Un pied buta dans un caillou. Intentionnellement.
La victime roula sur plusieurs mètres avant de stopper sa course au milieu de ses camarades.
Ingwë marchait doucement.
Il essayait presque de se rendre invisible.
L’allure d’Isas était suffisamment explicite sur ce qu’il se passerait s’il ne le faisait pas.
Les yeux de l’elfe étaient en effet deux sombres émeraudes.
Deux yeux de félin, non, de serpent. Qui fixaient intensément, mais mortellement le vide.
Sa tension était palpable.
Beaucoup de chose s’était passées. Des choses qui avaient usé la patience, déjà très limitée, d’Isas.
Le couple avait alors marché au gré des caprices de l’elfe et après avoir longtemps errés dans la forêt ils avaient débouché sur un large chemin.
Un large chemin aux allures fréquentées. Cela ne l’avait pas dérangé. Avec un peu de chance ceux qui la côtoyaient lui chercheraient des noises…
Soudain le griffon redressa la tête, Isas aurait pu suivre le mouvement mais l’odeur que le vent apportait ne l’intéressa pas. Du moins pas encore.
Simplement une petite troupe de personne non loin.
Une petite troupe de personne qu’ils purent distinguer dès qu’ils franchirent le virage.
La scène était assez incongrue et fréquente à la fois.
Un père de famille, deux filles, un jeune fils et une mère.
Une famille.
Attaqués par des brigands sans vergogne. Leurs intentions étaient évidentes quant à ce qu’ils allaient faire des femmes et des hommes.
Deux utilités différentes pour un même destin.
Isas ne frémit même pas.
Cet homme d’âge mûr qui se battait pour la sauvegarde de sa famille ne le concernait pas.
Ce n’était pas son problème.
Il passerait tranquillement son chemin à côté d’eux.
La était les intentions de l’elfe.
La n’était pas celle du griffon :

# A L’ATTAQUEEEEEEE ! # Hurla-t-il vaillamment en s’élançant de toute sa petite taille de chat vers la petite troupe de voleurs-violeurs.

Isas resta pantois une seconde.
Bon sang il avait oublié le caractère d’Ingwë l’espace d’une seconde. Il aurait du le prendre dans ses bras et le tenir fermement ! Au lieu de cela il était resté les bras ballant comme un parfait imbécile et maintenant il allait…
Il allait…
Esquisse de sourire.
Ingwë était un génie !
Dévoilement de dent carnassier.
La lame aux entrelacs de nuit émit un fin chuintement quand elle sortie de son fourreau.
Le petit griffon avait sauté au visage d’un homme et lui lacérait le visage de ses griffes aiguisées.
Un autre abattit sa lame sur l’une des filles lorsqu’elle rentra en résonnance avec le katana.
Il l’avait brandit à deux mains, de toutes ses forces. Son opposant ne s’en servait que d’une seule et il n’avait certainement pas l’air de forcer…
Il recula vivement.
Cet homme, non cet elfe, aux yeux de chat dégageait quelque chose d’effrayant.
Sa tête roula à terre avant même qu’il n’ait pu le voir dessiner un pas en avant.
Un court instant de flottement où les regards se braquèrent sur l’inconnu. Certains avaient l’air d’un espoir renouvelé qu’ils n’espéraient plus, les autres l’air hargneux de ceux qui se demandent qui donc ose les interrompre.
Isas tourna son regard d’assassin vers eux.
Ils déglutirent avec peine.
Un pas vers eux.
« Eux » reculèrent :

- Vous êtes… vous êtes… Eressëa ? Isas Eressëa ?

L’elfe se renfrogna. Le brigand poussa un petit glapissement. Ce qui l’énervait n’était pas qu’il ait été reconnu en soit. Juste qu’on l’associait encore pleinement à son clan au lieu de lui-même. Il avait pourtant été clair lorsqu’Il avait tué son père et modifier son tatouage.
Il n’y appartenait plus… :

- Isas en premier. Dit-il en regardant sa victime dans les yeux.

