soigné."

Pourquoi cette question ? Etait-il guérisseur ? Ou voulait-il profiter de cette opportunité pour l'attaquer ?

# Roooh, Sán, arrête ta paranoïa ! #

# De toute façon, même blessé, je peux quand même me défendre. #

# On sait, petit, on sait. #

Assez loin... Loren resta pensif : qu'est ce que cela voulait exactement ? Plusieurs heures ? Plusieurs jours ?
Il quitta l'horizon du regard et se tourna de nouveau vers l'inconnu. Voyant sa méfiance, il eut l'air surpris, puis lui adressa un sourire rassurant :

"Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas dangereux."

Et c'était peu dire, un enfant muni d'un couteau pouvait certainement le tuer !

"Je m'appelle Loren, et je peux vous aider avec ça, puisqu'apparement elle vous fait encore mal."

Il pointait l'abdomen du jeune homme du doigt.
Loren avait déjà posé son sac dans l'herbe pour en sortir sa gourde. Il passa une main délicate dans ses cheveux, puis posa son regard clair sur le blessé. Il ajouta, rassurant :

"C'est indolore et rapide."

Surtout si la blessure avait déjà été traitée.

"Sans aucun danger, et je ne demande rien en échange."

Il se dit que peut être cette dernière affirmation pouvait paraitre plus suspecte qu'autre chose ! Loren reposa en silence la gourde dans son sac, perdit un instant son regard sur sa trousse à crayon. Son visage s'éclaira :

"Ou juste un peu de temps, celui de faire votre portrait."

Il se tourna de nouveau vers l'inconnu, attendant sa réponse avec une patience qui semblait infinie.

"Je m'appelle Loren, et je peux vous aider avec ça, puisqu'apparement elle vous fait encore mal."

Sán fit la moue. C'était juste, malgré les soins providentiels de la vieille dame, sa blessure le faisait encore souffrir.

# Donc il est guérisseur. Tu devrais accepter, Sán. #

"C'est indolore et rapide."

# Raison de plus. #

"Sans aucun danger, et je ne demande rien en échange."

# Ça, c'est louche. #

# Non. C'est de la gentillesse pure. Arrête d'être aussi méfiant ! #

"Ou juste un peu de temps, celui de faire votre portrait."

Dans l'autre dimension, Akela dressa les oreilles.

# Un artiste ! Oh Sán, accepte ! Dis-oui, dis-oui, dis-oui, s'il te plaîîît ! #

# D'accord ! D'accord. #

Sán reporta son regard gris sur le dénommé Loren.

"Très bien, allez-y. Moi c'est Sán, au fait."

Ne sachant pas très bien quelle attitude adopter, il s'assit de nouveau et enleva sa chemise, dévoilant le bandage lui enserrant le torse.

"Très bien, allez-y. Moi c'est Sán, au fait."

Loren sourit et hocha la tête. Il s'approcha du jeune homme et s'agenouilla à côté de lui. Regardant d'un oeil critique la blessure, il avait perdu son air léger et doux pour une expression sérieuse et sûre.

"Elle a été bien traitée, mais vous auriez-du rester couché encore un peu."

Mais bon, peu importait à présent, puisque dans quelques minutes il n'y aurait plus aucune trace.
Le guérisseur fronça les sourcils :

"Par contre je suis désolée, je vais devoir enlever les fils."

Et ça, ça risquait d'être un peu plus douloureux !
Loren s'éxécuta avec précision et efficacité. Ou comment trouver le compromis entre le moins de douleur possible et le moins longtemps possible...
Puis il posa les deux mains pâles et fines à plat sur la blessure, sans appuyer. Il ferma les yeux.

"Ça va chatouiller."

