Robin regarda autour de lui. Mais son odorat l'avait déjà prévenu de ce qu'il découvrirait :

"C'est une cuisine."

Comme si Saïma ne l'avait pas déjà elle même remarqué...
Une grande cuisine en tout cas. Des rires et de la musique lui parvenaient également depuis une autre salle. Une fenêtre montrait un ciel noir rempli d'étoiles, une rue éclairée et, plus loin, des tours blanches éclairées par la lune.

"Spiritam ?"

La capitale du clan de la lumière. Il n'y était jamais allé, mais en avait déjà entendu parlé.

"Que faites vous là ?!"

Une femme d'âge mûr et au regard sévère, portant à la main un plateau chargé de bières, les détaillait avec mécontentement.

"Les cuisines sont interdites aux clients, veuillez sortir d'ici s'il vous plait !"

Robin lui adressa un sourire désolé :

"Veuillez nous excusez, j'étais persuadé d'avoir vu notre chien s'enfuir par ici... mais peut être a-t-il déjà réussi à s'échapper par l'autre côté, déjà qu'il était sensé être attaché à l'extérieur !"

Il se dirigea vers ce qui lui semblait être la sortie :

"Vraiment, nous vous demandons encore pardon d'être entrés ici sans votre permission... Ah mais, si vous le trouvez caché par ici, n'hésitez surtout pas à le flanquer dehors d'un bon coup de pied, il n'y a que cela qui le convainque vraiment !"

Attrapant la main de Saïma, il l'entraina à sa suite dans la grande salle après un dernier sourire adressé à la femme, peu commode...
Robin soupira en s'asseyant à une table libre, un peu en retrait de la musique et des rires. Il se sentait soudain bien fatigué !

"Spiritam... Il commence à se faire tard, devrions nous prendre une chambre dans cette auberge ?"

L'ambiance était plutôt bon enfant, et le service avait l'air correct, sans être exorbitant... et après son petit voyage des montages jusqu'aux plaines de feu, notre voleur n'aurait pas dit non à un petit matelas !

"Ah !"

Le jeune homme venait de se redresser en sursaut, une pensée lui ayant soudain traversé l'esprit :

"J'ai laissé toutes mes affaires sous le dattier !"

Et, conséquence de la première, une seconde pensée lui fit prendre conscience qu'il était toujours torse nu... Cela n'était pas vraiment mal considéré, mais bon...assez peu fréquent tout de même en cette saison, qui commençait à se rafraichir ! Parce que même tous les regards plutôt flatteurs lancés en sa direction n'avaient pas la capacité thermique d'une chemise !
Mais à vrai dire, ce point l'indifférait assez, seulement... il n'avait pas non plus d'argent !



HJ/ok ? ^^

HJ : au fait, je surkiffe ton nouvel avatar ^^

Une cuisine, une femme, une auberge... Des clients ? Spiritam ? Mais avant que Saïma ait eu le temps de dire ouf, Robin l'avait déjà entraîné dans la salle adjacente ! Ce don de l'improvisation remit en mémoire à l'orientale leur première rencontre, il y avait... pas tellement longtemps, finalement. Mais qui avait paru une éternité à la fille du désert.

"Spiritam... Il commence à se faire tard, devrions nous prendre une chambre dans cette auberge ?"

Saïma jeta un bref regard au jeune homme assis de l'autre côté de la table. Il avait l'air fatigué... En même temps, nul à part lui ne savait combien de temps il avait erré avant de tomber sur un mirage ! Il était parti, seul au milieu d'un désert sans pitié pour les novices, la chercher à cause d'un rêve... Qui pouvait commettre une telle folie ?
Un amoureux, aurait dit Lysis.
L'orientale se crispa à cette pensée. Ce mot lui faisait peur.

"Ah ! J'ai laissé toutes mes affaires sous le dattier !"

La jeune femme sursauta au son de la voix de Robin. Ses affaires... Ayant agi dans l'urgence, elle n'y avait pas pensé. Saïma se passa une main sur le front, soudain très lasse.

"Elsën. Je suis désolée, je n'ai pensé à rien... Et puis, Spiritam ! On est si loin du clan du Feu..."

Loin de chez lui... Sans doute voudrait-il rentrer ? L'orientale eut un soupir imperceptible, se leva.

"Elsën, répéta-t-elle doucement. Mais j'ai de quoi payer, je crois. Je vais voir."

La jeune femme se dirigea vers le comptoir d'un pas souple. Lorsqu'elle formula sa requête à la gérante, celle-ci fronça les sourcils.

"Vous vous y prenez vraiment tard, vous avez vu le monde qu'il y a ? Demanda-t-elle en englobant la salle d'un large geste de la main. C'est plutôt populaire, ici. Mais allez, je vais bien réussir à vous trouver quelque chose. Vous souhaitez combien de chambres ?"