L’homme ne comprit pas vraiment. La lame était déjà fichée dans sa poitrine. Le griffon pour sa part avait cessé d’intervenir. Il fallait laisser son compagnon se défouler.
Et c’est ce qu’il fit.
Rare sont ceux qui ont pu assister à la grâce inné des elfes.
Rare sont ceux puis peuvent apprécier la redoutable efficacité des elfes.
Rare sont ceux qui ont pu voir Isas à l’œuvre.
Si supérieur à ces simples mots.
La danse fut vite terminée.
Pas une seule goutte de sang n’avait effleuré Isas, bien que sa lame en fût immergée. Il l’essuya consciencieusement sur les vêtements des morts quand il fut interrompu par l’homme :

- Je vous remercie monseigneur. Vous nous avez sauvés la vie. Je vous en serais éternellement re…

Il ne finit pas sa phrase.
Un katana planant sous la gorge est étrangement très dissuasif pour parler :

- Ne parler pas de se que vous ne comprenez pas. Fit-il simplement. Vous n’avez aucune notion de l’éternel.

La lame s’éloigna.
L’homme respira :

- Veuillez m’excuser. Je tâcherais de m’en souvenir.

-Il vaudrait mieux…

L’homme se tût de nouveau. Cet elfe était décidemment bien peu sympathique. Mais terriblement séduisant selon les deux filles.
Toutefois l’elfe en question ne demanda pas son reste et tourna les talons.
La famille le regarda disparaître un air intrigué sur le visage.
Drôle de bonhomme.
Les regards se portèrent sur les morts.
Non pas drôle. Effrayant.
Cet elfe avait tué sans remord et sans émotions, même pas pour de l’argent…



Les compagnons avaient de nouveau reprit leur route.
Ingwë s’autorisait de nouveau à gesticuler.
Isas s’était calmé.
Ça allait devenir embarrassant si Isas ne pouvait se calmer qu’en tuant…
C’est alors qu’ils débarquèrent devant les portes de la ville.
Isas leva la tête vers les murailles.
Zut.
Il n’avait aucune envie de se promener dans des rues surchargées de personnes :

- On fait demi-tour. Dit-il.

Il s’attendait tout. Tout sauf la réaction du griffon :

# Non !# Et il partit à toutes pattes dans l’enceinte de la ville.

- Que... ?

L’elfe resta interdit :

- Ingwë reviens ! Revient là tout de suite ! Ingwë !

Peine perdue. Le Ingwë en question voulait voir du monde donc pas question de se faire rattraper par son ami. Il couru à travers les gens, Isas sur les talons. Une auberge ! Elle était ouverte ! Sa chance de le paumer pendant un temps !
Il s’y engouffra.
Aux allures des clients et des serveuses…
Ce n’était pas qu’une auberge…
L’elfe entra trois secondes après le mini fauve. Il marqua à peine un temps d’arrêt en entrant dans la maison close.
L’odeur de son compagnon se mélangeait à ce fouillis de diverses odeurs.
Il tiqua et repartie en courant.
Les escaliers.
L’odeur prenait le chemin des escaliers. Il les gravit à une vitesse inimaginable sous les yeux sidérés de ses occupants.
Il bifurqua dans les couloirs, ouvrit une porte.
La fenêtre.
Ingwë était passé par la fenêtre !
Cependant il stoppa de nouveau en voyant le monde qui peuplait la chambre.
Mais ils étaient combien là-dedans ?!
Il secoua la tête.
Rien à faire de ce qu’ils faisaient.
Il sauta et atterrit de nouveau dans la rue.
Des chiens, des chats, des chevaux, des porcs, des…
Non !
Il avait débarqué dans un élevage !
Il allait devoir prendre son temps pour retrouver sa trace…
Il pesta.


Ingwë jeta un coup d’œil derrière lui.
Personne.
Pfiou…Visiblement se rouler sans la paillasse des chiens avait porté ses fruits.
Il avait alors grimpé sur les toits et gambadait tranquillement. Isas allait râler ! Mais il fallait bien qu’il apprenne à se mélanger à la foule autrement que quand il devait acheter des nouveaux vêtements.
Il trottinait sur le bord des terrasses ce qui lui permettait d’admirer, non pas le paysage, mais les gens qui se promenait dans la rue.
Ce fut certainement pour cela qu’il ne vit pas le vide qui séparait les deux habitations.
Sa patte s’appuyait sur le néant entrainant le reste de son poids.
Il dégringola follement les cinq mètres qui le séparaient du sol et s’y réceptionna lourdement.
Ouille, ouille, ouille !
Il s’assit et secoua vivement la tête pour se remettre les idées en place.
Son regard convergea vers son aile, tenta de la déplier.
Aie !
Alalala… Isas allait vraiment s’énerver maintentant…

Gavilán était toujours au pied du mur, à méditer sur ses pensées moroses...
Lorsque quelque chose avec des ailes s'écrasa devant lui.
Le garçon se redressa. Un oiseau ?
La bestiole se releva. Gavilán écarquilla les yeux.
Non, pas un oiseau... Un griffon ! Un petit griffon, qui tentait sans succès de déplier son aile droite.
Le jeune homme tendit doucement la main. Que ce soit un griffon ou autre chose, cela avait des ailes, et il savait soigner les ailes.