Il laissa son pouvoir couler le long de ses bras, ses mains, ses doigts. Aussitôt, il sentit son énergie diminuer doucement, à mesure qu'il devinait que la blessure se résorbait.
Son pouvoir, même s'il lui en coûtait, ne consitait pas en un simple transfert d'énergie, ou en un travail de 'réparation' du corps, comme ceux du clan de la terre... mais cela avait au final le même effet. Il s'agissait plus d'une accélération locale du temps permettant une guérison presque instantanée. Loren maitrisait totalement cet aspect, mais il ne savait pas si ce pouvoir pouvait avoir d'autres applications. Cependant, il y avait aussi des désavantages : la blessure devait être propre au maximum, et il ne pouvait soigner une maladie ou une blessure incurable.

"Voilà."

Le jeune homme avait rouvert les yeux au bout de quelques minutes à peine. A la place de l'entaille, il y avait àprésent une peau lisse, sans aucune trace.
Loren se redressa, attrapa son sac et en sortit son bloc et ses crayons. Il se mit à quelques mettres de San, en tailleur cette fois, tournant ses pages avec délicatesse. Puis Loren releva le visage pour planter son regard clair dans celui du jeune homme, un regard sans aucune malveillance.

"Parlez-moi de vous."

Sa voix douce amenait la confiance. Mais peut être San refuserait-il de le faire. Pourtant, comment faire le portrait de quelqu'un d'inconnu ? Celui qu'il allait faire à cet instant n'aurait rien d'un véritable... Il lui aurait fallu pour cela plusieurs mois, voir plusieurs années ! Mais plus il en savait, plus son dessin serait réussi !

Le soin de sa blessure fut relativement rapide, et pas excessivement désagréable. Sán passa une main surprise sur son torse, qui ne présentait à présent plus aucun relief, aucune cicatrice que la plaie aurait pu laisser.

"Merci."

# C'est bien pratique, ça, observa Tielsvak. On devrait toujours avoir un guérisseur dans sa besace. #

Sán sourit.

"Parlez-moi de vous."

Heu ?
Ah. Pour le portrait. C'est sûr que plus on en sait sur la personne qu'on dessine, plus cela doit être facile...
Mais quand même !

# Détends-toi, Sán. Tu n'as qu'à lui en dire un peu sans dévoiler que tu es un Malvi, et tout ira bien. #

Sán prit le temps d'une respiration. Que dire ?

"J'ai habité jusqu'à mes 17 ans à l'abord d'une forêt du clan de l'Eau... J'ai 22 ans, à présent."

Le jeune homme se mordilla la lèvre. Avisant l'épée dans son dos, il enchaîna :

"Je n'aime pas particulièrement me battre, mais je sais me défendre. Je possède ces armes depuis mes treize ans... Je n'aime pas me balader sans. Je me sens démuni, et puis, mieux vaut prévenir que guérir. Après tout, nul ne sait qui croisera son chemin."

A court d'idées, Sán se tut. Akela suggéra alors :

# Parle un peu de nous. Sans dévoiler qui nous sommes vraiment. #

Le garçon esquissa un sourire.

"J'ai deux compagnons, Tielsvak et Akela, que j'aime plus que tout. Vous voyagez seul ?"

Démuni ? Loren lui se trouvait encombré avec des armes... Mais surement était-ce juste parce qu'il ne savait pas s'en servir.
Le jeune homme écoutait son modèle avec attention, son regard passant de San à sa feuille, de sa feuille à San. Voyant qu'il ne savait pas quoi ajouter, il dit :

"Tu peux parler de ce que tu veux... N'importe quoi, tant que ça te concerne d'une façon ou d'une autre."

Pas forcément raconter sa vie, même dire s'il aimait ou non le chocolat était quelque chose, ou juste son avis sur un fait, un évènement, quelqu'un qu'il connaissait...

" Tu voyages seul ?"

Loren répondit à la question du jeune homme d'un air paisible et avec un sourire amusé : Il trichait, ce n'était pas de lui qu'il fallait parler !

"Oui, je voyage seul..."

Mais le crayon s'était soudain arrêté. Loren avait levé ses yeux gris et chauds sur San, cherchant à retrouver l'expression, l'étincelle qu'il avait entraperçue l'instant d'avant :

"Deux compagnons as-tu dis ?"

La mine noire reprit sa course délicate sur le papier.

"Peux-tu me parler d'eux ?"

