Envel volait.
Juché sur la tête d’Ethnar, un genou appuyé contre les écailles de son ami, l’autre fléchi en position verticale, il regardait le paysage s’étendant en dessous d’eux se dérouler à une vitesse vertigineuse.
Où étaient-ils ? Peu l’importait. Ce qu’il voulait, c’était savoir où elle, était.
Peu importent les kilomètres que nous parcourrons, peu importe le temps que cela prendra, nous la trouverons, compagnon d’âme.
C’était ce qu’avait dit Ethnar. Envel avait confiance.
Et puis, il y avait le Vent.
Les dragons étaient les maîtres du Feu, mais aussi les maîtres de l’Air. Ils régnaient sur les cieux comme sur la terre. Ethnar parlait au Vent. Et le Vent parlait à Aïla.
Mais les aider… Accepterait-il ? Le Vent est capricieux…
Alors Envel, ses yeux violets fermés, lui adressait une prière silencieuse.

# S’il te plaît… Je lui ai promis… #

Promesse.
Puisque je connais son nom, alors je pourrai lui parler.
Aïla.
Lui parlait-elle encore ?
Ou bien…
Le souffle manqua à Envel.
Avait-elle pu l’oublier ? Après tout… elle ne ressentait pas ce que lui, ressentait. Alors…
Et si… Et s’il la retrouvait avec quelqu’un d’autre ? Les propositions adressées à ce petit oiseau d’or ne devaient pas manquer…

# Préviens-la. #

Envel suppliait.

# Dis-lui que j’arrive. Dis-lui… #

Non. Ça, c’était à lui de lui avouer.

# S’il te plaît. #

Qu’elle ait au moins le temps de… De quoi ?
Envel n’osait y penser. Rongé par l’angoisse, l’attente, le désir, il s’allongea et rampa jusqu’au museau de son ami. Celui-ci sentit son mouvement, sa peur.

# Le Vent m’a répondu. #

Le cœur d’Envel rata un battement.

# Elle est tout près. #

Ethnar plongea. Le couple disparut au milieu d’une mer de nuages, que le soleil, lassé d’être mis de côté, perça, et fit resplendir sa lumière sur Endora s’éveillant peu à peu.

HJ : si le lieu ne te convient pas, j'en change

"Prenez le chemin de l'Ouest au prochain carefour, il est à quelques heures."

Aïla le remercia de son grand sourire, et continua son chemin, suivie de près par Neyle.
Quelques heures ? Elle y serait bien avant midi alors, le soleil s'élevait à peine !

Arrivée à l'embranchement, Aïla s'engagea donc vers l'Ouest, comme on le lui avait indiqué.
Le ciel était plus sombre, par là, couvert de nuage, la lumière du matin peinant à réveiller les terres.
Aïla s'arrêta, regarda dans la direction opposée : l'astre du jour tendait ses bras vers le ciel, et les champs et prairies à perte de vue, ondulaient sous le Vent.
Bon ça, il y avait la même chose de son côté, me direz-vous ! Mais non, Aïla avait soudain l'envie incompréhensible d'aller à l'Est...
Et dans ces cas là, elle est bien connue pour ne pas trop se poser de questions !

Aïla sourit : après tout, aucun rendez-vous ne l'attendait dans ce village !
Elle appela son amie, et Neyle qui broutait tranquillement s'approcha pour mettre son nez dans les boucles blondes. La jeune femme la caressa avant de sauter sur son dos :

"Vers le soleil ma belle !"

La petite jument partit de son galop léger sur le chemin de l'Est. Aïla ferma les yeux, la laissant allonger ses foulées autant qu'elle le souhaitait, et écoutant le Vent qui sifflait doucement à ses oreilles... chuchotait à son oreille...
...
Aïla rouvrit soudain les yeux.
Neyle avait ralentit, les nuages les avaient finalement rattrapées. Le soleil, que maintenant elle devinait seulement, était déjà au dessus d'eux...
Combien de temps était-elle restée les yeux fermés ?!
Mais ce n'était pas pour ça qu'elle avait ouvert les yeux...

La jeune femme posa une main sur le garot de sa jument, et, comme elle le faisait souvent, se mit debout sur son dos pour écouter le Vent autour d'elle.
Son visage s'éclaira et elle dressa son visage vers le ciel :
Elle siffla.
Un sifflement perçant que le Vent emporta avec lui dans les hauteurs. Les nuages semblèrent lui faire un chemin pour passer, et un rayon de soleil vint éclairer les deux amies.
Aïla rit.
Parce qu'elle savait ce qu'elle ne voyait pas encore : un minuscule point rouge qui fondait vers elles.

Le Vent soufflait autour d'eux, et la jeune femme le remercia silencieusement.

Le dragon et son cavalier sortirent de la masse de nuages. Alors seulement Ethnar redressa son vol, planant en dessous des nuées, au dessus des Terre Cultivées, semblait-il, à la recherche d’une silhouette bien précise…
Envel tendait le cou.

# Là-bas ! #

L’image miniature d’une jument galopant, plus vite qu’un cheval ordinaire, portant sur son dos une cavalière aux longs cheveux d’or…
Aïla, debout sur Neyle, avait la tête levée vers le ciel. Aérienne.
Prête à s’envoler.
Ethnar plongea de nouveau. Dépassant les deux amies en quelques battements d’ailes, il continua un instant sa route pour se poser en douceur, à cheval sur un champ en friche et le chemin qu’Aïla et Neyle suivaient.
Envel se laissa glisser de la tête imposante de son compagnon. Les yeux fixes, il attendit le moment où la petite jument grise s’arrêterait devant eux, où Aïla descendrait, s’avancerait vers lui et où il dirait…
Où il dirait quoi ? Je suis revenu ? J’ai tenu ma promesse ?
Ou…
Je t’aime ?
Et pour quoi ? La choquer ? L’effrayer ? La peiner, la mettre en colère ?
Non. Non, il ne lui dirait pas tout de suite.
Ce que tu ignores ne peut te nuire.
A cet instant, Envel maudissait sa lâcheté.