- "Tranquille... Je ne vais pas te faire de mal."

Chose étrange, le griffon ne semblait pas du tout apeuré. Il était même très affectueux, et commença à mordiller le doigt de Gavilán. Apprivoisé ? Cela expliquerait sa présence en pleine ville.
Gavilán fouilla dans son sac. Il en sortit une solution aseptisante, et des bandages.
Il saisit avec précaution l'aile du petit griffon. Elle n'était pas cassée, ni même déplacée, mais une blessure s'était formée au niveau de l'os, ce qui expliquait que le griffon ne pouvait pas la déplier. Gavilán la désinfecta, banda l'aile en faisant attention à ne pas plier les plumes. Il relâcha le griffon, lui fit un petit sourire.

- "Bon, je ne peux pas faire plus mais c'est déjà ça. Dis-moi, tu n'aurais pas un propriétaire par hasard ? Tu te faisais la malle ?"

Ah ?
Quelqu’un !
Youpi ! Oh…
Il était gentil.
Il sourit intérieurement. Il allait se faire passer pour un « muet » un petit bout de temps. Cela lui permettrait de voir qui il était vraiment. Il joua donc le jeu, mais se lassa très vite.
Ce petit bonhomme était vraiment trop sympathique !

- Bon, je ne peux pas faire plus mais c'est déjà ça. Dis-moi, tu n'aurais pas un propriétaire par hasard ? Tu te faisais la malle ?

# On peu dire ça.# Répondit-il un air mystérieux. # D’ailleurs …#

Il releva la tête au bruit qui approchait :

# Le voila.#

En effet Isas débarqua comme une furie :

- Te voila toi ! Qu’est-ce que…

Immédiatement il avait repéré le bandage. Son visage s’obscurcie :

- Que t’es tu fais ?

Son visage se posa sur le garçon.
Froidement meurtrier :

- C’est toi ?

Le ton était encore pire.
Ingwë qui avait joyeusement gambadé vers son compagnon à son arrivé s’exclama :

# Oh ! oh !oh ! Tout doux c’est lui qui m’a soigné ! Je me suis cassé la figure tout seul en tombant du toit.#

L’air de l’elfe changea instantanément :

- Vraiment?

Cela ne l’empêcha pas de tâtonner la blessure du griffon.
Rien à redire :

- C’est du bon boulot. Appréciât-il. Quel est ton nom ?

Wow.
Le griffon lui avait répondu.
...
Quoiiiii ????
Gavilán manqua faire un bond en arrière.
Il n'en eut pas le temps.
le propriétaire de l'animal arriva. Et là, les choses se gâtèrent.
Enfin, faillirent.
L'homme posa son regard vert de chat sur Gavilán. Un regard dur comme de la pierre, froid comme de la glace, et, surtout, terriblement meurtrier.
Re-wow.
Puis le griffon intervint de justesse. Car nul doute que Gavilán aurait succombé dans les prochaines secondes.
Le garçon s'autorisa à respirer de nouveau. Puis, en voyant l'homme palper l'aile du griffon, il eut un léger sourire.
Froid, impressionnant et terrifiant, certes...
Mais à le voir se préoccuper à ce point de son griffon, il monta immédiatement dans l'estime de Gavilán.
L'inconnu se tourna vers lui et lui demanda son nom d'un ton beaucoup plus affable.

- "Gavilán. Je m'appelle Gavilán. Votre griffon est tombé devant moi, et comme il s'était blessé à l'aile, et que j'ai l'habitude de soigner les oiseaux, je..."

Il se tut, venant brusquement de se souvenir d'un détail... plutôt perturbant.
Il leva ses yeux noirs vers l'inconnu, et avança d'une voix prudente :

- "Dites-moi, votre griffon... Il parle ? Non parce que, j'ai eu beau passer ma vie entouré d'oiseaux de toutes sortes, jamais un ne m'a parlé aussi clairement, alors c'est plutôt surprenant."