Quelque chose lui disait que cela serait surement la meilleure façon d'en apprendre sur San !
Mais en aucun cas il ne l'obligeait à parler. Que San refuse directement, ou qu'il détourne le sujet, lui ne dirait rien.
Il écoutait, regardait, ressentait, et dessinait.

"Deux compagnons as-tu dis ?
Peux-tu me parler d'eux ?"

Sán eut un sourire, qui fit briller ses yeux gris.

" Mes compagnons sont un peu... spéciaux. Il s'agit d'un cerf, et d'un loup. Le loup s'appelle Akela. Il a un beau pelage gris et des yeux jaunes perçants. Il a une taille plutôt impressionnante pour un loup. Il me taquine souvent... pour ne pas dire tout le temps ! C'est aussi un cynique, mais en réalité il est très gentil, parfois trop... Non, je pense qu'on ne peut pas être trop gentil. Disons qu'il ne se méfie pas assez, des fois. Il est sympathique avec tous les gens qu'il rencontre, prêt à leur offrir son aide à tout moment."

Le jeune homme s'interrompit un instant, attendant une quelconque réaction de ses compagnons. Mais ceux-ci, silencieux, écoutaient, et il aurait, à cet instant, été bien malvenu d'intervenir.

"Tielsvak, le cerf, est plus posé qu'Akela. Il réfléchit plus avant d'agir, je dirais. Il aime bien blaguer, il fait des commentaires sur tout ce qu'il voit... en fait, sur ce dernier point, Akela aussi. Ah, et puis, ces deux-là se disputent continuellement ! C'est assez lassant... mais parfois c'est plutôt amusant. En fait, je pense qu'au fond ils s'aiment bien, mais bon, un loup et un cerf dans la nature ce n'est pas censé s'apprécier, alors...

Silence. Sán, les yeux dans le vague, les bras posés sur les genoux, regardait au loin. Il semblait ne plus avoir conscience de son interlocuteur, il parlait, juste, de ce qui lui tenait le plus à coeur.

"Sans ces deux-là, je ne suis pas grand-chose."

Cette phrase avait été dite dans un souffle.

"On a tout vécu ensemble. Absolument tout. Les joies, les peines. Ils ont toujours été là. Toujours."

# Et on sera toujours là, # ajouta doucement Akela.

Le jeune homme se tut. A cet instant précis, il ne pouvait plus rien dire.

Voilà : cette étincelle là. Un doux sourire passa sur les lèvres de Loren qui écouta le jeune homme sans un mot. Sans un geste. Seuls son regard et son crayon se mouvaient avec fluidité.

"Ils ont toujours été là. Toujours."

Son modèle se tut. Loren attendit patiemment, toujours dessinant.
San semblait parler de ses compagnons comme si lui et eux ne faisaient qu'un. Toujours ensemble. Comme s'ils ne pouvaient être séparés. Toujours là. Pourquoi paraissait-il seul dans ce cas ? Mais non, il n'y avait pas de solitude dans ses yeux.
Au bout de longues minutes, il demanda :

"Où sont-ils ?"

Sa voix était de celles qui ne brisent pas les silences, mais s'y insèrent avec naturel. Comme une voix, une qestion venue de nulle part. Loren avait le don de s'éfacer, et de se faire oublier des autres. Don qu'il n'avait pas vraiment l'occasion de remarquer,et qu'il utilisait parfois, sans s'en rendre compte.

"Où sont-ils ?"

Sán hésita. Puis sourit doucement.

"Lorsque vous aurez fini mon portrait, vous pourrez peut-être les voir..."

Il sentit l'étonnement de ses compagnons à ses dires. D'ailleurs, leur réaction ne se fit pas attendre :

# Tu comptes lui dire ? Ce n'est pas prudent... #

# Moi, ça me va. Vas-y petit, ce serait stupide de se méfier de ce jeune homme, il a l'air bien inoffensif. #

# Evidemment, selon toi tous seraient inoffensifs ! Tu n'as aucune prudence. C'est ce qui nous met toujours dans le pétrin. #

# Comment ? Et toi c'est ta prudence, pardon, ta couardise, qui nous empêche de faire des rencontres ! Tu... #

# Ça suffit, vous deux ! #

Sán eut un soupir las.