Saïma sentit ses joues s'enflammer. Elle maudit sa réaction d'adolescente effarouchée et, à tout hasard, demanda le prix de deux chambres. La réponse de la femme en face d'elle suffit à trancher, l'orientale n'avait pas assez sur elle.

"Et pour une ?"

La gérante jeta un coup d'oeil dans ses registres.

"Ce serait uniquement avec lit double, toutes mes chambres à deux lits sont prises. L'automne, saison des disputes de couples... Tous ou presque désirent les lits à part, quand ce n'est pas les chambres ! Enfin..."

Le prix annoncé à Saïma lui était nettement plus abordable. Comme elle ne répondait pas tout de suite, la femme lui précisa :

"Vous ne trouverez pas meilleur tarif ailleurs, vous savez... Spiritam devient une ville chère."

Comme l'orientale n'avait de toute façon pas l'intention de chercher ailleurs, elle capitula. Les pièces qu'elle posa sur le comptoir lui donnèrent droit à une clef joliment ouvragée indiquant le numéro 21. Saïma remercia la femme et retourna à la table où l'attendait Robin. Elle s'assit en face du jeune homme et posa la clef entre eux deux.

"Al Kher, nous faire atterrir dans une auberge bondée, quelle imbécile je suis... Est-ce que tu veux manger quelque chose, ou préfères-tu monter directement ?"

Elsën.
Etait-ce un mot d'excuse ?

"Ne le soit pas, Saïma : je n'avais rien de précieux dans ces affaires !"

Comme si le métier de petit voleur pouvait rappoter !

"Et puis, pourquoi aurions-nous du être près de Firewall ?"

Faisant semblant de compter sérieusement sur ses doigts, il ajouta :

"Je ne sais pas qui était cet homme, ce qu'il voulait ni ce que tu lui as fait, je ne connais rien aux mirages ni à ce qui les pousse à s'ouvrir dans les plaines comme en cuisine, non plus des rêves, rien de tes voyages, ou des traditions de ton peuple, encore moins en ce qui concerne les filles de monarque..."

Il offrit finalement un grand sourire à la jeune femme :

"Mais je ne souhaite pas de réponse, parce que dans tous les cas je suis heureux d'être avec toi, Saïma, ici ou ailleurs !"



Lorsque Saïma se leva pour aller réserver une chambre, Robin la suivit du regard avant de se tourner vers la table voisine. Aussi, lorsqu'elle revint et posa la clef entre eux, une étincelle d'amusement passa dans son regard :

"Au contraire fille du désert, je vous suis reconnaissant de tant vous soucier de moi : je n'aurai ainsi pas besoin d'escalader le toit cette nuit pour vous regarder dormir !.."

Non pas qu'il en eut l'intension... Quoique.
A moins qu'il n'ait cette fois tenté une approche plus... active.

"Pour ce qui est du repas, je te retourne la question : préfères-tu déguster pain, fromage et raisin ici-même ou bien dans notre demeure temporaire ?"

Il avait poussé devant elle le dit repas, et pour explication ajouta, avec un petit clin d'oeil lancé à la demoiselle d'à côté :

"Un présent que l'on m'a fait."

Voleur... Le regard déçu de sa pauvre victime n'en disait pas moins, même si elle ne pouvait nier qu'elle lui avait effectivement offert le repas de son plein gré, et sans aucune promesse de la part de notre Robin des coeurs !

Au passage précisons le : lui même n'avait pas vraiment faim, ayant profité de dattes délicieusement sucrées avant leur arrivée !

Pain, fromage et raisin ? Saïma eut un regard interloqué vers les denrées apparues comme par magie... Une magie qui se révéla vite être le simple charme de Robin ! Face au regard désolé de la jeune fille de la table d'à côté, l'orientale réprima une envie de rire, la première depuis... Depuis longtemps. Elle se contenta de retourner un grand sourire à la victime du bourreau des coeurs et s'inclina légèrement à la manière de son peuple.

"Neleyën. Grand merci, mademoiselle, de nous avoir fait ce présent."

Les yeux de la jeune femme fusillèrent Saïma sur place. Il semblaient hurler que le "nous" n'était pas de mise ! Il ne faisait aucun doute que c'était le "lui" qui avait place dans cette phrase...
A la proposition de Robin, l'orientale resta indécise un court instant, avant d'indiquer d'un signe de tête volontaire l'escalier montant à l'étage.

"Al Kher, nous serons plus tranquilles là-haut, le bruit m'étouffe."

