Rien. Rien.
Rien que de la glace.
Rien que de la neige.
Rien.
Du blanc, du blanc à perte de vue.
Le blanc symbolise la pureté.
Là, il symbolise le néant.
Un homme.
Un homme, sous la neige.
Ce qu'il faisait là? Il l'avait oublié.
Il essaye de se fondre dans la neige, dans l'espoir de fondre avec elle.
De retrouver sa pureté et s'il n'y arrive pas, de rejoindre le néant.
Silencieusement, la neige tombe sur lui.
Malgré la trop grande épaisseur sur son corps, elle continue.
Si bien qu'on ne le voit plus.
On ne voit.... Rien.
L'homme ne bouge plus, il aurait voulu ne jamais bouger.
Il avait déjà tout oublié.
On dit qu'avant de mourir, toute notre vie défile devant nous.
On ne nous a jamais dit où elle allait après.
La vie de cet homme, en tout cas, avait déjà filé depuis longtemps.
Cependant, on ne voyait rien.
La Mort, elle-même n'avait rien vu, bien qu'elle ait cherché.
Cet homme aurait dût mourir depuis longtemps déjà.
Mais rien ni personne ne venait le chercher.
Inconscient, il gisait là.
Sous la neige.
Son corps n'était plus que neige, et ses os que glace.
Pourtant, il était encore là, encore présent.
Il n'était pas dissout, car il fallait encore un endroit pour cette âme.
Rien n'était venue la chercher, alors elle attendait encore, seule, dans sa prison de glace, pour toujours...
Rien...
Rien...

De la lumière...

"Hé!! Mon gars!!!"

De la...

"T'es toujours en vie?"

Lumière...

*******

L'homme se réveilla.
Il ouvrit un oeil.
Puis l'autre.
Une image floue apparut.
Puis il les referma.

********

L'homme se leva soudainement.
Deux yeux ouverts.
Buste relevé.

"Il fait un sale temps."

L'homme se retourna.
La vue qu'il venait de retrouver était trop floue pour savoir qui lui parlait.
L'ouïe qu'il venait de retrouver était trop faible pour qu'il puisse juger cette voix.
Alors il ne dit rien.
Des pas s'approchèrent.

"Reposes-toi.
c'est un miracle que tu puisses encore respirer."

L'homme ne dit rien et se leva.
A gauche de lui...
Un carré de lumière...
Difficilement, il s'en approcha.
Et s'y cogna contre.

"Ca, gamin, ça s'appelle une fenêtre."

Une... une quoi?

"C'est la tempête de neige qui te met dans cet état? Repose-toi, te dis-je. Elle va passer".

Finalement, l'homme s'adossa contre la lumière solide et s'endormi.
L'autre personne soupira.

*********

"Alors comme ça, t'as pas de nom?"

"Si j'en ai eu un, j'ai du l'oublier."

"Te souviens tu de quelque chose, au moins? Ton âge? Ta date de naissance?"

"Non..."

Le vieil homme soupira.
Il regarda l'inconnu, face à lui.
Il l'avait sorti de la glace, il n'y avait pas une semaine.
Comme si on l'avait appelé, il savait qu'il fallait creuser là.
Alors, il l'a fait, il a creusé.
Et c'est cet homme qui en est sorti.
Au début, il ressemblait plus à un tas de glace qu'à autre chose, mais au final, c'était bien une espèce vivante. De là à savoir ce que c'était...

"Fubuki."

"Hein?"

"Tu n'as pas de nom. Il faut pourtant que je t'en donne un si tu veux survivre dans ce monde."

Le nouveau nommé regarda le sage vieillard qui lui faisait face.

"Fubuki..."

On venait de l'appeler par un nom.
Par son nom.
Et soudain, il senti qu'il ne serait plus jamais seul.

"Oui, Fubuki.
Et à partir de maintenant, il va falloir t'accrocher si tu veux vivre, il n'est pas question que je travaille pour deux!"

Pas une émotion sur le visage de l’intéressé.

"Bien."

"Dans un premier temps...
je vais t'apprendre à vivre.
Les autres personnes parlent souvent d'apprendre à survivre, à mourir, à se battre, à s'aimer, mais une fois que t'as appris à vivre, le reste vient tout seul.
Fais moi confiance, d'ici un an ou deux, tu pourras partir. Et si j'ai bien suivi, une ou deux années de plus ne comptent pas quand on en est arrivé à ton niveau."