# J'en ai assez d'avoir peur, de me poser tout le temps les mêmes questions. Je préfère me fier à mon impression première, et si elle n'est pas bonne, tant pis. On peut se défendre, n'est-ce pas ? On est ensemble. On ne se fera pas avoir comme ça. #

Il y eut un silence. Puis, après un instant, Tielsvak capitula comme à regret.

# D'accord. #

Sán eut un hochement de tête satisfait. Puis il reporta son attention sur Loren.

"L'avez-vous bientôt terminé ?"

"Terminé ?"

Loren sourit :

"Ce portrait ne sera jamais terminé, à moins de vivre le reste de ma vie avec vous... et encore !"

Capturer l'esprit de quelqu'un dans un dessin... Il en avait été proche, une fois. Une seule. Autrement dit, il n'avait jamais réussi un véritable portrait.
Le jeune homme reprit :

"Mais je suppose qu'on peut dire que ma réalisation d'aujourd'hui touche à sa fin."

Puisque San venait de quitter sa réalité pour revenir dans la leur, il n'irait pas plus loin. Continuer n'aurait rien donné de bon. Il avait demandé quand cela serait fini, et Loren terminerait sur ce point.
Le crayon s'immobilisa enfin, et le jeune homme redressa son visage vers San. Après quelques secondes de silence, il demanda :

"Voulez-vous le voir ?"

Il serait surement surpris. Déçu aussi, peut être. Certainement. Parce que ce portrait, si les traits étaient les mêmes que les siens, n'était pas lui. Ce n'était qu'une partie de lui. Ou une impression de lui. Ce que Loren avait vu ou cru voir en lui. Le portrait d'un inconnu par un inconnu.
Un protrait incomplet.

Mais si San donnait son avi, alors peut être l'artiste pourrait-il en apprendre un peu plus sur lui. Et alors, le portrait suivant se rapprocherait un peu plus de l'esprit qu'il cherchait à capturer.

Sán se leva et s'approcha de Loren, curieux de voir le résultat du portrait. Il tendit la main, s'empara, avec l'autorisation de son propriétaire, du carnet à dessins, et posa ses yeux gris sur le croquis qui le représentait. Pendant un instant, il ne dit rien, étudiant le portrait avec attention, de même que ses compagnons.

# Il a du talent. Et puis, ce n'est pas une simple image figée sur du papier. On ressent une partie de toi, dans ce dessin. #

Sán hocha lentement la tête.

# Comme l'a dit lui-même Loren, il n'est pas terminé. Mais c'est plutôt réussi, étant donné le peu de choses qu'il sait sur moi. #

Le jeune homme reporta son attention sur Loren, qui attendait sans nul doute son avis.

"Vous dessinez bien. C'est moi, sans aucun doute. Disons, mon apparence, et puis une petite partie de mon caractère. Mais je suis plus méfiant que ça. Comment dire... C'est difficile de définir soi-même son caractère. Il manque aussi toute la partie..."

# Toute la partie d'avant, # fit doucement Tielsvak.

Sán acquiesça.

"Oui. Toute celle-là."

S'apercevant que Loren ne pouvait pas deviner de quoi il parlait, il se reprit vivement :

"Tout mon passé. Mais c'est bien normal, et puis, sauf votre respect je ne dévoile pas mon passé aussi facilement."

Il adressa un bref sourire au jeune homme.

"Achevé pour aujourd'hui, donc."

Loren eut un petit sourire, l'air serein :

"Rare sont les gens qui se livreraient entièrement à la première rencontre. Mais peut être complèterai-je un peu plus ce portrait à la deuxième..."

Deuxième rencontre dont il ne semblait pas douter !
Le jeune homme rangea précieusement la feuille dans sa pochette. Celle-ci contenait déjà quelques croquis et dessins. Paysages, et autres portraits. Une petite file tenant un bébé. Un homme assis sous un arbre. Une vieille femme souriante fumant la pipe.
Et tant d'autres.