Habituée au silence et à l'immensité du désert, Saïma n'avait certes pas sa place dans les lieux confinés! D'ailleurs, sa présence avait quelque chose d'incongru, mais pas de l'incongru qui incitait à la moquerie. Non, nul ne penserait à se moquer de cette femme aux yeux de velours noirs, portant la liberté comme d'autres se parent de riches étoffes.
L'orientale se leva, laissant à Robin le soin de suivre son mouvement. Elle gravit l'escalier d'un pas leste et suivit les numéros indiqués sur les portes jusqu'à s'arrêter devant celle portant le 21. Saïma déverrouilla la porte et pénétra dans la chambre.
Spiritam, ville lumière... La chambre attribuée n'y faisait pas injure. Aux murs de bois clairs étaient accrochés une multitude de petites lanternes, éclairant la pièce comme en plein jour. L'ensemble était meublé et harmonisé avec goût, et une petite porte blanc cassé menait à une salle de bain propre et agréable. Saïma s'assit sur le lit double avec un soupir de contentement. Puis elle posa son regard noir sur Robin et eut un léger sourire.

"Que disais-tu tout à l'heure ? Que tu ne connaissais rien des mirages, de mon peuple, du désert et des... filles de monarque..."

La voix de l'orientale se fit songeuse. Son regard alla fixer un point imprécis derrière l'épaule du voleur.

"C'est vrai, tu ne connais rien de moi. Je t'ai entraîné, tu t'es entraîné toi-même dans un monde qui te dépasse..."

Saïma se reconcentra sur son interlocuteur et sourit de nouveau.

"J'aimerais que cela change. Robin, souhaiterais-tu en savoir plus sur moi ? Je te répondrais du mieux que je le pourrais, et je n'omettrais une réponse qu'en cas exceptionnel. Cela te tente-t-il ?"

"Ce que je sais sur toi ?"

Robin s'approcha. Plongeant ses yeux dans les siens, il commença, souriant doucement :

"Ton nom est Saïma, et je t'appelle fille du désert."

Il leva la main pour lui caresser délicatement la joue :

"Ta peau sent le sable chaud..."

Une mèche de cheveux noirs s'enroula entre ses doigts.

"...tes cheveux ont un léger parfum de dattes."

Ses doigts revinrent sur le visage de la jeune femme, s'attardèrent sur ses lèvres en les frôlant à peine :

"Et tes baisers sont des plus délicieux..."

C'était un bon début non ? De quoi la reconnaitre entre toutes... Non, il n'avait même pas besoin de cela.
N'y tentant plus, il se pencha pour l'embrasser, serrant doucement son corps contre le sien. Un baiser que personne cette fois ne vint interrompre ! Et il se prolongeait, nourrissant son désir. Soudain la question première revint à l'esprit du voleur, et Robin s'écarta finalement à regret.

"En savoir plus..."

Son murmure était hésitant. Comptait-elle vraiment répondre à toutes ses questions ?! Il en avait tellement ! Et, à présent qu'il se demandait laquelle poser, il était incapable d'en choisir une ! Relevant brusquement son regard jusque là pensif sur Saïma, il commença :

"Que... Non : pourquoi... Heu... Ou plutôt, comment... Ah, zut !"

Il soupira, et se laissa tomber sur le lit. Il réfléchit un instant, avant d'offrir un grand sourire à l'orientale :

"Je te propose une douche, pendant que je fait le tri dans mes pensées, ça te va ?"

Et, tandis qu'elle passait dans la pièce à côté, Robin s'allongea par dessus les couvertures, le regard perdu sur le plafond :
Toutes ses questions ?..
Il ne pouvait le nier, une partie de lui-même désirait tout savoir de Saïma, jusqu'au moindre détail. L'autre par contre s'en fichait totalement. Non, pas vraiment. Il voulait mieux connaitre Saïma, mais peu lui importait de poser des questions ou d'avoir des réponses : Saïma, la vraie, et celle de maintenant, il ne la connaitrait qu'en passant du temps avec elle. Il la découvrirait au fur et à mesure, chacune de ces petites choses au moment ou elle le devrait.

Mais, plus forte encore que ces deux idées qui se battaient en lui, la fatigue vint soulager l'esprit de notre Robin : Au bout de quelques minutes, ses yeux se fermèrent et il s'endormit.



