Soya s'était éloignée du champ de bataille, chevauchant au hasard, sans but précis. Elle s'arrêtait parfois des heures, à contempler un paysage particulier, puis repartait calmement. Elle arriva aux abords du lac noir détendue, descendit d'Isil et s'étira longuement. Elle frissonna, renvoya au loin la bourrasque qui s'était levée, puis se plaça sur un promontoire et observa l'horizon, en jouant distraitement avec le vent. Seule, elle s'ennuyait.

Tsubaki avait quitté le champ de bataille et était sorti de la forêt dont l'air, trop chargé de l'odeur du sang, lui faisait tourner la tête, le rendait animal. Il arriva en bordure du lac noir et fixa la surface sombre et inviolée. Le vent soulvait de fines vagues et les eaux sombres se soulevaient en rythme. Il se sentait appelé...appelé par les eaux impénétrables. Le vampire longea un moment le lac, étrangement il n'était pas géné par ce soleil ardent dont il se cachait habituellement, et quelques minutes plus tard, il apperçut une silhouette non loin, sur un rocher en bordure du lac.

Il plissa ses yeux noir et reconnu sans trop de difficulté la jeune femme à l'ardente "crinière" rousse.

Soya avait fermé les yeux et goûtait l'air pur qui environnait. Cependant, elle sentait comme une présence, comme si quelqu'un l'observait... La jeune femme ouvrit ses yeux ambrés, tourna la tête, et reconnut Tsubaki.
Soyalova se laissa tomber de son rocher, atterissant gracieusement. Toutefois, elle ne s'approcha pas. Le vampire, elle le sentait, viendrait lui parler si elle le désire. Si Soya prenait l'initiative, elle n'obtiendrait sans doute aucune réponse. La jeune femme se contenta d'observer Tsubaki de lon, un frisson la parcourant lorsqu'elle rencontrait l'intensité du regard sombre du vampire. Mais pas un frisson de peur.

Tsubaki sentit le regard de Soya l'effleurer mais n'y fit pas bien attention...

Il retourna à sa contemplation silencieuse du lac, le regard perdu dans ces profondeurs insondables. Au bout d'un moment, se rendant compte que le Soleil tapait lourdement sur son manteau de cuir brut, il l"enleva distraitement, se retrouvant uniquement vétu d'un tee-shirt de lin noir fin assez simple, sans décorations superflues. Il étendit le lourd manteau auprès de lui et, avisant que quelques goutelettes (si peu comparé au nombre de gens qu'il avait tué....) souillait le vétement. Voyant la peau de l'ours qui l'avait élevé dans son enfance souillée, son visage habituellement fermé et peu expressif se crispa, dévoilant deux crocs aiguisés d'une blancheur irréelle. Son visage ainsi crispé, son étrange aura oppressante en était renforcée, et l'impression de peur et de force qu'il dégageait, par extension, également.

Il décida alors de laver l'habit. Comme dérangé à l'idée de "souiller" les eaux limpides et pourtant si sombres du lac noir, il n bougea pas puis, après un moment, il se leva. Il savait qu'il allait être trempé, et, n'aimant pas avoir un vétement humide sur lui, ôta méticuleusement son fin chemisier, dévoilant un buste large et musclé. Sa peau pâle contrastait étrangement avec ses yeux et son regard, et l'ensemble donnait une impression de noblesse et le port altier du jeune homme n'en était que renforcé. Il plia soigneusement son haut et le déposa sur la berge. Ensuite, il ôta la partie inférieure de ses jambières, découvrant des jambes fines et souples, à l'intérieur desquelles des muscles fins mais puissants et vigoureux s'étaient développés au fil du temps et des pérégrinations de Tsubaki.

Il prit le manteau en peau et avanca vers les eaux sombres de l'imposant lac, qui était, en un sens, moins terrifiant que le jeune homme lui même...en effet, voir ce jeune homme au corps comme sculpté dans le marbre et à l'aura si...particulière marcher avec conviction vers ces eaux terrifiantes entourées de légendes était...stupéfiant.

Il cueillit au passage quelques plants de saponaires qui poussaient sur la berge et, s'immergeant partiellement dans l'eau glacée, les fit mousser dans l'eau pour en laver son manteau.

HJ/ long mess... j'étais inspirée x) désolée pour l'attente

Soya observa avec circonspection Tsubaki se déshabiller progressivement, puis entrer dans l'eau du lac. La jeune femme avait eu, autrefois, envie de s'y baigner... Un éclair de colère traversa les yeux d'or de Soyalova, tandis que sa cicatrice lui barrant le dos semblait la brûler.