HJ/ bon ben j'opte pour les yeux alors x)
je vais faire court par contre, je n'ai pas de quoi étoffer... TT-TT



La jument galoppa ventre à terre jusqu'au dragon et son cavalier, aussi rapide que le Vent. Les ayant rapidement rejoint, elle pila à quelques pas d'eux. Aïla s'envola et aterrit souplement devant les deux compagnons, le visage fendu de son incroyable sourire, ses yeux verts brillant de joie.
Et là...

Là, elle fut incapable de dire quoi que ce soit, happée par le violet de ses yeux.
Envel.
Elle s'y noya, comme elle ne l'avait pas fait depuis longtemps. Ces yeux, ses yeux...
Il y avait pourtant quelque chose de nouveau, qu'elle sentit, essaya d'attraper, tendant des bribes de conscience vers cette autrefois étincelle à présent brasier... mais il s'échappa.
On attrape pas le Feu, pas plus que le Vent.
Comme un charme rompu, elle revint brusquement à la réalité.

Alors la jeune femme se rendit compte que ses jambes l'avaient lachée, et qu'elle était à présent assise sur le sol. Et, avant même de s'en rendre compte, encore moins d'avoir le temps de se controler, Aïla éclata en sanglots.
Des larmes mêlées de rire :

"Je suis si heureuse de vous revoir !!"

Envel s'attendait à à peu près tout. Qu'elle lui sourie, qu'elle se jette à son cou, qu'elle rie, qu'elle le gifle, qu'elle...
Mais Aïla se contenta de s'arrêter et de le fixer, comme hypnotisée...
Avant de tomber à genoux et d'éclater en sanglots.
Le garçon eut un moment de panique. Qu'avait-il fait ? Lui-même se mit à la hauteur de la jeune fille, ne sachant vraiment que faire, quelle attitude adopter, il tendit la main :

"Aïla, je suis désolé ! Je..."

"Je suis si heureuse de vous revoir !!"

Les craintes d'Envel s'apaisèrent. Ainsi, c'était ça ! Il esquissa un sourire, écarta une mèche de cheveux du visage d'Aïla pour pouvoir la regarder dans les yeux.

"Je suis heureux d'être revenu."

Oui, dans le moment présent, rien ne pourrait l'assombrir.

"Je suis désolé de ne pas avoir tenu ma promesse plus tôt, de ne pas t'avoir donné de nouvelles... J'étais inquiet, aussi. Je... Tu m'as manqué, Aïla. Beaucoup."

"Beaucoup" était un euphémisme. Mais c'était déjà ça. Envel se releva, entraînant Aïla avec lui.

"Raconte-moi. Qu'as-tu fait, pendant tout ce temps ? Tu as voyagé, je pense... Qui as-tu rencontré ? As-tu eu des nouvelles de Mary ?"

Lui peu bavard, lui peu curieux, face à cette jeune fille aux yeux verts, face à ce petit oiseau d'or, voulait tout savoir, tout connaître, tout raconter. Les six mois qu'il n'avait pas pu passer avec elle, il voulait les redécouvrir dans son regard, dans sa voix.

Hj : ... il faut que je me réhabitue x)

HJ/ tient, ça faisait longtemps qu'il n'avait pas beugué comme ça mon ordi !
allez, c'est parti, on recommence tout ! T-T



Aïla se releva avec Envel, calmant ses larmes, son visage fendu de son immense sourire. Elle énuméra rapidement :

"Firewall, les plaines, le fleuve, la forêt des âmes, aquaris... et maintenant le clan de la terre !"

Que de tours et de détours, comme le Vent !
La jeune femme s'approcha du dragon, posa doucement la main sur les écailles rouges sang. Elle chuchota :

"Merci..."

Puis elle reprit son ton enjoué pour continuer son récit aux deux amis :

"J'ai quitté Mary il y plusieurs mois déjà. Elle était toujours fidèle à elle même, et quelques visiteurs se sont même montrés à l'auberge ! Pour les personnes que j'ai rencontrées..."

Ses yeux pétillèrent :

"Trouvons un endroit confortable, car je n'aurai pas fini demain, même en parlant toute la nuit !"

Elle ne demanda pas à Envel de lui raconter. Il le ferait peut être. Ou pas. Il lui suffisait de voir que, pour la première fois depuis qu'elle l'avait rencontré, il semblait... entier. Réconcilié avec lui même.
Rien qu'à cette pensée, le visage d'Aïla s'éclaira à nouveau : Avait-il enfin trouvé la paix avec le Feu ?


HJ/ en fait, j'avais ajouté autre chose, mais je ne me souviens plus TT-TT
donc ben je suis désolée, mais je vais arrêter là, je suis fatiguée ^^"

"Merci..."

Le regard du dragon se posa sur Aïla avec tendresse.

# Il n'y a pas de quoi, petite fille. C'était le désir de mon cavalier, et le mien. #

"Trouvons un endroit confortable, car je n'aurai pas fini demain, même en parlant toute la nuit !"