HJ/ voilà, il fait dodo ! xD
pour la douche, t'as pas répondu, mais ça t'embête j'enlève la fin ^^

Tout le temps que Robin passa à lui parler, de plus en plus près, l'effleurant à peine, Saïma eut l'impression que les battements de son muscle cardiaque résonnaient dans la chambre entière. Et quand finalement, coupant court à la conversation, le voleur l'embrassa, l'orientale cessa de penser et tout ce qu'elle avait laissé derrière elle s'effaça, seul demeurant l'instant présent. Serrée contre le corps de Robin, elle le laissa finalement s'écarter avec réticence après un temps qui lui parut infiniment trop court. Ayant du mal à émerger, remettre de l'ordre dans ses pensées diffuses, Saïma accepta avec soulagement la proposition de Robin, qui lui-même paraissait un peu confus. Aussi la jeune femme passa-t-elle dans la salle de bain et laissa le voleur seul un instant.
L'orientale referma la porte et respira profondément, les yeux à demi-fermés. S'interdisant quelconque pensée pouvant briser ce moment de sérénité, Saïma se déshabilla, se saisit d'un petit flacon en verre dépassant d'une poche de son sac en cuir et prit place sous le jet d'eau chaude.
La douche lui fit un bien fou, lui rendant l'esprit plus clair. L'orientale demeura un instant immobile, laissant l'eau couler sur ses épaules nues, puis elle s'enduit le corps et les cheveux du gel contenu dans le flacon qu'elle tenait à la main, gel purifiant qu'elle fabriquait elle-même à base de miel et d'essence de jasmin. L'odeur était enivrante, et restait sur la peau longtemps après la douche.
Après s'être rincée et essuyée, Saïma enfila des sous-vêtements et une chemise de soie claire, et retourna dans la chambre. A quelques pas du lit elle s'immobilisa, surprise.
Robin, allongé sur un des côtés, dormait profondément. La jeune femme eut un sourire. Silencieusement, elle alla s'asseoir de l'autre côté du lit et observa le voleur de son regard sombre.
Il avait l'air paisible, toute la tension des derniers jours se relâchant dans ce seul sommeil. C'est vrai... Saïma ne savait pas de quoi avaient été fait les derniers jours de Robin. Elle passa une main légère dans ses cheveux blonds, puis, après une hésitation, alla éteindre toutes les lampes et s'allongea à son côté.
Seule la respiration lente et régulière du voleur troublait le silence. L'orientale, bercée par ce murmure, ne tarda pas à s'endormir à son tour.

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Saïma ouvrit les yeux. C'était noir. Noir partout. Noir au-dessus d'elle, noir autour d'elle. Où étaient les étoiles ? Où étaient les dunes éclairées par le clair de lune ? Où était-elle ?
Qui avait-elle encore tué ?
L'orientale fut saisie d'une angoisse irrépressible. Se redressant brusquement, elle se souvint juste à temps des événements de la veille avant que la panique ne la submerge.
Robin. Saïma tendit la main. Chercha son contact. Sa présence. Son souffle.
La trouva.
La respiration de la jeune femme se ralentit. Lentement, elle se rallongea, son corps serré contre celui du voleur, la tête nichée au creux de son cou.
Respirant son odeur, oubliant les fantômes qui la hantaient, Saïma se rendormit rapidement.

Un mouvement, une odeur le tirèrent légèrement hors de ses rêves. A peine. Juste ouvrit-il les yeux pour les refermer aussitôt :

"Saïma..."

Le voleur entoura la jeune femme de ses bras. Dans un demi sommeil, il murmura :

"...faut pas pleurer toute seule, fille de désert... pas toute seule..."

Elle sentait bon. S'ennivrant de son odeur, Robin la serra une peu plus contre lui... avant de replonger dans un sommeil de plomb.

Il se réveilla à nouveau avant le lever du soleil. Le ciel commençait à claircir à l'horizon, chassant doucement les ombres de la nuit qui peinaient à partir.
Elle était là. Si belle. Avec lui. Et cette pensée le laissa si heureux qu'un sourire ne voulu plus quitter ses lèvres. Il posa un baiser, aussi léger qu'un papillon, sur la peau parfumée de la jeune femme.
...
Mais au fait, à quel moment s'était-il endormi ?



HJ/ ok ? ^^

Un mouvement, le froissement des draps sur un corps. Saïma, les yeux fermés, émergea d'un sommeil sans rêve, pour la première fois depuis des mois. A travers ses paupières closes, la jeune femme devinait la chambre encore semie-obscure en ce début de matinée, et, dans la pénombre, Robin à moitié dressé, l'observant, peut-être... La sensation d'un baiser effleuré sur sa peau confirma son hypothèse.
L'orientale ouvrit les yeux. Encore à moitié somnolente, elle adressa un fin sourire au voleur penché au-dessus d'elle.

"Al Kher, tu as une drôle de manière de rassembler tes idées..."

Saïma se redressa, s'étira longuement, jeta un coup d'oeil par la fenêtre où le jour pointait.

"Mais si cela marche, soit."

