Une forêt.
Dense.
Sombre.
Touffue.
Aucune raison de s’y balader me direz-vous ?
Effectivement.
Aucune.
Et pourtant. Il faudra dans ce cas là m’expliquer pourquoi Isas s’y promenait en compagnie d’Ingwë. Ne jamais imposer de contrainte à cet elfe. Non loin de là passait un chemin, assez fréquenté tout de même. Mais sans plus. Toutefois Isas n’aimait pas faire comme tout le monde et se contenter de suivre les routes sans réfléchir. Aussi avait-il coupé à travers champs.
Dans quel but ? Puisqu’il n’en avait aucun…
Il ne faut pas toujours chercher à comprendre. Nous mettrons donc cela sur son esprit contradictoire.
Il marchait d’une allure mesurée, paisible. A ses côtés, son compagnon faisait comme à son habitude. Le fou.
Soudainement il se stoppa. Un énorme gargouillis retentit parmi les arbres. Isas regarda son ami à la fois amusé et moqueur. Ce dernier regardait son ventre interloqué.

# Je crois que j’ai faim# Constata-t-il.

- C’est aussi l’impression que ça me donne. Ironisa Isas.

Ingwë le fixa avec en plissant légèrement les yeux comme pour dire « c’est même pas drôle ! ». L’elfe se borna à lui faire un sourire énigmatique. Le griffon soupira :

# Tu devrais vraiment te trouver quelqu’un… Je ne comprends pas que tu es autant de mal. Tu es pourtant charmeur quand tu t’y mets.#

Isas le regarda, atterré :

-Tu trouves que je viens de te faire du charme, là ?

# Qui sait ?# S’éclaffa-t-il.

Il s’arrêta subitement :

# A moins que tu ne préfères les hommes ?# Retenta-t-il

-Un jour tu te prendras vraiment mon poing dans la figure Ingwë. Le mit-il en garde.

Ingwë se contenta de pouffer :

# Bon je vais chasser !# Répliqua-t-il pour changer de sujet.

Ceci était une sorte d’accord mutuel entre eux. Le griffon évitait au maximum de chasser devant Isas. Si ce dernier n’éprouvait rien lorsqu’il voyait les hommes mourir. Qu’il considérait comme faible, pourris et inutiles. Il avait légèrement plus de mal avec les animaux. En soit, eux étaient innocent, ils n’avaient rien fait et subissaient déjà les caprices humains.
Alors les voir pris au piège sans le moindre espoir de les sauver. Voir leur regard désespéré lorsqu’ils reconnaissaient en lui un elfe. Cela lui faisait mal. Il avait l’impression de les trahir, et il détestait cela…
Son compagnon partit en trottinant entre les arbres sous l’œil d’Isas.
L’elfe sortit alors son katana, vérifia sa lame.
Impeccable.
Comme toujours. Il choisit donc de s’entrainer. Effectuant de grand geste gracieux et précis mais sans rapidité. Il donnait un peu l’impression de faire du yoga. Ses mouvements étaient d’une grande lenteur, cherchant la perfection dans le moindre de ses gestes.


De son côté Ingwë était passé du trot au galop, puis du galop au grand, très grand galop. Il fonçait telle une flèche. Pourquoi ? Parce qu’il avait envie de se défouler tout simplement. Isas était mignon mais bien trop calme !
Et puis les proies n’étaient gèrent intéressantes. Trop petit dans ce coin de forêt…
Il parcouru les bois pendant un petit bout de temps tout de même avant de se décider à s’arrêter. Il ralentit progressivement. Humant l’air il n’eut aucun mal à trouver une proie adaptée à ses goûts.

…


Le griffon se léchait les babines. Ce qu’il venait de manger était un pur régal. Ses pattes et son bec était encore plein de sang et il s’activait à y remédier.
Une fois lavé, le ventre plein, Ingwë se leva et marcha d’un pas tranquille. Il n’avait pas envie de reprendre sa course folle. Pas qu’il ne veuille pas revoir Isas le plus vite possible. Non. Absolument pas. Mais il digérait. Et quand on digère on a plutôt envie de dormir…
Peu loin de lui il entendit alors du bruit. Mais comme nous connaissons tous Ingwë, nous savons tous qu’il n’est absolument pas curieux. Qu’il n’est, à l’inverse de son maître, absolument pas intéressé par ce qu’il se passe autour de lui ! Aussi se dépêcha-t-il bien vite de s’y diriger, de prendre une taille équivalente à celle d’un gros chien et de se cacher dans un buisson pour aller assister à la scène sans être vu.
Des hommes. Une bonne quinzaine se parlaient d’une voie forte et autoritaire. Ingwë se demanda bien ce qu’ils pouvaient faire. Il remarqua alors les énormes chien (qui soit dis en passant ressemblaient plus à des monstres) surveillant les alentours. Et comme de par hasard le vent porta son odeur jusqu'à eux.
Les animaux grognèrent. Les hommes se mirent en gardes :

-Qui va-là ?! Interpella-t-on.