Envel eut un fin sourire. Il retrouvait Aïla telle qu'il la connaissait, avant... avant.
La dernière nuit qu'ils avaient passé ensemble, ils avaient également parlé. Mais le sujet était beaucoup plus grave. L'évènement était encore trop présent. Cela faisait maintenant six mois ? Avait-elle pu oublier, même juste un peu ?
Le jeune homme en doutait. Il était des choses qu'on ne pouvait pas oublier.

"Il doit y avoir un village, un peu plus loin sur la route. On pourrait s'y installer... du moins à proximité."

Car s'ils devaient parler toute la nuit, ne seraient-ils pas mieux dehors, à la belle étoile, avec pour seul toit le firmament et pour seule contrainte le lever du soleil ?
Envel s'approcha de Neyle et lui flatta l'encolure.

"Alors, belle, es-tu toujours aussi rapide que le vent ? Seras-tu aussi rapide qu'un dragon ?"

C'était un défi, c'était une course. Envel se hissa de nouveau sur Ethnar, qui écarta les ailes, poussa un rugissement à faire trembler les montagnes et se projeta en hauteur, prêt à défier les Eléments de lui faire obstacle.

"Un village... le plus proche était de l'autre côté de l'embranchement."

Elle fit une grimace :

"Je ne veux pas retourner sur mes pas !"

Elle regarda devant eux, puis ajouta ajouta en souriant à Envel :

"Quittons le chemin ! Nous trouverons bien une prairie ou un bois agréable !"

"Alors, belle, es-tu toujours aussi rapide que le vent ? Seras-tu aussi rapide qu'un dragon ?"

Aïla sourit en voyant la petite jument dresser ses petites oreilles vers le jeune homme d'un air curieux. L'amie du vent s'approcha pour chuchoter quelques mots chantants à l'oreille de sa compagne. Neyle, semblant comprendre, ronfla et se mit à piaffer d'impatience ! Aïla rit, et sauta sur son dos. Elle sourit aux deux moitiés :

"Prête !"

La jument était tendue comme un arc. Et lorsque la jeune femme lui donna le signe imperceptible du départ, elle s'élança telle une flèche !
Une jument aussi rapide qu'un dragon ?! Du jamais vu ! Mais la différence pouvait être étonnement petite ! Couchée sur sa jument qui semblait voler, Aïla leva ses yeux vifs vers le ciel : et puis, qui sait, si le Vent était de leur côté...
La brise s'accentua légèrement, comme en réponse à ses pensées.
Aïla rit.

Envel volait.
A sa place favorite, sur la tête de son ami, le garçon goûtait à l'extase du vent qui sifflait autour d'eux dû à la vitesse inimaginable d'Ethnar. L'immense dragon rouge, ses ailes chacune large comme la grand-voile du navire le plus imposant, défiait la lumière de les rattraper. C'était d'ailleurs inutile, le soleil étant devant eux, projetant l'ombre d'Ethnar sur Aïla et Neyle, qui galopait légèrement en arrière d'eux.
Le dragon courba soudain le cou, obligeant Envel à s'allonger afin de ne pas être déséquilibré.

# Que se passe-t-il ? #

# Aïla triche, le Vent est avec elle et essaie de me désorienter ! Mais on va voir ce qu'on va voir, accroche-toi bien, Envel, je vais leur montrer la puissance du premier fils de l'Ardent ! #

Ethnar plongea, plongea jusqu'à frôler le sol et laisser le moins de prises possibles au Vent. Chaque battement d'ailes était une bourrasque inouïe, qui lui faisait gagner de la vitesse, encore plus, toujours plus de vitesse... Puis le dragon remonta en chandelle, se stabilisa à une distance raisonnable au-dessus du sol, arqua le cou en arrière et poussa un grognement ravi.
Cette fois, ils avaient laissé Aïla et Neyle loin derrière eux. Car aussi rapide qu'était la petite jument...
On ne pouvait surpasser l'union parfaite du Feu et du Vent.
Le dragon s'était mis à planer, tel un gigantesque oiseau de proie écarlate. Envel, à présent debout, cherchait un endroit où passer la nuit.
Et il la vit. Au-delà d'un champ en friche, aux abords d'une forêt de hêtres, une immense prairie dont les herbes ondulaient doucement sur le vent, et, un peu plus loin, un large point d'eau bordé de joncs et de roseaux.

# Ethnar ? A gauche. #

Le dragon ne se fit pas prier. Dès qu'il aperçut le lieu que désignait son compagnon, il poussa un rugissement, vira à gauche et reprit de la vitesse. Envel faillit perdre l'équilibre, s'accroupit, une main sur les écailles de son ami, mais celui-ci, comme possédé, volait en tous sens et de plus en plus rapidement.

# Ethnar, qu'est-ce que tu fais ? #

# Il fait chaud, tu ne trouves pas Envel ? Tu n'as pas envie, disons, de te rafraîchir un peu ? #

Un instant, le jeune homme resta dans l'incompréhension. Puis il vit l'étendue calme de l'étang se rapprocher à une vitesse alarmante.

# Ethnar, non, non, non non non non n... #

# Wahouuuuuuu !!!!!!! #

La tête du dragon creva la surface du point d'eau et s'enfonça entièrement dans celui-ci, soulevant des gerbes d'eau et projetant Envel vers le fond de l'étang. Puis Ethnar se retira, l'air hilare, et s'ébroua comme un gros chien tendit que le garçon, d'une poussée vigoureuse, refaisait surface entièrement trempé.

# Ethnar, tu es un imbécile. #

Jamais Envel n'avait eu aussi large sourire.