Les doigts délicats du guérisseur fermèrent doucement les boucles du sac, qu'il passa à son épaule.

"Merci pour votre temps. Et je vous souhaite de continuer votre route sans plus de problème."




HJ/ il n'est pas vraiment du genre à s'imposer... =S une idée peut être ? ^^"
si oui, je peux éditer... si non, ben... c'était court mais sympathique x)

"Merci pour votre temps. Et je vous souhaite de continuer votre route sans plus de problème."

# Hein ? Hé là, hé là, hé là, non ! Sán, le laisse pas partir ! Sán, il nous a pas vu ! Sán, fais quelque chose ! #

# Ok ! Ok. Doucement. #

Sán interpella Loren alors qu'il s'éloignait.

"Attendez, s'il vous plaît ! Mes compagnons veulent vous voir de plus près."

# Ouaiiis ! Moi d'abord, moi d'abord ! #

# On a compris, Akela... Toi d'abord. #

Avec un léger sourire, le jeune homme laissa son compagnon prendre sa place. En une seconde son image s'estompa, laissant apparaître un loup d'un mètre 45 surexcité qui se précipita sur Loren.

# Bonjour ! Merci mille fois d'avoir soigné Sán ! Vous êtes un artiste très doué, je peux voir vos autres oeuvres ? Au fait, moi c'est Akela ! Vous pouvez me caresser, si vous voulez, je ne suis pas méchant ! #

Dans l'autre dimension, Sán étouffa un rire. A cet instant, Akela avait vraiment l'air d'un gros chien. Un très gros chien, affectueux et joueur.

"Attendez, s'il vous plaît ! Mes compagnons veulent vous voir de plus près."

Loren se retourna, un peu de surprise dans ses yeux clairs et doux :

"Vos compagnons ?"

Mais c'est un loup qui lui répondit, avec un enthousiasme à réveiller les arbres ! L'instant de surprise passé, Loren lui rendit un sourire accueillant :

"Honnoré, Akela. Soigner les gens est mon devoir, tu n'as pas besoin de me remercier pour cela. Je vous montrerez mes 'oeuvres' si vous le voulez, et quant à te caresser... et bien ma foi, si tu le souhaites, j'accepte l'offre avec plaisir !"

Il comprenait mieux pourquoi San avait dit que ses compagnons avaient toujours été là, et qu'ils le resteraient... Il passa une main délicate dans la fourure du grand loup en une douce caresse.
Puis Loren défit à nouveau les boucles de son sac pour en ressortir la pochette, et ses dessins. Il les prenait comme quelque chose de précieux. Non, en réalité, tous ses gestes étaient ainsi. Même ses regards : entre ses doigts et par ses yeux, tout semblait d'une valeur inestimable.

Il reprit le protrait de San, et le compléta. Une facette de plus de ce qu'il était serait visible sur cette simple feuille blanche.
Les autres aussi étaient incomplets. On sentait quelque chose, et pourtant on ne parvenait pas à la saisir entièrement. Ces êtres de papier existaient, mais n'étaient pas finis.
Les paysages eux, reflétaient plus les sentiments de leur observateur. Et pour cela, Loren sentit une pointe de gêne à les montrer. Mais non. Ressentir était une chose, et si Loren avait le moindre talent, San et ses compagnons pourraient saisir les sentiments qu'il exprimait. Mais jamais ils ne pourraient comprendre ce qu'ils signifiaient chez leur artiste. Et ne sauraient que les interprêter à travers leurs regards à eux.

Hj : hum, sauf erreur, Loren est déjà au courant que les compagnons de San sont un loup et un cerf ^^

ah ! exact ! =S
je vais éditer ça tout de suite ^^"


voilà, édité ! ^^

Le grand loup observa avec attention les oeuvres de Loren, les oreilles dressées et l'oeil brillant.

