Saïma franchit la porte.
La fit disparaître.
Puis, regarda autour d'elle.
Un fleuve. A fort courant.
Une forêt, toute proche.

- "Je ne reconnais pas ce lieu."

Son "objectif" se trouvait clan de l'Eau. Elle espérait ne pas être tombée trop loin.
Quant à Zein, il lui avait avoué ne pas avoir un grand sens de l'orientation...
La jeune femme se tourna vers lui.

- "Aurasi-tu une idée d'où l'on peut être ?"

Son faucon s'envola et décrivit une large courbe. Saïma savait qu'au pire, c'est lui qui lui indiquerait la route à suivre.

Lorsque Zein passa la porte, il se retrouva face à un fleuve, relativement large et aux eaux tumultueuses.
Saïma arriva, le suivant de près. Aussitôt elle s'arrêta pour observer les environs.
Lorsqu'elle lui demanda s'il connaissait ce lieu, il eut du mal à lui répondre.

"Et bien... non... enfin, je suppose que nous sommes que nous sommes quelque part dans le clan de la Terre... j'y ai demeuré un certain temps et je reconnait la végétation... cependant, je ne suis sur de rien.
Bon, il me semble que tu as parlé d'une mission non ? Si ce n'est pas indiscret, comptes-tu te mettre en route immédiatement ?"

Il ne souhaitait en rien se mêler de ce qui ne le regardait pas, mais il aurait aimé apporter son aide à la jeune femme.

Sa mission...
La main de Saïma se crispa imperceptiblement.
A qui allait-elle devoir ôter la vie cette fois ? Un jeune homme de son âge ? Une femme avec cinq enfants ?
Assez. Elle en avait assez.
Mais elle ne pouvait s'y soutraire.

- "Je pense, oui. Si nous sommes réellement dans le clan de la Terre, alors j'ai du chemin."

Elle leva ses yeux noirs sur Zein.

- "Et toi ? As-tu une destination, ou te laisseras-tu porter ?"

Zein put constater une légère crispation de la jeune femme lorsqu'il évoqua sa mission, mais elle lui répondit néanmoins relativement naturellement.
Lorsque lui demanda ce qu'il comptait faire, il sourit.

"Voilà bien longtemps que je n'ai pas eu un lieu ou me rendre. Quand à me laisser porter, je dois bien avouer que j'en suis lasse. Aussi, oserais-je te demander si tu souhaites ma compagnie."

En un pas il fut face à elle, et, plantant son regard dans le sien continua :

"Je ne suis pas très utile, un peu trop bavard, toujours perdu, mais je sais divertir les gens. Or, quelque chose me dit, sans aucunement vouloir me mêler de tes affaires, que tu as besoin d'être divertie. En outre, je suis aussi un très bon cuisinier."

Il s'éloigna légèrement, d'un pas dansant et guilleret. Puis, se retournant vers elle, conclut :

"Mais enfin, je peux tout à fait concevoir que certaines personnes ne souhaitent en rien être diverties."

Saïma, à la proposition de Zein, esquissa un triste sourire.

- "Al Kher, tu n'imagines même pas à quel point j'aurais besoin d'être divertie... Mais tu n'as pas de monture, et je n'ai pas le droit de m'attarder. Navrée, mais il y a des choses auquelles on ne peut pas se soustraire."

Elle leva la tête. Son faucon planait, lui indiquant la route à suivre. La jeune femme se juchea sur son guépard, et tourna ses yeux noirs vers Zein.

- "Heureuse de t'avoir rencontré, Zein. Vraiment. Que les Dieux veillent sur toi."

Elle posa une main sur le garrot du fauve, serra les jambes.

- "Sheïman."

Le guépard bondit. Bientôt, ils disparurent à travers les arbres.

Zein regarda, l’air déçu, s’éloigner la jeune femme sur son guépard.
Dommage.
Lui aussi avait besoin d’être diverti, mais ça, personne ne le saurait.
Il fixa le fleuve d’un air songeur, puis décida qu’une petite baignade ne lui ferait pas de mal avant de partir.

HJ : petite parenthèse, juste histoire de ^^

Bruit feutré d'un corps qui s'effondre lentement.
Saïma abaissa son cimeterre.
Elle fixa, le regard vide, le jeune homme d'une vingtaine d'années qui gisait, sans vie, à ses pieds.
Sa victime, dans une tentative aussi dérisoire que désespérée, s'était saisie d'un petit couteau qu'il avait bien vite lâché.
Saïma le fixa. En un geste symbolique, elle eut soudain envie de le prendre et de se le planter à la base du cou, à l'endroit même où le scorpion noir, symbole de son clan, était tatoué.
Elle n'en fit rien. Elle se contenta de tourner les talons, aussi silencieuse qu'une ombre, et de remonter sur son guépard.
Le coeur vide, et l'âme obscurcie d'un crime de plus.