Le Vent jouait avec les deux équipes à un point que, si Aïla avait du lui donner un age, elle aurait dit qu'il était un enfant ! Un age au Vent... Quelle drôle d'idée ! Aïla rit.
Le dragon et son cavalier les ditancèrent finalement. Aïla les suivit du regard, et les vit changer de cap. Avaient-ils trouvé un endroit agréable où s'arrêter ? Elle indica la nouvelle direction à Neyle, qui pivota sans ralentir.

Quelques instants plus tard elle arrivait dans la grande prairie de vert habillée, et dirigea la petite jument vers l'endroit où elle voyait le dragon plonger vers le sol. Plonger... littéralement ?! La jeune femme remarqua soudain le lac et ses eaux claires, et ne put s'empêcher de sourire en voyant Envel y tomber !
Lorsque Neyle arriva sur la berge, oreilles pointées et naseaux dilatés, toujours à pleine vitesse, Aïla laissa tomber son sac sur le sol, et d'un claquement de langue invita son amie à entrer. Celle-ci bondit magnifiquement, et pendant quelques instants parut s'envoler...
Elle aterrit dans le lac de nombreux mètres plus loin, à grand renfort d'éclaboussures ! La jeune femme se laissa glisser de son dos, retira rapidement ses chaussures et les jeta sur la berge avant de se diriger vers l'endroit où elle avait vu Envel pour la dernière fois.

Celui-ci n'avait pas tardé à refaire surface, et Aïla se sentit fondre devant le sourire qui illuminait son visage... Elle plongea souplement et, passant juste sous le jeune homme sans aucun remou, le tira doucement, irresistiblement, par le pied... Juste de quoi lui remettre la tête sous l'eau !
Revenant à la surface, son rire cristallin s'envola de nouveau, et elle secoua la tête pour décoller ses cheveux de son visage et son cou. Mouillés, ils paraissaient beaucoup plus longs... Ceux d'Envel, eux, n'avaient pas perdu leurs beaux reflets cuivrés.
Ses yeux verts pétillants, Aïla expliqua :

"J'ai eu peur de me noyer dans ton sourire !"

Quel genre d'explication était-ce là ?! Bwarf, du Aïla tout craché !

"J'ai eu peur de me noyer dans ton sourire !"

Envel revenait juste de faire surface une nouvelle fois, et cette phrase faillit lui faire perdre pied de nouveau.
Comment Aïla pouvait-elle prononcer de telles phrases d'une manière si anodine ? N'avait-elle donc pas conscience de ce que ça lui faisait ?
...
Non, elle n'en avait pas conscience.
Le jeune homme se maudit de nouveau intérieurement, et sortit rapidement de l'eau.

"Je vais faire du feu. Mine de rien, il ne fait pas encore si chaud. N'est-ce pas Ethnar ?"

Le dragon bailla comme un chat et secoua la tête d'un air négligent.

# Toi et moi, nous ne risquons rien. Le feu brûle en toi aussi maintenant, tu le sais. #

# Toi et moi, peut-être... Mais pas Aïla. Je sais qu'elle est robuste, mais elle reste humaine ! #

Ethnar prit un air tellement contrit qu'Envel ne put s'empêcher de sourire en coin. Le jeune homme ôta sa chemise trempée devenue superflue, et se mit en quête de bois mort.
Il revint au campement improvisé une dizaine de minutes plus tard, entassa brindilles et fagots au niveau d'un ancien foyer, et créa une flamme. Le frisson qu'il ressentit alors n'était plus de dégoût, mais de joie, presque d'extase. La petite flamme courut un instant le long de sa main, avec qu'Envel ne la dépose en douceur au centre du bois sec, qui s'enflamma aussitôt. Bientôt, un brasier réconfortant se mit à ronfler. Envel déposa sa chemise à proximité des flammes, et, attendant qu'Aïla sorte de l'eau, il reprit ses habitudes et commença à tailler un morceau de bois, l'esprit apaisé.

Aïla regarda le jeune homme sortir de l'eau, surprise. Etait-il triste, ou en colère ? Pensive, elle se laissa glisser sur le dos et plongea son regard dans les profondeurs du ciel. Le Vent doux faisait onduler la surface du lac et la berçait. Elle ferma les yeux quelques minutes, avant de se retourner pour plonger de nouveau.
Lorsqu'elle commença à avoir froid, Aïla se dirigea vers la berge pour sortir de l'eau. Le Vent souffla autour d'elle et la jeune femme aurait parier qu'il s'amusait de la voir frissoner ! Se dirigeant vers l'endroit où elle avait laissé tomber son sac, elle en sortit une couerture qu'elle plaça sur ses épaules. Garder la tunique mouillée en dessous n'était peut être pas terrible, mais tant pis pour cette fois !

Elle caressa Neyle qui broutait tranquillement, puis se dirigea vers le feu qu'avait préparé Envel. Lui était assis à côté, morceau de bois et couteau à la main. Aïla sourit, s'installa à côté de lui :

"Que tailles-tu ?"



HJ/ déoslée, c'est super court ! TT-TT

"Que tailles-tu ?"

Envel adressa un sourire en coin à Aïla, qui l'avait rejoint.

"Comme d'habitude."

Un dragon. Un dragon lové sur lui-même, les ailes à moitié repliées. Classique, serein, signant un esprit moins tourmenté de la part du garçon.
Ethnar se leva paresseusement, fit lentement le tour de l'étang et vint se coucher derrière Envel. Celui-ci appuya son dos contre les écailles brûlantes de son ami, et leva ses yeux violets vers Aïla.

"Alors ? Raconte..."