# Vous êtes doué ! C'est très beau. Ce sont des portraits de gens que vous avez rencontré sur la route, ou que vous connaissiez déjà ? Ou les deux ? Et les paysages ? C'était où, ça ? Et ça, c'est quelle forêt ? #

Insatiable curiosité ! Sán leva les yeux au ciel.

# Tout compte fait, j'aurais dû le laisser partir... pour lui. Tu es une vraie pie ! #

# Mais heu ! #

Akela braqua ses yeux jaunes sur le jeune homme, la tête penchée, l'air contrit.

# Je vous embête ? Vous n'êtes pas obligé de me répondre, si vous n'en n'avez pas envie. C'est juste que... On n'avait jamais rencontré d'artiste. Sán est moyennement sociable, et l'autre ramuré carrément parano. #

# Hé, le clebs, tu veux te battre ? Tu sais ce qu'il te dit, le ramuré ? #

# Il me dit qu'il ne peut pas me toucher, nananananère ! Donc je dis ce que je veux. #

Sán interrompit en soupirant ce qui allait devenir un massacre verbal. Incorrigibles, ces deux-là !

Assailli par les questions du loup, le jeune homme resta un instant muet de surprise avant de sourire.

"Non, vous ne me dérangez pas !"

Et, avec sa patience et sa douceur habituelles, Loren décrit rapidement dans quelles circonstances il avait réalisé chacun de ses dessins. Généralités ou détails insignifiants, tout portait les sentimants qu'il faisait passer du sujet à lui-même, de lui-même au dessin. Comme si en tant qu'"artiste", il tenait en quelque sorte le rôle d'intermédiaire.
Artiste...
Tout le monde n'était-il finalement pas un peu artiste en lui ? Il y avait juste tant de manière de l'exprimer... dessin, musique, chant, danse, écriture, artisanat, ou même combat ! Ainsi que celui qui ne fait rien, et se contente de rêver...

Et puis loren se tut. Rester silencieux semblait naturel. Le silence même était comme... un ami de longue date. Au monastère, les moines parlez peu. Ils chantaient lors des prières, discutaient souvent, mais il n'y avait pas vraiment de bavardage, de paroles pour ne rien dire. Et cela même semblait se faire sans bruit. Ils n'élevaient pas la voix.
Et surtout, mises à part ses rencontres ponctuelles, Loren voyageait seul.

C'était pourquoi écouter les chamailleries et répliques vives des trois amis plaçait sur les lèvres du jeune homme un petit sourire, assez difficile à interpréter pour quelqu'un d'extérieur.
'Toujours ensemble.'

Et puis, s'il étaitprêt à partir l'instant d'avant, Loren n'avait pas de but dans son voyage. Pas de rendez-vous l'attendant. Il n'était pas pressé. Il n'avait peut être plus rien à faire ici, mais cela ne l'empêchait pas de pouvoir y rester jusqu'au landemain. Ou jusqu'à ce que San et ses compagnons ne souhaitent plus sa compagnie.



HJ/ un personnage passif, et pas d'inspi... help !! TT-TT

Akela écoutait avec attention les explications patientes de Loren, les oreilles pointées vers l'avant. Mais il n'était pas le seul, Sán et Tielsvak s'intéressaient également beaucoup aux dires du jeune homme. D'ailleurs, le cerf commençait à trépigner dans la dimension immatérielle.

# Allez, Akela, ça suffit ! A moi de me montrer maintenant, et puis, j'ai faim ! #

# Ventre à pattes ! #

# Akela, laisse-lui la place, # intervint Sán avant que cela dégénère.

Le loup baissa les oreilles et grommela, l'air malheureux, mais finit par s'estomper à regret. Apparut alors Tielsvak, qui fit quelques pas vers Loren et l'observa avec curiosité de ses grands yeux noirs.

# Bonjour ! Moi, c'est Tielsvak. Vous êtes gentils, vous dessinez bien ! Vous cherchez un village, c'est ça ? Mais celui où on était, il est loin... #

Le cerf arracha quelques touffes d'herbe qu'il mâchonna d'un air pensif, puis il releva brusquement la tête, manquant d'assommer Loren avec ses ramures. Akela, dans l'autre dimension, eut un glapissement de dépit.

