Nathanaël marchait doucement dans la rue.
Il essayait de se repérer. On lui avait dit : « tout droit. » « À gauche. » De nouveau « à gauche », puis enfin « à droite ».
La crise à laquelle il avait réussit à échappé allait recommencer. Il pesta malgré lui en portant la main à sa tête. Repérant sans mal l’enseigne du médecin qu’on lui avait indiqué il s’y dirigea. Le jeune homme devait faire vite. Il le sentait.
Il frappa vigoureusement à la porte. La douleur aigüe commençait à lui percer le crane. Il gémit en se courbant à légèrement. De gros point noir commençait une petite danse envoutante devant ses yeux.
Le jeune s’effondra à l’instant même où la porte s’ouvrit… :

-Oula jeune homme. Fit le médecin en le rattrapant in extrémis. Venez par là.

Il passa son bras par-dessus ses épaules et l’emmena dans son cabinet. Encore à demi conscient Nathanaël traina les pieds jusqu’à l’endroit désirer par, il l’espérait, son bienfaiteur. Ce dernier l’allongea sur une sorte de table d’opération et commença à l’ausculter.
Ce fût à ce moment qu’ELLE devint insupportable.
Il se cambra violemment. Ses mains tirèrent des poignées de ses cheveux, il manqua presque de se les arracher. Mais surtout, il hurla. Un cri à déchirer les tympans…
Tout cessa aussi rapidement que cela avait commençé, sous les yeux impuissants du médecin.
Nathanaël transpirait, de grosses gouttes de sueurs dégoulinaient sur son visage aux traits tirés par la douleur.
Il haletait. Cherchant vainement de l’air, sa respiration…
Il voulu se mettre sur le côté, y réussit, quelque secondes… perdant connaissance il fut entrainer de nouveau sur le dos par son élan.
L’homme en profita alors pour découvrir la cause de tout cela. Ce patient ne venait pas pour rien au moins.


Nathanaël se réveilla quelques heures plus tard. Il émergea difficilement de son épais brouillard. Sa vue mit quelque temps à s’affiner de nouveau. Engourdi il tourna doucement la tête à droite puis à gauche.
Où se trouvait-il ?
Ah oui. La mémoire lui revenait, peu à peu :

-Bonjour jeune homme. Entendit-il.

Il regarda vers la provenance du son. Un homme d’âge un peu plus que mûr à l’air sympathique. Il l’observa, un peu à l’ouest. Le médecin s’assit près de lui :

-Ceci m’a tout l’air d’être très douloureux. Dit-il en posant son index sur le front de Nathanaël.

Ce dernier tenta de se relever. Il y réussit. La douleur passé tout allait bien maintenant :

-Oui. Mais uniquement par à coup. Répondit-il.

Il le regarda, anxieux :

-Vous pouvez faire quelque chose ?

L’homme secoua la tête :

- Moi non. Mais je connais une personne à Firewall possédant un don plus qu’utile pour découvrir ce que nous dissimule le corps humain. Vous pourriez aller le voir.

Nathanaël réfléchit quelques secondes. Oui il pouvait. A conditions qu’il ne se perde pas en route…Voyant son hésitation le médecin reprit la parole :

-J’ai quelques courses à aller faire là-bas. Je pourrais en profiter pour vous y emmener.

Le jeune homme redressa soudainement la tête. Vrai ?

-Ce serait extrêmement généreux de votre part. Dit-il.

Le docteur sourit :

-Je dois avouer que c’est aussi un peu égoïste. Votre cas m’intrigue et j’aimerais savoir ce dont il en retourne véritablement.

Ce fût alors au tour de Nathanaël de sourire :

-Peut importe. Du moment que tout cela puisse cesser.

-Bien. Dans ce cas donnez moi le temps de préparer mes affaires et allons y !

Il s’arrêta un instant sur le pas de la porte et lança dans un sourire :

-Au fait je me nomme Oihan !

-Et moi Nathanaël. Riposta se dernier.