# Maudits... #

Elle tremblait maintenant, tentant de refluer l'angoisse qui la submergeait soudain, les souvenirs qui la faisaient remonter 3 ans en arrière...
Elle contint son envie d'hurler sa haine au monde entier, à ceux qui lui avaient fait ça, et se contenta de descendre de son rocher, et de s'approcher du lac où se tenait encore Tsubaki. Elle s'agenouilla, contemplant les eaux noires, ses épaules graciles tremblant encore, puis, sans regarder Tsubaki, elle posa une question d'une voix qu'elle aurait souhaité de tout son coeur égale mais qui elle aussi tremblait légèrement :

- "Si je te parle, me répondras-tu ?"


HJ : vous comprendrez peut-être un jour ce qui s'est passé dans ce lac, mais en tout cas pas explicitement ^^ vous allez voir, elle a beaucoup, beaucoup souffert...

Tsubaki était en plein "nettoyage" lorsque Soya arriva sur la rive non loin. Il ne la regarda pas et ne pointa même pas son intention vers elle. Quand soudain elle lui demanda s'il l'écouterait. Il s'imobilisa soudainement. Il détourna la tête vers elle et la fixa d'un regard noir, légérement agacé qui voulait clairement dire

#Parle toujours...#

Soya sentait la résistance de Tsubaki, et son antipathie mêlé de dédain envers la jeune femme, mais une question lui brûlait les lèvres. Elle se concentra donc pour oublier le lieu où ils se tenaient, et plongea ses yeux ambrés dans ceux, noirs, de Tsubaki.

- "Je ne vais pas y aller par quatre chemins : qui es-tu ?"

Tsubaki ne s'était pas attendu à une telle question. Il n'en parut rien et resta silencieux un instant avant de dire d'une voix aussi glaciale que d'accoutumée et qui sembla faire frissoner la jeune femme, mais s'il ne la regardait plus.

-"Pourquoi ?"

Soya eut un petit sourire, et, effleurant doucement la surface du lac de sa main, elle murmura :

- "Parce que tu m'intrigues... Tu caches tellement bien ton jeu. Tes regards effrayants, ta voix glaciale, ou ton silence... Ce n'est qu'une dissimulation."

Elle releva la tête, et fixa Tsubaki.

- "Tu n'étais pas comme ça avant, pas vrai ?"

Tsubaki écouta en silence les réponses de Soya. Après quelques instants, il dit sur un ton étrangement moins gacial qu'à l'accoutumé.

-"Je ne vois pas en quoi ça te regarde. Tu as autre chose à faire qu'écouter un centenaire te raconter sa vie, non ?"

Il sentit Soya étonnée lorsqu'il dit son âge.

#Comme tout le monde...#

pensa t'il.

Soyalova redressa brusquement la tête, une étrange flamme dans le regard.

- "Il est tellement plus facile d'éviter ses problèmes que de les affronter en face, n'est-ce pas ? Cela dit, tu as raison, cela ne me regarde pas. Cependant..."

La jeune femme se leva.

- "Sache que non, je n'ai rien d'autre à faire."

Soya se dirigea vers Isïl, qui l'attendait patiemment à côté d'un promontoire.

Tsubaki fut étonné lorsque Soya se leva et partit. Il ne dit rien
Affronter ses problèmes en face ? Il vivait seul dans son effroyable passé depuis près de Vingt ans... et on osait lui dire qu'il ne les affrontait pas ????
La colère monta en lui tel un tourbillon. Inconsciement, cette rage se transforma en magie qui glaca brusquement toute l'eau du lac, pas seulement la surface, dans un rayon de 100 mètres autour de lui, gelant poissons mordeurs comme dragons de mer. Ses yeux s'allumèrent d'une lueur rougeâtre. Son visage était crispé par la fureur... Il jeta sur la berge son manteau de cuir redevenu intact et bondit hors de la gangue de glace qui l'entourait souplement. Les éclats de glace attachés à ses jambes se décollaient progressivement. Toujours accroupi, il fixait Soya d'un regard rouge et empli d'une rage qu'on ne lui avait jamais vu. Il disaparut silencieusement....

Il repparut face à Soya, à quelques centimètres de son visage... Les crocs dégainés, il siffla d'une voix glaciale

-"Tu crois que je suis un lâche n'est-ce pas ? Si tu savais ce que j'ai enduré dans ma vie, les fantômes avec lesquels je vis au quotidien, tu ne dirais pas ça ! Non, tu ne e sais pas, et certainement ne le sauras-tu jamais !"