Qu'avait-elle vu ? Qui avait-elle rencontré ? Avait-elle l'esprit plus tranquille, ou était-elle encore secouée de cauchemars ? Et lui raconterait-elle les légendes du Vent ?
Quant à lui, il lui raconterait... peut-être.

Hj : pas mieux x)

Un dragon. Dans un repos tranquille. Comme elle en avait l'habitude, elle passa doucement le doigt sur la statuette, du sommet du crane jusqu'au bout de la queue. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle aimait se geste.

"Où est l'oiseau ?"

Question inocente. Mais pourquoi aurait-il fallu l'oiseau à chaque fois ?

"Alors ? Raconte..."

Aïla sourit, s'installa plus confortablement, et commença son récit : L'arrivée de Saïma et Lloni comme clients à l'auberge, son départ de Firewall, son retour vers les plaines, sa rencontre avec San et ses compagnons, l'étrange phénomène qu'ils fuyèrent jusqu'au fleuve, puis le cas de l'étrange Linoë qu'elle avait croisé dans la forêt, celui de l'elfe Elendë voix des âmes, l'épisode de la colère, la recherche de l'assassin avec l'elfe jusqu'à Windora, leur arrestation, puis son trajet sans aventure jusqu'aux terres cultivées...

La jeune femme avait perdu la notion du temps. Elle ne semblait même plus faire la différence entre la nuit et le jour ! Lorsqu'elle avait soif elle buvait, lorsqu'elle avait faim elle mangeait, lorsqu'elle était fatiguée elle dormait. Et le reste du temps elle racontait. Détails, réflexions, quelques nouvelles légendes apprises dans les villages en chemin, des chants en langues perdues, sans rien omettre -sauf sujets personnels des personnes qu'elle avait rencontrées et une ou deux fois d'elle même- ni dramatiser, et pourtant si captivante avec sa voix douce !

Combien de temps s'était-il écoulé depuis qu'ils s'étaient séparés ? Comment une personne normale avait-elle pu vivre autant de choses, et se souvenir d'autant de détails ?!
La jeune femme termina sur le Vent, et un point rouge dans le ciel. Elle sourit à son auditoire :

"Voilà."




HJ/ mouai... je ne sais pas trop quoi faire après, alors je te laisse reprendre ^^

Envel écoutait.
Perdu dans les yeux verts d'Aïla, bercé par le son de sa voix douce, il revivait avec elle ces six derniers mois, les personnages passaient devant ses yeux : là, une belle orientale, un guépard et un faucon ; ici, un jeune homme timide et une licorne irascible ; un guerrier, un loup et un cerf, puis les trois qui se fondaient ; un tigre qui devient vampire, un elfe qui parlait aux âmes... Et, toujours, les dominant, une jeune fille au rire clair et aux cheveux d'or, et une petite jument grise galopant comme le Vent.
Quand, enfin, déjà, Aïla se tut, Envel mit un certain temps à revenir à la réalité. Il se redressa doucement, son regard violet toujours dans celui de la jeune fille. Ethnar avait tendu le coup, et ses yeux d'améthystes, troublants, aux pupilles verticales, fixaient eux aussi Aïla avec intensité. Le garçon soupira doucement.
Tant d'aventures, tant de personnages singuliers elle avait rencontré ! Quant à lui...

"J'ai croisé un centaure, brièvement, et puis..."

Le regard d'Envel se perdit au loin.

"Une semaine pour y aller. Une semaine pour en revenir. Cinq mois, dans le ventre du Volcan.
C'était bizarre. Je ne ressentais rien, en y allant. Ni faim, ni froid, ni fatigue. Je ne voyais que le volcan. Quand j'ai commencé à descendre... tout est revenu. Mais je savais que je ne devais pas m'arrêter.
Je suis allé au coeur du Volcan."

Le jeune homme reporta ses yeux violets sur Aïla.

"Il m'a raconté une légende. Voudrais-tu l'entendre ? Ou peut-être le Vent te l'a-t-il déjà racontée... Mais je ne crois pas. Il m'a dit que cette histoire n'appartenait qu'à lui."

"Il m'a dit que cette histoire n'appartenait qu'à lui."

Une légende que même le Vent ne lui avait pas racontée ? Les yeux d'Aïla se mirent à briller.

#Tu m'avais caché cela !#

Une douce brise lui répondit.
Elle resserra la couverture autour de ses épaules et s'allongea en une position plus confortable dans l'herbe douce. Elle sourit au jeune homme :

"Oui, j'aimerais l'entendre."

Envel sourit. Il appuya de nouveau son dos contre Ethnar, fixa le ciel étoilé - il faisait nuit ? Il avait perdu la notion du temps - et commença à raconter :

"Il y a déjà des millénaires, le Volcan Père se mit à rêver d’avoir des enfants. Des enfants au cœur brûlant comme lui, des enfants maîtres du Feu, dont il était le créateur, mais aussi maîtres de l’Air et de la Terre. L’Eau… L’Eau, il était en conflit avec elle, depuis le commencement. Aussi ne pouvait-il pas compter sur son soutien pour la concrétisation de son rêve. On aurait pu penser que c’était une envie passagère, mais il n’en était rien. Nuit et jour, le Volcan Père tentait de se représenter ses futurs enfants. Lorsqu’il se décida à faire de son rêve une réalité, un problème majeur se posa : comment créer ces êtres sortis de son imagination brûlante ?
Alors, le Volcan appela la Terre à l’aide. Il lui exposa son désir. Le Feu est passionné, et la passion attire. Aussi la Terre accepta-t-elle de mettre son art au service du Volcan Père.