Isas leva un sourcil.
Sans se poser de question il s’était proposé pour le soigner ? Rare était les hommes avec ce genre de reflexe.
Il appréciait.
Mais il fut tiré de ses réflexions par l’air perturbé du dénommé Gavilán :

- Dites-moi, votre griffon... Il parle ? Non parce que, j'ai eu beau passer ma vie entouré d'oiseaux de toutes sortes, jamais un ne m'a parlé aussi clairement, alors c'est plutôt surprenant.

Les yeux de chat se posèrent sur son compagnon.
Le compagnon regarda les yeux de chat.
Complicité amusée.
Isas hocha doucement la tête pour Ingwë. Ce dernier se ragaillardit et se mit alors à trottiner vers le jeune homme :

# Et pourquoi donc est-ce que je n’aurais pas le droit de parler ?# Demanda-t-il d’un ton faussement vexé.

Ses yeux rieurs en prouvaient pourtant de façon significative le contraire. Pour combler son petit effet le griffon décida alors de grandir.
Une seconde.
Un fin petit griffon.
Une autre seconde.
Un gigantesque griffon.
Il dominait le nouveau venu à présent :

# Je dois l’admettre…# Commença Ingwë. # Je suis plutôt surprenant.#

Il observa alors la petite impression qu’il venait de provoquer sur le nouveau.
Fier de lui, comme à son habitude lorsqu’il venait de réaliser ce qu’il considérait comme une farce.
Isas, bras croisés, se contenta de lever les yeux au ciel. Il ne put cependant pas empêcher un mince sourire de s’étirer sur ses lèvres :

# Je suis Ingwë. Enchanté. L’elfe, qui pour une fois ne râle pas, porte le nom d’Isas.#

Le concerné tiqua légèrement en soupirant.
Il regrettait presque d’avoir donné l’immunité à son compagnon.
Toutefois il salua l’homme d’un hochement de tête. Ce n’était pas de sa faute si Ingwë disait n’importe quoi.
Enfin n’importe quoi….

Il le savait, pourtant, que les griffons étaient plutôt grands.
Mais là... Voir cette petite bestiole de la taille d'un chiot passer en quelques secondes à la taille d'un cheval de trait, c'était...
Surprenant.
Gavilán se leva, plus pour paraître moins chétif devant le griffon que par réelle nécessité. Lorsque celui-ci les présenta, lui et son compagnon, le jeune homme eut un sourire.

- "Enchanté, Ingwë, Isas. Navré si je t'ai vexé, fit-il à l'intention du griffon, mais je n'ai pas la capacité à parler aux animaux, je veux dire par la pensée, comme aux être humains, enfin, je..."

Il se mordit la lèvre, embarrassé, cherchant ses mots.

- "Disons que je n'ai pas de pouvoirs, donc ça inclut celui de parler aux animaux. Donc que tu puisses me parler m'a surpris."

Silence.

- "Dites-moi... Vous ne sauriez pas où l'on peut trouver du travail, par hasard ?"

Ingwë fit mine de réfléchir :

# Hum… Moi je parle à qui je veux. Qu’il ait, ou pas, des pouvoirs. Je m’impose en quelque sorte. Heureusement d’ailleurs ! Sinon on ne parlerait pas à grand monde !#

Mais pourquoi donc Isas tiqua-t-il de nouveau à cet instant ? Se sentirait-il concerné ?
… XD
C’est alors que le jeune homme lui posa une question :

- Un travail ? Personnellement je n’en cherche que très rarement, et je doute …Avait-il commencé en jaugeant le garçon du regard.

# Tu recherches quoi comme travail plus précisément ?# L’interrompit Ingwë.

Le griffon voulu battre vivement des ailes comme pour s’assurer d’avoir bien coupé la parole à son camarde mais s’arrêta bien vite.
Aie ! Il avait oublié… Zut :

# On peut peu être t’aider ?# S’exclama-t-il tout guilleret.

Face au regard peu enthousiasme d’Isas il rajouta :

# En remerciement pour mon aile.#

Il avait gagné. L’elfe soupira et se retourna vers Gavilán. Attendant la réponse à la question du griffon.

Gavilán eut un sourire un peu embarrassé.

- "M'aider ? Ce serait sympa, mais je doute que vous en ayez le temps, si ?"

Enfin, s'il disait ça, c'est parce qu'il se rendait bien compte que ça n'enchantait pas vraiment l'elfe. Le garçon se passa une main soucieuse dans les cheveux.