Il émit un grognement puis s'écarta, sans lacher Soya de ses yeux terrifiants, la pression de son aura étant encore plus importante que d'habitude.

Soya s'attendait à l'accès de fureur de Tsubaki. Quand il en fut à la fixer de ses yeux furieux, elle murmura calmement :

- "J'ai déjà connu plus effrayant que toi, tu sais..."

Elle replaça une mèche derrière son oreille, continua :

- "Je ne prétend pas que tu sois lâche, non... Mais se cacher derrière son agressivité et inspirer la peur pour ne pas que le monde sache qu'en vérité on souffre, c'est..."

La jeune femme ne continua pas sa phrase. Les yeux vagues, elle venait soudain de réaliser quelque chose.

- "Je te ressemble, tu sais ? Je fais ma séductrice, ma fière, mon arrogante, ma je-m'en-foutiste alors qu'en vérité..."

Elle éclata d'un rire amer.

- "Je suis morte de peur ! Morte de peur à cause d'un stupide événement passé qui fait que la beauté devient une malédiction..."

Sa voix s'était brisée. Elle fixa Tsubaki.

- "Tous les deux, on cache nos vrais états d'esprit pour se protéger. Parce qu'on ne veut pas paraître faible ! Mais ça nous perd, et si un jour quelqu'un découvre la vérité à notre propos..."

Elle laissa sa phrase en suspens. Tsubaki savait parfaitement ce que Soya voulait dire. La jeune femme, lentement, se détourna.

- "Tu vas me dire que je me trompe, n'est-ce pas ? Peut-être... Mais la vérité est toujours la plus dure à encaisser..."

Tsubaki écouta, toujours bouillonant, les explications de Soya. Il la fixa puis, ravalant sa colère et revêtant son visage de marbre habituel, Il dit

-"J'ai toujours été ainsi, que tu me croie ou non. Toujours..."

#Depuis la nuit où Ürsgräalh m'a protégé... Il y a 70 ans...#

Il s'éloigna à pas lents, sans porter un seul regard vers Soya. Repenser à l'ours qui l'avait élevé et protégé et qui dorénavant faisait partie de lui lui était difficile, tout cela était tellement vieux...

Soya regarda Tsubaki s'éloigner.

- "Tu as éludé ma question," murmura-t-elle tout en sachant pertinemment que Tsubaki l'avait parfaitement entendu.

Elle grimpa sur le dos d'Isïl.

- "En route, ma belle, éloignons-nous de cet endroit... maudit..."

En prononçant ses mots, sa cicatrice dans le dos parut s'enflammer.

Tsubaki retourna calmement vers la grève, les mains le long de son corps dénudé. Il entendit Soya s'appréter à partir mais ne dit rien. La jeune fille, cette "gamine", avait t'elle vu juste ? Un peu, peuut-être. Mais pas totalement. Tsubaki ne pouvait s'empécher de penser qu'il avait vécu bien pire que Soya, bien qu'il ne connaisse pas son histoire. Il n'était as du genre à jouer les martyrs, mais perdre son "père" puis être trahi par les "siens" avec qui on avait vécu durant 60 ans et perdre... La perdre, Elle... C'était plus que suffisant selon lui pour rester silencieux. De toute façon en quoi son ténébreux passé la regardait-il ? Il leva la tête et fixa l'eau noire.

Arrivé à la berge, il dégela l'eau et s'y plongea. Il avait toujours aimé nager, mais cela devait faire une bonne dizaine d'années au moins qu'il ne l'avait pas fait. Il avanca vers le centre du lac et s'immergea complétement. Là, sous l'eau, ses yeux semblèrent devenir laiteux et il scruta le fond désolé du lac. Rien. Rien du tout. Il généra une étrange lumière au bout de ses mains et continua d'avancer vers le large, toujours immergé.

HJ : Gamine ?? Si c'est comme ça je t'appellerai vieillard, non mais ho
Bon, on va pas pousser le dialogue plus loins je crois, à fermer ?

HJ/ x)
oui à fermer ^^ je voyais pas comment relancer, j'espérais que Soya serait choquée qu'il aille dans l'eau x'D
menfin vu que ça ira pas plus loin à locker ! jte laisse t'en occuper ?

Soya, choquée ? faudra chercher loin xD
yep, m'en occupe