Le jeune homme n’eut pas longtemps à attendre. A tel point qu’il le soupçonna même d’avoir déjà commencé à préparer ses affaires avant son réveil. Mais qu’importe ? Le jeune homme allait peut être enfin rencontré quelqu’un capable de lui faire oublier cette souffrance. Il pria pour que cela se fasse.
Ils réussirent à trouver sans problème une caravane disposer à les escorter jusqu’à Firewall. Les routes ne sont pas toujours très sûres pour un souffrant et un médecin n’étant plus dans sa première jeunesse. Après tout, tous ne possèdent pas de supers pouvoirs pour se défendre des brigands, même quelconques…
La route fût, au gout d’un jeune homme habitué à parcourir des centaines de kilomètres en à peine quelques heures, longue.
Longue, très chaotique et peu confortable. Mais il ne pût faire autrement que de prendre son mal en patience. Pour tromper son ennui il vint donc tout naturellement en aide à ces forts sympathiques nomades. Il discuta beaucoup tout en se rendant utile. Le voyage ne s’étendit que sur deux jours mais en deux jours il lia une forte amitié avec les caravaniers.
Au bout du compte, le voyage ne fut pas si désagréable…
Nathanaël ne pût s’empêcher de jeter un regard émerveillé aux portes de la cité. Elles étaient immenses. Aussi grande que l’influence du pays du feu peut être. Qui sait ?
Inconsciemment il avait ralentit sa démarche pour mieux admirer, mais son accompagnateur le poussa gentiment dans le dos et lui dit d’un ton jovial :

-Alors jeune homme on à plus envi de savoir quels sont les remèdes à ses maux ?

Ledit jeune homme eut un moment d’incompréhension avant de feindre de se mette en colère :

-Vous êtes fou ou quoi ? Faudrait être sénile pour le vouloir !

Le médecin eut l’air amusé et se mit alors en tête de le guider aux travers des ruelles, jusqu’à son collègue.
Nathanaël eut le temps de se perdre une bonne dizaine de fois avant qu’ils n’arrivent. L’homme frappa alors soudainement et fortement à une porte qui paraissaient pourtant on ne peut plus normal :

- Aaron ! Bouges toi et viens ! J’ai quelqu’un pour toi.

Ils entendirent plus ou moins distinctement une voix bougonne de l’autre côté, puis des pas trainard, et enfin le cliquetis annonciateur de l’ouverture.
Un homme aux cheveux blanc apparut. Il avait le crâne quelque peu dégarnit, des petits yeux foncés enfoncés dans leurs orbites et des rides qui s’organisaient de façon anarchique sur son visage. Malgré cela il avait un air chaleur et agréable. Nathanaël se sentit immédiatement en confiance avec lui :

-Oihan ! Mon vieil ami.

Les deux camarades se serrèrent dans les bras sous le regard inquisiteur de Nathanaël. Après de petites secondes les deux compagnons se séparèrent :

-Il est rare de te voir par ici, Oihan. Commença-t-il. Qu’est-ce qui t’amènes dans le coin ?

-Je te présente Nathanaël. Répondit le docteur en désignant le jeune homme. Il souffre d’une bien étrange maladie et je suis incapable d’en découvrir quoi. Et pour être honnête, je pense que tu es le seul qui puisse vraiment l’aider.

Aaron eut une grimace puis regarda le client :

-Je suis en congé aujourd’hui. Ce n’est pas pour travailler..

-Je le sais bien mais je peux t’assurer qu’il souffre vraiment je l’ai vu de mes propres yeux. Il faut l’aider, en tant que médecin nous nous devons de le faire.

Nouveau regard suspicieux :

-Il n’a pas l’air de souffrir des masses ton bonhomme.

Le sang de Nathanaël ne fit qu’un tour :

- Je ne souffre pas continuellement c’est vrai. Mais quand ça vient je peux vous assurer que je préfèrerais mille fois mourir ! Si vous ne voulez pas m’aider libre à vous, mais donnez moi quelque chose qui pourra m’apporter la mort lorsque cela recommencera alors !

Les deux hommes le regardèrent surprit. Nathanaël leur renvoya un regard remplit de détermination. Pour finir l’homme soupira :

-Très bien, entre.

Et il s’effaça. Le médecin entra le premier, le jeune homme sur les talons :

-Assied-toi là. Dit-il en montrant un lit. Et raconte-moi tout.

Nathanaël, docile, s’exécuta. Il n’omit rien. Pas même le fait qu’il venait d’un autre monde. Cela laissa les deux docteurs pantois, et, même s’ils désiraient lui poser mille et une questions. Ils se retinrent et se concentrèrent sur le tâche. Après tout la douleur lui avait peut être fait perdre la tête :

-Bien. Fit Aaron en prenant une chaise en s’ayant près de lui. Pour commencer je vais t’expliquer ce que je vais faire car je ne veux pas que tu bouges d’un poil durant toute la durée de l’examen.

-C’est dangereux ? Demanda Nathanaël sur un ton nullement affolé.

-Pour toi non. Pas trop du moins. Ça l’est plus pour moi.

Le jeune homme hocha la tête et écouta attentivement.

- J’ai ce que l’on pourrait appeler un don. Ce dont consiste à voir l’intérieure du corps humain. En fait je peux y promener mon esprit à ma guise. C’est la raison du risque. Si tu bouges je perdrais mes repères et je ne pourrais plus revenir dans mon corps.