- "En réalité, je viens de me faire virer. Donc je n'ai plus d'endroit où dormir, je n'ai pas vraiment d'argent, et je ne sais pas où chercher. Si par hasard vous avez entendu parler de quelqu'un cherchant un palefrenier, serveur, ou quelque chose de ce genre... Avec mon gabarit, le métier de garde du corps est à exclure, par contre. En plus..."

Il eut une mimique contrite.

- "Je ne sais pas me battre. Je me demande même comment j'ai fait pour rester en vie jusque là..."

Isas haussa les épaules :

- Si, nous avons le temps finalement…

Ingwë sautilla sur place.
Youpi !
Mais l’entendre dire qu’il s’était fait viré tira un levé de sourcil à l’elfe. Ce jeune homme n’avait ma foi pas l’air de quelqu’un de contraignant…
Il secoua la tête :

- Je ne suis pas du genre à courir après le travail. Je me suffis à moi-même. Mais je doute que la bonne manière d’y arriver soit de rester assis dans une rue peu, voir pas, fréquentée…Viens, on y va.

Il ressortit alors en prenant une rue où bien plus de monde s’y promenait :

- Quant à savoir se battre…N’est-ce pas là le minimum pour apprendre à survivre seul ? Cela fait toutes ces années que tu as réussi à échapper au combat ?

Pour l ‘elfe une telle chose relevait de l’absurdité. Pour lui cela ne faisait que très peu de temps, même pas un an qu’il se promenait seul, et il avait déjà dû tuer à maintes reprises. Enfin…on parlait d’Isas tout de même…

Gavilán eut un rire amer.

- "Quelles années ? Non, je ne suis ici que depuis quelques mois, sinon je serai déjà mort. Je vivais dans un petit village du clan de l'Air. Là-bas, savoir se battre ne servait à rien. Mais maintenant..."

Il haussa les épaules.

- "Cela dit, les professeurs qui enseignent à un jeune ignorant les arts du combat, ça ne court pas les rues. Alors je me débrouille comme je peux. J'évite les endroits peu fréquentables au possible, je ne sors pas beaucoup... Ça ne me plaît pas, mais si je veux survivre je n'ai pas le choix."

Ingwë jeta un regard suffisamment explicite à son camarade. Mais le dit camarade n’y prêta aucune attention.
Il y réfléchissait déjà…
Il n’avait certes pas sauvé la vie du griffon mais… :

- Il paraît que je ne suis pas un modèle. Entama-t-il. Cependant je peux peut être t’enseigner quelques rudiments… De toute façon je ne suis pas vraiment le genre de personne auquel il faut s’adresser pour trouver un travail.

Ingwë sourit. Son compagnon avait pris cette décision sans même qu’il n’ait besoin d’intervenir. Il faisait réellement des progrès :

- Par contre je te préviens. Si tu veux me suivre il faudra donner beaucoup de toi-même. Je ne tolérerais pas de plaintes. Pour ce qui est du logement et de la nourriture je m’en occuperais. Maintenant c’est à toi de voir.

Gavilán mit quelques secondes à réaliser ce que l'elfe lui proposait.
Suivre Isas ?
Devenir son... élève ?
Alors qu'ils venaient à peine de se rencontrer, et que la seule chose que Gavilán ait faite, soit...
Soigner Ingwë.
A cet instant, le garçon comprit la relation qu'il y avait entre le griffon et l'elfe.
Il leva la tête. Son regard sombre se planta dans celui d'Isas.

- "Je suis d'accord."

Trois simples mots, mais prononcés d'une voix inflexible.
Un promesse que jamais il ne romprait.
Gavilán eut un sourire.
19 ans... Et sa vie recommençait enfin ?

HJ/ C’est important pour lui à ce point de savoir se battre ? oO XD

Isas hocha la tête :

- Très bien. Dans ce cas… Suis-moi.

Et l’elfe bifurqua à travers les rues. Diverses étales plus ou moins avenantes et plus ou moins ouvertes. Qu’importe pour lui ? Du moment qu’il obtenait ce qu’il voulait…
Il donnait l’impression de savoir parfaitement où il allait, c’était presque le cas. La nature est un excellent guide et un excellent moyen de renseignement.
Ils finirent donc par déboucher dans un petit magasin. Afin de ne pas avoir à quitter son compagnon Ingwë rétrécit de nouveau et en un bond se jucha sur son épaule.
Le commerce n’était pas resplendissant. Il était une parfaite représentation d’un capharnaüm et d’une grandeur surprenante.
Un vrai labyrinthe ou l’on pouvait facilement se cacher voir même se perdre.
C’était une sorte d’entrepôt. Un entrepôt d’armes en tout genre. Arc, épées, dagues, bâtons… :

- Choisis. Je t’attends là. Reviens quand tu auras trouvé.