Ingwë haussa les épaules, si l’on peut dire cela. De toute façon il était déjà repéré. Il sortit de son fourré et s’avança gaiment :

# Bonjour messieurs !# Lança-t-il gaiment.

Les hommes le regardèrent, un instant interdit. Puis l’un d’eux dit :

-Il vient bien de nous parler là ?

-Oep ! Lui répondit-on avec un sourire, de mauvais augure considéra le griffon.

Il hésita un court moment et reprit sa taille réelle. Il dominait à présent les chiens de toute sa hauteur. Ces derniers, la queue subitement entre les jambes, se précipitèrent dans celles de leurs maîtres, qui par ailleurs les repoussèrent avec forces. Ils avaient là une bestiole forte intéressante. Elle devait valoir un bon prix. Ils la leur fallait !
Le griffon se demandait sérieusement s’il ne ferait pas mieux de partir maintenant quand quelque chose d’un silence absolu lui piqua l’épaule.
Instinctivement son regard se porta sur le lieu de la douleur. Une petite fléchette y était enfoncée. Il eut l’air surprit…et commença à se fâcher.
Par reflexe il se cabra et poussa un cri strident. Il raisonna parmi les arbres.

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Loin. Très loin. Isas arrêta son geste. Un horrible pressentiment venait de l’assaillir…

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Lorsqu’Ingwë se cabra les hommes et les chiens lancèrent l’assaut. Des cordes aux nœuds coulant s’enroulèrent autour de sa tête, de ses pattes. Les « monstres » se jetèrent sur lui toutes dents dehors.
De nouveau il hurla, moins fort, moins aigue. Mais la rage était désormais présente. Il se balança violemment sur le côté, entrainant avec lui trois hommes fixés au bout des cordes qui ne purent résister à sa force. Une nouvelle fléchette vint se planter sur son flanc gauche.

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# Ton compagnon Ingwë est en danger.# Le renseigna la nature.

Isa bondit :

-Où ?

# Plus à l’Est. Droit devant toi.#

L’elfe se précipita en avant. Fusa comme une flèche dans la direction indiquée.

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Le griffon haletait. Les chiens n’y allaient pas de main, ou plutôt de dents, mortes. Ingwë non plus d’ailleurs. Son bec déchirait tout ce qui lui passait devant. Il ne savait plus si le sang était le sien ou celui de ses adversaires.
Les piqures commençaient à agir…

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# Ingwë est tombé au sol.#

Isas pesta. Non. NON ! Ingwë ne pouvait pas mourir ! Pas lui ! Pas le seul être au monde qu’il aimait ! Il le sauverait. Il le fallait. Il le devait !

# Il s’est relevé. Il se bat avec courage et efficacité. Il vient de d’arracher la tête d’un homme.#

Une tornade filait à toute allure dans la forêt.

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Le griffon chancelait à présent. Il se défendait bien mais ses hommes ne payaient pas de mines. Ils maitrisaient les éléments et faire face à tout cela avec deux doses de poison ? D’anesthésiant ? Devenait fastidieux. Les ennemis avaient rugit de haine lorsqu’il avait tué l’un des leurs. A présent les cris redoublaient. Il venait de transpercer le cœur d’un avec son bec et d’en piétiner un autre avec ses griffes :

-Capitaine il est trop dangereux on s’en tirera pas ! Hurla une voie.

-Alors on le tue ! Répliqua-t-on.

L’eau, la terre, le vent et le feu fusait en direction du pauvre griffon complètement débordé. Instinctivement Il chercha. Quoi ? Isas était loin. Très loin à cause de sa stupide envie de galopade. Il s’en voulait. Quand l’elfe découvrirait ce qu’il s’était passé…Il ne s’en remettrait pas.