« Pour ceux que tu appelleras tes fils et celles que tu nommeras tes filles, j’offre mes meilleurs cristaux, les plus beaux, les plus purs. Que leur peau soit une armure étincelante, une carapace avec la dureté du diamant. Que tes enfants soient aussi les miens. »

Et le Volcan promit.
Ensuite, l’Ardent parla au Vent. Celui-ci, impétueux et libre, capricieux, se moqua d’abord du rêve du Volcan Père. Mais, découvrant le présent de la Terre, il se ravisa et consentit à sa part de création.

« La créature que tu créeras passera inaperçue si elle reste au sol, à ramper comme un serpent. Pour que chacun puisse l’admirer et la craindre, pour que sa magnificence n’ait d’égale que sa majesté, je lui offre l’art de dompter les bourrasques et de tirer profit des courants ascendants. Puisse-t-elle éternellement régner en maître dans mon univers. Qu’elle soit mienne, autant que tienne. »

Et le Volcan promit.
Puis, il commença la création de celui qui deviendra le premier de ses fils. Autour d’une braise ardente, le Volcan Père modela la forme d’une créature féroce et altière, aux pattes puissantes, aux crocs acérés, à la queue et au cou allongés, à la colonne hérissée de piquants, et aux écailles étincelantes, couleur rubis, premier cristal que choisit l’Ardent pour la concrétisation de son rêve. Il n’oublia pas le cadeau du Vent, et érigea, sur le corps de la bête, deux ailes immenses capables de porter le poids monstrueux et de lui donner la légèreté d’un aigle. Puis, trouvant qu’une seule couleur ne suffisait pas, il prit le parti de tailler les crocs et les griffes de l’animal dans le diamant le plus immaculé, et de donner à ses yeux la teinte d’une améthyste.
Son premier fils était fini. Mais au moment de lui donner vie, le Volcan se trouva dans l’incapacité de faire esquisser le moindre mouvement à la créature de cristal. Désemparé, il appela à l’aide l’Air et la Terre. Celle-ci, la plus âgée et la plus sage des Quatre, lui apprit la chose suivante :

« Il faut le pouvoir des quatre Eléments, pour donner vie à une créature née de l’imagination de l’un de nous. Tu as besoin de l’Eau, Ardent, pour la concrétisation de ce rêve qui est maintenant nôtre. »

Et le Volcan capitula. Il était prêt à oublier ses querelles, mais où trouver de l’eau, au milieu des terres volcaniques brûlantes et asséchées ?
Là encore, le Vent aida. Il alla au milieu de terres plus tempérées, rassembla des nuages, et exposa le rêve du Volcan Père à l’Eau qui les formait. Au début celle-ci se montra réticente. Mais le Vent poussa les nuages jusqu’à l’œuvre du Volcan, et devant les écailles étincelantes et l’allure altière du premier fils, le quatrième Elément céda. Il lui fit même un présent, non négligeable.

« Pour contenir la passion destructrice dont l’Ardent a ceint ton âme, je t’offre la sensibilité, la capacité à t’émouvoir et à pleurer, afin que jamais tu ne laisses le feu grondant dans tes entrailles t’aveugler et te dévorer. »

Et l’Eau se déversa des nuages sur l’enfant du Volcan Père, et celui-ci se mit à bouger, étendit le cou, battit des ailes, rugit, cracha un jet de flammes et s’élança dans les cieux avec la légèreté d’un aigle. Il était devenu celui qui allait conquérir terre et ciel, celui qui règnerait à jamais en maître sur trois des quatre Eléments. Il était le premier fils des Quatre, et le premier fils du Volcan. Ainsi naquit le premier dragon."

Envel se tut un instant, laissant ses dernières paroles résonner dans la nuit silencieuse. Il reposa son regard pénétrant sur Aïla, flatta doucement le cou d'Ethnar.

"Je suis allé au coeur du Volcan Père. Ethnar est son premier fils, sans doute l'as-tu reconnu dans la légende. Je ne lui ai pas demandé si elle était vraie. Parfois, je trouve que la fiction vaut mieux que la réalité."

Le dragon émit un grondement profond, comme s'il ronronnait.

Aïla écoutait, captivée. Si un troupeau d'éléphants était passé sur eux à cet instant, surement n'aurait-elle même pas remarqué ! Et quand tout fut terminé...
Silence.
Et bientôt, un sourire qui s'épanouit lentement. Comme la lumière qui se fait sur tant de choses, la pièce manquante du puzzle.

"Mais bien sûr ! Finalement, le Vent m'en avait déjà parlé, sans me la raconter..."

~Ces griffes dans la terre, ses écailles brillent comme de l'eau.
Il fend les airs et crache les flamme. Il me regarde, et je meurs.~

"Ethnar, premier fils du volcan et des éléments, et seconde moitié du cavalier... Quels beaux titres vous avez là sir dragon !"

L'émerveillement brillait dans ses yeux.

"La vérité est toujours cachée dans les légendes, il faut juste apprendre à la trouver !"

Soudain, une autre pensée traversa son esprit :

"Ethnar, sais-tu ce qu'il s'est passé juste avant la création des clans ? Quel est l'évènement à l'origine de leur mise en place ? Ou alors, sais-tu ce que c'est que la mémoire des mondes ?"

Elle n'avait pas eu de nouvelle information depuis les évènements de la bibliothèque... Elle n'avait pas osé chercher plus loin... Cela semblait si ancien que même les créatures dites immortelles ne semblaient pas en connaitre les faits...
Juste cette fois là :
Il faut que tu trouves la mémoire des mondes.
Et Aïla s'était de nouveau trouvée devant une énigme. Le Vent ne faisait rien d'autre lorsqu'elle l'intérrogeait que répéter ce nom.
La mémoire des mondes.