Isas n’avait pas à se mêler de cette recherche. Gavilán trouverait SON arme de lui-même. En aucun cas il ne devait être influencé.
Pour sa part le gérant tenta une approche vers l'elfe...mais recula bien vite face à regard terrifiant qu'il lui lança.
Cet homme n'avait pas soigné son griffon. Pourquoi donc lui montrerait-il de la sympathie?

HJ/ Bon c'est un rp à la va vite ou en gros j'ai balancé mes idées comme un sac... j'éditerai demain si je suis motivée... Mais comme ça, ça te donne la possibilité de répondre =).

Lorsqu'Isas le laissa seul dans un magasin plutôt désordonné, qui tenait plus de l'entrepôt que du magasin d'ailleurs, Gavilán eut un instant de blanc.
C'est vrai. Il lui fallait une arme.
Mais lui, novice qu'il était, n'avait aucune idée de ce qui pouvait lui convenir.
Il savait que certains hommes étudiaient longuement chaque arme avant de trouver celle qui leur convenait. Il savait aussi que pour d'autres, il suffisait d'une intuition, d'un coup de foudre, pour qu'ils trouvent la bonne.
Il n'avait plus qu'à espérer qu'il appartenait à cette catégorie...
Tout en flânant entre les allées, jetant de vagues coups d'oeil à la multitude d'armes exposées, Gavilán réfléchissait.
Gavilán... L'Epervier. Ce nom, comme sa signification, lui allaient remarquablement bien, on le lui avait assez dit. Pouvait-il se baser sur ça ?
Voyons... Les éperviers étaient des chasseurs, symbole de légèreté, de rapidité, d'efficacité... et de précision. Ce qui, aux yeux de Gavilán, équivalait à la puissance absolue.
Légèreté. Rapidité. Le garçon dédaigna aussitôt les armes lourdes, épées droites, haches et masse d'arme.
Il lui fallait une lame légère et maniable, aussi précise que la frappe d'un cobra.
Oui. C'était ça qu'il lui fallait. Une lame reflétant ce qu'il était.
L'Epervier.
Gavilán eut un sourire.

HJ/ La flemme d’éditer mon message précédent en fait XD.

Isas s’accouda à…en fait c’était tellement tout et n’importe quoi qu’il n’aurait su en donner un nom. Ingwë pour sa part se promena dans ce fouillis un air sceptique puis revient voir son compagnon. Docile, en apparence uniquement, il s’assit comme un jeune chien bien dressé à ses côtés.
Il tourna alors la tête et fixa son maître d’un air morne :

# Il est moyen ce magasin. Tu as vu la qualité de certaines armes ? Je croyais que tu voulais lui enseigner les bases, pas le faire courir à la mort en lui donnant l’impression qu’il a la possibilité de combattre.#

Isas haussa les épaules :

# Imbécile. Tu crois sérieusement que je le laisserai se battre avec une arme sortie d’ici ? Non. J’ai juste demandé à la nature de me guider là ou il y a le plus de choix possible et nous sommes tombés sur ce magasin…Pour l’instant il est hors de question qu’il se batte pour de vrai… Quand l'heure sera venue, ou je lui fabriquerais, ou nous irons dans un commerce digne de ce nom.#

Le griffon eu un fin sourire, si l’on peut appeler ça comme ça !
L’elfe avait-il donc songé à tout ?

A bout de nerfs, Gavilán se laissa tomber au sol.
Rien. Il ne trouvait rien !
C'était frustrant.
Il ferma les yeux. Il visualisa un épervier fondre sur sa proie.
Serres en avant.
Serres en avant...
Gavilán ouvrit les yeux.
Des serres.
Des serres qu'ils pourraient faire fondre sur sa "proie", puis ramener à lui.
Il se releva soudain. Il avait vu quelque chose, tout à l'heure, qui...
Il parcourut les allées dans l'autre sens, ses yeux noirs fixant avec intensité les armes.
Enfin, il s'arrêta.
Saisit une chaîne enroulée sur elle-même.
Il la fit courir entre ses doigts, fascinée. A chacune de ses extrémités, une lame aiguisée en croissant de lune.
Des serres.
Gavilán sourit.
L'arme du magasin était médiocre. Mais l'arme en elle-même était extraordinaire.
Faite pour l'Epervier.
Le jeune homme rejoignit Isas. Il lui mit la chaîne entre les mains.