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#Il est tombé.# L’informa la forêt. # Il vient de se relever…durement#

« Ingwë tient le coup ! J’arrive !... » Espéra l’elfe.

Jamais de toute sa vie il n’avait couru aussi vite. Ses muscles exploiter au maximum de leur potentiel le faisait atrocement souffrir. Cela le brûlait. Il s’en fichait.

« J’arrive Ingwë. Accroche-toi. » Répétait-il inlassablement.

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Le griffon s’effondra les cordes entourer autour de lui le maintenait désormais solidement au colla drogue aidant à l’y coller :

-Vous êtes sûr qu’on doit s’en débarrasser. C’est une super belle bête. Elle parle en plus. On devrait pouvoir en tirer un super prix.

Nan. Répondit-il on. On n’a pas assez de tranquillisant. Je te signale qu’on vient de lui en injecter deux doses et que théoriquement elle son utiliser pour endormir en moins de deux les plus grosses bêtes sauvages qu’on peut trouver en forêt.

-Oui c’est dommage. Reprit une troisième voix en s’approchant.

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# Un homme s’approche. Il a sortit son épée.#

« FOUS LE CAMPS ! » Hurla-t-il intérieurement. Ces pensées s’adressant autant pour le griffon que pour l’agresseur.

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L’homme s’arrêta au niveau du griffon avec un sourire noir :

-Tu as tué nos camarades. Il est juste que tu meures…

Ingwë, malgré les cordages entortillés autour de lui réussit à fixer l’homme :

# Espèce de crétin ! En faisant cela tu t’assures la plus douloureuse des morts ! Isas va te faire la peau !#

Et la lame fondit sur la gorge du noble animal ligoté à terre.

Soya, juchée sur Isïl, se laissait porter par la jument. Elle s'était attendu à ce que celle-ci sorte rapidement de la forêt... mais non.
La pyrocorne humait l'air, semblant chercher quelque chose, les yeux brillants.
La jeune femme, intriguée, la laissait faire. Après tout, elles étaient libres... et pas pressées.
Soudainement, Isïl redressa la tête. Elle frappa le sol de son antérieur, puis bondit en avant.

# Soya, accroche-toi ! #

La fée eut juste le temps de serrer les jambes pour ne pas être désarçonnée. La jument fonçait maintenant comme une flèche, à travers les arbres de la forêt dense.

# Isïl, qu'est-ce qui se passe ? #

# Une odeur de sang, toute proche. Et... autre chose. #

Elle n'eut pas besoin d'en dire plus. Soya dégaina son épée, prête à l'attaque.
Isïl s'arrêta brusquement. Des éclats de voix, des cris retentissaient non loin. La jeune femme sauta à terre, et courut dans la direction des bruits.
Elle arriva devant une scène qui la fit frémir.
Un griffon. Noble animal, attaché, jeté à terre, couvert de sang. Le sol jonché de cadavres. Cinq hommes encore debout. Dont un s'apprêtant un trancher la gorge du griffon.

# Espèce de crétin ! En faisant cela tu t’assures la plus douloureuse des morts ! Isas va te faire la peau !#

Soya écarquilla les yeux.

# Ingwë ! #

L'homme leva son épée...
Tintement de deux lames s'entrechoquant.
Soya avait contré.
Avec une rapidité iréelle, elle s'était interposée entre Ingwë et l'homme. Ses yeux ambrés brillant comme des flammes, un air de mauvaise augure sur le visage, la svelte jeune femme était... effrayante.

- "Ne le touche pas, pourriture," siffla-t-elle, furieuse.

Elle le repoussa avec violence. Sous le choc, il tomba à terre.
Soya se redressa et se mit en garde, une lueur sauvage dans le regard.
Les braconniers, un instant interloqué, agirent en même temps. Des flammes, des lianes, des pics de glace et une violente bourrasque fusèrent vers elle. Soya eut un sourire moqueur.

- "Comme si vous pouviez me faire le moindre mal avec ça !"

Ne s'en préoccupant pas outre mesure, la jeune femme ferma les yeux.

# Dispersion. #

Quand elle les rouvrit, les éléments qui s'apprêtaient à la tuer avaient dévié leur course. Puis ils disparurent.
Les hommes échangèrent un regard affolé. Le sourire de Soya s'élargit.

- "Montrez-moi donc ce que vous valez au corps à corps."