-C’est embêtant. Commenta le jeune homme.

- Assez oui. Et je doute que toi aussi désir avoir dans ton corps un esprit tel que le mien qui te farfouille sans cesse, et ce, jusqu’à ta mort.

Le jeune homme fit mine de réfléchir :

-Oui je pense qu’à la longue je trouverais cela assez agaçant.

Ils se sourirent :

-Ça prendra longtemps ? Demanda Nat’.

-Tout dépend si je trouve et comprend rapidement. On est parti ?

Le jeune homme hocha vigoureusement la tête :

-Bien allonges-toi il y aura moins de risque que tu bouges.

Nat’ obéit une fois de plus. L’homme apposa sa main sur son front et ferma les yeux. Le silence se fit très brusquement. Il devint alors lourd et pesant pour Nathanaël. Le médecin qui l’avait conduit ici regardait la scène adossé à un mur. Amusé, il lui parla :

-Tu as tout de même le droit de respirer tu sais ?

Le jeune eut un sourire et s’y autorisa donc.

-Tu peux aussi parler, à la condition de ne pas bouger.

-OK. Souffla-t-il.

Mais il ne dit rien de plus. Il était assez désagréable de sentir… l’esprit ? Se balader dans sa tête. Il ne voulu plus du tout bouger. Hors de question de conserver cette sensation jusqu’à sa mort !
La séance dura une demi-heure. Elle en parût des heures pour l’immobiliser.
Au bout d’un temps qui lui sembla infini il sentit, enfin, l’esprit se retirer de lui.
L’homme revint doucement à lui. Ses petits yeux foncés le dévisagèrent un instant, songeur. Puis sans un mot il se leva et se dirigea vers une porte du fond :

-Hé. Se releva brusquement Nat’. Dites quelque chose. Me laisser pas comme ça je… Aïe !

Il se prit la tête dans sa main. La douleur revenait. Le vieillard se retourna le regarda :

-Allonges toi et tranquillises toi, je reviens.

Sur ce, il sortit. Il reparût effectivement quelques minutes plus tard, une seringue à la main.
Nathanaël se crispa :

- Détends-toi jeune homme. Fit-il d’une voix apaisante. Tu en as besoin.

- Vous ne pouvez pas m’expliquer avant ? Se fit Nat’ sceptique.

-Je t’expliquerais tout après. Pour l’instant laisses-toi faire.

Et il planta l’aiguille dans le cou du garçon. Celui-ci, tendu, se laissa faire. Durant toute l’injection il tenta cependant l’impossible. Regarder la piqure. Comme si voir le produit de plus près allait lui donner les réponses.
L’homme se redressa :

- Les effets devraient très bientôt se faire sentir.

- Alors ? C’était quoi ? Demanda Nat’.

- Un calmant. Assez puissant ma foi. Mais tu en as besoin.

Nathanaël sursauta :

-Pourquoi ?!

-Chuuuute. Lui répondit-on doucement.

Et quelques secondes plus tard Nathanaël commençait à piquer légèrement du nez. Toutefois son esprit restait en éveille. Seul son corps engourdit paraissait se mettre en mode pause. Le docteur le regarda et finit par en déduire qu’il s’était assez calmé :

-Bien. Ce que je vais t’annoncer est une chose que je déteste faire.

Le jeune homme releva durement la tête, une lueur interrogatrice dans le regard. Le médecin ne supporta pas de rester yeux dans les yeux avec ceux si bleu et si honnête de son patient :

-Tu vas mourir. Chuchota-t-il.

En temps normal Nathanaël aurait bondit. Hurler que c’était impossible. Aurait demandé de plus amples explications. Des moyens de guérisons. N’importe quoi d’autre. Aurait fait au moins 20 fois le tour de la pièce en l’espace de quelques secondes…
Il se contenta de lever un sourcil avec peine. Le calmant faisait son effet. Voyant son incompréhension l’homme lui fournit les réponses qu’il ne pouvait demander :

- J’ai voyagé à l’intérieur de ta tête. Dit-il. Au tout début j’ai été surpris. Tu semblais ne rien avoir. Et puis en avançant, j’ai remarqué comme des toutes petites racines qui avaient prit places dans le cerveau même. A vrai dire j’ignore comment elles ont fait, mais elles ne t’ont pas tué en faisant cela. Je suis alors remonté jusqu’à leur base. Au centre de ton cerveau se trouve une sorte d’énorme cocon noir dans lequel je n’ai pu pénétrer quoique je tente. Ce cocon est protégé par une sorte de couche protectrice et heureusement pour toi. Car sans cela tu serais déjà mort… Malheureusement ce…truc, noirâtre cherche à sortir et de temps en temps elle réussit à percer la couche. Se sont ces petites racines échappées du cocon qui t’ont fait si mal.