- "Je crois... que j'ai trouvé."

Gavilán semblait se désespéré tout seul dans son coin.
Isas soupira.
Quand ce garçon allait-il apprendre que s’asseoir par terre ne résolvait pas les problèmes ? Mais il semblait en pleine réflexion et soudainement se mit en mouvement.
Quand il revint vers lui il avait trouvé.
Isas eut un demi-sourire et se saisit de l’arme tendue. A la fois faite pour le combat rapproché et longue distance.
Il lui faudrait un entrainement intense, mais s’il parvenait à maîtriser cette arme…alors il aurait un sacré potentiel.
Il observa le tas de ferraille entre ses main et pris un air sceptique. Elle était vraiment d’une qualité lamentable.
Après un nouveau soupir il lâcha l’arme qui tomba au sol dans un tintement. Un tintement subtil et reconnaisable pour seul ceux qui savaient le reconnaître.
Un tintement qui parut raisonner à l’intérieur même de l’arme.
Cela voulait tout dire…
Celui qui semblait diriger ce capharnaüm voulu protester mais Isas riposta avant qu’il n’ait eu le temps d’ouvrir la bouche :

- Je ne vous conseil même pas de vous plaindre. Ce bout de fer ne mérite pas le nom d’arme. J’aurais même honte de lui donner ce nom. On s’en va.

Et sans un mot de plus il sortit de la boutique, Ingwë sur ses talons.

Gavilán suivit Isas sans un mot. Il n'était vraiment pas commode.
Mais... waw.
Le garçon se mit à sa hauteur. Il avait une question qui le perturbait, mais il n'osait pas la poser.
Enfin, il se décida.

- "Je ne regrette pas une seule seconde ma décision et la vôtre, mais... pourquoi ? Vous connaissez juste mon nom, après tout..."

Isas ne sut trop que dire à cette question impromptue. Il avait toujours agit aux grés de ses envies, sans vraiment se poser de question.
Si quelque chose lui plaisait, si quelque chose lui faisait envie…alors il prenait sans plus de cérémonie. Devait-il dire que ce jeune homme l’avait inspiré. Dans ce cas pourquoi ?
Peut être parce qu’il n’était pas le genre de personne aux allures contraignantes ? L’argument le plus important restait toutefois, et ce sans aucun doute, celui d’Ingwë :

- Le griffon qui traine dans nos pattes…

L’interpellé se propulsa soudainement contre la jambe d’Isas sans que celui-ci ne dévie :

- …A la fâcheuse tendance à s’attirer une foule de problème et j’ai quelque fois du mal à le protéger de tout. Or il est très certainement le seul être auquel je peux donner toute ma confiance sans crainte de trahison. Je ne peux donc pas me permettre de le perdre.

Le sujet principal de cette conversation se stoppa net pendant un temps. Il ne l’avait pas forcément dit clairement. Il faisait passer ses paroles pour égoïste… Mais c’était une sorte de « déclaration ». Tout guilleret celui-ci se remit alors à trottiner à ses côtés :

- Or tu l’as aidé. Certes sans toi il ne serait pas mort. Mais les hommes qui soignent d’eux-mêmes un animal blessé se font rares...Suffisamment rare pour que l’on s’attarde sur ton cas et que l’on te donne une chance de survivre. Qui plus est je pense que la nature t’apprécie. J’ignore ce que tu as fait par le passé mais tu n’as guère du l’offenser puisque c’est elle, d’une certaine façon qui me sert d’instinct ou de guide, quant aux comportements que j’affiche avec ceux que je rencontre. Et toutes les ondes, si l’on peut appeler ça comme ça que m’envoyait la nature de toi étaient positives… Ça aussi c’est rare. En fait c’est une question assez compliqué que tu m’as posé là…Mais au final est-ce si important?

Gavilán eut un mince sourire et secoua la tête.

- "Non, ça n'a aucune importance. En tout cas, je pense savoir pourquoi la Nature m'aime bien."

C'était étrange, n'empêche... Il ne connaissait rien de l'elfe, qui mine de rien n'était pas vraiment engageant, et pourtant il le suivait, avec une totale confiance.
Pourtant, il se doutait à quel point ce serait facile pour Isas de se débarrasser du jeune homme... Cependant, ça ne l'inquiétait pas vraiment.
Gavil◙n continua à marcher en silence, se doutant qu'être enseveli sous un flot de questions ne plairait pas vraiment à l'elfe noir.