Ils se reprirent et, avec un juron, se jetèrent sur elle. La fée para avec fluidité les cinq lames qui s'abattaient dans un ensemble désordonné, contra avec force et finesse, obligeant les hommes à reculer.
Ils n'en revenaient pas. Ils étaient cinq contre une !
Et pourtant...
Soya faisait chanter sa lame. Fit vivre Fëawen Essin, serpent ardent.
Cela ne dura pas longtemps.
Les cinq hommes restants s'effondrèrent.
Rangainant son épée, Soya se précipita sur Ingwë.

# Ingwë !! Est-ce que ça va ? Ces salauds n'y sont pas allés de main morte. #

Elle défit rapidement les liens qui retenaient le griffon prisonnier, puis commença à soigner ses blessures. Elle déversa son énergie guérisseuse dans le corps et les cellules d'Ingwë, avec rapidité et efficacité. Un bruit de galop, Isïl apparut.

# Ingwë ! Je me disais bien que j'avais senti ton odeur ! Qu'est-ce qui s'est passé ? Où est Isas ? #

« NOOON !!!!!! »

Se furent le seul mot qu’Isas pouvait encore formulé. La nature lui avait montré l’image de cette lame s’abaissant sur son compagnon puis… plus rien. La nature s’était tût.
Pourquoi ? Comment ? L’elfe roulait des yeux fous, à deux doigts de perdre la tête, il allait toujours aussi vite. Les branches basses se brisaient sur son passage. Même les plus épaisses n’y résistaient pas. Des éraflures prenaient place sur son corps et déchiraient en quelques endroits ses vêtements.
Il s’en fichait éperdument.
Ingwë était probablement mort maintenant.
Aussi stoppa-t-il net lorsqu’il vit enfin la scène. Le griffon était…vivant. Les hommes étaient…morts. Une femme se dressait dans le milieu de la scène.
La silhouette paraissait vaguement familière à l’elfe, mais il était trop en état de choc pour faire un lien quelconque avec ses précédentes rencontres.
La seule chose qui tournait et retournait dans son esprit était « Ingwë est vivant…Je n’étais pas la pour le protéger… Ingwë est vivant…Je n’étais pas la pour le protéger… Ingwë est vivant…Je n’étais pas la pour le protéger… »
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Ingwë se releva péniblement en regardant Soya :

# Je vous remercie charmante Soya. Je vous dois la vie.#

Il apprécia les soins à sa juste valeur, les doses de drogues se dissipant dans le même mouvement. Il tourna la tête, un air un peu triste et sur le visage :

# Il est ici…#

Jamais le griffon n’avait vu son compagnon dans un tel état.
Non.
Jamais…

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Il ne se rendit même pas compte qu’il était plus essoufflé qu’il ne l’avait jamais été de toute sa vie. Il était en sueur. De grosses gouttes dégoulinaient le long de sa nuque ainsi que sur l’ensemble de son visage et de son corps. En même temps il avec rattrapé relativement vite la distance qu’Ingwë avait mis un certain temps à effectuer au grand galop…

Isas s’approcha sans un bruit. Comme hypnotisé par le griffon. Il tendit doucement la main vers lui, comme pour s’assurer qu’il n’était pas un mirage ou quelque chose du genre.
L’image ne se dissipa pas. Au contraire.
Le griffon tendit sa tête vers lui. Son bec prenant place dans la paume de l’elfe. Se contact parut brusquement faire reprendre ses esprits à Isas.
D’un geste fluide et irréel il s’empara du cou de son ami et l’enlaça. Ce dernier eut un léger mouvement de surprise. Jamais son « maître » n’avait eut de comportements aussi affectifs. Se n’était tout simplement pas dans ses habitudes…
La stupeur passée il posa sa grosse tête sur l’épaule de l’elfe, de la même manière que s’il cherchait à consoler un enfant perdu.
Ils restèrent un bon moment comme cela. Sans un mot. Sans une parole. Juste pour s’assurer que l’un était vivant et juste pour assurer à l’autre que oui, il était vivant.

Puis Isas parût prendre de nouveau conscience de la présence de « sa sauveuse. » Il lâcha l’encolure du griffon à contre cœur et se retourna vers elle :

-Merci. Souffla-t-il.