# Mais quel boulet ! #

# Pardon, s'excusa Tielsvak, faussement contrit mais piétinant d'excitation. Mais je viens de penser à un moyen de vous remercier d'avoir guéri Sán ! Je me suis toujours demandé ce que ça faisait d'avoir quelqu'un sur le dos... Vous savez monter à cheval ? Je, enfin, on pourrait vous emmener là-bas de cette manière ! #

Tielsvak. Loren salua le grand cerf avec un sourire, avant d'éviter de peu un coup de bois qui l'aurait bien assommé voire tué sur place !

"... Mais je viens de penser à un moyen de vous remercier d'avoir guéri Sán ! Je me suis toujours demandé ce que ça faisait d'avoir quelqu'un sur le dos... Vous savez monter à cheval ? Je, enfin, on pourrait vous emmener là-bas de cette manière !"

Le jeune homme sourit : voilà qui lui paraissait bien surprenant qu'un animal veuille savoir "ce que cela fait d'avoir quelqu'un sur son dos" ! Il répondit :

"Ce n'est pas la peine de me remercier, soigner est... comme un devoir, pour moi. Pour ce qui est d'aller au village, je ne sais malheureusement pas monter à cheval, mais si vous me donnez la direction je m'y rendrais par moi même. De plus, il serait totalement inutile pour vous de faire un tel détour !"




HJ/ moi je te dis, laisse le planté là ! trouve un truc à faire plus loin ! xD

"Ce n'est pas la peine de me remercier, soigner est... comme un devoir, pour moi. Pour ce qui est d'aller au village, je ne sais malheureusement pas monter à cheval, mais si vous me donnez la direction je m'y rendrais par moi même. De plus, il serait totalement inutile pour vous de faire un tel détour !"

Tielsvak baissa la tête, déçu.

# Ah... #

Toutefois le cerf se reprit vite. Redressant le port, il regarda à droite, à gauche, scrutant la lande de ses yeux noirs.

# Bon, eh bien si vous voulez la direction du village c'est par... Par... Heu... #

Tielsvak se tourna en tout sens, son regard parcourant l'étendue désertique couverte d'herbe rase à perte de vue. Dépité, il resta bêtement planté sur ses sabots sans une parole, l'échine basse.

# Bon... Heu... Akela ? #

# Ahahahahahahahahahahaha !!!!! #

# Allez, prend ma place et tais-toi donc ! #

S'esclaffant, le grand loup se matérialisa à la place de Tielsvak et leva le nez.

# Décidément, les cerfs n'ont aucun flair ! Alors, voyons... #

Bien que le village soit loin, Akela n'eut pas de mal à repérer les odeurs de fumée et d'activité humaine qu'il dégageait et indiqua rapidement la route à Loren. Il le salua ensuite affectueusement d'un grand coup de langue avant de laisser la place à Sán. Celui-ci sourit et tendit la main au jeune homme en face de lui.

" Eh bien, merci, merci beaucoup. Je vous souhaite bonne chance pour la suite."

HJ : bon, c'est totalement pourri, mais tant pis =P

Loren passa sa main délicate dans la fourure du loup avant que San ne reprenne sa place :

"Eh bien, merci, merci beaucoup. Je vous souhaite bonne chance pour la suite."

Le jeune homme sourit doucement et serra la main qu'il lui tendait. Une main d'arme dans celle d'un érudit...

"Merci à vous trois, et bonne route."

Il rangea à nouveau ses affaires et passa sa bandouillère à l'épaule avant de s'éloigner dans la direction indiquée, après un dernier geste d'adieu.

Si quelqu'un l'avait suivi, il aurait pu le retrouver quelques kilomètres plus loins, bien plus à l'Ouest que la route du village, assis en tailleurs au milieu d'un tas d'herbe folles...
Silencieux et immobile, un léger sourire aux lèvres, et le regard perdu dans le vague.



HJ/ et voilà, à fermer ! xD