La jeune femme sourit de nouveau. Se levant, elle alla ouvrir la fenêtre et observa les bâtiments clairs de Spiritam s'illuminer sous le soleil de l'aube.
Spiritam, ville lumière...
Assise sur le rebord, Saïma se saisit d'une grappe de raisin restée sur la commode avec les autres denrées et prit son petit-déjeuner face à un spectacle qui valait presque, l'orientale se l'avouait volontiers, celui du lever de soleil sur les dunes de son monde.
Presque...
Quoique... Le visage de la jeune femme s'illumina d'un doux sourire.
Avec la présence de Robin à ses côtés, n'importe quel paysage valait bien plus que l'infinité qu'offrait le désert.

HJ : bon, pas trop d'idées... S'il ne lui pose pas de questions, je vais ramer =P

"Al Kher, tu as une drôle de manière de rassembler tes idées... Mais si cela marche, soit."

Robin eut un sourire amusé :

"Je n'ai jamais rien trouvé de mieux !"

Sauf qu'en vérité, il ne savait toujours pas quelles questions poser ! S'approchant pour tirer délicatement un grain de raisin de la main de Saïma, il décida finalement de commencer par le plus proche, le plus concret :

"Qui était cet homme, dans le désert ?"

Elle regardait le paysage. Et, à son habitude, il regardait ce qu'il trouvait toujours bien plus beau que n'importe quel paysage...




HJ/ désolée, pas terrible... mais au moins il y a une question ! ^^"

"Qui était cet homme, dans le désert ?"

Saïma eut un sourire mi-figue, mi-raisin.

"Ah, lui..."

La jeune femme quitta des yeux le panorama qu'elle avait depuis la fenêtre pour se concentrer sur son interlocuteur.

"C'est une espèce de... 'chien de garde' de mon père, bien que mon père n'ait rien demandé... Il passe son temps à m'épier, moi et Lysis, aussi, et tous ceux qui ont une vision un peu novatrice des lois, des règles du clan. Il ne supporte pas la nouveauté, souhaiterait rester au temps où les femmes n'avaient pas leur mot à dire et où le mélange des ethnies était inconcevable. Du fait, il me déteste. Parce que je suis celle qui pourrait tout changer, quand... Quand mon père décidera de me passer la main."

Vaguement gênée, l'orientale se tut et baissa les yeux. Des yeux noirs comme la nuit.
Le regard de Saïma se vrilla soudain dans celui de Robin.

"Là-bas... Tu avais vu ? Ce que je lui ai fait ?"

Robin écoutait Saïma, cherchant dans ses silences ce qu'elle ne disait pas dans ses paroles.

"Il ne supporte pas la nouveauté, souhaiterait rester au temps où les femmes n'avaient pas leur mot à dire et où le mélange des ethnies était inconcevable."

Un léger sourire passa sur les lèvres de Robin, à la fois amusé et triste : Saïma respirait la liberté, qui pouvait même imaginer la faire taire, la priver de cette liberté ?!
Puis, revenant à la fin de la phrase, un sourire plus franc se plaça sur son visage, et les yeux rieurs il réplica :

"Les chiens de garde, je connais, et ils ne me font pas peur !"

Un voleur qui aurait peur d'un chien de garde, autant changer de métier !

"Là-bas... Tu avais vu ? Ce que je lui ai fait ?"

Robin réfléchit quelques secondes : le souvenir n'était pas très net, certainement flouté par la fatigue, le goût d'un baiser et surtout par la rapidité à laquelel s'était déroulée cette action qu'il n'avait pas comprise :

"Tu as dit quelque chose... et il s'est arrêté. De parler, et de bouger. Ensuite, j'ai passé la porte."

Il haussa les épaules :

"J'avoue ne pas vraiment m'être attardé sur la question : nombreux sont les pouvoirs différents en Endora, et la magie est loin d'être mon domaine de prédilection !"

Il eut un sourire comique, mais ses yeux ne riaient pas comme il ajoutait :

"Le miens est tout juste assez bon pour allumer les cigarettes de Ces Dames..."

Le voleur chassa les souvenirs sombres pour revenir vers Saïma. Ses yeux brillants et sincèrent ne se dérobaient pas au regard noir de Saïma, au contraire.

"Je n'ai pas compris ce que tu avais fait, mais si tu veux m'expliquer en quoi consiste ce pouvoir, je suis tout prêt à t'écouter. Pas seulement pour ça, mais pour tout ce que tu voudras dire, ou tout ce dont tu auras besoin de parler, fille du désert."

"Je n'ai pas compris ce que tu avais fait, mais si tu veux m'expliquer en quoi consiste ce pouvoir, je suis tout prêt à t'écouter. Pas seulement pour ça, mais pour tout ce que tu voudras dire, ou tout ce dont tu auras besoin de parler, fille du désert."