Mais... peut être était-ce mieux de commencer cette discussion le landemain ? Elle avait un peu perdu le compte des jours, mais elle tombait de fatigue... Et ce sujet risquait de soulever beaucoup de questions... Et même en dehors de cela, le légendaire animal risquait fort d'avoir des milliers de choses à dire qui la passionneraient !

# La mémoire des mondes ? #

Ethnar étendit son long cou pour fixer Aïla dans les yeux.

# La mémoire des mondes, grommela-t-il, c'est vieux... très vieux... #

Le dragon bailla de toutes ses dents, puis, apercevant le regard de la jeune femme fixé sur lui, cligna de l'oeil.

# Demain, petite fille. Pour l'instant, il est tard. Il faut dormir. #

Sur ces sages paroles, Ethnar se lova autour d'Envel en ronronnant. Le garçon lui caressa tendrement les écailles, puis sourit doucement à Aïla.

"Demain, alors. Bonne nuit, Aïla."

Envel s'allongea contre le flanc brûlant de son ami. A la respiration profonde de celui-ci, il comprit que le dragon s'était déjà endormi. Dommage, il aurait bien aimé l'interroger lui aussi. Qu'est-ce qu'était la mémoire des mondes ? Il n'en avait jamais entendu parler...
Ses yeux fixés sur la voûte étoilée se fermèrent peu à peu. Quelques minutes plus tard, le jeune homme dormait.

Vieux ? Aïla eut un sourire amusé : à vrai dire, le contraire l'aurait étonnée !
Mais, comme elle l'avait elle-même pensé, ils reprendraient cela plus tard...

"Bonne nuit."

Elle caressa longuement Neyle qu'elle avait un peu délaissée jusque là, puis s'enroula dans sa couverture.
Elle s'endormir aussitôt...

...pour se réveiller quelques heures plus tard, respiration haletante et larmes aux yeux, suite à un cauchemar qu'elle ne connaissait que trop. Neyle, réveillée elle aussi à présent, posa doucement le nez sur son amie. Aïla la prit dans ses bras, avant perdre son regard dans les étoiles.

Surement mettrait-elle plus de temps à se rendormir cette fois.

Hj : désoléedésoléedésoléedésoléedésolééééééééééée pour le temps de réponse je rêve d'en avoir fini avec le bac ><

Envel se réveilla tôt, alors que le soleil pointait son nez à l'horizon. En prenant garde de ne pas réveiller Ethnar, le garçon s'extirpa du cocon protecteur du corps de son ami et s'avança au milieu de la clairière.
L'herbe et les arbres étaient encore couverts de rosée du matin, il faisait frais. Quelques nuages, annonciateurs de beau temps, s'effilochaient dans le ciel d'un bleu presque blanc. Envel s'avança jusqu'à l'étang aux eaux calmes, se lava le visage puis, après une hésitation et un regard vers Aïla, qui dormait encore, il enleva sa chemise et son pantalon de toile et se plongea entièrement dans le point d'eau.
L'eau était glacée, et la sensation de sa rencontre avec son corps brûlant était un délice. Envel plongea, cherchant à atteindre le fond, nagea un instant entièrement immergé dans ce monde aquatique silencieux, puis finalement remonta et resta un instant à flotter, le visage tourné vers le ciel.
Lorsqu'il sortit de l'eau, Ethnar était réveillé. D'un souffle, celui-ci ranima le feu presque éteint, puis donna à Envel un coup de tête affectueux en guise de bonjour qui faillit projeter le jeune homme à terre. Celui-ci gratifia le dragon d'une brève caresse, et l'immense reptile se mit à ronronner. Envel s'assit en face du feu et reposa son regard violet sur Aïla.

# Son sommeil a été agité. Certains spectres ne s'estompent pas facilement. #

Envel serra les poings de colère. S'il savait faire revivre les morts, il aurait ressucité ses bourreaux simplement pour pouvoir les tuer une deuxième fois. Mais la colère était mauvaise conseillère, aussi le jeune homme tenta de réfréner la vague de rage qui le submergeait, et changea rapidement de sujet.

# Tu semblais comprendre l'interrogation d'Aïla, hier... mais pas moi. Qu'est-ce que cette Mémoire des Mondes ? #

Ethnar allongea le cou et posa sa tête sur le sol, à côté d'Envel, ses yeux d'améthystes fixés sur les flammes mouvantes.

# Une histoire à ne pas mettre entre toutes les mains, compagnon d'âme... #

# Mais celles d'Aïla ? #

# Je ne crains pas l'usage qu'Aïla pourrait en faire. #

La tête emplie d'interrogations, Envel refoula les questions qui lui montaient aux lèvres et demeura silencieux.

Aïla ouvrit les yeux, se retourna. Voyant Envel et Ethnar de l'autre côté du feu, elle sourit.

"Bonjour !"

Elle se leva, s'étira, chercha son sac des yeux. Mais elle avait fini ses galettes la veille...

"Pas de déjeuné pour l'instant... Nous pourrons aller chasser plus tard, qu'en dis-tu ?"

Les cheveux du jeune homme étaient-ils mouillés ? Ah ! Il avait du nager dans le lac... Idée tentante, Aïla ferait bien de même ! Elle lança un coup d'oeil à Envel, puis au lac. Finalement, la jeuen femme s'avança vers le bord de l'eau et, tournant le dos aux deux amis, se déshabilla. Avoir des vêtements trempés pour la journée, non merci !
Elle entra dans l'eau, et plongea. Nager était vraiment pour elle pur moment de plaisir !