Il se tût un instant. Attendant une possible réaction, mais le jeune homme était bien trop amorphe corporellement pour réagir. Alors il continua :

- J’ai pu déduire que l’adrénaline aggrave grandement cette couche protectrice bien qu’elle se dissolve aussi d’elle-même. C’est pour cette raison qu’à chaque émotion forte tu commences à souffrir et c’est aussi pour cette raison que je t’ai administré un calmant. Je veux que tu restes calme, que tu analyses tranquillement ta situation et que tu acceptes cette vérité sans t’affoler plus que de raison. J’ai parfaitement conscience que ce que je te demande est stupide. Mais c’est le meilleur moyen que j’ai pu trouver pour te permettre de rester en vie plus longtemps.

Avec un effort surhumain Nathanaël réussit à demander :

- Et… il…me reste… combien…de temps ?

L’homme soupira, baissa la tête, la releva :

-Je dirais environ une semaine. Plus le cocon va réussir à sortir plus il fragilisera la couche et plus elle laissera ce truc noir sortir. Un cercle vicieux en quelque sorte. Tu peux vivre plus longtemps si tu arrives à rester parfaitement calme tout le temps. Comme tu peux vivre moins longtemps si tu bouges partout continuellement en étant constamment surexcité.

Nathanaël grimaça intérieurement. Il avait plutôt tendance à entrer dans la seconde catégorie… Le vieillard posa sa main sur celle de Nat’, comme pour lui transmettre son courage :

-Je te laisse y réfléchir. Le produit cessera d’agir d’ici environ deux heures. Je viendrais te retrouver à ce moment là.

Il se leva et sortit rejoindre son compagnon dans la pièce d’à côté laissant Nathanaël seul. Celui-ci, s’étant entre temps allongé sur le lit, fixa le plafond. Son corps semblait à des années lumières de lui.
Une chance. Car vu l’effervescence qui régnait dans son esprit. Nathanaël serait sûrement déjà mort sans le calmant qu’on lui avait administré…
Il ressassa la conversation durant tout le temps qu’il ne pût bouger. Essayant vainement de trouver une alternative à sa futur mort.
Peine perdue.
Au bout d’un temps le médecin vint de nouveau vers lui :

- Tu devrais pouvoir bouger de nouveau maintenant. Dit-il.

Le concerné hocha la tête et se redressa. Encore un peu engourdit mais cela s’améliorait :

-Merci. Dit-il.

L’homme parut surprit :

- Je vous annonce votre mort et vous m’en remerciez ? Vous êtes un étrange garçon.

- Chez moi les médecins cachent souvent ce genre de chose ou ne sont pas totalement clairs dans leurs explications. Même si à la base cela peut partir d’une bonne intention… Je vous remercie pour votre honnêteté.

L’homme soupira :

-Je vois…

- N’y a-t-il pas moyen de m’opérer ? Demanda-t-il.

- Malheureusement non. Les racines sont beaucoup trop enfoncés et je suis quasiment certains qu’un bon nombre ne sont pas visible à l’œil nu. Si vous voulez le faire enfoncez vous plutôt une dague dans la gorge. Ce sera plus rapide…

Nathanaël baissa la tête :

- Tant pis…

Il se leva :

-Je n’ai guère plus de chose à faire ici maintenant. Tenez.

Il sortit sa bourse :

-Non jeune homme gardez la. Protesta le médecin. Vous êtes un envoyé de mon ami. On vous a affirmé pouvoir vous aider, mais cela a échoué. Je ne vous apporte que mauvaise nouvelle. Je refuse votre argent. Profitez en plutôt pour faire de vos derniers jours des jours agréa…

-Et moi je refuse que l’on me prenne en pitié ! S’exclama Nat’ dans un début de colère.

Il déposa la moitié de sa bourse sur une table près de lui.

- Faites ce que vous en voulez mais ne me faites pas la manche. J’ai apprécié votre aide alors que cela était pour vous un jour de repos. Vraiment. Je vous en suis reconnaissant. Mais j’ai ma fierté. Et je ne la vendrais pas sous prétexte que je vais mourir !

Et il sortit sous le regard peiné du médecin. Il se retourna vers son ami :

-C’était un brave garçon…

- Oui…La vie est parfois injuste. Dit-il.