Un petit mot de rien du tout. Mais un petit mot rarement, voir jamais, prononcé par l’elfe. Cependant là n’était rien. Sa voie était presque vibrante d’émotion. Ses yeux brillaient de reconnaissance. Pour la première fois de sa vie Isas faisait tomber une partie de son masque et dévoilait sa faiblesse.
La seule.
Ingwë.
En sauvant le griffon, la femme avait sauvé l’elfe, et pas uniquement physiquement ! C’est alors qu’il se décida à savoir à qui il parlait. Il l’examina.
Il ouvrit des yeux ronds et se recomposa immédiatement un visage impassible :

-Soya…lova ? Se dépêcha-t-il d’ajouter.

Le griffon s’empressa de prendre une taille plus petite et de sauter dans les bras de son compagnon. Celui-ci l’accueillit à bras ouvert, refermant solidement ses bras. Ingwë n’irait plus nulle part sans lui !

-Qu’est-ce que tu fais ici ? Demanda-t-il surprit.

Mais ce hasard était certainement l’uns des plus heureux qui ne lui soit jamais arrivé…

Soya et Isïl tournèrent la tête d'un même mouvement dans la direction qu'indiquait le griffon.
Elles restèrent figées.
Isas était méconnaissable. Essoufflé comme jamais, les vêtements déchirés, des coupures sur le corps, ébourriffé, il fixait la scène avec ébahissement. Puis il s'avança.
Doucement.
Tendit la main vers Ingwë.

# Eh ben... # commenta Isïl.

Soya la fit taire d'un regard. Toute parole était inutile dans la scène qui se jouait devant leurs yeux.
Isas le solitaire, Isas le taciturne, l'impassible, qui jamais, au grand jamais, ne dévoilait ses sentiments... saisit l'encolure de son compagnon et l'enlaça longuement.
Impulsivement, la licorne se rapprocha de son amie et enfouit ses naseaux dans son cou. Soya lui passa un bras autour de l'encolure.
Après un temps, Isas sembla s'apercevoir de leur présence. Il tourna ses yeux de chat vers Soya, et dit un mot.
Un seul.
Mais d'une voix tellement tremblant d'émotion, avec tant de reconnaissance dans le regard, que Soya en fut ébranlée.
Jamais un remerciement n'avait été formulée avec autant de sincérité.
Un sourire naquit doucement sur les lèvres de la jeune femme.

- "Je t'en prie."

Puis Isas écarquilla les yeux. Son visage redevint impassible au moment où il reconnaissait celle qui se tenait devant lui.
Soya manqua éclater de rire. Elle remarqua avec plaisir que prononcer son nom en entier n'était plus devenu un réflexe pour l'elfe.

-Qu’est-ce que tu fais ici ?

- "A vrai dire, je comptais quitter la forêt, mais Isïl semblait chercher quelque chose alors..."

Elle s'arrêta soudain, prise d'un doute. Se tourna vers Isïl, une lueur accusatrice dans le regard.

# Isïl... Tu cherchais quoi, au juste ? #

La jument eut l'air coupable. Une lumière se fit dans l'esprit de Soya.

# Ne me dit pas que... non ! #

La fée avait du mal à y croire.

# Tu les as... pisté ? #

Isïl baissa la tête, mal à l'aise.

# Disons que j'avais envie de les revoir... Et que j'ai senti leurs odeurs, pas loin, et je me suis dit que ça ne te gênerait pas ? #

Soya en resta muette. Puis, après un temps, elle poussa un long, long soupir, et finit par se tourner vers Isas.

- "On va dire qu'on se baladait. Et vous, qu'est-ce vous faites ici, et comment se fait-il que vous vous soyiez séparés ?"

En temps normal Isas se sera énervé ou encore exaspéré de s’être fait pisté. Mais là…là…qu’importe. Si Isïl ne l’avait pas fait… L’elfe secoua la tête. Il ne voulait même pas y penser.
Il caressa pensivement le griffon, celui-ci se mit à ronronner. Il aimait. Non. Il adorait, quand Isas s’occupait de lui :

-Ingwë était parti chasser et il s’était éloigné. Par contre aussi loin…

Isas l’aurait fusillé du regard s’il n’avait pas été si heureux de le voir en vie :

-Il faudra que lui aussi me l’explique…

La petite boule de plume et de poil eut ce qu’on l’on pourrait appeler un sourire contrit :