A ces mots, la jeune femme eut un pâle sourire.

"Shën Ghard, non, pas pour tout..."

Les souvenirs de ses meurtres, qui l'avaient quittée un court moment, la saisirent de nouveau à la gorge. Mais devant Robin, Saïma refusait ne serait-ce que d'y penser. Choisissant de revenir au plus vite à sa première proposition, l'orientale enchaîna :

"Je maîtrise les illusions... entre autres. Je peux avoir prise sur l'esprit humain et le diriger à mon bon vouloir ou presque. La gamme est très large : ça peut aller de la simple paralysie du corps à l'illusion d'un combat ou de la...mort."

La jeune femme buta sur ce mot. Ne souhaitant pas s'étendre sur le sujet, elle continua :

"Je peux aussi refaire vivre à quelqu'un des évènements de son passé, ou lui faire voir son futur. Al Kher, tout ça est bien sûr purement fictif ! Pour le passé, mon pouvoir puise dans les souvenirs de la personne. Pour le futur, c'est plus complexe. Il se base sur d'hypothétiques projections, le caractère, les images revenant le plus souvent dans l'esprit de l'autre..."

Saïma se tut un instant. Les possibilités de son pouvoir étaient presque infinies, et il lui était ardu d'expliquer son fonctionnement à Robin. Le plus souvent, ce qui marchait encore le plus était d'expérimenter soi-même ledit pouvoir en acceptant de subir une illusion...

"Habituellement, ce sont mes yeux qui me servent à projeter quelqu'un dans une illusion. Je me sers aussi de ma voix, mais dans ce cas cela concerne une autre sorte d'hypnose. J'envoûte... Al Kher, un peu à la manière des sirènes dans les légendes, tu vois ? Mais le résultat est totalement différent."

L'orientale adressa un petit sourire au jeune homme.

"Je dois t'avouer que ce pouvoir m'est bien pratique, même pour certaines choses totalement dérisoires. Pour en revenir à l'homme que tu as vu dans le désert... Shën Ghard, je lui ai fait oublier les cinq dernières minutes de son existence, tout simplement."

Saïma se tut, un peu gênée. En vérité, elle craignait la réaction du voleur. Après tout, ne pouvait-elle pas manipuler les gens comme bon lui semblait ? Il suffisait d'un croisement de regards et de deux mots...

Non. Il y avait quelque chose qu'elle ne pouvait pas lui dire. Robin voyait la douleur dans son regard, et il avait l'impression de sentir cette douleur en lui.
Mais Saïma revint aussi vite sur le premier sujet :
Des illusions ! Passé, futur, réel et irréel... et envoutement.

"Al Kher, un peu à la manière des sirènes dans les légendes, tu vois ? Mais le résultat est totalement différent."

Le regard brillant, Robin eut un grand sourire :

"Je n'ai jamais eu à me frotter à une sirène des légendes, mais à vrai dire, je doute qu'elles réussissent mieux que toi à m'envouter !"

Quoi, les sirènes, en chantant, vous faisaient plonger pour vous noyer ? Ridicule ! Saïma n'avait pas eu à utiliser de mélodie pour lui faire traverser le désert jusqu'à elle, et il ne devait qu'à la chance d'être toujours en vie !
Il rit :

"Je n'ose imaginer ce qu'il adviendrait de moi si tu te mettais à chanter !"

Pas grand chose certainement... Il l'avait de toute façon senti dès le début, Saïma, pouvoirs ou pas, était un dangereux adversaire ! Mais il n'y avait pas de crainte chez le voleur : il lui faisait toalement confiance. Aveuglé, envouté déjà peut être, diraient certains, à vrai dire il s'en fichait !
Réfléchissant à nouveau à ce qu'elle venait de dire, Robin continua :

"J'ai quand même un peu de mal à comprendre comment ça marche... Sais-tu ce que les gens voient lorsqu'ils sont victimes d'une de tes illusions ? Dans ce cas, pour celel du passé, connais tu leurs souvenirs ? Et, comment la victime peut elle savoir s'il s'agit d'une illusion ou non ? Par exemple, tout cela ne pourrait être une illusion sans que je ne m'en apperçoive ?"

Pas d'accusation, pas de doute, comme si en cet instant seul le côté technique de la chose ne l'intéressait ! Parce qu'en plus, il ne pouvait effectivement nier que ce pouvoir jusqu'ici leur avait été bien pratique !

"J'ai quand même un peu de mal à comprendre comment ça marche... Sais-tu ce que les gens voient lorsqu'ils sont victimes d'une de tes illusions ? Dans ce cas, pour celle du passé, connais tu leurs souvenirs ?"