Et il retourna à ses affaires. Nathanaël n’était pour eux, qu’un inconnu de passage…


Il marchait.
Vivement au début puis s’était ralentit. A quoi bon courir quand on est perdu ?
Peu de temps après il débarquait dans une rue surchargé de monde.
Quelques dizaines de mètres plus tard il s’adossa à un mur et se laissa glisser au sol. Il ne savait pas quoi faire. Il voulait vivre certes. Mais vivre sans émotions ?... Très peu pour lui. Il mit peu de temps à réaliser qu’il était prêt à raccourcir sa vie du moment qu’il puisse la finir en s’amusant…
Mais pas en se battant…
Effectivement. Un groupe de jeune aux allures délinquantes s’approchaient dangereusement de lui. Deux ou trois le fixaient hargneusement du regard quand d’autres cherchaient des noises à ceux qui passaient à leur côtés.
Le petit groupe s’arrêta en demi-cercle face au jeune homme toujours assis par terre.
Mais bon sang pourquoi tout le monde lui cherchait-il toujours des problèmes ?!

- Bah alors mon petit on est perdu ? Le nargua-t-on. Tu veux qu’on t‘aide ?

Nathanaël soupira. Et voila c’était repartit !

-Non merci. Tout va très bien.

Il avait comprit leur but et leur petit jeu. Victime seul et sans défense contre toute une bande… Pas très original mais efficace. Celui qui paraissait être leur leader s’accroupit à sa hauteur et sortit un poignard. Même avec tout ce monde la bande le dissimulait totalement. Il pouvait tuer Nathanaël que personne ne le verrait.
Le poignard effleura sa joue, y laissant une légère entaille qui se mit immédiatement à saigner :

-Ben nous tu vas pouvoir nous aider en nous donnant ta bourse… Répondit-il.

- Et si je refuse ?

-Tu connais déjà la réponse…

Le poignard dansa devant les yeux toujours calmes du jeune homme. S’il s’énervait ou tout autre chose, non seulement il raccourcirait sa vie mais la douleur l’empêcherait aussi de se battre. Il chercha donc un moyen de se défendre sans se battre… Dur, dur…

HJ/ Record de longueur de rp battu \o/ 9 pages 3/4 ^^. Enfin le mien en tout cas XD. Et navré de la longueur j'ai essayé de raccourcir quand même ^^".

Saïma avait voyagé longtemps. Son guépard courant comme le vent, la jeune femme penchée en avant, s'accrochant au cou de l'animal et ressassant son combat avec l'étrange vampire.
Elvir... Qui prétendait pouvoir faire d'elle son repas après s'être retrouvé victime de son illusion.
Cependant, Saïma ne s'en faisait pas, d'illusion. Elvir était dangereux, et il était parfaitement possible qu'il puisse la battre et la tuer.
La jeune femme s'était redressée, les cheveux au vent, et avait ri.
Et alors ?
Elle avait fini par créer une porte. Plus par envie de découvrir un autre endroit d'Endora au hasard, que de retourner chez elle.
Elle ne s'y attarda pas, d'ailleurs. Son peuple n'étant pas en vue, elle avait de nouveau créé un mirage et l'avait franchi, guépard et faucon sur ses talons.
Elle se retrouva à côté d'un groupe de garçons à l'allure hostile.
Saïma leva les yeux au ciel.

- "Ilah Deymar, vénérable aïeul, pourquoi ta fabuleuse découverte doit-elle se trouver aussi aléatoire ?"

Elle avisa alors un jeune homme à terre, menacé d'un poignard par un des garçons. Il semblait plus amical... et surtout légèrement perdu.
Et plutôt déprimé.
La fille d'Orient rejeta sa masse de cheveux en arrière, et posa ses yeux noirs sur l'inconnu, sans prendre garde à la troupe qui les entouraient.

- "Enjhël ! Auriez-vous besoin d'aide, par hasard ?"

Nathanaël releva la tête vers la jeune femme qui apparaissait. Fort gentille certes. Il avait bien peut l’habitude de ce genre d’attitude dans son monde…
Il se releva alors sous le regard peu amène de son « agresseur ». Bizarrement le poignard suivit sa progression :

-Et ben…Fit-il. Vous m’êtes fort sympathique. Mais je ne souhaite pas vous attirer d’ennuis non plus…

Mais bon si elle était capable de l’aider. Pourquoi pas ?...
De toute façon elle n'allait plus trop avoir le choix puisque le leader, agitant toujours son arme sous le nez de Nat', fit un signe à l'un de ses compagnons.
Immédiatement l'un des leurs bondit.
Droit vers la jeune femme aux cheveux noirs...

Saïma vit arriver du coin de l'oeil l'un des acolytes de celui qui menaçait l'inconnu. Il tenait un poignard, lame droit vers le flanc de la jeune femme.
Celle-ci se retourna. Et elle était rapide. D'une main, elle saisit l'arme et la retourna vers son adversaire. De l'autre, elle le prit par le cou.
Ses yeux prirent une teinte jaune d'or. Elle sourit d'un air inquiétant.