Elle ne resta cependant pas si longtemps, impatiente de reprendre leurs récits. Aïla sortit de l'eau, se sécha rapidement et s'habilla à nouveau avant de retourner près du feu. Essorant ses boucles d'or elle sourit au dragon :

"Alors, la mémoire des mondes, qu'est ce donc ?"





HJ/ ça te va ? ^^

Envel salua Aïla d'un bref sourire, et répondit à son interrogation par un hochement de tête. Le dragon allongea la tête et ronronna.

# Bonjour, petite fille. #

Le garçon suivit la jeune fille des yeux alors qu'elle se dirigeait vers l'eau, puis se détourna à regret lorsqu'elle commença à se déshabiller. Son côté gentleman l'empêchait absolument de regarder, bien que la passion qui courait en lui, maintenant plus réprimée, lui criait de reposer son regard sur elle et de s'abreuver de ses formes, de sa cambrure, de ses long cheveux lui tombant dans le dos jusqu'à ce que cette image se grave à jamais dans son esprit, dans sa chair...

# Jeune cavalier, lorsque tu laisses ton esprit divaguer vers ce genre de pensées, prends garde à bien fermer celui-ci. Sauf si tu souhaites que je les connaisse, auquel cas je te laisserai continuer avec plaisir. #

Envel rougit violemment alors qu'Ethnar poussait un long rugissement de rire qui fit pousser un glapissement affolé à une grue, qui somnolait jusqu'à présent tranquillement au bord du lac.
Puis Aïla vint les rejoindre de sa démarche dansante. Alors qu'elle s'asseyait, le dragon se rallongea, s'attendant à la question qui ne tarda pas à suivre :

"Alors, la mémoire des mondes, qu'est ce donc ?"

Ethnar posa sa tête sur le sol de façon à ce que ses yeux puissent scruter les deux amis. Puis, de sa voix grave et profonde, il commença :

# Petite fille, je t'ai laissée entendre que je connaissais la Mémoire des Mondes. Mais en vérité, il n'en est rien. Mon histoire est précieuse justement parce que je ne la connais pas. Ou plutôt que je ne la connais plus. Laissez-moi vous expliquer.
La Mémoire des Mondes. Cette mémoire nous a été effacée, à tous ceux présents lors de l'évènement. Quel évènement ? Je ne le sais plus. C'était il y a bien des années. Je n'étais qu'un jeune dragon, et j'ai assisté à un évènement tragique ayant changé le cours du temps. C'est tout ce que je puis vous dire là-dessus, car volontairement cette tragédie a quitté nos esprits. A tous, sauf à ceux qui avaient assez de pouvoir pour effacer un évènement de la mémoire de tous les êtres vivants présents sur cette terre. Etaient-ils hommes, ou dieux ? Nul ne le sait. L'un d'eux a trahi. Une légende court sur lui et ses descendants. Un légende avec les Eléments, les quatre Eléments rassemblés en une personne. C'est pourquoi je suppose que cette tragédie a été provoquée, plus ou moins, ou du moins a un lien avec les Quatre. Suppose seulement. Car comme je vous l'ai déjà dit, j'ai tout oublié.
Un évènement tel qu'il ne doit apparaître dans nul livre, nul recueil, nul esprit. Mais peut-on vraiment supprimer un cours de l'Histoire ? Je ne pense pas. Et les sages ayant inhibé nos esprits ne le pensaient pas non plus, car ils ont rassemblé leurs âmes, et les ont dissimulé dans un lieu secret d'Endora pour que cette part de l'Histoire soit à jamais présente dans le monde sans que personne ne la connaisse. Quoique... De mon point de vue, si une âme assez pure et assez forte se mettait à chercher se rassemblement d'esprits anciens, cette Mémoire des Mondes, sans doute la trouverait-il. Mais ceci n'est qu'hypothèse. Pour ma part, je ne m'y suis jamais essayé. J'étais présent, je ne suis pas celui qui doit redécouvrir l'Histoire. Sinon, ma mémoire ne m'aurait pas été ravie.
Voilà, petite fille, ce qu'est la Mémoire des Mondes. Comptes-tu la rechercher ? #

La voix d'Ethnar déclina comme la lumière vacillante d'une bougie sur cette dernière question, vibrante et emplie de gravité. Envel était resté figé, immobile, toute son attention concentré sur l'histoire... et sur le visage expressif d'Aïla en face de lui, il fallait l'avouer.

ah mais je viens de penser que c'est bizarre non : elle doit trouver la mémoire des mondes pour savoir ce qu'il s'est passé, et Ethnar vient de tout lui raconter ! ^^" n'est-il pas sencé avoir oublié, comme tout le monde d'ailleurs ? ou même peut être n'était pas encore né ?

Hj : bah... je viens de mettre qu'il y était ^^" il y a eu des dragons avant les hommes, non ? or les sages étaient des hommes... et puis, Ethnar ne le lui a pas raconté en détail, lui-même ayant oublié volontairement la plupart des événements... pour moi, la Mémoire des Mondes ne lui apporterait pas seulement une histoire, mais des images, des sensations, des détails tels qu'elle pourrait, si elle le voulait, retrouver cette magie ancienne et s'en servir... pour moi la Mémoire des Mondes ce n'est pas seulement ce cataclysme, c'est aussi le monde qu'il y avait avant, et que chacun a oublié !
et puis, ne me dis pas que je viens d'écrire tout ça pour... rien ? ^^"