Saïma, qui avait un peu perdu le fil depuis que Robin avait souri, se redressa brusquement et braqua un regard presque choqué sur le voleur.

"Ilah Deymar, non ! Et heureusement, d'ailleurs, je refuserais d'utiliser tout pouvoir violant l'intimité des gens. Donc non, je ne sais pas vraiment ce qu'ils voient. Par contre, je peux orienter les sentiments généraux ressentis pendant l'illusion. Par exemple, je peux décider si le souvenir que va revivre la personne sera agréable ou désagréable. Mais je ne peux pas décider quel souvenir précisément ! Dans chacune de mes illusions, il y a une part d'aléatoire. Je ne peux jamais totalement maîtriser l'esprit des gens. Al Kher, comment dire... Mon pouvoir, ce n'est pas du mentalisme, tu vois ? Je ne fais que contrôler, disons, à distance. Mais une fois l'illusion lancée, je ne suis plus maître de rien. Sauf, bien sûr, de son interruption."

La jeune femme se tut. En réalité, elle avait plus l'impression d'embrouiller Robin avec ses explications que le contraire !

"Et, comment la victime peut elle savoir s'il s'agit d'une illusion ou non ? Par exemple, tout cela ne pourrait être une illusion sans que je ne m'en aperçoive ?"

Saïma sourit.

"En fait, elle ne peut pas. Mes illusions agissent comme des rêves : la plupart du temps, on ne se rend pas compte que l'on est à l'intérieur d'un rêve jusqu'à ce qu'on se réveille, n'est-ce pas ? Eh bien là, c'est la même chose. Donc oui, tu pourrais facilement être sous l'emprise d'une de mes illusions en ce moment. Mais comme je te l'ai dit, elles agissent comme des rêves. Soit... Shën Ghard, si tu as un doute, utilise alors la bonne vieille méthode : essaie de remonter le plus loin possible dans le temps en esprit ; si tu n'y arrives pas, c'est que tu rêves, ou que tu es sous l'emprise d'une de mes illusions."

Ouah ! Quelle réaction !! Robin, emporté par sa curiosité, ne s'attendait pas à cela ! Il sourit, avec un geste de capitulation :

"Tu as raison, excuse-moi."

Par contre, qu'il puisse être sous l'emprise d'une illusion ne le rassurait pas du tout ! Quoique... Ses yeux se mirent à briller : il avait déjà rêvé de tant de choses impossibles dans la réalité !

"Shën Ghard, si tu as un doute, utilise alors la bonne vieille méthode : essaie de remonter le plus loin possible dans le temps en esprit ; si tu n'y arrives pas, c'est que tu rêves, ou que tu es sous l'emprise d'une de mes illusions."

Pendant une fraction de seconde, il eut l'air d'un enfant émerveillé :

"Ah, je ne connaissais pas cette méthode, ça marche vraiment ?!"

Puis, retrouvant son expression habituelle, il lui sourit :

" Mais, je te préviens, si je me rends compte que tout ça n'est qu'un rêve, je vais être très déçu ! Et je me vengerai..."

Son regard rieur posé sur la jeune femme rassurait toute fois quant à la façon dont il le ferait !
Il fit mine de réfléchir (heu... auberge, cuisine, mirage, oasis, lysis, désert, mirage, plaines de feu, montagnes... il pouvait s'arrêter là ou il devait remonter encore plus loin ? bon, on va dire que ça va... !) avant de sourire à nouveau pour annoncer le verdict :

"Je crois que tout est ok."

Se rapprochant de Saïma, il l'embrassa, avant de dire avec un sourire malin :

"Baiser du matin, fille du désert : Bonjour, as-tu bien dormi ?"

Ou alors juste parce qu'il en avait eu envie ! D'ailleurs, ne fait-on pas cela habituellement dès le réveil, plutôt que tant de temps après ? Voleur !
Robin eut un faux soupir en s'écartant, passant la main dans ses cheveux blonds :

"Ah mais je suis un peu déçu quand même : dans un rêve j'aurais pu faire... plein d'autres choses, sans me poser aucune question ni en subir les conséquences !"

A nouveau, son regard ne laissait aucun doute quant à la nature de ces 'choses' (en fait, mieux vallait ne jamais écouter ses paroles pour trouver la vérité, et toujours regarder ses yeux !) !

"Mais comme la dure réalité me frappe à présent de plein fouet par les forces de la nature, je crois que c'est à mon tour d'aller prendre une douche !"

Ou l'odeur serait bientôt beaucoup moins discrète ! Parce que bon, sinon, plus que les forces de la nature, c'était Saïma qui finirait par le frapper !
Le jeune homme passa donc dans la salle d'eau, avant que son visage ne réapparaisse un instant par l'ouverture de la porte :

"Ah mais, Saïma, rêve ou pas, je serais très triste si tu venais à disparaitre pendant ce laps de temps... m'attendras tu ?"