- "Ysëhnir, murmura-t-elle comme elle l'avait fait précédemment avec Elvir. Hypnose."

Son assaillant se débattit, paniqué. Mais la jeune femme avait de la poigne. L'air inflexible, elle prononça deux mots.

- "Sehanisër. Sommeil."

Elle le lâcha. L'individu s'affaissa au sol.
Il y eut un instant de flottement. Puis, dans un ensemble parfait, les assaillants délaissèrent le jeune homme pour se précipiter vers Saïma.

- "Cerïn Al Daher ! Les Crocs du Guépard !"

Ah. Ils ne l'avaient pas vu, celui-là.
L'immense fauve bondit, mâchoire en avant. Il poussa un rugissement et se précipita sur les intrus.
Ceux-ci n'hésitèrent pas longtemps. L'un prit sur ses épaules son compagnon, battu par Saïma, qui gisait au sol, et tous s'enfuirent ventre à terre.
Le guépard fit mine de les poursuivre un instant, par bonds paresseux, puis revint tranquillement vers les deux autres. La jeune femme éclata de rire.

- "Khedenir, Aïsha ! Tu as été parfait, mon ami."

Le félin se mit à ronronner comme un gros chat, et se frotta contre Saïma. Celle-ci se tourna vers l'inconnu en souriant.

- "Je m'appelle Saïma. Enchantée."

Visiblement la jeune femme savait se battre. Nathanaël fit donc de son mieux pour conserver au maximum son calme.
Se fût dur. Ce dernier n’ayant pas l’habitude de laisser les gens se dépatouiller dans un problème dont il était la source.
Mais ledit problème fût vite réglé… en autre grâce à l’intervention d’un guépard géant…
…
UN GUEPARD GEANT ?!
Mais quand est-ce qu’Endora allait arrêter de le surprendre?! Ça commençait à devenir lassant à la fin d’avoir sans cesse peur de se faire manger par une bestiole inconnue. Et il eut beau faire de son mieux pour paraître tranquille, son âme bouillonnait tout de même intérieurement. Ceci entraina donc une forte montée d’adrénaline...et un fort mal de tête.
Il ne pût donc s’empêcher de prendre sa tête dans une main avant de répondre :

- Moi de même. Je m’appelle Nathanaël.

Il regarda son compagnon ressemblant désormais plus à un gros chat qu’autre chose :

-Je dois vous remercier de votre secours. Vous m’avez bien aidé.

Il lui sourit amicalement.

Saïma sourit aussi.

- "Ne me remerciez pas, ces jeunes gens ne m'apparaissaient pas très sympathiques, contrairement à vous. C'était tout naturel que je vous aide."

Elle jeta un regard inquiet au dénommé Nathanaël -joli prénom, ma foi- qui semblait souffrir.

- "Al Kher ! Vous êtes blessé ?"

Le jeune homme ne pût s’empêcher de noter que cette femme parlait bizarrement. Mais à bien y regarder, tout dans Endora lui était bizarre alors...
Il soupira :

- Non…enfin si... Je crois. Je ne sais pas trop si l’on peut appeler ça une blessure en fait.

Il sourit à moitié embarrassé. Lui-même avait du mal à comprendre ce qu’il disait, alors il ne devait pas beaucoup aider celle qui l’avait secouru :

-C’est assez compliqué tout en étant simple. Reprit-il alors.

« Super ! » Pensa-t-il. « Je suis encore plus explicite ! Bravo Nathanaël. Bravo ! »

-Vous ne devez pas comprendre beaucoup de chose de ce que je dis n’est-ce pas ? S’excusa-t-il.

Saïma laissa échapper un léger rire.

- "Shën Ghard, vous non plus vous ne devez pas saisir certains de mes mots. A vrai dire, je ne suis pas de ce monde."

Parler de ses origines n'avaient jamais gêné la jeune femme, au contraire.

Le cœur de Nathanaël rata un battement :

- Vrai ? Demanda-t-il. Et …

Espoir violent. Fort.
A tel point que de nouveau il se fit mal à la tête :

- Et tu peux retourner chez toi ?

Sans s’en rendre compte, le jeune homme avait agrippé la jeune fille par les épaules avec ce qu’on pourrait appeler, l’énergie du désespoir. Ces yeux bleus foncés luisaient aussi d’un espoir infini. S’il pouvait rentrer il pourrait peut être se faire soigner. S'il pouvait se faire soigner... Il ne serait peut être plus obligé de mourir!