- Oh ? Pourquoi donc dans ce cas ?

Pas qu’Isas soit particulièrement curieux, mais quitte à savoir pourquoi …
Tout en disant cela, ils approchèrent des portes de la ville. Pour l’elfe passé une nuit à l’extérieur des murs ne posaient nuls problèmes, mais qu’en était-il du jeune homme ? C’est ainsi que pour cette raison le petit animal stoppa :

# Attends Isas.#

L’interpelé se retourna :

- Quoi ?

Ingwë fixa alors Gavilán :

# Tu es sûr de vouloir partir comme ça ? Tu n’as rien oublié qui pourrait te manquer ? Je dois te prévenir que notre cher camarade n’est pas d’une grande facilité à embarquer en ville… donc on n’est pas forcément prêt d’y retourner...#

Gavilán suivit d'un oeil mélancolique le vol d'une grive.

- "Depuis ma naissance, j'ai une passion insatiable pour les oiseaux. Ça faisait beaucoup rire, d'ailleurs, parce que je m'appelle Gavilán Halconero et que Gavilán, cela signifie Epervier, et Halconero, Fauconnier."

Il fit une pause.

- "C'est d'ailleurs comme ça qu'on m'appelait. L'Epervier. Enfin, ce n'est pas le sujet."

Son regard s'assombrit sensiblement.

- "Je passais tout mon temps avec les oiseaux. Beaucoup trop de temps. J'ai fini par ne vivre plus que pour eux. Cela doit être pour ça que la Nature m'apprécie."

Il resta un instant silencieux, perdu dans ses pensées moroses. A la question d'Ingwë, il se reprit et secoua la tête.

- "Non. J'ai tout laissé là-bas... dans mon village, je veux dire. Il n'y a rien que je puisse regretter à Windtora."

- Je vois…

Tout simplement.
Que devait-il ajouter ? Rien. De toute façon Isas n’était pas du genre à se plier au protocole :

# Dans ce cas on peut y aller.# Reprit simplement le griffon. # Tu as déjà passé une nuit à la belle étoile ?#

C’est alors qu’un autre détail vint la tarauder. Oui le couple avait l’habitude de passer la nuit dehors qu’il vente, pleuve, voir même qu’il grêle. Mais le garçon, qu’en était-il ?
Percevant son inquiétude l’elfe répondit à la réflexion muette de son compagnon :

# La nature nous aidera, je peux toujours construire un abri et faire du feu. Je n’ai pas l’intention de laisser mourir un ami de la Dame.#

Ingwë sourit intérieurement. Ami de la Dame…et protéger d’Isas. Ce n’était pas rien !
C’est donc tranquillement qu’ils passèrent les portes leur permettant de sortir de la ville.

Gavilán eut un léger rire.

- "Si vous saviez le nombre de nuits que j'ai passé à la belle étoile ! Une fois, j'ai pisté un hibou moyen-duc pendant trois mois, et je me levais toutes les nuits pour le suivre dans sa chasse. Alors, je suis assez habitué."

Mais il se doutait que de ce côté-là, Isas était bien plus rôdé que lui. Il hésita un instant, finit par demander prudemment :

- "Vous avez toujours été un vagabond, ou vous aviez un village, un clan, avant ?"

L’elfe eut un sourire qu’il ne montra pas. Plus il lui parlait et plus il se rendait compte à quel point il avait fait le bon choix.
Tant mieux.
Cependant cette sérénité se brisa rapidement :

- Vous avez toujours été un vagabond, ou vous aviez un village, un clan, avant ?

Sa main eut un brusque mouvement. Comme un muscle qui se contracte d’un coup sans autorisation.
Le vent se fit soudainement rêche et violent, la nature menaçante…
Puis tout se calma.
Ingwë recommença à respirer :

- Oui. J’en avais malheureusement un. Mais lui et moi avons eu des différents. Je l’ai régler, et je suis parti.

Le ton sur lequel il avait parlé était glaciale. Isas sembla même avoir retrouvé sa nature originelle.
Un tueur froid et sans pitié.
Le griffon s’approcha doucement du jeune homme :

# A l’avenir essai d’avoir un peu plus de tact.# Dit-il. # Ce genre de question se pose… mais avec plus de douceur ou de subtilité...surtout avec Isas.#

Il lui sourit :

# Enfin on ne peut reprocher à un ignorant ce type erreurs.#