# J’avais envie de me défouler et j’ai entendu du bruit. J’ai été voir et je suis tombé sur eux…#

Isas ferma un instant les yeux. Il lui avait pourtant tant de fois répéter de se tenir à l’écart de l’espèce humaine…
Soudainement un son attira son attention. Discret, étouffé. Sans lâcher son compagnon il s’y dirigea. Les hommes possédaient ce que l’on pourrait appeler des caravanes. Certaines, aux odeurs, devaient être celles où ils logeaient. D’autres… et bien les autres étaient remplis d’animaux diverses en état plus où moins bon. Ils étaient affalés, épuisés. Isas en était choqué (bien que son visage restât impassible).
Ses bras relâchèrent leur pression. Ingwë comprit le message et glissa lentement de sa place. Tout à coup sans prévenir, l’elfe sortit son katana et le frappa contre les barres d’aciers des cages. Elle n'avaient pas la moindrechance de résister, elle semblait subitement aussi solide que du cristal. Il n’avait pu passer sa rage sur les hommes, il le faisait à présent sur les barreaux. Ces hommes étaient de belles pourritures ! Il trouvait même qu’ils n’étaient pas morts assez lentement et avec assez de souffrance.
La hargne qu’il mettait dans ses attaques était impressionnante. Il ne tenait son arme qu’à une main et la balançait avec force contre ce qu’il visait, laissant à Soya le soin de s’occuper des bêtes :

# Je crois qu’il est légèrement énervé…# Constata Ingwë avec une grande perspicacité…

Soya regarda avec un sourire Isas se défouler sur les cages de fer. Il était plus en train d'effrayer les animaux qu'autres chose. Aussi la jeune femme se chargea-t-elle de les rassurer et les soigner.
Il y en avait une dizaine, tous en piteux état. La fée serra les poings, méprisant les braconniers de toute son âme.
Conversant avec les captifs d'une voix apaisante, Soya utilisa son don pour refermer leurs blessures. Les animaux, rassurés, se laissaient faire. C'était principalement des licornes, griffons et autres créatures magiques que les braconniers avaient capturés, sans doute espérant les vendre un bon prix.
La jeune femme eut un sourire en coin. On peut dire qu'ils avaient raté leur coup.
Peu à peu, les derniers animaux s'enfuirent en galopant. Soya se tourna vers Isas, qui s'acharnaient toujours sur les cages.

- "J'ai terminé. Qu'en est-il de ton côté ?" ajouta-t-elle malicieusement.

Isas s’activait désormais à trancher en petits morceaux les barres de métal sans faire attention à autre chose. Elles se découpaient comme des petits pains. Se fut Soya qui le tira alors de sa torpeur énervée :

-Euh…Oui. Fit-il lui-même déconcerté parce qu’il s’était acharné à faire.

Il regarda sa lame. Elle aussi bouillonnait de rage. Avec un soupir las il la ramassa dans son fourreau. Ingwë profita de ce que son compagnon s’était désarmé pour revenir lui sauter dans les bras et lança à tout va :

#Je propose qu’on aille en ville !#

Isas le regarda sceptique :

-Et pourquoi est-ce qu'on irait ? Demanda-t-il peu enclin à y aller.

Le griffon lui jeta un regard qui semblait lui dire qu’il était idiot de ne pas comprendre :

# Parce que tes vêtements sont dans un état lamentable et que Soya sera parfaite pour te conseiller ! Tu n'as aucun goût en matière de vêtements.#

L’elfe manqua de s’étrangler tout seul :

-Je sui bien habillé là!

# On a eut de la chance que se soit cela qui te soit tombé sous la main le jour de ton départ!# Il le fixa malicieux. # Oses nier que tu as prit ses affaires aux hasards!#

Il se tourna alors vers les jeunes femmes:

# Cela vous tenterait-il chère demoiselles ?# Questionna-t-il en en faisant clairement signifier à son camarade qu’ils leur devaient bien cela !

Isas soupira, ne dit rien, mais céda.

Soya eut un sourire gêné.

- "A vrai dire, je ne suis pas non plus experte en matières de vêtements..."

Elle jeta un coup d'oeil a Isïl.

- "Mais je pense qu'une nuit ailleurs qu'en pleine nature nous fera du bien. Pour ma part, ça me va."

# Ça me va aussi. #

Soya se tourna vers l'elfe, interrogatrice.

- "Et pour toi, Isas ?"

Isas soupira :

-Dans ce cas allons-y…

#Youpi !!!# S’exclama Ingwë tout joyeux.

HJ/ A fermé et je continue à Woodan. =)