Saïma fut surprise de la réaction du jeune homme. Il l'agrippa par les épaules, la regarda avec un espoir intense dans ses yeux d'un bleu...
Un bleu d'une profondeur infinie.
La jeune femme en fut quelque peu ébranlée. Elle recula d'un pas, se reprit rapidement.

- "Je peux rentrer chez moi, oui. Cependant, je crois que mon peuple est une exception à la règle. D'après ce que je sais, ceux venus d'ailleurs et qui ont atterri sur Endora n'ont pas la possibilité de revenir en arrière."

Elle jeta un coup d'oeil à Nathanaël et se demanda si c'était vraiment ce qu'il aurait fallu dire.

Doucement les mains de Nathanaël relâchèrent les épaules de Saïma. Comme si le temps s’était arrêté pour lui :

-C’est faux n’est-ce pas ? Dis-moi que c’est faux.

Ses yeux avaient soudainement perdu leur éclat. Sa voie était faible :

-Alors comment vais-je faire… pour vivre…

Le jeune homme, d’habitude si plein de vie était là. Planté. Hagard. Sans s’en rendre compte il avait perdu le seul espoir sur lequel il comptait encore.

Saïma braqua ses beaux yeux noirs sur Nathanaël. Elle n'était pas sûre de comprendre.

- "Toi aussi tu viens d'un autre monde, n'est-ce pas ? Mais... quel rapport avec vivre ? Tu peux survivre ici, non ?"

Il semblait complètement abattu.

# Ilah Deymar, quelle tragédie a bien pu frapper ce jeune homme pour qu'il réagisse ainsi... #

- Oui. Oui je viens d’un autre monde. Ça ce remarque assez facilement je suppose. Dit-il en soulevant, amer, un bout de ses vêtements complètements décalés avec le reste des personnes environnantes.

Il s’adossa contre le mur et se laissa glisser lentement jusqu’au sol :

- J’ai une semaine. Reprit-il. C’est ce que l’on m’a dit. Mais on m’a aussi dit que j’aurais surement moins.

Il planta ses yeux bleu marines dans ceux, noirs, de son interlocutrice :

- Dans une semaine je vais mourir parce que, depuis mon arrivé ici, je souffre d’une maladie qui ne peut être guérit. Du moins à Endora.

Les genoux replié vers lui, les coudes sur les genoux, Nathanaël baissa la tête, ‘admirant’ les pavés de la route. Ne laissant voir à Saïma que son épaisse tignasse blonde.
Comment vivre quand il n'y a plus d'espoir?

Il allait mourir.
Dans une semaine.
Il y avait de quoi être abattu.
Saïma soupira imperceptiblement.

- "Evajëhin."

Dans sa langue, cela exprimait les condoléances.
Elle s'assit doucement aux côtés du jeune homme. Son beau visage s'éclaira d'un sourire qui était adressé à Nathanaël.

- "Sahël. Tu n'es pas encore mort."

Une simple réflexion, paraissant absurde. Mais la fille d'Orient avait pris l'habitude de ne pas croire à la fatalité.

Il eut un sourire et un demi-rire amer :

- Je le sais bien.

Puis il fixa Saïma avec des yeux pleins d’une soudaine détermination. Une détermination pareille à ces moments où Nathanaël s’apprêtait à risquer sa vie en faisant ses acrobaties mortelles:

- Et j’ai bien l’intention de finir ma vie comme je l’ai vécu.

Il émit une petite pause, réfléchissant :

- Il faut juste que je trouve quoi faire…

Saïma fut heureuse de voir que Nathanaël avait retrouvé un semblant de moral.
Il semblait bien déterminé. Et ce trait de caractère n'était pas pour déplaire à la jeune femme.
Elle l'observa un instant réfléchir, puis une idée lui vint en tête.

- "Aurais-tu envie de voir mon monde ?"

Le jeune homme fut plutôt surprit de la proposition de Saïma mais…elle pouvait être intéressante. Toutefois il prit le temps de réfléchir. Il n’avait effectivement pas forcément envi de raccourcir sa durée de vie, déjà peu grande.
Mais son désir fut le plus fort. Après tout, comme il venait de le dire, il voulait vivre comme il vivait. C’est-à-dire foncer tête baissé vers le risque et l’inconnu :

-Pourquoi pas ? Fit-il en souriant.

Pas encore le grand et franc sourire, mais un sourire quand même :

- A quoi ressemble ton monde ?

Saïma se leva d'un bond. Elle sourit d'un air fier, claqua de la langue pour faire approcher son faucon et son guépard.
Puis elle lâcha quelques mots de sa langue natale. L'air se troubla, sembla s'épaissir, devint opaque et lisse comme un miroir. La jeune femme se tourna vers Nathanaël.