Triste... inquiet aussi, certainement. Mais cette fois, même son regard ne trahit pas ses sentiments. Comme il avait peur qu'elle ne s'efface soudain s'il venait à la quitter trop longtemps du regard ! Comme un mirage... Comme quelque chose de délicat, prêt à se briser si le seul fil qui le soutienait venait à casser...
Comment pouvait on paraitre si fort et si fragile à la fois ?

"Ah, je ne connaissais pas cette méthode, ça marche vraiment ?!
Mais, je te préviens, si je me rends compte que tout ça n'est qu'un rêve, je vais être très déçu ! Et je me vengerai..."

Saïma eut un sourire en coin.

"Al Kher, si je ne te libère pas de l'illusion du vas avoir du mal à te venger..."

La jeune femme le regarda avec amusement tenter de remonter le plus loin possible dans ses souvenirs. Vu le temps que cela prenait, il devait être à présent rendu assez loin ! Et Saïma aurait donné cher, à ce moment, pour pouvoir lire dans ses pensées…

"Je crois que tout est ok."

L'orientale esquissa un sourire et se laissa embrasser de bonne grâce. Aux paroles qui suivirent la jeune femme se contenta d'un léger rire, sachant qu'elle-même n'aurait pas refusé d'exécuter ce que les rêves du voleur lui suggéraient... Il lui était de toute manière déjà trop tard pour penser aux conséquences.

"Ah mais, Saïma, rêve ou pas, je serais très triste si tu venais à disparaitre pendant ce laps de temps... m'attendras tu ?"

Saïma adressa un calme regard de ses yeux noirs à Robin, immobile devant l'embrasure.

"Je reste là."

Plus rien ne pourrait la faire partir.
Plus rien, sauf...
Prise d'un pressentiment, l'orientale s'approcha de la fenêtre et l'ouvrit en grand. Se penchant au-dehors, elle ne prit pas le temps d'admirer la ville éclairée par le soleil matinal et scruta anxieusement le ciel.
Une ombre noire, planant silencieusement, se découpa sur le ciel d'un bleu presque blanc. Saïma pâlit.
Non !
Mais la jeune femme se rendit bien vite compte que la silhouette était trop petite pour qu'il s'agisse de l'aigle de son père. Son angoisse se mua en curiosité, tandis que le faucon piquait vers elle.

"Enk Jelah ?"

L'orientale effleura doucement les plumes du rapace, qui s'était posé.

"Qui t'a ouvert une porte ?"

Parce que sauf erreur, elle était bien la seule, dans son peuple, à naviguer entre les deux mondes !
L'heure n'était plus aux questions. Haussant une épaule fataliste, Saïma laissa son faucon prendre son essor pour une visite de la cité des Lumières et referma la fenêtre à demi. Elle s'habilla rapidement en chantonnant doucement dans sa langue, mélodie que sa mère qualifiait de "chasseresse d'idées noires", et qui, chimère ou vérité, s'avérait efficace pour la fille du désert.

HJ/ bon alors je crois que je vais commencer par relire le rp du début, ça me fera du bien ! xD



Propre et rasé, mais toujours torse nu, Robin sortit de la salle de bain en frottant ses cheveux blonds d'une serviette. Avisant Saïma à la fenêtre, il alla vers elle avec un grand sourire, témoin d'un simple bonheur... Il labandonna la serviette sur le lit et voulu l'embrasser à nouveau lorsqu'une prise de conscience le fit reculer d'un pas : combien de fois l'avait-il déjà fait aujourd'hui ?! L'air mi-effrayé, mi moqueur, il s'exclama :

"Diable Saïma, que m'as tu fait ?! Je pourrais passer la journée entière à t'embrasser sans me lasser, au contraire !"

Soudain le voleur se tut, l'air surpris de ses propres paroles, avant d'éclater de rire :

"Réflexion faite, les baisers ont rarement l'effet de calmer les désirs !"

Le regard rieur, il regarda à nouveau la jeune femme et lui offrit une jolie courbette accompagnée de son sourire charmeur :

"Mais, puisque je vous ai enfin retrouvée, fille du désert, je n'ai pas l'intention de vous quitter de sitôt ! Cette journée est la votre, damoiselle, et moi également, que souhaiteriez vous en faire ?"

A considérer toute fois le fait qu'il devrait certainement trouver quelque chose à enfiler pour ne pas trop se faire remarquer...



HJ/ désolée un peu court, j'espère que ça ira mieux en me remettant dedans... =S