- "Tu veux voir à quoi il ressemble ? Traverse."

Elle rit, consciente que ce genre de "porte" n'était pas dans les habitudes du jeune homme.

Nathanaël se releva. A la fois nerveux et excité à l’idée de changer de nouveau de monde. La jeune femme fit alors apparaître la « porte ». Elle ressemblait un peu à un miroir. Quelque chose de très différent de ce qu’avait bien pu passer Nathanaël la première fois. Mais il n’avait pas peur. Au contraire, maintenant il n’y avait plus que de l’excitation pure. Il se tourna vers Saïma. Sourit :

- En route vers l’inconnu ! Lança-t-il.

Combien de personne aurait affronté ceci avec autant d’aplomb que lui ? Peu surement. Mais peu de personne s’amuse aussi à risquer leur vie constamment pour s’amuser.
Sans une once d'hésitation il s'y engouffra.

Saïma eut un sourire amusé en voyant le jeune homme franchir la porte avec aplomb, puis elle le suivit.
Etant passée de l'autre côté, elle fit disparaître la porte puis braqua ses yeux noirs sur le paysage qui s'étendait devant eux.
Des étendues d'or sablées, infinies, et un ciel d'un bleu profond, de la même couleur que les yeux de Nathanaël.
Au loin, le soleil commençait à pointer, embrasant les dunes d'une lumière orangée.
Saïma, le sourire aux lèvres, respira à pleins poumons l'air pur qui embaumait le jasmin et les dattes.

- "Voilà. C'est ça, mon monde."

Nathanaël ouvrit de grands yeux émerveillés :

- Wouha…Souffla-t-il.

Tans d’espace en un si petit lieu… C’était magnifique… Sensationnel. Il se sentait tout petit mais immensément libre. C’était comme…comme la mer…mais avec du sable.
Il leva les yeux vers le ciel. Rien ne l’entravait non plus.
Il comprenait désormais pourquoi cette femme paraissait si libre… Il n’y avait rien dans ce monde qui imposait de limite…Un monde dont avait toujours rêvé Nat’. Il souri, aux anges :

- Et ton monde…est toujours aussi beau ? Aussi incroyable.

Saïma rit. Nathanaël avait retrouvé le sourire, et c'était ma foi très agréable.

- "Al Kher, oui ! Mon monde est toujours comme ça."

Elle mit sa main en visière, scruta l'horizon.

- "Enk Jelah, Sahënir Fell !"

Le faucon, entendant ces mots, s'envola et s'éloigna à tire d'ailes. Un oeil avisé l'aurait vu décrire une large boucle autour des dunes, avant de revenir se poser sur l'épaule de Saïma. Il tourna ses yeux d'or dans une direction indéterminée et poussa un cri perçant. La jeune femme sourit et lui lissa les plumes du cou.

- "Mon peuple n'est pas loin... As-tu envie de le rencontrer ?"

Son peuple… :

-Pourquoi pas ? Répondit-il.

Il était prévenu, on ne l'embarquait pas brusquement , il doutait que l’on le capture soudainement pour aller le torturer. Alors oui…qu’avait-il à craindre ? Si Saïma lui avait voulu du mal elle aurait été en grande mesure de le faire à leur rencontre :

- Dois-je respecter certains codes avant ? Certaines traditions? Demanda-t-il toutefois.

Il n’avait en effet, guère envi de commettre des bourdes et de s’attirer les représailles de ce peuple inconnu. Et il suffit parfois de si peu pour blesser une personne…

Saïma sourit.

- "A part mon père, personne ne parle ta langue. Et je doute que tu le rencontreras. Mais si jamais c'est le cas..."

Elle fit un geste insouciant de la main.

- "Je te dirais comment réagir."

Le faucon, posée sur l'épaule de la jeune femme, prit son envol. Celle-ci se cala sur son guépard, les jambes serrées, et posa ses yeux noirs sur Nathanaël, un sourire aux lèvres.

- "Tu montes ?"

Nathanaël hésita. Monter ? Cela devait à peu près être la même chose que monter sur un cheval non ? De toute façon il n’avait jamais monté à cheval de sa vie alors…
Mais l’expérience pouvait se révéler intéressante !

- OK je me lance !

Il se hissa donc sans mal sur le dos de l’animal en s’aidant de la seule chose qui pouvait l’aider à grimper ; ses bras.
Une fois fait il les passa autour de la taille de la jeune femme et se calla solidement. Il serra les jambes en un réflexe de survit. En ayant toutefois la forte impression que cela ne servait à rien puisque les poils de l’animal lui paraissaient soudainement très glissants :

- Prêt ! S’exclama-t-il.

Qu'importe s'il chutait, il allait s'amuser!